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le ciel est mort, la terre est vie | ft. ange
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Le regard embrasé par une colère grondante, sa marche s’accélérait au fur et à mesure des instants, crochetant le rythme de ses pas en une frénésie grandissante. Si son visage incarnait une furie si froide qu’elle en paraissait terrifiante au seul regard, elle se retenait, au regard d’un peu de patience, de ne pas s’en remettre à la pure et simple destruction.

Le paysage semblait glisser dans le coin de son regard fixé droit devant elle, comme la recherche interminable d’une réponse qui se devait d’être évidente. Pourtant, si se pensées s’atténuaient sous un désir simple d’explosion, elle avait la présence d’esprit de s’éloigner du reste du monde. L’univers, au terme, en viendrait à sa propre destruction.
Mais elle ne comptait pas le permettre avant d’en avoir bien profité.

Souvent, ces moments laissaient place à deux issues : le toit ou les sous-sols. Le toit s’accordait davantage à son envie de mourir - sa volonté s’effritait aux abords d’un ciel dévastateur, et de ce vent frémissant d’impatience à l’idée de la voir tomber. La proximité de la mort, bien souvent, avait des allures apaisantes - et elle laissait ses bribes de tristesse se perdre dans les courants froids et le vertige terrifiant de voir tout se terminer là, en un instant, dans une douleur si intense qu’il lui semblait impensable d’en terminer ainsi.
Non, le toit n’était pas la réponse. Pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, elle devait se recouvrir des entrailles du monde, de la sûreté des ombres et d’un silence glacial que seule la terreur des lieux saurait soutenir. Il y avait bien des possibilités en cette école, malgré ça, elle avait pris la direction des vieilles geôles abandonnées en deçà de toute la vie grouillante.
Sous leurs pieds, toute une souffrance oubliée.
Indémodable, irrémédiable, impardonnable.

En un sens, ces pensées l’apaisaient, comme l’héritage d’une doucereuse tristesse. Ici, Akina ne se sentait pas humaine, mais c’est ce qui s’en rapprochait le plus. La mélancolie du monde, d’un passé qui ne tenait qu’à quelques vestiges devenues abstraites. D’un pas presque mélodieux, fredonnant silencieusement les notes vagabondes d’une ode funèbre qu’elle tenait autant d’un souvenir à moitié effacé que de son imagination insolente, elle ne remarqua pas tout de suite cette silhouette familière.

Ses yeux se délectaient de la vue des barreaux, des instruments oubliés ; son nez se repaissaient du parfum d’une mort pourrissante, ses oreilles, d’un silence aussi morbide que plaisant. Le monde, en l’instant, était éclatant de beauté ; et il n’y avait que lui, et sa fragilité délicieuse pour le rendre plus attrayant, lui pour guider ses pensées hors de cet univers tortionnaire, à l'instar de ces lieux - comme la cellule gigantesque d'un futur tout tracé.

« Je n’imaginais pas te voir là. Ou peut-être que si ? Ce doit être approprié pour ton business si particulier, tu ne trouves pas ? »

Ce jour-là, cependant, elle avait abandonné toute tenue d’un ton ironique, et ne laissait planer que la curiosité sincère d’une ignorante perdue. Akina l’observait, l’oeillade gourmande, en attente d’une réponse, quelque chose qui lui fasse oublier cette rage bouillonnante qui menaçait de l’emporter.
Ange Ueda
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Ange Ueda
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à l'agonie de la lumière
Il s’était réfugié dans les viscères du monde, pas tant pour en savourer l’exploration que pour y enterrer ses péchés. Païen à la veine noircie de nécrose, les muscles engourdis par les manques et l’insatiabilité ; aux placebos s’étaient succédés les antalgiques et la maigre consolation avait des goûts de souvenirs refoulés, enfouis si profondément entre ses côtes qu’ils les brisaient sur leur sillage renaissant.

Plus que la solitude, c’était l’isolation qui s’était agrippée à sa colonne vertébrale, la rongeant jusqu’à ce qu’il cédât à ses avances impies pour se cacher au centre de la Terre. Là, il y nourrissait des soucis autrement muets, vagabondant de cellule en cellule en lorgnant sur la lave comme on eût fixé un repas copieux sans pouvoir y toucher - à sa gourmandise s’opposait cependant le féroce désir de vivre, l’indicible rage d’offenser son père à tel point qu’aucun de ses traitements n’eût su avoir raison de sa bâtarde progéniture.
Là, il s’y laissait penser sereinement, à mi-chemin entre la vie et la mort.

Pourtant ce jour-là, nul repos ne semblait vouloir apaiser son âme. Ange titubait le long de la roche, juste assez pensif pour que son pied s’arquât de maladresse de temps à autres. Le derme pâle ressortait atrocement sous le roux flamboyant de sa tignasse, ecchymoses fleurissant à la naissance timide des clavicules en rappel constant des venins qu’il injectait dans ses chairs.
Car ce jour-là, il y avait toi.

Il ne s’était guère posé de question à ton sujet - si ce n’était la curiosité occasionnelle, les légèretés fouineuses ronronnées quand son esprit s’y égarait. Non, rien n’arquait son sourcil mais tout ourlait sa lippe d’une risette orgueilleuse, à la conscience aiguë qu’il était rare que tu cèdes tes faveurs. Qu’il était là en pionnier pour d’obscures raisons, et qu’à ces privilèges il s’abandonnait gaiement.

C’était un sombre moment, quand il y pensait ; le noir autour du soleil pareil à des cernes affligeantes et affligées, les ténèbres souterraines en seule amnistie pour épancher quelque peine que ce fût. Il aurait dû s’attendre, quelque part, à ce qu’aucun esprit ne fût prompt à la camaraderie, si près des enfers.

Les questions furent cassantes, balayant d’une poignée de syllabes le doux sourire qui osait alors dévoiler ses crocs. Confusion s’empara alors de ses traits, avant qu’entre ses doigts ne se glissât la méfiance. De quoi tu parles, Akina? Le timbre était doux, assez rocailleux pour trouver sa place parmi les gravats du bout du monde. T’as pas l’air très bien. Qu’est-ce qui t’arrive? Et l’inquiétude avait des saveurs égoïstes, là où l’ami se retranchait derrière des lieues de muraille dans l’espoir d’effacer l’accusation de tes phonèmes veloutés.


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Ses doigts parcouraient la froideur presque rassurante des murs de pierre, et tandis qu’elle appréciait, à chaque geste, le contact de cette imperfection devenue presque naturelle, ses pensées muaient en une sensation soudaine d’un plaisir de découverte. Avant même de s’en rendre compte, et tandis que ses iris se plissaient pour détailler le visage d’Ange, elle commençait à apprécier ces lieux si humides qu’ils semblaient échapper au temps, et à toute la chaleur hurlante et accablante d’une saison d’été.

Akina ne réalisa pas tout de suite la brutale différence de températures, et son corps frissonna, comme une alerte, hissant en elle le plaisir renoué d’une maladie soudaine. Aussi anormal que ce puisse être, elle aimait la douleur chatouillante d’une maladie de saison, et comme une drogue, se délectait de l’imperfection d’un système irrégulier.
Son souffle s’accéléra doucement, déformé par le maigre sourire que ses lèvres tracèrent - et les mots du garçon soulevèrent en elle une bouffée de chaleur si inattendue qu’elle en fut presque blessante pour elle-même.

Elle appréhendait avec autant de curiosité que de dégoût toute la mixité de ces émotions, et inconsciemment, s’éloignait de l’énonciation d’une vérité à laquelle elle n’était pas certaine de vouloir faire face.

Sans plus que d’un regard, Ange savait ; et cette proximité, alors qu’elle allongea un peu plus son sourire, éprise de cette doucereuse surprise, lui renvoya l’image d’une frayeur grandissante. Une telle relation était, pour quelqu’un d’aussi solitaire qu’elle, un rêve impérial. Ce n’était là qu’une observation aléatoire, mais l’inquiétude qui enveloppait la voix d’Ange secoua les os de la Tsuchigumo d’un frisson d’inconfort.

Elle se figea, à la limite de l’inconscience ; et tandis que ses iris dorés transperçaient le visage du garçon, elle ressentit en elle l’une des plus sincères émotions qu’elle était capable de ressentir.
Ses yeux, pétillant un peu trop naturellement des sentiments qu’ils laissaient déborder, se promenèrent sur les alentours, épargnant à l’ange cette oeillade meurtrière qu’elle ne ressentait que si rarement.

« Comment tu as su? »

Ses paupières se clignèrent à maintes reprises, laissant sa haine éphémère s’éteindre dans le doux courant de sa curiosité. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne se laisse reprendre par l’avalanche de sa propre humanité. Bien qu’elle détesta cette simple idée, Akina n’était pas si différente du monde ; elle voguait sur le fleuve des irrégularités, cherchant à conserver, au possible, les marques de sa singularité.

« Car tu as raison, Ange, ça ne va pas fort. »

Son aveu lui glissa d’entre les lèvres, comme le toucher doux et amer du coton. Elle aurait presque souri si l’anxiété d’Ange ne glissait pas en elle comme un torrent d’émotions, et tandis qu’elle se figea, réalisait la polyvalence de ces sentiments arrivistes, l’un d’eux se démarqua soudainement, tordant son estomac d’impatience.
Comme souvent, Akina se laissant guider par sa curiosité, ou du moins, l’instinct qui en découlait. Elle humidifia ses lèvres d’un coup de langue, son amusement vite estompé par les souvenirs de son humeur navrante.

« Ma famille se plaint de mes soit-disant “écarts de comportement”. Que mes exploits leur seront égaux, je ne suis pas mon frère aîné, mais mes erreurs ne doivent en aucun cas entacher leur prestige familial. »

En un instant, elle savait.
Elle avait compris ce qui la dérangeait, et avec prudence, continuait d’en ignorer l’existence.

« Ma famille déplore ma naissance. Comprends-tu ce sentiment ? Ce regret d'exister ? »
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Comment tu as su ? A ces mots, un tendre sourire flotta sur ses lippes charnues. Plutôt que de répondre, c’était derrière le silence qu’il s’était alors retranché, l’oeil juste assez inquisiteur pour exhorter à une suite. Et la suite fut diligemment délivrée à l’angelot qui, d’un effort de concentration sur-humain, s’appliqua à en saisir les doucereuses problématiques. Quelques phrases crachées, son sourcil arqué et tes sentiments étalés. Les enfers n’avaient plus l’air si amers.

Ma famille déplore ma naissance. Comprends-tu ce sentiment ? Ce regret d’exister ? Sa poitrine se serra dans une inspiration maladroite, le coeur craquelé d’une poignée de mots jetés à la volée - d’un pas lourd de sens Ange enjamba l’insolent fossé de vide qui s’était creusé entre vous, ses doigts quêtant les tiens pour les serrer dans une étreinte délicate. Oh, Akina. Si l’intonation était compatissante, nulle pitié ne scintillait dans la pupille dilatée. Au contraire, c’était la douleur compréhensive, l’empathie et la sympathie entremêlées dans un sillon d’obsidienne et de jonc. Je crois que oui.

Et c’était là qu’il aurait pu, quelque part, déverser le torrent haineux qui s’agitait en son sein, fracassant tout sur son impérieux sillage. C’était là qu’il voyait une opportunité, si égoïste qu’elle en devenait terriblement tentante - pourtant, au lieu de cela, Ange s’agrippa tendrement à ta main, força toute la scandaleuse étendue de ses sentiments à s’entrelacer à tes phalanges froides de mélancolie.

Mais ça m’a jamais empêché d’aimer vivre. Un paradoxe qui s’enroulait alors autour de ses épaules, frictionnant son derme de tout son antithétisme prétentieux. Mmh, comment dire. Tu vis, non? Qu’ils soient contents ou non, c’est le cas. Aujourd’hui, tu vis. Demain, tu ne vivras peut-être plus - même si j’espère que si. Mais c’est pas important, tu vois? Ce qui est important… La pause était volontaire, mesquine dans la construction d’un suspens plus que superflu. C’est que tu aimes vivre. Est-ce que tu aimes vivre, Akina? A la curieuse lueur de son regard, Ange s’était emparé d’un nouveau sourire, tranchant dans l’obscurité des cellules. Car sous la tranquilité de ses discours se tapissait, presque inconsciemment, une résolution avide de te pousser à aimer la vie tel que lui la chérissait.


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Sous la fade lueur d’une lave à l’éternelle coulée, elle l’observait le visage d’Ange, pétrie de tant de contradictions qu’il lui semblait impossible d’y exercer une quelconque volonté. Ses iris transperçaient les tréfonds de la douce âme qui lui faisait face, sa peau se trémoussant sous l’impulsion de cette soudaine bienveillance.
Ange portait bien son nom, dans ces moments.
Elle avait beau chercher à le cerner, sa proximité le rendait inaccessible, de temps à autres, ses mystères enveloppés par la candeur presque trop parfaite d’une âme innocente. S’il était au centre de bien des tourments, il n’en demeurait pas moins une personne au grand coeur, au regard d’Akina.

Sa poigne à la fois délicate, tranchante, agressive, reposante. Ses mots à la fois curatifs, destructeurs, comme l’expression versatile d’une identité refoulée. Si, la majorité du temps, elle traînait ses pieds railleurs jusqu’à venir le trouver et profiter de l’inlassable vue de son autodestruction, elle avait commencé à apprécier le fait qu’avec le temps, Ange résistait.
Sa présence n’était pas désagréable et plus encore, elle déplorait la pitié grandissante qui venait avec un afflux de sentiments dont elle ne soupçonnait pas même l’existence. Akina ressentait - si insignifiant que son affection puisse paraître, cette simple vérité ébranlait tout son système, ses moindres réflexions jusqu’à la rendre plus cruelle encore.

Car Akina détestait la défaite, et à bien des égards, les sentiments lui apparaissaient en tant que tels.
Son esprit se laissait emporter par ce douloureux dilemme entre la présence insupportable d’un être qu’elle ne pouvait se résoudre à achever.
Cadavre ambulant, Ange n’en était pas vraiment un ; mais lorsque sa bienveillance se tournait vers autrui, que les larges ailes d’un altruisme évident l’enveloppait, elle ressentait toute l’étendue de ce qu’il était capable de devenir. Il n’était pas totalement détruit, loin s’en fut ; il semblait, lui aussi, chercher une raison de continuer à exister.

« J’aime vivre, cela va sans dire. »

Elle souffla cette réponse sans un doute, sa voix ombrée, comme réfutant le moindre sentiment. Elle persifflait, ses iris sauvages tranchés en leur centre par cette cruauté si soudaine qu’on l’eut crut venue d’un autre monde.

Ses sentiments à elle, étaient d’une nature différente ; mais elle se battait contre l’ennui, contre le mensonge qu’une âme cultivait presque naturellement, comme une protection envers le reste du monde.
Ses sentiments étaient des instincts, et elle arpentait la voie d’une solitude qui ne la blessait pas vraiment ; car sa recherche n’était pas dans un bonheur humain qui grésillait d’évidence, mais bien plus loin.

Une satisfaction pleine, pure et bouillonnante, c’était là l’aboutissement de ses pensées ; la disparition des envies, comme la perfection de l’existence.
Théoriquement, c’était aussi absurde qu’impossible, et ce sentiment d’une recherche perpétuelle était l’ancre qui la maintenait à flots, loin d’un quelconque ennui. Cette recherche vaine et vacante, ces journées monotones et détestables, parsemées de temps à autres de quelques tournants intéressantes.
Prisonnières de ces attentes, elle appréciait un peu trop goulument la venue d’un bonheur soudain, éphémère, d’une entité qui la sorte de ces états d’âme redondants. Il n’y avait qu’une poignées de gens dignes d’un intérêt aussi ingrat, et Ange en faisait parti.
Elle aimait cet ange maudit d'exister, cet ange qui, bien que déchu de son propre reflet, lui offrait la merveilleuse vision du sien.

« Ange, tu sais que je t’aime, hein ? J’aime vivre, mais je crois que je t’aime encore plus. » Elle serra ses doigts dans les siens, son visage fendu d’un sourire indescriptible et contradictoire - comme un enfant innocent qui vient d’achever un crime. Ses iris se plissaient, laissant de délicates fossettes lui creuser le contour des yeux. D’un geste vif, elle libéra ses doigts et emprisonna son cou de ses bras pour le serrer contre elle, un peu trop brusquement peut-être. « Je ne ressens rien, c’est bizarre. Mais je crois que je t’aime vraiment beaucoup. C’est peut-être bizarre ? »

Elle recula pour s’offrir le luxe de croiser à nouveau son regard, pétillante d’impatience. Il avait allumé un feu en elle, et en l’instant, il parcourait tout son corps sous la forme d’un long frisson. Akina laissa ses bras retomber, ses mains frôlant les bras de l’ange dans une délicate descente au terme duquel elle se saisit de ses mains.
Cette affection presque absurde, elle n’en comprenait pas l’origine - et elle ne mentait pas non plus à l’énonciation de son indifférence.

En l’instant, elle connaissait une contradiction si forte, si bouleversante qu’elle semblait sur le point de perdre pied et de s’enfoncer dans un doute si abyssal qu’elle n’était pas certaine de revenir à elle un jour.

En l’instant, son esprit se fractionnait en tant de réponses différentes qu’elle n’avait pu s’empêcher de glisser de satisfaction, devant ce qui évoluera sans nul doute en un bonheur futur.
Alors, tandis que ses pouces glissaient avec intérêt sur le dos de ses mains, tandis que sa douceur la rendait si captivante et dangereuse, elle murmura, comme pour rappeler à l’ordre le fugitif de sa joie nouvelle :

« Mais tu sais, je crois aussi que j’adorerai mourir. J'adorerai la mort, provoquer celle des autres, et un jour, un peu plus tard, goûter enfin à la mienne. Ce doit être un moment merveilleux, tu ne crois pas ? »
Ange Ueda
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J’aime vivre, cela va sans dire. La satisfaction d’un sourire ourla sa lippe, dévoilant dans son émail les déboires d’une pérenne affection - si Ange avait été l’allégorie de quelque sentiment que ce fût, il aurait été l’amour. Car il en avait toujours été la parure, la lettrine du mot passion et sa courbe excessive ; il en débordait à tout instant, tant et si bien que même le creux de ses rêves luisait du rouge lascif de l’adolescence, suppurant l’adoration derrière ses paupières malicieuses.

Et à vos doigts liés, Ange y lut un signe, une aubaine. Les augures qu’on ne distinguait que dans les tréfonds de la nuit, entre deux cellules - la lave coulait inéluctablement à quelques mètres de vous, mais lui ne s’intéressait qu’à la flamme perfide de tes yeux, à la curiosité luisante dans ton indescriptible regard. J’aime vivre, mais je crois que je t’aime encore plus.

Là encore, c’était inhabituel. Ange aimait, oh! Dieu qu’il aimait, sans retenue ni distinction. Il aimait mais rarement les sentiments étaient-ils rendus, déposés dans sa douce main comme un papillon blessé, ses ailes battant péniblement dans l’évanescence d’un miracle éphémère. Vraiment ? A sa voix qui se brisait, l’étreinte de ses doigts se raffermit, sa courbe désespérée.

Tu le répétais, et lui s’en abreuvait - il s’était changé, un court instant, en soiffard perdu dans le désert, et toi en oasis inespéré. Il en buvait les palabres et s’autorisa une inspiration pensive, le nez instinctivement enfoui dans tes longs cheveux. Et s’il en aimait l’odeur plus que de raison, il n’en pipa mot. C’est peut-être bizarre ? Echappée, si vite qu’il n’eut l’audace de te retenir ; c’était un bien étrange sentiment qui tourbillonnait en son sein, si impérieux qu’il prenait le pas sur tout son être. Non, souffla-t-il tristement. L’amour, l’amour n’avait jamais rien eu de bizarre à ses yeux embués de fièvre.

Ses mains prisonnières souplement ballantes, Ange se pétrifiait sous l’intensité de l’air et le duvet de sa nuque se hérissait - il en ressentait la tension et l’électricité dans sa forme la plus brutale, se sentait comme un chat quelques heures avant que l’orage n’éclate. Sauf que l’orage, c’était tes mots, et que les heures s’étaient dissolues en infimes secondes. Mais tu sais, je crois aussi que j’adorerai mourir. J’adorerai la mort, provoquer celle des autres, et un jour, un peu plus tard, goûter enfin à la mienne. Ce doit être un moment merveilleux, tu ne crois pas ?

Un éclair foudroya le fond de son âme. Ange n’avait guère de conscience probante, laissait son instinct primer sur les moeurs. Et si le tien te guidait sur d’inquiétantes confessions, le sien s’agitait dans un irrépressible désir de fuir - déstabilisé par la tendre caresse de tes doigts, à mille lieues de la menace lovée dans la moindre de tes syllabes, il déglutit. Comment ça, provoquer celle des autres ? Le tremblement de sa voix était à peine contrôlé, mais peint sur son sourire. Akina, tu.. Je suis pas sûr de comprendre, cette fois.

En d’autres circonstances, il en aurait ri ; y aurait lu quelque blague (déplacée, mais futée) et aurait balayé les menaces sous-tendues dans une risette insouciante. Mais ici, entouré par la mort et des passés qu’il ignorait, l’avertissement frissonnait jusque dans sa colonne vertébrale.
Ah, mais bien sûr - il avait peur.


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Il y eut un silence - bercé par les clapitements réguliers d’une lave chatoyante, les échos doucereux d’un lieu morbide qui imbibait l’essence-même de la terreur.
Il y eut un silence, si pesant qu’elle en sentit sa respiration saccadée par l'angoisse, malgré cette témérité imperméable à toute forme de peur logique. Ses yeux ployèrent en quelques battements rapides, témoins d’une surprise si soudaine que sa voix la quitta, laissant sa gorge si vide qu’elle n’en put formuler le moindre son.
Il y eut un silence, et elle se laissa morfondre par ces sentiments porteurs d’une réalité si forte qu’elle en fut elle-même affectée.

Ses iris trouvèrent la contemplation inlassable du visage de l’ange, se délectaient de ses moindres débauches - et elle appréciait la finesse de ses traits, si aisément détournés par la force de ses émotions.
De la discrète frayeur qu’il peinait à dissimuler à l’incisive interrogation de ses mots, tout son être fut scindé entre la certitude de cette profonde affection et celle de sa destruction imminente.
Akina, pourtant, ne désirait pas cela.
Elle laissa son visage faire valoir de lui-même la force de ses doutes, parsemé d’une inquiétude si rare qu’on l’eut cru falsifiée de toute pièce.

« Je plaisantais. Excuse-moi. »

En appréciant ce ressenti innovant, Akina cessa le mensonge d’un contact doucereux et, oubliant les caresses, renforça la poigne de ses mains sur celles de l’être divin.
L’aveu du corps, comme la peur d’une perte trop troublante pour qu’elle n’espère échapper à ses conséquences - ses émotions grandissaient, au fil d’un amusement stagnant, comme si sa façon de vivre, de penser, d’exister arrivait à son terme. Si déplaisant que cette réalité fut, elle se devait de l’admettre, petit à petit, à chaque instant, à mesure que cette colère permanente se diluait dans le confort d’une délicate vérité.

« Je ne te ferai jamais de mal, mon ange. Tu veux bien le croire ? »

Elle leva vers elle des iris étoilées d’éclats de larmes, si brillants que sa tristesse tenait d’une oeuvre d’art. Si éphémère qu’elle soit, elle alourdissait son coeur de cette froide et désagréable sensation, obstruant chaque geste, chaque respiration, chaque pensée de cette cruelle inquiétude morbide.

Si la mort semblait au centre de tout, c’est parce qu’elle s’exhortait à opprimer ses moindres croyances jusqu’à lui faire oublier l’espoir. Certains disaient que l’espoir était une magie à part entière, mais Akina n’était pas d’accord. Pour elle, la véritable magie, c’était la mort - indéniable, incolore, inéluctable. Alors, faute de mieux, elle s’y était accrochée.

« ...à toi, non. Mais je suis tordue, tu sais ? Rien ne va. Ce mal me complait et me ronge, comme la peur de tout perdre. De te perdre. Je n'ai pas menti, Ange, je t'aime vraiment beaucoup. Mais je ne sais plus où j’en suis alors j’invoque la mort comme une solution. Qu’est-ce que je peux faire ? »

Ses mains, comme libérées par cet aveu, libérèrent Ange de sa maigre poigne. Son soudain désir d’une bienveillante respiration se laissa engloutir par l’irrégularité d’une respiration saccadée, à la limite de la panique. Le visage presque impassible, ses yeux laissaient entrevoir la vue marquante d’un désespoir si ancré en elle que iris semblaient en avoir adopté la couleur. Un pas en arrière.
Un pas, et Akina perdit son équilibre, comme si son corps répondait à l’instabilité navrante de ses convictions effritées et elle se retrouva au sol, douloureusement proche d’une chaleur dangereuse, avec l’envie alarmante de plonger dans cette lave voisine pour se libérer de toute sa souffrance.
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Je plaisantais. Excuse-moi. Si naïf - il y crut d’un sourire et laissa docilement la belle comprimer ses mains, poursuivre ses jolis discours. Je ne te ferai jamais de mal, mon ange. Tu veux bien le croire ? Et oui, grands dieux ! Comment douter en prises à un tel regard, de quel droit Ange pouvait-il étouffer la limpide flamme de son regard ; il voyait dans l’oeil des larmes le consteller et, terrifié à l’idée de te blesser, hocha la tête d’un fébrile réflexe.

Tu t’élançais en explications et lui se repaissait de tes émotions, si vives qu’il craignait de s’y couper entre tes doigts. A son innocent iris, et en dépit de la peur qui nécrosait le sein de son thorax, tu n’avais jamais été plus belle qu’en avouant tes plus sombres pensées - et c’était une beauté contradictoire, si pure qu’immorale, si flagrante que furtive. Il s’abreuvait de tes honnêtes palabres et, à la quête de conseils, mit tout son coeur à la réflexion. Tu ne me perdras pas, Akina. Jamais. C’était une indicible certitude, à la volonté de laquelle il se pliait sans hésitation ; envers et contre tout, Ange restait. Il restait aux côtés d’un père qui n’en avait que le nom, se perdait dans les bras d’un amoureux tant factice que réel, souffrait silencieusement de voir son meilleur ami s’ouvrir le poitrail pour un autre - et même auprès de son premier amour, il souriait.
Ange semblait aimer aimer l’autre autant qu’il aimait se détruire lui-même.

Mais à son affirmation, tes doutes résistaient - et la panique incrustée dans ton regard n’avait d’égale que celle luisant dans le sien. Tu t’écartais mais lui n’avait encore eu la présence d’esprit de te suivre, aveugle à l’implacable danger ; tu t’écartais de lui et t’approchais de la lave et Ange, Ange. Ange ne put que bondir dans une exclamation terrifiée, te happant à la mort comme un séraphin épris d’une femme. Doux amour qu’il savait tabou, alors même que ses bras s’enroulaient autour de ta taille et qu’il t’arrachait au sol pour te hisser dans le faux azur.

Sois plus prudente, bon sang ! La voix s’éleva, la réprimande sèche et l’étreinte ferme. Déposée au sol mais pas le moins du monde écartée, il te serrait contre lui et présentait à la Faucheuse son courageux dos et enfouissait son nez dans tes cheveux, humant pensivement ton odeur. Si tu t’en vas, tu me perdras. C’est contradictoire, tu sais ? Et.. J’ai pas envie que ça arrive. Je refuse que ça arrive. Il aurait préféré te voir tuer un inconnu - et la pensée était effroyable, préférer une vie à une autre. Quel monstre faisait-il, niché dans ton cou et égoïstement blotti contre toi.
Il recula sans se détacher, empreint d’une détermination nouvelle. Fais-moi une promesse. Jure-moi que tu ne m’abandonneras pas. Persuadé qu’il n’y survivrait, il se sentait infiniment désespéré. Peu importe ce que tu fais, mais ne pars pas. Pas tout de suite, d’accord ? Qu’on l’arrache au monde avant toi, par pitié - sans quoi il mourrait, deux fois.


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Le temps s’arrêta un instant durant, alors que la plante de ses pieds quittait la constance déprimante d’une réalité devenue trop morne à ses yeux. Elle se délecta du sentiment enivrant d’un danger à l’approche imminent, de l’instabilité littérale de tout ce qu’avait pu représenter son existence. Ce n’est pas sa vie qui défila à ses yeux, mais toute l’absurdité de sa volonté égoïste, la quête d’un impossible, le goût du mal, l’attrait de la destruction.

Un soupir sembla franchir l’étroite distance de ses lèvres quasi fermées, accueillant la résolue proximité de la mort.
Alors, tandis que la froideur du souffle lui rappela la douleur de ses quelques sensations restantes, elle sentit quelques bribes d’instinct formuler la peur logique du moment à venir.
C’est ainsi que, dans les derniers instants potentiels de celle qui avait toujours attendu sa mort, Akina regretta jusqu’à la moindre parcelle de son existence, d’un vécu qu’elle avait tant voulu réel qu’il ne s’en dégageait qu’une vague sensation de superficiel.

Ainsi - alors que les larmes lui montaient aux yeux, menaçaient de révéler cette vaste supercherie - elle sentit des bras la ramener à une réalité devenue si différente qu’elle se délecta, si illusoire qu’il soit, du goût sucré qui parcourut sa langue asséchée par la panique.
Elle se laissa gagner par l’effluve de sensations, par la remontée indécente de ses émotions jusque là inconnues.
La respiration saccadée, elle retint ses pensées jusqu’à se laisser submerger par les ténèbres de leur intimité.
A ce stade, l’univers avait explosé pour ne laisser qu’un sentiment de confort et le soulagement de sa présence. A ce stade, plus rien ne comptait, plus rien n’existait. Plus rien ne devait exister, à son regard égoïste, et seule sa chevelure embellissait l’unique parfum qui lui parvenait.

« Je ne te quitterai pas. Jamais, mon ange. Je te le promets. »

Elle releva la tête, laissant ses iris embrasser à nouveau les alentours - et, aussi simplement que ça, elle naquit, une fois encore.

« Toi aussi, promets-moi une chose. »

Pour elle, cette éclosion d’amour était comme un cadeau. Un mystère, enveloppé d’une frustration temporaire, suivie d’une incompréhension à son tour éconduite par la joie. Avec la douceur inhérente à son affection, elle laissait ces sentiments gagner l’emprise qui leur revenait de droit.

Sa froideur n’était plus, mise-à-bas par les surprises incongrues de l’instant, et alors qu’il s’écartait, elle se crispa, laissant l’extrémité de ses doigts se planter dans la chair dorsale de son ami - n’était-il donc pas davantage ?

Aucun mot ne lui venait, aucune pensée ne convenait à la force de l’instant. Ange, son ange de toujours, Ange, ses amours secrets, ses désirs oubliés, sa fragilité déguisée. Ne se permettant pas de le blesser au-delà d’un instant, elle remonta ses bras pour entourer son cou avec délicatesse.
Si proche, si vivant.
Se hissant sur la pointe des pieds, lui offrit la douceur d’un baiser sur le front, comme l’indéniable marque de leur proximité.

« Si tu dois mourir, fais-le avec moi. Lorsque l’heure sera venue pour nous, mon ange, que le monde sera terni par l’ennui et le dégoût, que tant d’amour ne suffira plus à nous dessiner un chemin, faisons-le ensemble. »

Car c’est à ça, au fond, qu’elle aspire.
Ni à la mort, ni à la banalité d’un quotidien maussade. Akina voulait se sentir exister, existante, rien que pour quelqu’un.
Ange Ueda
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Ange Ueda
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à l'agonie de la lumière
Il était trop tôt pour mourir.
Si Ange avait dû se parer d’une certitude, si futile fût-elle, il s’agissait de celle-ci - ses désirs éphémères se déployaient en papillons mort-nés au bout de tes doigts, le myocarde agité d’un trémor anarchique à l’insupportable pensée que tu t’apprêtais à le quitter. D’un instinct impérieux, ses muscles bandés d’une force qu’il n’eût soupçonnée, il te tira à lui comme à la Mort elle-même ; si sa faux frôla tes cuisses d’une langue bouillante, peu lui importait. Ange ne songeait qu’à épargner le monde d’une effroyable perte, et ses ongles fermement plantés dans ton derme n’avaient à ses yeux que des allures de dommages collatéraux.

Un scandaleux sentiment jonchait le sol poisseux de larmes qui tapissait sa poitrine, l’Amour à ce jour avait le goût aigre-doux de la tragédie - avalés par le monde, la princesse tordue sauvée par un prince immonde dans l’unique but de repousser une échéance alors inconnue. Et si l’acte faussement altruiste de te sauver ce soir sonnait le glas demain ? Ange n’y pensait pas, non - l’étendue de ses pensées s’arrêtait à l’adorable courbe de tes sourires, et à la perspective vomitive de te laisser t’immoler à-même le coeur de leur bien triste Terre. Pas aujourd’hui, exhortait-il dans le fond de son œil écarquillé - qu’on lui laissât un jour, une heure de plus à tes côtés, si tant était qu’il s’appliquait à en profiter.

Je ne te quitterai pas. Jamais, mon ange. Je te le promets. Le serment lécha goulûment ses plaies soucieuses, les badigeonnant de son baume naïf - d’une parole, il était convaincu. D’un simple mot, tu avais peint sur ses lèvres une douce risette, si saturée de ferveur qu’il en avait l’air hagard. Il hocha la tête à ta requête, gorgé de la conviction d’un évangile.

L’étreinte était chaude, là où ton corps lui paraissait froid ; le paradoxe poussait ses propres bras à t’entourer tendrement et, dans les tréfonds embrumés de son esprit, il se demande un court instant si ta chute n’était pas née de cette fraîcheur insoutenable. S’il n’y avait que l’épicentre brûlant du château pour t’insuffler une passion pareille à la sienne, il se promettait silencieusement de se réinventer placebo, aux premières lueurs du jour. Si tu dois mourir, fais-le avec moi. Lorsque l’heure sera venue pour nous, mon ange, que le monde sera terni par l’ennui et le dégoût, que tant d’amour ne suffira plus à nous dessiner un chemin, faisons-le ensemble.

Ange, pour l’une des premières fois de sa piètre existence, se surprit à réfléchir. Il n’avait été confronté à la mort qu’au travers placide d’un oncle juste assez éloigné pour qu’il n’en connût que le nom, et ne la visualisait guère encore de ses yeux d’enfant. A l’inverse, l’idée répugnante de grandir - et puis, de vieillir - arrachait à ses frêles épaules un ignoble frisson, et il savait déjà en cet instant que celle d’un départ précoce caressait son coeur d’une bien tendre chaleur. Son assentiment n’en fut que plus véhément.

C’est d’accord. De toute façon, j’aime pas l’idée de vivre dans un monde où t’es pas là. Mais dis, Akina, comment on peut se promettre ça ? Comment est-ce qu’on peut s’assurer que si l’un meurt, l’autre le suivra ? Ou, enfin, qu’on sera ensemble à ce moment ? Si on t’arrachait à ses griffes un jour, une heure trop tôt, qu’était-il supposé faire ? Il voulait partir dans la même seconde, quitte à précipiter la besogne. Je ferai cette promesse, si c’est ce que tu veux. Mais je sais pas comment m’y prendre. Et ses doigts s’agitèrent le long de ta joue, le toucher juste assez caressant pour éveiller sur son sillage l’indice délicat d’un frémissement.


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Leur proximité lui semblait plus éclatante que jamais alors qu’ils abordaient presque fièrement le sujet d’une fatalité assumée et transcendée par ses désirs égoïstes. Il ne lui avait suffi que de quelques mots pour imager l’éboulement de deux existences, l’énoncé sussuré d’un vice si punitif qu’elle n’aurait pas plus le temps de le savourer que de le renier.

De courage et de cruauté, elle se laissa aller au silence, délayant les pensées logiques qui ôterait toute la beauté du parfait instant qu’elle s’imaginait vivre. Akina ne pouvait mourir si elle devait ôter la vie, surtout pas la sienne ; elle ne pourrait mourir, si elle le savait laissé derrière. Elle ne pouvait mourir tant qu’il était en vie - son petit ange, pétillant de cette innocence amoureuse, de cette cruauté insatiable.

Elle ne pouvait être heureuse, pas tant que la commodité de la solitude se laissait pétrifier par l’ascendante affection qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver. Ange comptait, Ange comptait beaucoup trop, et cet attachement faisait voguer les désirs inflexibles de son coeur tordu.

« Mon Ange, n’y pense pas trop. C’est moi qui te tuerait. »

Elle fit glisser sa main sur son cou, s’en laissant aller à l’impulsivité frémissante de sa violence contenue alors que ses griffes tranchèrent la peau immaculée de cet être céleste. Son visage aborda l’expression figée d’une froideur inhumaine, comme la représentation imagée de son coeur enfoui.

Mais l’instant fut trop court, presque abstrait ; et son sourire avait déjà guidé ses lèvres, noyant son visage de cette jovialité bipolaire qu’on ne lui connaissait qu’à elle. Elle lécha la plaie de son cou du bout de sa langue, bref instant d’un érotisme si déplacé qu’elle s’en permit les usages - après tout, il ne le lui refuserait pas ce plaisir.

« Je te ferai tant saigner et hurler que tu regretteras de mourir en premier. Et juste après je te rejoindrai, que l’éternité nous apprenne à nous aimer pour de vrai. »

Elle gloussa, comme le hoquet furieux d’un plaisir si longtemps contenu. Elle se lécha les lèvres, retroussant ses canines à sûrement un instant de s’abreuver du contact de sa peau. Vampire, elle ne dévorait que pour le plaisir de détiqueter la chaire, et le goût répugnant de l’hémoglobine sonnait comme le rappel nécessaire de ses plaisirs interdits.

Je te rejoindrai, si je ne me suis pas lassée. Alors si tu ne veux pas être seul dans la mort, Ange, fais-moi t’aimer. Fais-moi tuer, laisse-moi te tuer, laisse-moi mourir par un regret d’exister.

« Tu m’appartiens à tout jamais. »

Un murmure, et cette fois, elle prit un pas de distance, un soupir las, comme si son esprit refaisait surface dans cet océan de malédictions. Akina était un mystère. Un mystère qui le hantait, et elle profitait de cette faiblesse si évidente qu’elle en était unique.

« Je te souhaite de me haïr et de regretter ces mots avant que je ne vienne pour toi. Viens mon ange, rentrons avant qu’on ne se tue distraitement. »
Ange Ueda
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à l'agonie de la lumière
Avant de craindre les autres, j’ai toujours eu peur de moi-même.
Un jour, je te dirai que je n’ai jamais su qui j’étais, et que c’est pour cette raison que je te l’ai offert. Un jour, je te dirai que c’est une coquille vide qui t’appartient, que tu auras beau en crever la peau et en fouiller les viscères, tu n’y trouveras rien de satisfaisant. Un jour, je te dirai que cet amour auquel tu penses t’accrocher n’a jamais été réciproque : ce n’est pas moi que tu aimes, mais ce que tu désires tuer. Moi je t’aime tout court, et je sais que je mourrais dans la seconde si ça pouvait adoucir la suivante.
Je t’aime même lorsque tu griffes ma gorge et que la douleur fait vibrer mes cordes sur une plainte sourde ; je t’aime même lorsque c’est la peur qui me ronge et que ta langue contre ma plaie ne me fait pas tant plaisir que mal. Amour malade qui efface trop de noms du précipice de mes lèvres - devrais-je te dire que tu n’es pas la seule, à vouloir me tuer ?

Avant que je ne te craigne, je pense que tu devrais avoir peur de moi.
Je t’aime déjà pour de vrai, et si je l’affirme aujourd’hui c’est que j’en serai sûr demain. L’éternité n’y changera rien. Elle changera tout le reste : peut-être que tu dénicheras entre mes côtes un monstre qui m’a tué avant toi, un mal qui m’aura consumé sans que tu puisses m’arracher le coeur. Peut-être qu’en me tranchant la gorge tu ne sauras que me libérer de quelque chose de pire encore que toi.
Peut-être que je briserai ma promesse, si elle ne tient qu’entre tes doigts frêles.

Tu m’appartiens à tout jamais. C’est une belle phrase : elle est propre, prometteuse, presque affectueuse. J’y vois l’amour et j’y ressens la haine, mais je n’ai jamais réellement su séparer les deux. D’accord, je murmure, docile. Ce que je ne te dis pas, c’est que ce soir tu ressembles à mon père. Je sais pas si je veux que tu m’appartiennes. Je pense pas pouvoir te contenir toute entière. Désinvolture droguée se manifeste en un rire assagi et je voudrais t’embrasser, ne serait-ce que pour sentir sur ta langue le goût de mon sang - y sens-tu les venins qui le pourrissent ? As-tu décelé dans son chaud métal la piqûre acide de ce qui me tuera avant-même que tes griffes ne m’ouvrent le coeur ?

Je ne te détesterai pas. Semi-héros réinventé au creux de la terre : si l’amour t’a sauvé de la mort, il me sauvera sans doute. Je crois que mon oeil luit, mais je crois surtout que j’y assiste de loin. Est-ce que c’est vraiment moi, qui dis tout ça ? Ah, Yume, si tu me voyais grimper les marches à côté de ma faucheuse personnelle, glisser mes doigts entre ceux qui m’étoufferont et déposer un baiser à la commissure des lèvres supposées me dévorer. Mais tu sais, Akina, si tu vas si loin avec tout le monde, il ne te restera bientôt plus personne, à part moi.
Et l’idée ne me dérange pas tant que ça.


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