break me down and build me up // Kiyoshi
Yori Hayashi
Make room we're taking over here
So the gallanting
Cold and alone, it suits you well
You won't find me perching here again— Let's kill tonight// Panic at the disco
Where they always have belonged
Cold hearts, colder songs
Angoisses. Insomnies. Tu te rappelles les mois qui ont suivi le voyage scolaire, durant lesquels tu t’es laissé enfoncer dans la fatigue tant physique que psychologique. Jusqu’à finir par craquer, entre les bras de Jian.
Il y a des détails, en revanche, qui changent. En l’occurrence, tu n’étais plus réveillé par les cauchemars de Takashi, mais par les tiens, concernant Takashi. La nuance était particulièrement importante. Et, à défaut, de passer beaucoup de temps dans ta chambre – comme avant, quand tu avais besoin de tranquillité – tu cherches maintenant à éviter le plus possible ton nouveau dortoir.
Autant dire que tu en venais à regretter cette époque.
Tu n’es pas le seul à aller mal. Tu n’as pas besoin d’exemple particulier pour en être persuadé, mais si tu dois en donner un : tu t’inquiètes pour Tetsuya. Ses récents sourires t’alertaient plus qu’ils ne te rassuraient. Pour en être un des initiateurs, tu reconnais les masques destinés à laisser croire en une joie inexistante.
Kiyoshi, en parfait accord avec le précité, affichait une mine morose depuis septembre. Voilà qui entrait parmi les faits voués à se répéter. Je sais pas si je supporterai qu'il parte encore une fois... Tu te demandes si ce fait c’est réalisé. Probablement.
Tu ne veux pas t’en mêler encore. Mais vos pas sont amenés à se croiser – hall d’entré innocent, voyant se croiser autant d’inconnus que de connaissances. A votre bref face-à-face, tu aurais pu te contenter de te décaler, pour le laisser passer, sauf que tu choisis de rester planter devant lui.
« Quel hasard, Kiyoshi. »
Ça sonne plus ironique que tu ne le voudrais.
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. BREAK ME DOWN AND BUILD ME UP .
.09.11.96.
.09.11.96.
Seuls Mikado et Yume arrivaient à te faire sourire, et pourtant, tu avais toujours des moments où tu pensais qu'ils allaient partir, eux aussi, qu'ils allaient comprendre à quel point tu étais seulement toi, et qu'alors, ils ne voudraient plus de toi.
Alors tu allais courir, souvent, très souvent, pour oublier. Ou tu t'entraînais. Aujourd'hui, c'était la course qui avait été ton exutoire. C'est habillé de tes vêtements de sport, après une course d'une petite heure sur la plage, que tu reviens vers l'école, encore un peu essoufflé, encore un peu transpirant, avec qu'une seule et unique envie : celle de prendre une douche. Mais tu es arrêté dans ton élan, alors que tu allais continuer ton chemin vers ton dortoir pour récupérer tes affaires.
Yori te fait face dans toute sa grandeur, et tu fronces les sourcils, déjà sur la défensive à son ton accusateur. Yori... Tu veux quelque chose ? Et tu mets une distance entre vous, déjà convaincu et persuadé que tu ne vas pas aimer cette conversation.
Yori Hayashi
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Mais tu sais, Yori, qu’aujourd’hui, tu n’aides pas à le mettre à l’aise. Que, déjà, ton attitude est plus froide que les dernières fois – la faute à des éléments extérieurs, pas à lui. Même pas à lui. Sauf que c’est sur lui, déjà, que tu t’apprêtes à passer tes nerfs.
« Je veux beaucoup de choses, Kiyoshi. »
C’est une question vaste, même si tu en comprends la signification. Une simple demande de politesse, pour savoir à quoi s’en tenir.
« Je voudrais surtout ne pas voir l’impact détestable de ton amitié avec Tetsuya sur vos vies, à tous les deux. »
Tu aimerais surtout ne plus les voir se laisser autant impacter par de stupides relations d’adolescent, qu’importe à quel point ça s’avère hypocrite de ta part. Tu aimerais, aussi, ne plus avoir à t’inquiéter des soucis des uns et des autres.
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. BREAK ME DOWN AND BUILD ME UP .
.09.11.96.
.09.11.96.
Impact détestable de ton amitié.
Tu acceptes le coup comme les coups que tu as accepté ceux de Ninomiya. Et tu ne réponds rien, pendant quelques courtes secondes. Tu te contentes de réfléchir à tes mots. Tu ne veux pas le blesser comme il te blesse. Tu sais que Yori ne veut que le bien de Tetsuya, et c'est sûrement pour cette simple raison que tu ne lui as pas encore dit d'aller se faire foutre avant de le bousculer pour le quitter.
Tetsuya est la seule raison.
Mais Tetsuya n'est plus là. Tetsuya n'est plus dans ta vie, ne te veut pas dans la sienne. Alors à quoi bon essayer de continuer quoi que ce soit ? Tu n'entends que des reproches sur ce que tu es, sur ce que tu donnes, autant leur donner raison, non ? Et pourquoi t'irais pas voir Tetsuya, au lieu de venir me voir moi ? La colère monte doucement, tranquillement, petit à petit. Vu que tu sais si bien ce qu'il s'est passé et que tu as apparemment pris un parti, t'as qu'à aller voir Tetsuya, parce que c'est lui qui ne veut ni me pardonner, ni me voir. C'est un sourire sarcastique qui étire tes lèvres, le ton tout aussi ironique : Et vu que mon amitié a un impact détestable, je vois pas pourquoi tu cherches à arranger les choses à chaque fois.
Et dire que t'avais juste envie d'une douche et d'être tranquille...
Yori Hayashi
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Tu ne serais pas surpris qu’il aille comprendre que c’est son amitié à lui seul qui l’est.
Le silence s’allonge et tu t’attends même à ce qu’il tourne finalement les talons. Mais il te répond. Le début de colère ne t’étonne pas ; le sarcasme, oui. Pour un fervent employeur du concept, tu apprécies beaucoup moins quand il est utilisé à ton encontre.
Et vu que mon amitié a un impact détestable – Bingo.
« Je ne cherche pas à arranger quoi que ce soit. Et au vu du résultat, quand vous essayez de le faire vous-même, ça ne vaudrait pas même la peine d’essayer. »
Dans le fond, pourtant, tu sais que tu en avais envie. Tu as beau te convaincre de n’avoir fait que discuter et de les laisser juger, tu les poussais, malgré tout, à penser que la meilleure solution était de se réconcilier.
« Cesse d’entendre ce que tu veux entendre, Nakamura ; ma critique valait pour vous deux. Mais si tu peines autant à préserver des amitiés, c’est peut-être parce que tu y mets une certaine volonté. Tu n’as même pas l’air de croire qu’il est possible de s’intéresser à toi, alors à qui penses-tu donner l’envie de le faire ? »
Des bribes de vérités attentionnées, dans des crocs bien trop acérés.
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.09.11.96.
.09.11.96.
Ma critique valait pour tous les deux. Et pourtant, c'est toi qu'il vient voir, et tu es persuadé qu'il n'a pas parlé à Tetsuya, ou s'il l'a fait, qu'il a pris son parti sans même chercher à comprendre les raisons et les faits. Et ça t'énerve plus encore. Mais si tu peines autant à préserver des amitiés, c'est peut-être parce que tu y mets une certain volonté. Tu te sens soudainement frappé, brutalisé, et tes poings se serrent contre tes cuisses. C'est faux. Tout ce qu'il dit, c'est faux. Au contraire, tu essaies, tu essaies vraiment d'arranger les choses. Alors quoi ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Que tu n'étais pas méritant ? Que tu n'avais pas le droit à tout ça ? Était-ce vraiment le cas ? Et si oui... est-ce que tu avais simplement le droit de rejoindre Yume ce soir ? Est-ce que tu avais le droit d'aller voir Mikado jouer au Quidditch ?
Étais-tu méritant, Kiyoshi ?
Tu n'as même pas l'air de croire qu'il est possible de s'intéresser à toi, alors à qui penses-tu donner l'envie de le faire ? La tension abandonne tes épaules, et dans tes yeux passent une douleur que tu caches en détournant le regard de ceux de Yori. Et s'il y a quelques mois de ça tu serais simplement parti en haussant les épaules, te détournant, fuyant, tu ne t'en sens pas capable aujourd'hui, comme collé au sol, comme quand Ange t'a forcé à l'entendre, à l'écouter, à lui parler. Mais la colère est toujours là, latente, et tu lâches enfin, retrouvant de nouveau le regard de Yori : Et alors quoi ? Tu es venu me dire à quel point je n'en valais pas la peine ? C'est lui qui veut pas faire d'effort ! C'est lui, pas moi ! Il m'ignore dans les couloirs, réponds pas à mes origamis, ou quand il y répond il est tellement méchant que j'en viens à le détester ! Je lui ai pardonné d'être parti quand j'lui ai dit que je l'aimais. Je lui ai pardonné quand il a pas voulu me voir pendant deux mois alors que ma mère venait de mourir et que j'avais besoin de lui. Je lui ai pardonné ! Et lui, lui me pardonne de rien alors que c'est pas ma faute ! Yume m'a embrassé, j'ai répondu, mais il s'est rien passé d'autres et en plus, c'était rien du tout et je savais même pas ce que Tetsuya voulait cet été ! Je lui ai pardonné. C'est lui qui me pardonne pas. Alors laisse-moi tranquille. J'ai bien compris que j'étais pas assez bien pour Tetsuya, tout le monde semble me le répéter à longueur de journée ! T'as le souffle court, et la rage au bord des lèvres. Peut-être as-tu parlé bien trop fort, quelques regards s'arrêtent sur vous. Mais tu en as marre, marre, marre, tellement marre, parce que c'est toujours de ta faute, alors que tu fais tout pour arranger les choses.
Ta voix se fait plus faible alors que tu reprends : Franchement, t'es vraiment doué pour enfoncer les gens, hein ? La colère bouillonne toujours en toi, elle te fait serrer les poings. Tu voulais juste aller prendre une douche, bon sang. Maintenant que t'as eu ce que tu voulais, laisse-moi tranquille. Et tu le dépasses, le bousculant plus que nécessaire au passage.
Yori Hayashi
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Cold hearts, colder songs
Tu es allé beaucoup trop loin, tu en as conscience. Tes derniers mots le font exploser. Autant d’une voix forte que des explications qui ne cessent de s’allonger – tu ne penses pas l’avoir déjà entendu autant parler. Il te parle de tout : de tout ce qu’il a fait pour Tetsuya, malgré toutes les fois où celui-ci l’a délaissé. De son erreur à lui, qui a suffit à tout briser. Et tu t’impatientes, parce que tu n’as pas demandé à subir les longs discours, pas plus que tu ne demandais à avoir les détails de leur histoire. D’autant plus que, contrairement à ce qu’il semble penser, tu n’es pas au courant des derniers faits et si tu en comprends le plus gros, tu n’as pas tous les éléments pour juger.
Tu vois – tu entends, surtout – qu’il a besoin de vider ce qu’il a sur le cœur. De se faire comprendre, aussi. C’est sa cause qu’il est en train de plaider.
J'ai bien compris que j'étais pas assez bien pour Tetsuya - Et bien qu’il place la faute sur lui, il parvient tout de même à considérer que c’est lui, encore, qui n’en vaut pas la peine. Tu pinces les lèvres, retenant l’irrésistible envie de pousser un soupir.
Il se tait et tu t’apprête à lui demander s’il a terminé. Mais il reprend, plus faiblement.
Franchement, t'es vraiment doué pour enfoncer les gens, hein ? Aïe. Tu reçois l’impact de plein fouet. Cela fait un moment que tu n’avais pas été aussi désagréable avec une personne qui ne l’a pas méritée. Tu ne réponds rien et lui termine, pars, te bouscule au passage et s’éloigne.
Le regard toujours droit devant toi, tu te mords les lèvres.
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