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pétrichor (saburoo)
Ange Ueda
pétrichor (saburoo) 5d2070a4fa38dd86cc7dd7d7eea5c1f5
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
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Amaterasu
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Ange Ueda
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Ange Ueda
(n.c) odeur particulière, habituellement agréable, que prend la terre après la pluie
J’ai longtemps cherché à comprendre mon père. Ce que je vois dans ses yeux contredit ce qu’il persiste à m’infliger, et parfois j’ai l’espoir un peu déraisonné qu’au fond, au fond du trou béant qui lui ouvre la poitrine, j’occupe une petite place. Je la vois ainsi : un placard tantôt plongé dans l’obscurité, tantôt éclairé par ses pensées, dans lequel je me recroqueville. Lorsque la lumière s’allume, j’émerge docilement, et lui m’aime un court instant—j’ai senti son amour lorsque le nom de ma mère a pesé lourd sur ma langue, mais lui a préféré l’enfouir pour me couvrir de haine et de violence.

Le goût de ses pilules dans ma bouche ravivent des cauchemars d’overdose dans les tréfonds de la forêt, assisté par un infirmier disparu ; j’ai vu ma mort ce jour-là, et la contemple encore lorsqu’il enfonce dans mon gosier ses drogues fragmentées. Mais je demeure et je reviens, car qui du père et de l’enfant représente l’autorité ?
Je n’ai jamais eu le choix.

Cette fois pourtant, le pouvoir glisse d’une main à une autre. J’ai pu le tester entre mes doigts en crachant mon venin, et il n’y avait plus que la saveur de la vengeance pour alimenter le feu de mes veines. J’ai vu de la peur dans son regard et j’ai compris : cette fois-là, il était à ma merci. Mais je peine encore à contrôler la force de mes mots, et la moindre syllabe de travers pousse sa rage séculaire à me défaire de mes avantages.

C’est un séjour calme. Je ne reste enfermé que deux fois dans la chambre noire, et j’y casse l’un de mes ongles à force de gratter le mur—mais j’ai pris l’habitude. Il y a quelques années, j’en avais rompu sept, et l’odeur du sang était restée imprégnée dans le bois jusqu’à ce que quelqu’un se décide à nettoyer entre les planches. Il avait coulé des plaies et séché sur mon menton, lorsque j’ai arraché à coups de crocs ce qu’il restait du phanère. Aujourd’hui c’est dans mon crâne que mes griffes s’enfouissent, fouillent encore la plaie de la roche pour en empêcher la guérison ; je sens la peau qui s’étire et se crève sous la pression de mes doigts mais sa piqûre paraît édulcorée par les poisons dans mes veines. La blessure s’étend, elle couvrira bientôt la moitié de mon front. Ils pourraient la soigner, veulent la soigner mais moi j’aimerais qu’on me comprenne qu’on réalise que c’est un souvenir—qu’on apprend de nos erreurs que lorsqu’elles nous dévisagent dans un miroir.
J’aimerais qu’on saisisse qu’importe ce qu’on m’inflige lorsque sur ma langue s’attarde le goût du médicament, je n’en ressentirai rien.

La bouche pâteuse et les paupières lourdes, je m’extirpe d’un lit qui n’est pas vraiment le mien et traverse une chambre qui n’est pas vraiment la mienne ; je contemple dans la glace un visage profane qui me toise et me dit n’oublie pas mais même sa haine est diluée dans la nonchalante apathie, et sur nos lèvres un sourire vague danse paresseusement. Je remplace les pansements qui couvrent mon front, et attache mes cheveux délicieusement longs.

Tu sais, mon oncle, je n’aime pas te laisser rentrer dans sa demeure. C’est une maison triste, tout de noir vêtue—opération à coeur ouvert a arraché ma mère de ses entrailles d’ébène et mon père demeure sur le cimetière de ses souvenirs. Alors aujourd’hui je me hâte dans ma torpeur artificielle je rassemble le peu d’effets emportés (un lycoris séché, quelques bonbons et mon ukulélé) et je fends le salon à pas qui se veulent vifs. Saori me fait signe et moi je crie, bienheureux : à plus tard, papa ! Et qu’il m’entende ou non, mon coeur s’allège.

Le bruit de tes pas résonnent contre les pavés de l’entrée et je force un sourire plus large, plus méticuleux. Ah ! Saburoo, tu tombes bien. Papa n’est pas là, il m’a dit de t’attendre dehors. On peut y aller tout de suite. Et si tu vois clair dans mon mensonge, tu veux bien jouer avec moi ? Je déglutis, et je poursuis, une main dans la tienne et l’autre agrippée à mon sac : rappelle-moi comment on fait une potion wiggenweld. Enfin, non, pas rappelle, apprends-le moi. Avec le plus de détails possibles. C’est un demi-mensonge que mon entrain, sois-en sûr—leurres ou non, j’ai toujours adoré tes tirades.




Saburoo Ueda
oui
Citation : How call someone with no body and no nose? Nobody knows.
Age : 46 (05/06)
Rang : S1
Orochi
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Saburoo Ueda
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Saburoo Ueda

pétrichor Si la route de l’enfer est réellement pavée de bonnes intentions, le pas de Saburoo claque de toute sa force sur ceux menant au domaine d’Akira Ueda, dans l’espoir déterminé d’en conjurer le sort.


Chaque enjambée est un gouffre dans lequel je manque de sombrer.
Chaque enjambée est un gouffre béant et j’y chancelle à ma moindre mesure, tantôt affirmé par le furieux relent de récentes colères, tantôt craintif et macérant au repli de mes songes un écho de jadis ; puis, purifié par un élan circumambulatoire j’en reviens en éternel funambule à la première de mes oscillations.
Car à l’orée du chemin gît Akira, aîné de l’Héritier et de sa suite, porteur d’opprobre par la déconvenue même de sa naissance : un tel titre enorgueilli du sale prestige d’un père abusif. Sous couvert de fureur, j’en tremble de honte.

Gorgé de l’égoïsme inconscient de la jeunesse, je prenais plaisir à plonger mon regard dans celui du seul frère que j’eus un jour aimé, et en ces abîmes profondes j’y ai entraperçu ce que je ne pouvais trouver dans celui de Père qui ratissait ma peau sans jamais s’attarder, sans compter l’intensité ni le désespoir de ma recherche.
De mon piédestal d’oubliable accident j’ai pu contempler à mon aise l’ampleur de la tragédie humaine : détaillée sous toutes ses facettes, les opaques et les mirobolantes, celles que l’on ne perçoit qu’exposées à une certaine lumière et celles sublimées par la noirceur la plus totale ; et décousues par quelques doigtés experts, les coutures qui façonnent les liens entre vivants. L’amour est un de ces fils en sa substance filandreusement médullaire, cet amour qui se veut lui-même infaillible : non point dénué d’un tel sentiment j’aspirais aux entiers regards d’Akira sur ma petite personne en espérant que ceux-ci m’élèvent en son nom. A cela en aurai-je été un bien maigre pleige et la colère de Père plus noire encore ; aucune déité topique ne veillait sur nous si ce n’est le regard aimant que toute mère appose un jour sur la chair de sa chair. Aberration, dirai-je, car cet amour inconvenant poursuit et hante les âmes d’une férocité inouïe.

Drossé entre flux et reflux, au creux de vagues furibondes que nulle tempête humaine n’épargne, la trahison s’est renversée sur ma tête avec une telle fougue que mes mélanocytes même en ont blanchi sous l’écume. Lorsque la vérité s’est révélée à nous, si écœurante soit-elle, abjecte au même titre que la saveur de ces drogues qui demeuraient imprégnées au fond d’une gorge juvénile, mère n’a pourtant eu de cesse de l’aimer, lui l’infâme, et moi, odieux fils parmi les serpents en ait goûté l’arôme exact de la traîtrise.
Vois, mon frère, quels tortueux cheminements ta pensée me fait emprunter !

Mon cœur en soit l’inéluctable témoin, lui qui fut tant empli à coup de reconnaissance et de rancœur aux proportions faussement versées d’une main alourdie par la trahison, lui que j’ai jeté dans l’âtre aux tisons noircis et encore tièdes de ma concupiscence en toute ses vilenies :  maudite soit l’ambition gangrène de l’esprit, maudite soit cette éreintante indifférence et maudite soit cette putride génération qu’est la mienne, assoiffée d’une reconnaissance qui demeurera à jamais fantasmée.  

A chaque fois que mon pas s’engouffre dans l’enfer de la demeure de mon frère, j’y délaisse à son seuil quelques fragments de moi-même, comme un tribut ponctionné à même mon âme. Parmi ce dû, Ange, douceur de ce monde mais bien trop renard, bien trop métamorphomage, bien trop sorcier pour qu’Akira puisse y poser ses yeux.
Les miens cependant, je les y pose d’un amour débordant.

Ange ! Mon adorable neveu ! Bonjour à toi également. L’ange au front nimbé de douleur jailli des limbes, les lèvres ourlées de gaieté feinte et de sentences plus feintes encore. Je connais les Hommes, et pire, je connais leurs misères : peu m’importe si la présence d’Akira pèse contre nos nuques, ces heures ne sont pas consacrées aux fratricides impromptus mais aux renardeaux joueurs qui doivent être sortis de leurs cages.

Ah ! Une potion wiggenweld, rien que ça ? Ne figure d’ailleurs-t-elle pas au programme des neuvièmes années ? Il n’en est rien et sans nul doute qu’un tel fait doit se lire sur les lignes de mon visage, pourtant je me gorge de plaisir à ces incertitudes innocentes.
Mais très bien ! Ce que mon adorable neveu désire, mon adorable neveu l’aura. Et à cette fin, rien de mieux que l’apprentissage par l’expérience ! Prépare-toi à racler du mucus de veracrasse de sous tes ongles pendant des jours, renardeau, mais ta soif de détails sera je l’espère épanchée. Ah mais n’aies crainte ! Outre son indéniable utilité pour les potions, les sécrétions de veracrasse sont également excellentes pour la peau, du moins me dit-on. Un rire se perd car trop peu peinent à ricocher entre la froideur de ces murs. Une fois, j’en ai même retrouvé derrière mon oreille, va savoir ce que cela faisait là. Pas le veracrasse hein ! Juste son mucus. Il y a des mensonges éhontés dégueulés à foison de gosiers sans fonds, et ceux, dispensés avec une parcimonie quasi-artistique au renfort d’un intérêt supérieur : celui-là, j’en fais aisément grâce à mon neveu, ponctué d’un clin d’œil entendu et masquant —je l’espère— l’entrain avec lequel je compte l’extirper d’une telle enclave.
Ma main pressant la sienne et déjà détourné de ces batailles harassantes : Es-tu prêt pour transplaner au domaine ? Car en ces terres et sous ma garde, même les plus longues griffes ne sauraient l’y extraire.
Ange Ueda
pétrichor (saburoo) 5d2070a4fa38dd86cc7dd7d7eea5c1f5
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Ange Ueda
(n.c) odeur particulière, habituellement agréable, que prend la terre après la pluie
L’artificielle anesthésie m’a parfois poussé à creuser dans ma peau des sillons rouges, dans l’espoir de ressentir quelque chose de plus que cet enfer cotonneux, la bouche pâteuse et les muscles engourdis. C’est toujours une sensation étrange et elle me happe un peu plus à chaque dose—est-ce qu’un jour j’oublierai de me réveiller ?

Pour l’heure j’avance sur les pavés et sens vaguement la caresse du soleil, l’étreinte fraîche d’une brise trop hivernale pour me plaire. Je souris face au brasier qui me fait face, et toi tu as des allures d’explosion, dans la voix comme dans l’aura ; si criard que ça en transperce la brume antalgique et que je m’y accroche péniblement. Tu t’embarques dans un discours si futil que plaisant et mes doigts broyés entre les tiens s’agrippent et se tordent—si je perds le fil au bout d’une dizaine de mots, je n’en reste pas moins radieux.
Une fois, j’en ai même retrouvé derrière mon oreille. Va savoir ce que cela faisait là. Pas le veracrasse hein ! Juste son mucus. Docile, réfléchi : je ris.

Tu sais, Saburoo, j’espère que tu me pardonnes—quand tu dois te déplacer pour m’extirper de l’enfer—que je prétends t’écouter mais que mon esprit me paraît si lent qu’il craquelle à mes tempes et lèche sur mes yeux des larmes qui ne m’appartiennent même pas. Es-tu prêt pour transplaner au domaine ? Le sursaut qui m’agite semble d’autant plus indolent qu’il prend sa source dans le creux de mon dos et remonte jusqu’à mes omoplates protubérantes ; je déglutis un instant, conscient qu’à la vue et de ma plaie et de mon apathie, une horde de parents allait s’effondrer sur ma frêle carcasse. L’étreinte de mes phalanges se raffermit malgré moi, mais je hoche la tête—oui. Est-ce qu’on peut éviter de croiser les autres ? J’ai pas envie de les inquiéter.

Je pourlèche mes lèvres et la nervosité qui m’accable est sourde, juste assez lancinante pour me brouiller le regard. Et, euh, j’aimerais discuter avec toi, si ça te dérange pas. A propos de Papa.




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Saburoo Ueda
oui
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Saburoo Ueda
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Saburoo Ueda

pétrichor La petitesse de sa main dans la mienne est d’une tristesse immonde : ah, abjurer le chagrin est l’un des préceptes jurés par mes jeunes années vagabondes, et eut-il au grand malheur raison de moi, j’en tiendrai le serment.
Son rire a la saveur d’aubades discrètes chantonnées au renfort d’une doucereuse tessiture qui consolide mon sourire à la force d’un millier de soleils, bien qu’il en soit également prompt à me briser le cœur en myriade d’éclats tranchants. Le sursaut qui l’étreint en fait un éloge plus mortifère encore : et je gis-là, tristement, cruellement, témoin d’absurdités familiales que la déraison a apposé sur nos têtes comme un charbon ardent.

Un clin d’œil se voit silencieusement accordé et celui-ci aurait pu revêtir un aspect mutin s’il n’était pas si empreint d’une indigeste tragédie. Nulle inquiétude, renardeau, nous serons comme des ombres dans la nuit : rapides, furtifs, vifs et imperceptibles à l’œil humain. Mais peut-être pas silencieux, cela serait trop me demander. Ah ! Mais n’aie crainte, nulle âme ne nous distinguera.
Arrivés au seuil de cette demeure haï, à cet isthme entre un enfer et un autre, arrimés à nos peaux le couperet s’élève et s’abat à l’harmonie d’une voix d’enfant : Et, euh, j’aimerais discuter avec toi, si ça te dérange pas. A propos de Papa.

Es-tu fier, frère ?
Pourvu d’un titre dont je serai irrévocablement interdit, gratifié de l’immarcescibilité d’un amour filial pourtant ô combien immérité. Être témoin d’un acte, du plus pur des sentiments, d’une piété infantile qui à elle seule et dans ses plus grands soubresauts érigeait empires et citadelles pour les mettre à bas d’un même élan. L’absurdité se glisse dans cet interstice aux allures de faille immense qui lacère nos existences telles d’écœurantes exégèses.
Voyez donc la déconvenue humaine, cette farce atroce à laquelle on tend désespérément à accorder l’intime sobriquet de famille sous couvert de traditionalisme fiévreux : ces familles auront beau naître imbibées du sacré sang maternel, n’en demeurera que la douleur intestine de la trahison lorsque ses liens thésaurisés seront labourés par la main même qui les énonçait alors. Je ne peux que toiser d’un œil torve l’idylle familiale tant elle se pend à la coupe de mes pensées.
Épris par la tragédie, j’acquiesce : Bien sûr.
La lâcheté est peut-être une tare qui se transmet entre frères de la pire des espèces : j’éclipse l’amas de sentiments qui m’étreint par la brusquerie du transplanage, et nous voilà cueillis à la devanture si boisée que séculaire des lourdes portes d’abricotier du domaine Uedien qui parachève ma tourmente.

J’enserre sa main inlassablement nantie de tristesse avec l’indulgence bienveillante que les vielles âmes accordent aux nouvelles, guidant son pas par-delà les sentiers entretenus d’une minutie sans pareille jusque dans l’antre d’un pavillon délégué au fantasque savant de mon Art.
Te parler ne me dérange jamais, Ange. Les noms dépouillés de toute enjolivure ont de mes lèvres toujours été distribués avec une minutieuse parcimonie. Tu es mon neveu, peut-être pas l’unique car les dieux savent que les Ueda sont prompts à la prolifération, mais j’ose espérer que plus que le sang nous lie. Tu sais que tu auras toujours mon oreille aussi bien que mon attention. Maintenant installe-toi et délie ta langue pendant que je sers le thé.  
Ah, Ange, Ange trésor d’un homme maudit trop aveuglé pour ne serait-ce qu’entrapercevoir l’argyropée façonnant sa propre engeance, sublimé de la plus veule des roches à la plus éclatante des gemmes—affublé d’une force inouïe et d’un courage tel que nul ne le surpassera. Mon doux neveu pardonne ces torts : pardonne mes torts, celui d’être présent tout comme celui de ne pas l’être assez, car ces deux désirs brûlent conjointement à la honte qui m’éprend.
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