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danse macabre (akina)
Eirin Fujiwara
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Eirin Fujiwara
au sabbat du plaisirElle avait macéré dans sa rancune à en sentir les miasmes rouler dans ses sinus, en savourer la saveur sur le bout de la langue et en effleurer la pourriture sous ses griffes acérées. Si tolérante qu’elle s’était risquée à assister, impuissante, aux contrecoups de ses affections possessives—mais s’il y avait quelque chose qui savait attiser des feux furieux en son maigre sein, c’était bien de savoir son dragon blessé.

Aussi, lorsqu’elle franchit la porte damnée de son dortoir, étrangement satisfaite de n’y trouver que l’objet de sa rage, elle prit tout juste la peine de faire geindre le bois contre son embrasure, les ongles crissant vicieusement contre son chêne poli. “J’ai cru entendre de bien désagréables rumeurs, Akina.

Eirin n’était pas dupe : il régnait autour de toi une atmosphère alléchante, un air qu’elle humait continuellement sans en cacher son plaisir, camouflant l’attirance pourtant évidente derrière la proximité naturelle des femmes—il était bien plus simple d’appeler affection ce qu’elle savait luxure, lorsque le tableau dans lequel elle-même trônait la voulait immaculée, exempte de tout péché.

Elle défit soigneusement sa veste, les boutons teintant dans un lourd silence. “Hm. Erreur de ma part : plus que des rumeurs, c’est un fait. Boucles d’oreilles soigneusement déposées sur sa table de chevet, avant qu’elle décoche un tendre sourire et rompe la distance entre vous. Qu’as-tu fait subir à mon petit frère ?


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Ouvrant les yeux, la pression chirurgicale de mes doigts mignarda mon lobe écorché, ravivant l’affable souvenir de ma disparate de ce début de mois. Mon corps condensa le firmament d’émotions en un frisson inconvenu, l’oreille secouée par l’éphémère picotement de ma peau au supplice ; encore ce matin, sous l’apathie d’un récent réveil, je ressentais le contact chimérique de nos écailles. Sans même s’enquérir du consentement de ma conscience, l’agréable souvenir s’était fortifié d’une plasticité synaptique, coupant court à l’habituelle débauche de ma mémoire déliée—comme si, d’une morsure, il avait immiscé ces souvenirs en moi.

Un coup d’œil à l’extérieur m’assura de la dépravation de mon horloge interne, raffermissant les mémoires qui précédaient ce kief : ce n’était pas le matin. Le crépuscule était déjà bien engagé, voilant la création de ces nuances vermeilles ; entre ces murs, le silence s’alliait à la noirceur alentour comme témoins d’une heure avancée. Alors que les images du dîner renouaient avec leur tangibilité d’antan, la mosaïque de mes songes fit naître en moi une sirupeuse satisfaction—pareille à la sensation de mes phalanges sur l’hélianthe céleste—mais je ne m’étais pas contentée de capturer le soleil ; car à jamais, il était marqué.

De suffisance, mon visage contracta le prodrome d’un sourire comblé, flirtant avec l’horrifique pensée d’un accomplissement autarcique. Cette perspective m’était insupportable ; et alors que je quittais mon uniforme pour gagner, un peu tard sans doute, le confort de plus amples parures, l’agacement gravit le long de mon échine. Bien que les carnations choisies résultaient en un élégant cortège de couleurs promulguant mes prunelles, la difformité de ma peau attirait mon regard. Comme un caprice, l’impérial désir d’une silhouette immaculée cultuba mon corps jusqu’à mon chevet—où je saisis le délicat orfèvre de mon Ange—pour masquer ma plaie.

La quiétude, annoncée en un soupir de ravissement, ne dura pas plus qu’un instant. Feignant une courtoisie que ses algarades rendaient dérisoires, Eirin avait rompu l’intimité de mes afféteries, m’imposant une querelle indigne du moindre intérêt. Pour qui se prenait-elle ? Comme souvent, les sentiments s’imposaient comme la racine des moindres litiges, étouffant la chaleur de notre si belle romance. Dépouillée de toute luxure, la proximité submergea mes sens d’une insupportable nausée—et d’un geste sec, je mis fin à cette myriade d’espoirs qu’elle semblait gagner, laissant sur sa joue l’impardonnable tracé d’une insolite violence.

Tais-toi, Eirin.

Persifflée comme injure, traitée en avanie ; je la poussais de ma paume, forçant son dos à étreindre la surface de mon lit. Mes iris la toisaient, imbus par la colère d’une reine que l’on interrompt pas. Rendue instable par mes frénésies matinales, ma main, rêche en quelques pores, attestait d’une force étonnante—et la maintenait soumise tandis que je me glissais au-dessus d’elle.

N’oublie pas où est ta place, le claquement d’une voix fruste, à des millénaires de mon habituelle aménité—les mots avaient maintenant des allures de décrets. Cette acrimonie presque royale éludait les conséquences pourtant axiomatiques de mes actes, comme si dans ces instants autolâtres, le monde perdait tout son prestige. La tête penchée sur elle, à ces menaces solitaires répondaient les tintements de mes boucles d’oreilles ballantes, caressant presque son visage.

Peut-être devrais-je te la graver en mémoire.
Eirin Fujiwara
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Eirin Fujiwara
au sabbat du plaisirEirin était orgueilleuse—en sa qualité de sang-pur et pire, de première-née, elle se savait sertie d’une certaine gloire—mais c’était aussi de personnelles victoires qu’elle s’engorgeait, au travers de résultats et d’attitudes qu’elle savait immaculés.
Aussi, lorsque sa joue s’enflamma d’une douleur singulière, il lui fallut quelques instants pour en saisir la cause. Personne ne l’avait jamais frappée, en dehors de sa mère, doucereusement exigeante ; au creux de ses seins, la rage détona. “Tais-toi, Eirin” craché en inflammable, et la surprise l’empêcha de réagir avant que tu ne l’écrasas contre le lit, la surplombant tant de ton autorité lascive que de ta supériorité horripilante.

N’oublie pas où est ta place. Peut-être devrais-je te la graver en mémoire.” Maintenue à-même les couvertures, elle s’enrageait—sans doute que d’autres circonstances auraient rendu l’instant plaisant, et qu’elle ne se serait guère privée pour en profiter—mais la torsion morbide de son esprit ne put qu’imaginer son petit frère dans les mêmes tourments, et la jalousie qui enfla lividement en elle paraissait tournée tant vers la coupable, que le martyr.

Plutôt que de se défaire de ton étreinte, puisque consciente de votre insurmontable différence de force, elle dégagea l’une de ses jambes de ton étau, et l’enroula autour de ta taille. “Ma place, comme tu l’as si bien qualifiée, ne se trouve nullement à tes pieds, et encore moins à ton service.” Au diable les brûlures, c’était au cœur même de ton brasier qu’elle désirait plonger les mains, ne serait-ce que pour y trouver quelque rubis à briser. “Ma place est celle d’une aînée et, de fait, d’une protectrice. Ton autorité de préfète ne t’autorise en aucun cas à blesser un élève de la sorte ; d’autant qu’il s’agit d’une récidive.” Si soumise semblait-elle, Eirin n’en démordait pas—chaque mot était proféré dans le calme insipide d’un juriste, et sa cheville, hissée à ta taille, n’avait qu’une valeur décorative, un moyen de se convaincre qu’elle n’était pas totalement écrasée. “Pas plus qu’elle ne t’autorise à me traiter ainsi. Lâche-moi, Akina.


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Ces doigts qui serrent comme des horribles serres, corps hybride esprit qui divague je me sens inhumaine, ou peut-être qu'au contraire je n'ai jamais autant été moi-même
Et pourtant
Je me sens égarée.
Nos regards se croisent et ce calme que j'envie, le sang Fujiwara
Fierté et rigueur, te voilà maîtresse de toi-même alors que j'espérais
Te voler à tes propres pensées.

Ne m'en veux pas ne m'en veux pas ne m'en veux pas

Ne me dis pas quoi faire une voix qui déraille et une l'épave de mon âme hurle à des représailles que je ne sais même pas contre qui digérer, oh si je savais, si je pouvais m'exprimer !

La vérité restera toujours coincée dans ma gorge, ignare à cette feinte franchise car les véritables ressentis demeurent cloîtrés dans une peur qui fait parti de mon être
Téméraire ?
Ne me fais pas rire—et j'aimerais tout éluder à l'hilarité mais ce gloussement se fait ironique quand il vibre de la vérité que j'aimerais cacher à tous à présent que je perds pied sans savoir où m'accrocher
Et mes mains s'accrochent à tes poignets
J'aimerais contrôler, lorsque j'échappe à mes propres commandes

Quelle préfète, vraiment.

Tais-toi. Tais-toi, Eirin.

Comme un goût de vomi que ma bouche retient par un pincement de lèvres, censé capturer des mots déjà soufflés par des alentours aveugles—qui donc pourrait repérer cette souffrance que je continue de taire ?
Et je vous maudis de ne pas la voir
Je vous maudis de ne pas comprendre (pitié, regardez-moi)
Je vous haïs de la laisser grandir quand votre attention suffira à la taire pour mieux la faire renaître, car je ne vis que d'un amour illusoire dont je m'imagine les retours

Reine solitaire, sans aucun sujet
Reine paranoïaque, privée de toute sanité

Toi aussi, tu viens pour des représailles égoïstes ? Soulager ce désir de vengeance au nom d'un lien si aveugle que tu n'en imagines pas son consentement ? Devrais-je me plier à tes humeurs, maintenant ?

Comme si tu devais te plier aux miennes, toi aussi
Un mouvement de côté, le lobe blessé se dévoile, décoré de ces scintillants bijoux confectionnés par les cieux, me voilà désormais reine de cette créativité que m'offrent les plus morbides
Mon ange où es-tu à présent que j'ai besoin de toi
Et dis-moi tu crois que VOS états d'âme à TOUS M’INTÉRESSENT VRAIMENT ?
Mes mains te lâchent—quel intérêt, après tout ?
Mes nerfs lâchent, mon corps retombe sur toi, couvre tes membres de ce cadavre submergé par ses propres doutes car que reste-t-il de ce que l'humanité s'est chargé de détruire ; car il ne suffisait d'un homme
Eirin. Ma Eirin. Qu'ai-je fait ?
Me voilà, forcée de contempler mes propres déviances
Comme je hais toute cette part de moi
J'en ai assez d'embellir cette mort, cette fin qui m'effraie
Si j'avais continuer pour l'éternité
Mais à présent, si tout pouvait se terminer

Je suis si désolée. Si désolée.
Eirin Fujiwara
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Eirin Fujiwara
au sabbat du plaisirNe me dis pas quoi faire. La panique suintait du moindre de tes pores, et Eirin troublée ne pouvait se voir que spectatrice de ta déchéance—rendue muette par la violence de ton émoi, elle s’en abreuva du spectacle et se sertie des bijoux de ta détresse, curieuse. Docile dans le silence intimé, ses poignets souples dans l’étau de tes serres, elle assistait au tourment d’une reine bafouée, et ne prit conscience de ses crocs douloureusement serrés qu’à la vue infâme d’une plaie que son propre sang avait sans doute infligée. Akin—” Souffle coupé par la carcasse pressée contre ses côtes fragiles, elle laissa ses lèvres se ceindre sur une plainte sourde, piteuse, et reprit.

Akina. Le ton, si essoufflé fût-il, était ferme ; entre tes mèches dorées s’engouffrèrent la longueur émaciée de ses doigts, quelques bagues accrochées aux cheveux en caresses douloureuses. Regarde-moi, ordonna-t-elle dans la tendresse d’un soupir. La proximité chaude faisait fondre toute l’animosité qu’elle s’efforçait de ressentir, les instincts protecteurs d’origine tournés vers la chair de sa chair nécrosés par la vue maudite de ton oreille mutilée. Qui t’a fait ça ?

Sous-jacente était la promesse de vengeance, tandis que le déni imposait son étendard dans la confusion des yeux gris ; incapable alors de soupçonner son miroir, elle se tapissait derrière la fausseté de sa colère, et soupira l’un de ces soupirs qu’on souffle, lorsque l’âme elle-même est épuisée. Eirin n’était pas dupe—à son insu se déroulaient pléthores de tragédies, toutes ficelées autour des doigts qu’elle laissait voguer le long de ton crâne. Cerclée par la haine, chaque proche menant guerre après guerre les uns contre les autres ; l’exhaustion, quant à elle, la menaçait d’une dague d’argent. “Qu’est-ce qui t’a poussé à le blesser ? Epargne-moi tes excuses, j’ai besoin d’explications." Si attendrie était-elle par ta vulnérabilité imprévisible, elle n’en restait pas moins désireuse d’abriter son frère d’une nouvelle récidive.


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Je crois que ça y est, c'est la fin
La fin d'un rêve, d'un idylle qui me liait à la mort
Nébuleuses pensées implosant sous la colère, comme l'empathie dont je devrais être dotée : et voilà Eirin, dégât collatéral qui, en toute innocence, fait déborder ce récipient de mystère. J'implose vivement, brutalement, irrémédiablement, mets fin à la longue histoire d'une impassibilité feinte ; mon visage se fend, prends la mesure de cette impitoyable attention, de cet incompréhensible soutien. La colère frappe, se dilue, se mêle au besoin de réponses.

Son regard s'assèche, ses bras s'affaissent, mon visage s'apaise entre ses prunes dorées ; le monde semble perdre de ses couleurs, ma vue attachée à l'épicentre solaire que représentent ses yeux : sa voix comme aimant, agrippant les bribes d'une raison à la dérive—ma respiration s'adoucit, retrouve le chemin progressif de ce qui constitue mon être. Ce calme insistant, inflexible, preuve d'une détermination infinie. Ces sourires à la dérive, ces regards jetés, le désordre d'une personnalité que ma curiosité cultive.

Eirin. Je suis désolée.

Platement, cette fois—et ces excuses ne sont pas tant pour elle que ma résolution, car jusqu'à peu, elles ne faisaient parti de ma vie. Je m'avançais sur ce chemin sinueux, aveugle aux vétilles qu'étaient mes sentiments ; je m'éloignais d'autrui, inconsciente des sentiers que je laissais détruits. Les excuses, si elles résonnent avec cette morne expression, ne sont surchargées de la moindre panique. Doucement offertes, comme une offrande, ravivent la flamme d'une amitié piétinée, oubliée, espèrent en retrouver la chaleur.

Je ne pensais plus à toi, à cet instant. Après ce dîner, j'aspirais à le comprendre, à discuter... je ne sais pas trop, en réalité. Mais je ne pensais pas dérailler autant.

Indéniable franchise, sans que le mensonge n'en soit exempte : la vérité se situe dans un entre-deux insaisissable, indescriptible, comme ces désirs dont je ne cerne complètement l'issue. En cela, ce n'est pas faux : mon esprit s'en est allé, loin de mes souvenirs, d'une éthique quelconque qui me lierait, par contrat de conscience, à mes limites humaines.
Comme un monstre qui se laisserait corrompre
Cette volonté vacillante en proie à mon insatiable besoin
Désir, peut-être, de comprendre mes propres pensées.

Je ne sais pas où j'en suis. Je prends conscience de mon ignorance et ça me fait peur. Le mal n'était qu'une infime partie, un confort que l'on m'a soutiré, et je crains de ne ressentir d'amour. Je crains qu'à la fin, il ne me reste rien.

La vacuité, de cette curiosité à mes humeurs hasardeuses
Et si tout était feint ; pour quelle raison continuerai-je d'exister ?
Eirin Fujiwara
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au sabbat du plaisirIl n’y avait dans ses chairs pas la moindre empathie si ce n’était le fil d’or, continuellement malmené, qui persistait à la lier à son frère. Eirin avait fermé les loquets de son coeur dès qu’elle en avait eu l’occasion, non sans que s’extirpe de sa cage thoracique une liane purpurine, bien vite enroulée autour du poignet de son fiancé.
Mais pour toi, seule subsistait une affection pourfendue par tes agissements, et l’ombre menaçante de la pitié face à ta faiblesse ; ce qu’il restait de luxure était noyé par la culpabilité et vos mains respectivement cédées, le souci de la fidélité cerclant ses hanches d’une indestructible ceinture. Aussi, si les pulsations de son coeur étaient déstabilisées, elle blâmait la surprise — et non pas la peur — de t’avoir si proche, si brutale.

Je ne pensais plus à toi, à cet instant. Comme un coup de fouet, les paroles frappaient ; Eirin en encaissa jusqu’à la dernière syllabe, avide de comprendre, et saisissait que la flagellation verbale n’avait rien de malveillant. Il s’agissait là d’un mea culpa décousu, la quête de soi qu’elle-même retrouvait dans les mémoires de moines bouddhistes — plus que de la tristesse condescendante, c’était une tendresse mélancolique qui ceignit ses lèvres d’un sourire délicat, fugace.

Peut-être semblait-elle pardonner trop promptement, mais il n’était nulle rémission acquise dans ces explications. Tu te hissais subrepticement dans les échelons de sa confiance, et reprenais en quelques souffles le piédestal duquel Ryuu t’avait arraché une fois ses oreilles meurtries. Je crains qu’à la fin, il ne me reste rien. Eirin pourlécha ses lèvres, mesurant ses paroles — pas tant pour toi que pour sa propre sécurité, toujours en incise entre tes bras et tes cuisses.

Ta quête, si louable soit-elle, ne peut compter mon frère comme dommage collatéral. Ce qu’elle sous-entendait, la lèvre tremblante, elle finit par le vocaliser dans un soupir ténu : si tu tiens à blesser pour te trouver, s’il reste en toi assez de mal pour espérer trouver l’amour, utilise-moi. Elle savait les stigmates de la torture aisément retirés, son propre derme continuellement recousu par la magie et les confidences familiales. Mais sache une chose. L’amour n’a rien de pur — c’est la plus destructrice des émotions. Tu devrais cesser de le chercher, Akina, car il ne saura que te ruiner. La haine se verra bien plus efficace ; si aimer tu dois, n’aime que la conquête, et la vengeance.


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L'extrémité de mes doigts vint palper la frigidité de sa joue avant que toute ma paume ne lui offre la chaleur d'un contact humain, extirpant son corps de la solitude continuelle dont elle semblait victime. D'abord timide, l'instant s'érigea comme un sincère gage d'affection, contenu par le scepticisme d'une femme incapable d'affirmer sa propre légitimité et, aujourd'hui plus que n'importe quand, d'en prouver les fondements.

D'abord incertaine, ma volition me poussa à prolonger cet instant tant plaisant qu'il me paraissait indispensable : encore sous l'effet de mes pulsions aussi tragiques que sentimentales, seule la présence d'Eirin contribuait à assembler mes pensées éparpillées aux quatre vents. D'abord égaré, mon esprit se happait à ce mélange détestable d'amour et d'une haine sous-jacente, car rien n'effacerait jamais l'offense dont je m'étais rendu coupable.

Sa voix s'accrochait à quelques bribes de ma lucidité restante, appuyant sur cette raison dont elle-même ne croyait pas à la force : son visage embrassait la triste résolution d'une femme rendue impuissante face à l'immensité d'un nom, d'un monde, d'un équilibre—et si, en dépit de ses certitudes, elle trouvait la force de préserver son frère, ce n'était pas le cas de sa propre personne.

Elle vacillait dangereusement, comme funambule sur le fil de sa propre existence. Elle tanguait volontairement, comme enivrée par le parfum d'un danger dont elle ne semblait pourtant pas apprécier la présence.
Car son âme semblait damnée, condamnée à la proximité écœurante d'un univers dont elle ne pouvait supporter la noirceur : l'immaculée demoiselle, comme fragile vestige de qui fut autrefois un humain doté d'un cœur battant, peinait à survivre aux affres d'une famille dont la cause la dépassait totalement.

L'extrémisme est réservé à ceux qui n'ont pas la force d'appréhender le monde dans son entièreté.

Car à présent, il me fallait le considérer : sa beauté, ses noirs aspects, les innombrables affiliations dont la neutralité n'était pas moins parti pris. Au sein d'une école que je pensais étanche aux politiques du monde, comme le no man's land de toutes ces corruptions familiales, la réalité s'imposait à moi comme aussi immuable qu'étendue, car cette impression n'avait jamais été que la naïve impression d'une sang-pur ignorante.

À cela, rien ne justifiait mon inaction, et les élans téméraires sinon suicidaires de ma colocataire suffisaient à faire naître en moi le sentiment honteux de culpabilité, non pas pour mon inaction, mais pour ma cécité sans pareille, pour moi qui affirmait aimer.

Je ne t'utiliserai pas, Eirin. J'ai mal agi, et je m'en rends compte, mais il n'est pas question que je, ou que quiconque ne t'utilise pour soulager sa colère. Tu mérites davantage.
Eirin Fujiwara
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au sabbat du plaisirSi stoïque demeurait-elle, Eirin avait perdu l’habitude de l’affection physique. Ses bras avaient peu serré Ryuu ces derniers mois, et elle subsistait trop puritaine pour initier le contact avec Ishvar — du reste, tes doigts tièdes lui tirèrent un soubresaut confus, avant qu’elle n’en saisît la teneur. Alors nicha-t-elle la fraîche pâleur de son museau dans ta chaude paume, en une inclinaison subtile, presque indiscernable.

L’ivoire brillait dans son iris, dépassé par les réflexions qu’il lui paraissait distinguer au creux du tien. Tandis qu’elle savourait, piteuse, le réconfort anodin d’une main contre sa peau nue, tu la maintenais sous un joug invisible, duquel Eirin elle-même n’avait conscience ; sa décisivité, courage postiche qu’elle peignait dans la moindre de ses lexies, était aisément démantelée par ta seule présence.

Tu refusas son offre, et elle n’en fut nullement surprise. Si sotte semblait-elle être, offerte en pâture à un tortionnaire qui n’avait hésité à déchirer le lobe de son reflet antipode, Eirin n’avait pas l’espoir que tu sautâs sur l’opportunité. Les lèvres ceintes d’un ris désenchanté, dans lequel on percevait sans mal la frustration méphitique, elle émit les prémices timides d’un chuintement désappointé.

Le mérite n’a aucune valeur dans notre monde, tu devrais en avoir conscience. Ma condition de femme, similaire à la tienne — et pourtant si opposée, lorsqu’on te savait assez forte pour l’outrepasser — réduit à néant la moindre estime à mon égard. Ne crois pas que ta mansuétude me sauvera de la barbarie d’un autre.

Ses doigts, timorés dans le tremblement de leurs phalanges, glissèrent entre quelques-unes de tes mèches. Eirin voyait dans ta détresse l’innocence d’une enfant, la candeur d’un animal sauvage forcé à vivre dans la nécrose d’une société apatride ; elle enviait, sans aucun doute, l’égotisme qui te poussait à poursuivre ta quête, en dépit des conséquences. Et peut-être en avait-elle annihilé l’existence par sa morale possessive, elle en conserverait le souvenir jaloux et l’emporterait dans sa tombe — dût-elle être prématurément creusée.

A la naissance d’une étreinte, son bras déjà hissé par-delà ton cou gracile, elle rit. Mais sois sûre que j’apprécie ta dévotion. Cependant, susurrait-elle en agrippant si tendrement que fermement ta gorge, la longueur inhumaine de son index le guidant jusqu’aux pulsations cardiaques de ta jugulaire, ne touche plus à mon frère. Ryuu souffrait suffisamment de l’imminence de leur séparation, sa propre cruauté de moins en moins réfrénée par la bride d’Eirin. Qu’elle craignît les conséquences de vos déboires sur toi ou sur lui n’importait guère ; elle refusait simplement de les subir. Ne t’enfonce pas si profondément dans ta quête, Akina. Tu risquerais de t’y perdre, et je ne mérite pas que tu me fasses ainsi souffrir. Arrogante, elle ricana.


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L'extrémité de ses doigts collait à ma peau comme la tombée des flocons de neige, hachait ma confiance d'une peur froide, propre à l'angoisse qui la décomposait sans cesse : la chaleur de mon corps m'empêcha de ployer autrement qu'en l'expression d'un bref frisson, car je demeurais étanche à la dépression chronique qui, bien souvent, terrassait ma tendre amie. Je n'en tirais pas plus de fierté que d'amusement, et mes pulsions macabres se tarissaient lorsque me revenait en mémoire l'affection dont Eirin m'avait souvent témoigné : en dépit de mon ingratitude, de l'anarchie de mes désirs, en dépit d'une âme chaotique et ses impulsions égoïstes, elle s'accrochait à moi, non sans ponctuer son besoin d'une menace, car ill en avait toujours été ainsi.

Notre amitié, cette vie qui, pas à pas, suscitait un dégoût grandissant, une solitude navrante, une tristesse accablante. J'avais craqué—et, dans ses bras glacés, mes larmes gelaient en des stalagmitiques qui en transperçaient son cœur, écrasaient ses bribes d'estime pour la cantonner à l'unique et dernière certitude de son mal-être. Soucieuse, sans être véritablement émotive ; douce, sans être véritablement affective ; intime, sans quelconque sincérité à même de me reconstituer ; froide de cœur comme de contact. Je devais m'assurer de quelque chose, avouais-je à son oreille, sans moindre forme de provocation—ma voix se voulait doucereuse, non que je m'en veuille provocatrice : s'y laissait transparaître un aveu qui n'appartenait qu'à moi, qu'à elle, à présent qu'elle se revendiquait possessive. Si elle était autant à Ryuu qu'il était à elle, je pouvais bien lui partager mes secrets.

Je n'en ai tiré que de la douleur et un désir éphémère qui, j'en suis navré, n'a rien de ce que je m'attendais à trouver.

En ces mots, nulle insulte, nul sursaut d'un égo malmené et soumis à cette inspection humiliante pour qui espérait de vautrer dans les bras de l'intimité nocturne. Si j'avais considéré mes gestes à deux fois, j'aurai conclu l'immuabilité de notre entrevue, et avec elle, les scissions que connaîtrait notre lien : mes actes, cependant, n'avaient rien de rancunier, pas plus que de malévole—ici comme la veille, je n'aspirais qu'à me comprendre, et j'avais le sentiment que cet échec, tout douloureux qu'il s'avérait être, ne m'apportait pas que du mal ; du moins, pas comme ce fut son cas.

Mes actes sont sans doute erronés. Mais pas ma quête. Je ne toucherai plus à Ryuu, mais sache... Et ma voix se hissa jusque dans la froideur de la fierté, sans qu'elle ne m'échappe pour autant. Mes sentiments n'étaient plus maîtres de mon destin, mais soumis aux choix que j'espérais mener. Je n'écoute que moi. Peut-être as-tu à apprendre de cette liberté, ne crois-tu pas, Eirin ?
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Eirin Fujiwara
au sabbat du plaisirCes larmes qui brillaient en-deçà de tes sourires, elle les essuyait volontiers ; ses doigts qui pressaient des traces rouges sur la peau fragile de tes pommettes, elle les laissait voguer d’une commissure à l’autre de tes yeux. Appliquée dans son ouvrage, désemparée par la contraction brutale de son myocarde, Eirin subissait plus qu’elle n’acceptait la situation — mais c’était ainsi qu’elle le préférait alors, dépouillée de responsabilités. Cette liberté dont tu chantais les louanges, elle y aspirait plus que de raison et, si le patrimoine Fujiwara étouffait sans pitié la moindre exhortation de ses désirs viscéraux, elle espérait que le nom cerclant ta gorge ne te condamnerait au même sort délétère.

Je n’en ai tiré que de la douleur et un désir éphémère qui, j’en suis navré, n’a rien de ce que je m’attendais à trouver. Les lippes se pinçaient, rompues par les envies paradoxales de venger son frère et de panser tes plaies. Je ne toucherai plus à Ryuu, mais sache… Un sourcil, circonspect, s’éleva dans la chute de ton timbre — la conclusion n’en fut que plus amère.

Résignée, elle sourit. Peut-être. Mais pour l’heure, le moindre de mes mouvements risque de nuire à ce que je me suis évertuée à construire ces derniers mois. Elle jouait une partie d’échecs létale, sans qu’on lui laissât l’opportunité de voir tout le plateau ; la cécité incitait à la prudence, et ses yeux se fermèrent dans la sagacité esseulée d’une femme qui se forçait à persévérer. Un jour je serai libre, et ce jour-là j’espère que de ton côté tu seras heureuse. Elle pressa, contre le tendre de ta joue, l’ombre douce d’un baiser chargé d’affection.

Tiens ta promesse, Akina — tu peux massacrer n’importe qui dans cette maudite école, mais pas Ryuu. Ses chairs geignaient de leur séparation et, à tant parler de lui, le désir impérieux d’étreindre ses mains la saisissait. Elle s’extirpa du lit, le voile de son uniforme pesant sur ses épaules comme un glas, et agrippa tes doigts pour les embrasser brièvement. Ta quête est louable, et je suis persuadée que tu trouveras un moyen moins destructeur de la mener à bien. A plus tard, Akina. Dans la courbe des lèvres qu’elle avait avec tant de tendresse déposées sur tes phalanges se tapissait un souci amical, et la détermination de veiller sur toi pour le peu de temps qu’il vous restait, cloîtrées en ces murs.


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