c'est une chose étrange que d'être seul face au monde
je veux dire -je crois que j'en ai l'habitude (moi contre des idées qui grouillent qui attaquent en groupe qui ne s'arrêtent pas ah que ce soit ces pauvres sang-mêlés (que leurs âmes soient sauvées) ces rush d'adrénaline (ça dégouline tambourine ; tirs de carabines) ces rituels qu'on veut mythifier (pourtant c'est écrit sur papier et pour sûr ça a été prouvé))
mais là j'ai l'impression d'être

seul

et j'aurais cru qu'on serait venu me voir ah même si je ne veux pas en parler même si je préfère ignorer ce qu'il s'est passé j'aurais voulu que -rien qu'un peu- qu'on me donne de l'attention qu'on me serre fort et qu'on me raconte des choses sans intérêt ; j'aurais voulu que kyoko me regarde avec dédain, que yume ait les lèvres pincées, que mamoru me demande si ça a fonctionné
mais rien
rien
et je me demande si j'ai fait des erreurs si quelque chose n'allait pas bien mais honnêtement j'ai l'impression d'avoir un coeur en cascade et que tout tombe tombe tombe à l'infini (d'en-haut vers en-bas, et d'en-bas vers en-haut) sans s'arrêter sans s'arrêter sans s'arrêter
je n'ai pas pu lui parler.
mais pourtant j'en suis certain -elle a tant à
expliquer, me confier (à moi, juste à moi), discuter, parler parler parler à me faire comprendre -elle ne peut pas juste rester des cendres
c'est impossible
elle n'en a
pas le droit
et peut-être que j'ai les larmes aux yeux
et peut-être que j'aimerais qu'on m'arrache mes espoirs une bonne fois pour toutes
et peut-être que je voudrais de l'attention un semblant de soutien quelque chose auquel me raccrocher
et sûrement que c'était le destin que de te placer sur mon chemin
mamoru (celui qui traîne si souvent dans ma tête qu'il en connaît tous les recoins tous les secrets et bien plus encore ; mon anticorps, mon oxymore)
je ne m'attendais pas à ta colère (je sens le fer qui bat mes paupières -elles ne résistent pas longtemps, plus mouillées encore qu'avant)
pourquoi t'es pas venu avant ?
je ne suis pas une langue de serpent
mais j'ai des problèmes de sentiments
et mon médicament
a décidé de me délaisser

j'aurais pu -oh, comme toujours, calmer tes humeurs de tempête, remettre de l'ordre dans les ouragans que tu construis, évacuer les eaux de tes inondations ah j'ai si l'habitude de tes émotions qu'elles ne me font même plus peur et je sais je sais je sais
combien tu peux être en colère
mais je crois que toi tu ne sais pas
à quel point je peux te faire vivre le même enfer
et j'en ai marre oh de tes mots qui n'ont pas de sens, je suis venu milles fois vers toi avec des doutes plein la bouche et je crois que souvent, parfois, tu n'as fait que me laisser avec des mauvaises idées, ah ! je croyais vraiment qu'on était bons l'un pour l'autre tu sais avec des défauts qu'on connaît et qu'on sait assumer mais regarde
regarde-toi
rongé par une rivalité qui n'a jamais été
jaloux d'une femme qui a cessé d'exister
immolé par quelques mots qui vont persister
en écho écho écho dans nos mémoires comme pour nous rappeler de ne plus jamais confier notre cœur à des fausses moitiés
(et j'en ai deux, elles le mettent en pièces et je regarde sans rien faire)
t'es sérieux ? et tu sais tu sais tu sais tous les doutes qui m'assaillaient les horreurs que j'ai pu faire les incertitudes les hésitations mes instabilités mes craintes et ma précarité pourtant tu choisis quand même de m'accuser t'es vraiment sérieux là ? et tu sais tu sais tu sais tout l'espoir et la honte, toute l'envie et le dégoût, tous les contraires qui sortent de ma bouche ; tu as vu mes cicatrices et des choses qui n'existent pour personne d'autre et pourtant et pourtant tu penses vraiment qu'à toi, hein ? parce que j'en suis certain si tu utilisais ne serait-ce qu'un instant ton cerveau tu saurais à quel point je suis vide vide vide d'énergie et de vie et d'envie et du reste et tu comprendrais que j'ai juste besoin de tes bras qui me diront que ça ira et qu'il faut me raisonner me faire comprendre que ce n'est pas possible ah qu'il faut abandonner et j'ai
tellement
besoin de toi, je ne peux pas accepter ton narcissisme cette fois-là
mais quel putain d'égoïste, pourtant je devrais savoir depuis le temps que t'arrives qu'à t'occuper de ta petite personne ! c'est sûr que c'est un job à plein temps, d'être toi, et que vraiment rien QU'UNE FOIS ça t'aurais tué de lever les yeux de ton nombril pour t'inquiéter des autres !
et je te jure, j'aurais aimé ne pas vouloir dire ça ah tu sais que les mots et moi c'est compliqué mais pour une fois je ne leur en veux pas trop d'être décharnés ; je crois que j'ai
eu si peu d'émotions ces derniers jours (ça s'appelle la dépression) que j'explose trop fort -comme toujours, mais encore pire, et j'aimerais réussir à me calmer à te rassurer à t'enlacer mais vraiment vraiment vraiment
tu ne veux pas inverser ?
juste pour une fois, pour qu'on puisse s'en aller encore liés
je sais pas pourquoi je perds mon temps avec toi.
mais je sais que ce n'est pas comme toi que d'essayer d'être quelqu'un d'autres -je n'ai eu aucun espoir
ils n'étaient même pas morts-nés : ils n'ont jamais existés.

j'aimerais me dire que tu peux changer
là, en un instant, avec les quelques secondes qu'il nous reste avant de foutre le feu partout, mais la vérité ah la vérité c'est que je suis terrifié à l'idée de devenir une nouvelle entité alors pourquoi tu devrais y arriver ?
pourtant je sens que ça arrive que ça tire de tous les côtés j'ai l'impression que ma peau veut partir me laisser orphelin d'os qui ne rejoindront jamais ma famille et encore moins les réponses que j'y cherche
qui je suis ? je pensais que tu le savais mais visiblement
tu mens aussi bien que tu triches
je pense pas à toi ? j'ai jamais pensé à toi ? vraiment ?
moi qui t'ait donné mon cœur mes doutes mes espoirs mes envies mes peurs mon bonheur moi qui écoute tes angoisses tes joies tes pensées ton avenir tes idées prémâchées bien trop arrêtées tes milles complaintes et tes mauvaises tendances ah de celles qui nous embarquent vers le fond est-ce que tu te rends compte ? putain mamoru je pense tous les jours à toi je veux que tu sois heureux que t'ailles bien que t'arrives à construire tes rêves je suis là depuis qu'on est gosses je te connais par cœur on n'a pas de secret parce que le pire on se le dit et tout ce qui arrive aussi et bordel je pense à toi à chaque fois que je vois mes cheveux dans un miroir, à chaque fois qu'on me parle de mes yeux quand je t'ai bousculé pour te protéger
ton apparence et toute ta beauté, quand j'ai clamé avec toi que la faute n'était pas sur nos épaules, quand on s'est engouffrés dans une galère de plus à peine déguisée
mais quand tu te regardes c'est juste pour toi toi toi, pour flatter ton ego, pour gonfler ton estime, et moi aussi je suis là pour ça, non ? pour te servir d'excuse, et pour tout justifier, et pour t'occuper, et pour pas que tu t'ennuies, et puis quand je serai viré tu vas me remplacer dans la foulée sans même regarder en arrière parce que j'aurais perdu tout intérêt, c'est ça ? dis-moi que non je t'en supplies j'ai trop besoin d'affection de quelqu'un qui dit enfin qu'il tient à moi s'il te plaît j'ai le cœur aussi creux qu'un souche qui pourrit et on vient le picorer mais il est dégueulasse tout velu et ignoble et c'est aussi un peu à cause de toi j'espère que tu en as conscience
de toutes manières, t'attendais que ça, non ? une excuse pour me jeter à la poubelle. après tout t'as trouvé ange. c'est bien plus amusant, quelqu'un qui t'es dépendant. je réfléchis, j'ai mes propres idées, c'est trop risqué pour toi. je pleure dans un silence effarant j'avais besoin de toi, mamoru. vraiment, vraiment, tellement, putain mais pourquoi tu fais ça ? tu sais tout ce qu'il y a dans ma tête mais tu me guillotines quand même mais t'en as rien à foutre.
je -
c'est trop pour moi. et je suis faible je l'ai toujours été ce n'est pas nouveau moi je suis un aquarium on voit tout à travers mais les choses sont agrandies fois milles quand elles passent à travers et tout fait boum et tout fait pan et tout fait clac et après au final ça fait crac

le monde est rempli d'acouphènes qui hurlent juste pour rire pour se sentir vivre vraiment qu'est-ce qu'on fout là ? on est obligés de faire ça ? et demain, on fera comme si on était deux étrangers, des gars qui se sont pas connus plus longtemps qu'eux-mêmes, des gens qui n'ont rien à se dire -pire, qui n'en ont pas envie ?
et alors quoi -tu rira avec d'autres et tu trouvera d'autres amis et tu embrassera bouche sur bouche et tu rira à en marquer ton visage au fer rouge et tu aura le bras négligemment posé sur une épaule mais tu sais que je vais guetter tes sourires de canines et tu rira plus fort encore et tu brillera comme tu sais si bien le faire mais
pas cette fois
je crois que
c'est vraiment fini
terminé
rangé, déjà
et je n'ai pas hâte de rouvrir ce livre, vraiment, regarde : tout ce qu'il reste, et tout ce qu'on s'est apporté
ces mauvaises idées, ces manières d’acquiescer
qui a autorisé notre duo à continuer ?
c'était une erreur rien que sur le papier.
(encore plus dans la réalité)
vas-t'en, vas-t'en si tu veux, encore si lâche est-ce une surprise ? sûrement pas et
si ce n'était qu'un fantôme (tu ne comprends pas c'est moi)
et si seulement on était mort (tu crois qu'on se réincarnera ?)
et si seulement tu m'enlevais le poids de ces épaules ((heureusement ce n'est pas le cas))
et si seulement ça avait réussi (essayer essayer jusqu'à tout faire sauter jusqu'à ce qu'on comprenne ce qu'il se trame dans cette tête d'écervelé)
et si seulement je t'avais perdu (parce qu'on s'est quittés l'un l'autre, et qu'il n'y avait pas pire comme scénario)
mais vas-t'en donc
je n'ai plus de pleurs à te donner, plus de colère ni de soupirs, et quand tu cherchera au détour d'un couloir (oh je sais que tu le fera) cette attention qui te flattera, je ne te la donnerais pas
je n'ai plus rien à te céder : _____il y a des choses à réorganiser.
je m'en vais continuer ma vie avec un peu moins de néfastes, nocifs nuisibles dans mes chemins.