— MAHOUTOKORO
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Last days of Summer (ishan)
Rajan Tsukino
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Citation : En politique, il n’y a pas de traîtres, il n’y a que des perdants.
Age : 37 ans
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Seimei
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Rajan Tsukino
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Rajan Tsukino
Last days of summer

Voilà deux semaines que la macabre annonce venait d’être portée sous la forme d’un simple courrier. Un papier lié, quelques mots gribouillés, voilà ce qui suiffait à détruire l’entièreté d’une vie. Pourquoi vouloir en faire plus, lorsque si peu était suffisant. Pourquoi en faire plus, lorsque quatre mots pouvaient tout changer. Hayato tsukino est mort. C’était peut-être aujourd’hui, peut-être hier, surement il y a deux cruelles semaines. Le chef de la famille Tsukino avait trouvé le repos. Certainement pas. Il devait maudire la vie de l’avoir emporté du haut de ses soixante-deux ans. Hayato Tsukino, n’avait pas dit son dernier mot, que la vie l’avait balayé d’un simple geste. Quel dommage que les morts n’aient pas le droit à la parole.

C’est en pagaille que tu avais dû quitter l’école en compagnie de ton jeune frère et hormis le voyage, vous n’aviez tout deux pas eu le temps de trouver le repos. Fils ainé du grand chef du clan, tu te voyais honoré de nombreuses responsabilités dont tu avais passé ton enfance à esquiver. Ton nom appelé à la volé pour toutes les raisons, que fais-t-on ? et toi, que vas-tu faire ? Hayato est mort ! Tu ne comprends pas ! Il est mort ! les questions et affirmations se bousculent, elles ne te laissent pas le temps de reprendre ton souffle, elles ne te laissent pas le temps de pleurer ton défunt père. Tu n’as même pas pu lui dire adieu, tu n’as pas pu l’entendre dire qu’il était fier, de toi, de vous.

Horrible. Ça aussi, c’était un mot qui te poursuivait. Tu n’étais qu’un horrible personnage trop peu attaché à son paternel pour daigner le pleurer. Vaillant, parce que tu assumais toutes ces nouvelles responsabilités sans rechigner. Ça n’avait aucun sens. Tu voulais juste que ça se termine. Juste. Vite. A cette vitesse, c’était eux qui allaient avoir raison de toi, et Hayato Tsukino n’aurait pas eu le temps de s’ennuyer que tu serais venu lui tenir compagnie.

Souffle. Tu te réveilles en sursaut. Le tramway poursuit sa route en pleine mer, l’étendue d’eau à travers la vitre fait miroir au vide qui t’abrite. Tu prends le temps de te lever, de contempler tout ce bleu marquant votre retour à Mahoutokoro, votre retour à cette pseudo-vie quotidienne, comme si rien n’avait réellement changé. Tu viens alors t’installer aux côtés de ton cadet, vous n’aviez pas encore eu l’occasion de réellement discuter de la situation, toi & lui. Vous aviez été si vite été dépassé. Comment, tu te sens ? Une question que tu aurais aimée lui adresser bien avant.

Ishan Tsukino
Last days of Summer (ishan) CtzF8e1
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
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Susanoo
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Ishan Tsukino
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Ishan Tsukino
paradis noirs
Aux jours maussades, Ishan s'abandonnait.
La colère était familière - elle avait le goût métallique du sang, la joue rongée à en crever la chair tendre et irritait ses paumes d'une poignée d'ongles furieusement plantés.

La tristesse, elle, lui apparaissait vicieuse.

Il n'avait pas accepté l'idée, de prime abord. Le cœur battant d'un scandaleux déni, persuadé qu'en mordant la pulpe de sa lippe assez violemment, il allait s’éveiller de cet immonde songe ; au lieu de cela, on l'avait traîné jusque dans les quartiers familiaux, on avait murmuré des condoléances larmoyantes et s'était incliné devant son auguste personne, alors qu'il se convainquait d'une audacieuse ténacité qu'ils se trompaient, qu'en aucun cas son père était-il mort.
Pourquoi s'excuser, si ce n'était de leur grossière erreur ?

Les étoiles avaient fermé leur œil débordant de larmes, mais Ishan n'en avait pas versé la moindre. Il s'enlisait dans un chagrin sec, noyé sous la haine irraisonnée et l'aveuglé refus. Trop fier pour sangloter devant l'impossible foule, il avait serré poings et mâchoires et encaissé la première cérémonie dans un apathique mutisme, n'intervenant que lorsqu'on le lui demandait.

Aujourd’hui, face à l’horizon et à l’aigre futur, il n’aspirait qu’à fondre en ces larmes impies trop longtemps retenues. Et Dieu savait qu’il aurait pu, dans son intime solitude, s’égarer en sanglots silencieux ; mais non, Ishan ne rongeait que la peau tendre de son pouce et se laissait bercer, amorphe, par les tremblements réguliers du tramway. Nulle voiture nommée Désir n’avait su le guider jusqu’à sa perte - c’était aux abords du cimetière qu’on l’avait directement craché, alors que tu sommeillais paisiblement (était-ce seulement le cas).

Et il avait fallu quelques temps, une infinité à son oeil si ennuyé que dantesque, pour qu’enfin Morphée t’ait relâché, et qu’au présent tu ais rejaillis. Si la solitude d’ordinaire le laissait de marbre, il ne désirait en cette bien sinistre heure que la compagnie, si discrète soit-elle ; abhorrait l’invasion de ses pensées et en bloquait furieusement la route. Ses cours avaient alors des allures de scandaleuse aubaine et lui s’était noyé dans de futiles révisions, relisant sans relâche des chapitres qu’il connaissait déjà sur le bout de ses ongles peints.

Comment tu te sens ? S’il avait sans nul doute appréhendé ta venue, il ne mit pas moins de cinq minutes à légitimer ta réponse ; des relents de coupable aversion, bien faible face à la virulence de son affliction. La plume fourrée dans sa main tremble le long de son parchemin, la ligne serrée des tendons de sa gorge s’intensifiant honteusement. Il contempla un instant le mensonge - celui qu’il avait travaillé au fur et à mesure des condoléances murmurées, la lippe pincée et le sourire faussé. Finalement, il traça d’un poing trémulant un énième caractère, et laissa échapper le cadavre d’un soupir, retenu trop d’heures.

Dépassé. La pause fut longue, lourde d’un indicible sens - l’hésitation persistait, vicieuse. Une exaspérante fraction de son être désirait ardemment déverser l’intégralité de son chagrin sur le sol, l’y répandre pour s’en émanciper et charger tes épaules de sa tristesse, en plus de la tienne. Le reste, égoïste et suppurant de fierté, s’entêtait à ravaler peine et deuil, à se museler le coeur et à te décocher le même sourire confectionné avec tant de soin que d’imposture. Sans surprise, c’est à la troisième partie, l’inquiétude aigre de voir un frère succomber sous l’infinité des responsabilités qu’on lui incombe, qu’Ishan cède. Mais ça ira. J’ai plus peur de ce qu’il adviendra de Mère qu’autre chose. Et toi ?

Il ne posait sa penne ni ne poursuivait sa prise de notes, le regard distraitement tourné vers la fenêtre. Il était trop jeune, pour faire face à la mort.

Rajan Tsukino
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Seimei
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Rajan Tsukino
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Rajan Tsukino
Last days of summer
Le tramway file à toute allure sur l’océan paisible. Le paysage bleuté s’égards dans tes pupilles. Vaste, à l’image de l’origine de votre famille et ton cadet formule ce mot qui te définissait si bien en tant qu’hérité improvisé ; dépassé. Tu t’étais préparé à prendre un jour la tête de cette famille lourde de poids, de ces croyances et de ses espoirs, mais tu pensais avoir le droit à encore quelques années ; voilà que le temps vous a rattrapé. Tu fermes les yeux, te laisse bercer par le son du métal glissant sur cette mer calme. Presque inaudible, le silence te rappelait que les morts ne parlaient pas et de cette pensée, tu sens un frisson te parcourir.

Il te dit que ça ira. Après tout, ça ira toujours, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si vous aviez réellement le choix. Alors, que tes épaules soient prêtes ou non, tu avais ton rôle à jouer toi aussi, et il t’interdisait à te laisser aller. Héritier. Un bien joli mot pour un rôle au rôle aussi cruel. Une si belle sonorité, pour cacher une certaine cruauté. Le temps n’était plus aux pleurs. A vrai dire, tu n’en avais versé aucune. La mort de ton paternelle était fade, sans saveur. Il n’y avait ni défaite, ni victoire, simplement un corps froid raidi sous un drap blanc. Il n’y avait que les larmes de votre mère pleurant son bien-aimé déjà souffrant avant que la mort ne le libère de cette douleur terrestre. Il a peur pour elle. Elle ira bien. Tu le sais, parce qu’elle aussi, c’est une Tsukino. Parce que, c’est elle qui s’est toujours tenue droite à ses côtés. Parce qu’elle a toujours été bien plus forte que votre paternel. Plus que tu ne le crois. Tu connais l’amour de Reva pour Hayato, mais aussi pour ce qu’il a bâti ; et pour rien au monde elle ne se laisserait pour image celle d’une veuve éplorée.

Et toi. Et toi, Rajan. Qu’en était-il de toi. C’était une bonne question. Tu ne ressens ni tristesse, ni joie ; simplement un vide. Je sais pas trop. Tu avoues. Ca ne sert à rien de mentir pour le rassurer, tu n’as pas envie de te bercer d’une façade. Ca fait simplement, beaucoup de choses. Trop, à vrai dire. Je ne peux pas encore quitter mon rôle de professeur, et maintenant je dois veiller sur le clan. Tu pousses un soupir avant de te laisser glisser laissant ta tête reposer sur l’épaule de ton cadet. Je pense qu’on a juste besoin d’une petite pause. Histoire de vous retrouver, loin de tous ces regards ancrés sur vos faits et gestes à la recherche de la moindre faille. Tu veux faire quelque chose, genre, ensemble ? Pour vous changer les idées à votre arrivée.

Ishan Tsukino
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Ishan Tsukino
paradis noirs
Je sais pas trop. Un frisson traversa son échine, logeant de bien sombres vipères dans le creux de sa colonne. Le soleil brillait si fort qu’il semblait à Ishan le voir rire, amusé par vos piètres tragédies - il avait bien compris, à l’annonce des funérailles, que le temps ne s’arrêtait guère pour les éplorés. Et si ses yeux restaient obstinément secs, le deuil s’était fiché entre ses omoplates dans la courbure de son dos, si prostré qu’il en paraissait souffrant. Doigts fermement enroulés autour d’un pinceau qui n’écrivait plus rien, avec pour seul rythme les secousses saccadées de leur voiture. Ca fait simplement beaucoup de choses. Je ne peux pas encore quitter mon rôle de professeur, et maintenant je dois veiller sur le clan.

A ces mots, le jonc de ses yeux s’enflamma - il protesta immédiatement. Quitter ton rôle ! Et pour quoi faire ? Personne n’y est mieux placé que toi. Il était hors de question qu’un joueur, inférieur à toi, ne tentât de lui apprendre à voler ; il s’y opposait fiévreusement, l’égoïsme suppurant de la moindre de ses plaies. Je pense qu’on a juste besoin d’une petite pause. Ishan s’autorisa un soupir, étirant ses articulations affligées dans un craquement sinistre. Espérons qu’aucune tragédie ne nous arrache encore nos vacances. Je refuse de passer un nouveau mois dans cette maudite école. Elle ne lui avait apporté à ce jour que frustration et perte.

Tu veux faire quelque chose, genre, ensemble ? La requête était étrange, tant dans sa formulation que dans son contexte ; il décocha une oeillade inquisitrice à son aîné, ses lèvres se pinçant dans l’espoir vain de ravaler son éclat de rire. Rien à faire, il renifla ridiculement et laissa sur son visage se peindre un demi-sourire presque moqueur. Dit-il en me ramenant de force à l’école, comme si de rien n’était. On repart dans quelques jours - deux, tout au plus - et pourtant je suis obligé de subir doublement le trajet. L’air expulsé dans le scandale, l’attitude juste assez apathique pour qu’on y déniche la fausseté.

Finalement, un vrai sourire. Je veux m’entraîner. Vole avec moi, Rajan. J’ai bien peur que c’est là ta seule rédemption possible. Il désirait se hisser dans le ciel à tes côtés, et avec toi dévorer le soleil. S’il te plaît. A terme, une supplique.

Rajan Tsukino
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Rajan Tsukino
Last days of summer
Vous évitez comme seuls au monde dans ce tramway ; il roulait exceptionnellement pour vous et l'écho de vos voix avait beau résonner, il n'y avait personne pour vous entendre. Indignation lorsque tu énonces l'idée de quitter ce poste que tu occupe depuis six belles années. Professeur de vol, professeur à Mahoutokoro. Le mieux placé ? Qui sait. Tu étais là par intérêt. Tu ne te voyais pas poursuivre ta carrière, tu ne te voyais pas ne pas répondre à l'appel d'Hidenori et ça t'as mené ici. Bientôt, ça te mènera ailleurs. J'ai eu de merveilleux coéquipiers, tu sais. Tu avais quelques noms en tête, comme si ton poste t'avait déjà quitté. Tu étais résigné aux événements qui allaient se dérouler. Cependant, ça te faisait plaisir d'entendre des lippes de ton cadet l'admiration continuer d'exister. C'était l'un de tes petits bonheur secret.

Il te reproche ceci dit en échange ce terrible trajet. Longues heures a patienter et à regarder ce même paysage défiler. L'inintérêt était élevé, en effet. Je sais, mais je ne décide pas des ordres. Désigné ou non chef de famille, il y avait des choses qui continuaient de t'échapper. Hidenori. Enfin, le directeur Kurosawa à demandé notre retour. Il semblerait que des choses sont arrivées. Tu n'en dis rien, mais il t'as d'ores et déjà informé ; un élève avait été emporté. Décédé. Votre cousin était lui aussi, blessé. Tu préférais taire l'information pour le moment, refusant de vouloir troubler cet enfant plus que nécéssaire.

Si c'est ce que tu veux. Un sourire adressé. Tu n'as pas à me supplier, Ishan. A sa volonté, c'est volontiers que tu t'y plierais. J'aime voler à tes côtés.

Pour l'éternité.

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