i refuse to grow older unless it's with you // yori
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I REFUSE TO GROW OLDER UNLESS IT'S WITH YOU
01.02.97
01.02.97
Vous n'aviez pas eu le temps de discuté de grand chose, à peine vous étiez vous murmuré quelques mots ; et tu n'avais rien appris, sur ce qu'il avait vécu, sur ce qu'il s'était passé ensuite, rien.
La jambe encore douloureuse, comme ton bras, un peu, tu observes Yori dans son lit, non loin de toi, qui ne dit rien, qui ne parle pas ; dans un autre monde, dans un autre univers, si loin, si loin de toi. Et ton cœur se serre alors que tu l'appelles une fois : Yori. Mais peut-être que ta voix est trop basse, car il ne te répond pas. Ou peut-être ne veut-il pas te répondre, qu'il n'est pas en état. Et ton cœur se serre, bat plus fort encore dans ta poitrine et tu te défais des draps et de la couverture pour t'asseoir au bord de son lit. Tes doigts vagabondent dans sa chevelure, ton regard trouve le sien : Yori... parle-moi, s'il te plaît... S'il te plaît, s'il te plaît, mon amour, dis-moi, dis-moi ce que tu vis, ce que tu subis, dis-moi comment t'aider.
Et tu espères juste, Jian, qu'il ne te repoussera pas, qu'il ne s'enfermera pas loin de toi, comme il a pu le faire déjà des dizaines de fois. Tu espères, Jian, que ton amour sera assez fort pour l'aider, pour lui faire comprendre à quel point, ah, à quel point tu es heureux qu'il soit à tes côtés.
Yori Hayashi
Citation : All is lost again but i'm not giving up
Age : 19 (16 mars)
Orochi
Yori Hayashi
Do you want to feel how it feels?
Do you want to know that it doesn't hurt me ?
Do you want to hear about the deal that I'm making ?— Running up that hill // Placebo City
And I'd get him to swap our places,
Be running up that road, be running up that hill, be running up that building
If I only could.
Je me sens mort. Et pourtant, un peu trop en vie – si je pouvais en offrir, juste assez, pour le faire revenir lui, je le ferai. Sans hésiter.
Je me sens endormi, mais toujours trop éveillé – si on pouvait m’assommer et me laisser comater jusqu’à un jour où ma vie semblera plus belle (le sera-t-elle un jour ?).
Rien n’a de sens. Ni les aurors qui m’ont emporté, à notre arrivée à Kyoto, m’arrachant à Nanami, Akina et Hajime – ai-je seulement réagi, à ce moment-là ? Ni les médicomages qui m’ont pris en charge, une fois à l’hôpital. Ni la potion qu’ils m’ont fait boire et qui m’a brûlé la langue, la gorge, de son goût infect. Ni cette chambre, dans laquelle ils m’ont laissé, qui ressemble à une prison blanche, qui ne laisse pour liberté que cette fenêtre qui donne vue sur la ville – j’entends la circulation au-dehors et je me demande comment font les autres pour vivre (comme si de rien n’était).
Il n’y a que Jian pour me garder encore sur terre. Mon regard ne l’a pas quitté depuis le moment où je l’ai retrouvé – je crois que mon cœur s’est arrêté, quand je l’ai vu blessé ; que la panique m’a envahie – jusqu’à ce que nous soyons dans la même chambre.
Depuis, mes yeux sont restés résolument tournés vers cette vitre, comme si le ciel pouvait m’apporter quelconque réponse.
La première nuit m’a épuisée, plus longue que jamais. Les effets du Poussos m’ont tenu éveillé et les rares instants où je me suis endormi, des cauchemars sont venus me réveiller.
La journée m’a paru aussi longue. Je sais que les parents de Jian sont venus et que j’ai écouté, distraitement. Je sais, aussi, que les soignants m’ont dit que ma jambe sera vite remise, mais que je garderai des séquelles ; qu’ils comptent me garder, plusieurs journées – instinctivement, je me dis que c’est une chance, mais –
Peut-on encore parler de chance, désormais ?
Et la nuit suivante est arrivée. Aussi lentement. Aussi rapidement. Je ne dors toujours pas ; j’en viens même à craindre le sommeil, je ne veux plus y voir
Ni Seimei
Ni Ninmenju
Ni Tetsuya.
Yori. Je reste de marbre, mais mon cœur se serre – c’est imperceptible ; j’ai déjà l’impression d’étouffer, depuis que je suis ici. Yori… et mon lit s’affaisse et ses doigts trouvent mes cheveux et sa voix s’élève à nouveau : parle-moi, s'il te plaît...
Mes doigts se serrent, contre les draps et, enfin, mon regard vient croiser le sien – c’est si réel soudainement, que je sens déjà les larmes monter à mes yeux. Depuis combien de temps n’ai-je pas parlé ? J’ai l’impression que mes cordes vocales se sont déjà rouillées.
« Pour dire quoi ? »
J’ai la voix faible et rauque et inexpressive – ça me ressemble ; sans vraiment me ressembler.
J’ai l’impression d’être encore moi. Et, en même temps, de ne plus vraiment exister.
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I REFUSE TO GROW OLDER UNLESS IT'S WITH YOU
01.02.97
01.02.97
Mon amour, mon amour, mon amour. Et son regard trouve le tien, s'accroche lentement au tien et tu les vois s'humidifier, tu vois les larmes monter et ton cœur se serre d'autant plus. Tes doigts glissent le long d'une de ses joues, la caressent lentement, doucement, tendrement.
Pour dire quoi ? te demande-t-il. Ah, et sa voix te détruit un peu plus, la douleur vient se glisser sur tes traits. Tu t'installes un peu plus confortablement sur le lit, à moitié allongé, sur le flanc, et tu t'abaisses vers lui, poses ton front contre le sien... tu fermes les yeux un instant alors que le murmure s'échappe alors : Je sais pas... juste... juste pour me rassurer que t'es bien avec moi... Juste pour être sûr, Jian, qu'il ne t'abandonnera pas, qu'il n'abandonnera pas cette vie malgré toute l'envie qu'il doit avoir. Et c'est d'autant plus hypocrite, venant de toi, toi, toi, toi qui lui as dit que tu le quitterais, à la fin de l'année, à la fin des vacances... Mais en étais-tu simplement capable ?
Ton nez frôle le sien, tes lèvres les siennes, mais tu ne l'embrasses pas. Pas encore, Jian, tu as l'impression que tu n'en as pas le droit, quand il est dans cet état. Comme si c'était profiter de lui, de sa faiblesse, de sa douleur... et tu ne veux pas ça. J'ai eu si peur de te perdre... Et elle arrive enfin, cette angoisse que tu as repoussé jusqu'à maintenant, cette angoisse que tu as réussi à mettre de côté lorsque Kiyo et Mamoru étaient en face de toi, lorsque vous avez fait vos examens, jusqu'à maintenant... elle refait surface, cette angoisse horrible. Si peur... répètes-tu encore. Parce que tu étais terrifié, Jian, de vivre une vie sans lui à tes côtés. Car pour toi, c'était impossible, il ne pouvait pas disparaître, s'échapper. Car sans lui, Jian, t'étais bon qu'à crever.
Yori Hayashi
Citation : All is lost again but i'm not giving up
Age : 19 (16 mars)
Orochi
Yori Hayashi
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If I only could.
J'ai eu si peur de te perdre... Et moi aussi, j'ai eu peur. De le perdre. De les perdre.
Et j'ai perdu.
Tetsuya.
Si peur…
Je referme mon bras autour de ses épaules et vient loger mon visage contre son cou, les sanglots au bord des lèvres, mais les larmes se refusant encore à couler.
« Je suis là… »
Comme un besoin de le rassurer.
Je tressaille en mobilisant ma jambe droite, encore douloureuse. M'oblige néanmoins à me mettre sur le flanc pour me blottir davantage contre Jian.
« Comment… comment tu te sens ? »
Je pense à sa jambe, à lui aussi, et à son bras, qui ont été blessé, sans que je n'en connaisse la cause – était-il tombé sur un yokai, un partisan de Yuutsu ou que sais-je encore ? Mais je pense aussi à lui, en général ; à son état psychologique. Que sais-je de ce qu'il a vécu durant cette journée si ce n'est que j'ai failli le perdre lui aussi ? Même si parents l’ont compris, j’en tiens pour preuve leur réaction – ah, enfin des géniteurs prêts à faire passer la vie de leurs enfants avant leurs propres idéaux.
« J’ai entendu… pour tes parents. C’est tant mieux. »
Je profite d’avoir retrouver un peu de ma voix ; je profite de cet élan pris pour l’utiliser.
Sans savoir combien de temps je resterai hors de ce mutisme.
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01.02.97
01.02.97
Il est là, qu'il te dit, oui, oui, il est là. Il se met sur le flanc, et vous voilà l'un contre l'autre, peut-être même que l'une de tes jambes glisse entre les siennes pour le garder contre toi, plus contre toi. Il se cache contre toi, ne te regarde pas, et tu te sens si mal, Jian, tu veux le garder contre toi, le protéger de tous et de tout, ne jamais le lâcher. Et tu as déjà peur de la rentrée, de votre séparation physique ; tu es terrifié, terrifié, Jian, de l'abandonner.
La question, tu l'entends à peine, car ce n'est pas toi qui es important, ça n'a jamais été toi, qui étais important. Ça a toujours été lui, lui, lui, rien que lui. J'ai entendu... pour tes parents. C'est tant mieux. Et tes doigts vagabondent sur son visage, viennent caresser sa joue et tu cherches son regard, le trouves au bout de quelques longues secondes. Hé, Yori... tant que t'es vivant, tant que t'es avec moi... tout va bien, tu comprends ? T'es la personne la plus importante pour moi, la seule qui compte. La seule. Y'a rien qui m'importe à part toi... et mes parents, c'est bien, oui mais... mais y'a que toi, qui comptes, tu comprends ? Alors... alors même si t'es là... juste... De nouveau, tu fermes les paupières, cherches tes mots et alors, alors, alors, enfin, tu poses tes lèvres contre les siennes, juste un baiser, juste un court baiser. Je t'aime... je t'aime, je t'aime, je t'aime... et je veux juste... juste être avec toi, okay ? Et juste... parle-moi, dis-moi ce que je peux faire... Et de nouveau, ton front vient se poser contre le sien.
Mon amour, mon amour, mon amour... laisse-moi t'enlever tous tes soucis, tous tes tracas, tous tes doutes... laisse-moi te rendre heureux, et t'enlever toutes tes pensées sombres, tes idées noires... laisse-moi t'aider, mon amour, mon amour, mon amour...
Yori Hayashi
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A quoi bon être encore en vie ?
T'es la personne la plus importante pour moi, la seule qui compte. La seule. Et j’aurais du faire de même. Je n’aurais dû garder de place que pour toi et pour ma sœur. Je n’aurais dû –
Ah, n’étais-je pas sensé oublier toutes ces mauvaises pensées et accepter de pouvoir aimer ?
Mais c’est exactement de ça dont j’avais peur, à trop m’attacher.
C’est trop douloureux et je ne sais jamais si je pourrais me relever.
Un baiser, léger.
Nos fronts se retrouvent et tes mots reprennent. Et juste... parle-moi, dis-moi ce que je peux faire. Je ne sais pas. Je ne sais pas moi-même ce que je peux faire – je n’ai rien envie de faire. Je ne peux rien faire. C’est un poids qui m’empêche de bouger, de parler, de penser.
« A moins de pouvoir remonter le temps… je vois pas ce que tu pourrais faire. »
Et je sais que ce n’est pas impossible, pour des sorciers ; mais si la loi nous permettait de tout changer, ne l’aurions-nous pas fait à chaque guerre ? A chaque victime de mage noir ? A chaque catastrophe ?
Ça n’a aucun sens – de disposer de tant de pouvoir, mais de ne rien en faire.
Comme si on pouvait attendre quoi que ce soit du ministère.
Ou de notre société, tout entière.
Et s’il n’y avait que cette journée à changer – ce n’était qu’hier, mais c’est comme si ça datait déjà d’il y a une éternité – mais je crois que c’est toute ma vie qu’il faudrait recommencer.
« Moi, je n’ai rien pu faire. »
Je tremble, entre tes bras et je serre mes doigts contre mon poing.
Je sens les vannes s’ouvrir.
« J’ai laissé Tetsuya mourir. »
Et les larmes montent, enfin (encore). Elles s’écoulent, alors que mon cœur s’emballe, près à exploser (à s’échapper).
Et je ne supporte plus ce mot.
Mourir.
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01.02.97
01.02.97
Moi, je n'ai rien pu faire.
Et il tremble, tremble, tremble de tout son être et tu le serres encore contre toi, encore, toujours. Tes doigts vagabondent dans ses cheveux, les caressent, pour l'apaiser, pour tenter de calmer les battements effrénés de son cœur abîmé. Et alors, alors. J'ai laissé Tetsuya mourir. Et ton cœur se serre encore plus, ton estomac se retourne et tu sens l'humidité contre la blouse de l'hôpital. Non. Non. Mon amour, mon amour, mon amour. Et tu te contentes de le serrer encore plus fort, toujours plus fort. Je t'aime... Je suis là... je suis là Yori, c'est pas de ta faute, c'est pas de ta faute... Et tu sais, que ce n'est pas de sa faute, car tu sais, tu sais, qu'il aurait tout fait pour le sauver, quitte à se mettre entre lui et la mort.
Et c'est horrible, horrible, horrible Jian..
D'être soulagé que ce soit Tetsuya qui ait trépassé.
Yori Hayashi
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J’étais là, juste à côté et je l’ai vu se faire tuer. Je n’arrive pas à comprendre, pourquoi lui ? Pourquoi à ce moment, pourquoi Seimei, pourquoi de cette façon, pourquoi –
A quoi bon chercher encore des réponses. Rien ne pourra le ramener – parfois, pourtant, je pense à ces aurors qui me l’ont enlevé ; je me dis qu’ils l’ont emmené se faire soigner et qu’un jour, il va entrer et venir me retrouver.
« Parle-moi… parle-moi d’autre chose. »
Je ne veux plus y penser. Je préfère oublier – comme à chaque pensée qui ne cesse de me hanter. J’aimerais faire comme si rien ne c’était passé, comme si personne n’avait été blessé (tué), comme si cette année ne s’était pas terminée.
Il y a quelques jours, encore, on se réjouissait de ce dôme qui nous enfermait. Aujourd’hui, tous nos espoirs se sont envolés – avec bien d’autres choses.
« Dis-moi encore que tu m’aimes. »
Et serre-moi encore dans tes bras. Rappelle-moi que tu es bien là, que tu ne me quitteras pas (jamais). Que toi, tu ne m’abandonneras pas.
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01.02.97
01.02.97
Les minutes s'écoulent, dix, vingt, peut-être plus encore, mais tu ne cesses pas tes caresses, tu ne cesses pas tes murmures contre sa peau, et tu lui répètes, encore, encore, encore : je t'aime, je t'aime... mon amour je t'aime, je t'aime tant... je t'aime, mon amour... Et des baisers, et des baisers, qui vont et qui viennent sur sa peau, comme les caresses que tu n'arrêtes jamais. Je t'aime... je t'aime, et tu viendras, chez moi, mon père nous couvrira, je t'aime... je t'aime, je t'aime...
Et tu ne t'arrêtes jamais de lui murmurer tout ton amour.
De lui montrer tous les jours.
Yori Hayashi
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Mais la mort ne demande pas ; elle prend, sans se préoccuper de qui que ce soit – ça aurait aussi bien pu être lui. Ça aurait aussi bien pu être moi (un bien moindre dommage).
Ses caresses m’apaisent, lentement et ses murmures achèvent de soulager mon esprit torturé – qu’importe les belles paroles qui s’apparentent à des mensonges (jamais la couverture de son père ne suffira) je m’abandonne à ses espoirs, sans y croire.
A dépit de ne plus avoir de larme à verser, les flots se tarissent. Et, dans un mélange de mouvement désorganisés, je parcours son corps avec fièvre ; laissant nos membres s’entremêler plus étroitement encore.
Ereinté par les rares heures de sommeil, la douleur, les émotions et l’effort ayant précédé, je me laisse bercer par la libération des endorphines, essayant encore d’échapper aux bras de Morphée.
« Tu devras m’expliquer, tu sais. Pour tes blessures. »
Mais plus tard.
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01.02.97
01.02.97
Et de nouveau, vous êtes enlacés, la respiration manquante un peu, les baisers sur sa peau le font frissonner. Et tes doigts, comme des papillons, caressent ses bras, son torse. Et alors, une demande, et tu hoches doucement la tête en glissant ton bras autour de ses hanches, pour le serrer contre toi, les paupières lourdes d'un sommeil que tu aimerais réparateur. Demain. Oui, demain, Jian, tu lui raconteras, tu lui avoueras ce qu'il s'est passé, ce qu'il s'est réellement passé, chose que tu n'as pas faite lorsque les aurors sont venus te le demander. Demain, Jian, tu lui raconteras le seul secret que tu as pour lui.
Et après un baiser, une caresse, une étreinte, tu lui murmures doucement un dernier je t'aime, avant de te laisser emporter par le sommeil.
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