Il n’y avait rien de plus apaisant qu’une petite balade en solitaire, bien que la solitude t’effrayait particulièrement, la quiétude que la nature pouvait t’offrir était rassurante, et tu te plaisais à gambader seul de longues heures. Les cours étaient terminés, pourtant tu gardais le nez dans les bouquins, adorant voyager dans les divers mondes contés. C’était comme une échappatoire à tes peurs, au monde réel, qui malgré sa beauté cachait des démons qui te figeaient.

Tes pas t’avaient mené au temple, fatigué de ta marche, tu t’étais assis sur les escaliers, continuant de lire ce que tu avais dans les mains, sans jamais le quitter des yeux.

Jusqu’à l’entente de sa voix.

Un sourire illuminait soudainement ton visage, ton regard se perdant sur la carrure de ton père qui venait de s’asseoir à tes côtés. Tout heureux de le voir enfin, tu déposais presque de suite le livre que tu avais dans les mains. Ton père était ton modèle, un idéal à atteindre bien que tu ne veuilles pas être son total semblable, tu l’adorais et vos moments complices étaient souvent les meilleurs.

« Superbe journée, et toi papa ? »

Sa voix était enjouée, trop heureux d’être seul avec ton paternel, car à l’école, tu t’obligeais souvent une certaine tenue afin de ne pas sauter sans cesse dans ses bras.

Il est vrai que tu avais presque toujours un livre dans les mains, que ce soit pour étudier ou pour rêvasser, il t’arrivait de te balader sans avoir le nez plonger dans une lecture quelconque, mais bien souvent, il y avait un bouquin dans l’une de tes mains. C’était une lubie, peut-être était-ce même un toc à ton niveau, lire était une passion qui n’avait de cesse que de te ronger, comme un besoin vital. Ce côté calme te différenciait de ton père, pourtant tu lui ressemblais terriblement, car une fois ouvert et à l’aise, tu devenais une pile électrique, appréciateur du bon vivre.

Ton père jouait beaucoup avec toi, enfant, même maintenant, et ces moments étaient certainement les plus beaux. Comme ceux que tu partageais avec ton jumeau, ou tes quelques amis et camarades. Bien qu’un poil solitaire – ayant pourtant peur d’être réellement seul – tu aimais tout autant t’amuser. D’autant plus que courir, ça ne pouvait pas te faire de mal.

Les paroles de ton père te font sourire grandement, alors qu’il observe ton livre, une encyclopédie des différentes potions, tu étais tombé dessus et depuis, tu le dévorais.

« Pas du tout, je trouve ça passionnant, hier je lisais un simple roman que maman m’a prêté. »

Un large sourire étire tes lèvres, alors que tu te relèves légèrement, pour t’approcher de ton père et l’enlacer sommairement – mais avec une énorme affection.

« C’est vrai qu’il fait beau, ça fait plaisir. Comment tu vas Papa ? Pas trop fatigué ? »

Il n’y avait rien de plus doux que ces quelques moments en famille, que ce soit avec ton père, ta mère ou ton frère tu appréciais ces instants avec eux, car ils t’étaient si précieux. Tu sens que ton père est un peu différent aujourd’hui, moins amusé, moins joueur, mais tu ne préfères pas le questionner : ce sont certainement des problèmes d’adultes que tu ne pourrais comprendre. Il t’est bien plus aisé de l’enlacer doucement, lui transmettant un peu de tendresse, un peu de douceur : parce que tu sais que ton père adore ça – tout comme toi.

Après tout, tu sais lui être extrêmement précieux.

Un sourire sur les lèvres, tu sembles excité à l’idée de passer du temps avec toute la famille, tu savais tes parents en bons termes – bien que tu en veuilles toujours à ta maman – une petite semaine tous ensembles ne feraient de mal à personne.

Du moins, tu penses.

« Ce serait génial ! Il faut que j’en parle à Kaisei alors, je suis certain qu’il sera heureux lui aussi. »

Une nouvelle fois, tu sautes sur ton père pour l’enlacer adorablement.

« J’ai hâte ! »

Tu aimais vraiment passer des moments de complicité avec ton père, ça avait un effet apaisant sur ton esprit, comme si tu retrouvais toujours une nouvelle détermination à réussir, afin de le rendre fier du garçon que tu étais. C’était normal, pour un enfant, d’avoir envie que son père le félicite, lui dise qu’il avait fait de son mieux, et Seiwa, tu es exactement cet enfant désireux des compliments de ton géniteur. Tu l’adores, tu ne t’en caches pas, parce qu’il te fascine, parce que tu as ce sentiment que ton père c’est le meilleur de tous. Peut-être as-tu raison, peut-être pas, mais tu n’es qu’un enfant, rêveur et admiratif.

Un large sourire déforme tes lèvres, alors que tu prévois déjà ce que tu diras à ton frère, afin de passer des vacances tous les quatre, comme au bon vieux temps, cette idée te rend joyeux, te ferait presque oublier tes cours – bien qu’au départ de ton père, tu auras à nouveau le nez fourré dans tes affaires – il se fait d’ailleurs tard, et tu te dis que tu ne devrais pas trop tarder.

« Je vais lui demander, je te préviens dès qu’on s’est mis d’accord. »

Tu enlaces encore une fois ton père, avant de te relever, attrapant ton livre afin de le caler tout contre toi.

« Je vais y aller Papa, je n’aime pas trop tarder, tu le sais bien. On se revoit bientôt ok ? »

Un signe de la main, et tu t’en vas.