Ce n'était ni sa demeure, ni son refuge. Un simple passe-temps pour un homme qui s'est retrouvé aux côtés de celui dont on niait l'existence. Seimei n'existe pas. Cette sentence affichée en première page du mahoushinbun le fera toujours sourire. Nier le problème n'allait pas le résoudre, il le savait mieux que quiconque. Il en avait fini de s'apitoyer sur le sort de sa dulcinée. Son corps et son âme pouvaient désormais brûlé, dans son coeur il l'avait enfin enterré.
Que nous reste-il alors de cet amoureux transi ayant trahit frères, amis et amour pour un avenir rêvé ? A ce jour : l'ambition, le désintérêt des sacrifices. Celui qui sans foi ni loi arrivera à ses desseins, à forcer le destin.
La clochette installée au dessus de la porte d'entrée retentit annonçant l'arrivée d'un nouveau client. Quelle ironie. Il prépare un café corsé, comme la relations qu'ils partagent. Un sourire aux lèvres il dépose la tasse face à un siège à destination de son invité.
Si ce n'est pas le visage de la trahison que je vois ici. Quelle douce ironie.
Et ce n'est pas à son reflet dans ces pupilles qu'il parlait.
Le désaccord;
petit grain éclatant les illusions crues infrangibles, transformées en misérable château de cartes s’écrasant sous les yeux des participants certains d’une victoire. Le schème n’aurait du aboutir, avorté aux premières œillades de défiance juvéniles. Si ses cartes avait été mieux jouées, à ses pieds une armée se serait soulevée — mais il posa sur table une manche vouée à l’échec — pourtant la partie n'est finie.
Il fallut choisir un camp : et tu te rangeas aux côtés des gagnants, préservant des ambitions d'un fiasco sans précédant.
Et il te salue d’une phrase qui siéent les perdants, non lui, accueillie par ton sourire éclatant. Tu as préféré, dans la fuite, ton fils à Hidenori, es-tu certain de pouvoir te permettre ce que tu avances à mon sujet ? et se retiennent dans le gosier une marée de commentaires, dans l’obligation que votre relation se maintienne tempérée — peu désireuse que vos passions ne se déchaînent, cette fois-ci, sous le joug de la haine. Ne confonds pas mon effort de renforcer ma couverture pour rupture. Tu le rassures, tu iras aussi loin que nécessaire pourvu qu'il s'assure que ta loyauté possède propriétaire ; quand, en vérité, une araignée tisse sa toile solitaire.
À chacun ses desseins.
Un sourire éclatant de la part de celle qui a condamné celui que vous souteniez. Ça a le don de te faire doucement rire. Au final, le plus grand perdant de ce soir de janvier, ce fût Hidenori Kurosawa. Abandonné par ses pairs, abandonné par son seigneur. Non. C'est faux, Seimei ne lui avait pas adressé le moindre regard, il n'avait compté à aucun égard. Vous l'aviez tous abandonné, pour ne pas être à ses côtés un perdant.
A l'instar de ta décision, j'ai sauvé ceux qui ne sont pas condamnés. Ton fils en faisait parti. Cependant, je ne me suis jamais détourné de mes raisons. Sous sa couverture d'auror, il y a bien longtemps que Kaede n'avait pas donnés de nouvelles. Ta couverture est une chose, ne pas revenir une autre. Difficile de savoir sur quel pied danser lorsqu'on ne se montre ni allié, ni ennemi.
Tu contournes le comptoir, t'installes à ses côtés, tirant une chaise, glissant ta main derrière son dossier et t'approchant de cette belle silhouette. Dois-je te considérer toujours des nôtres ? Tu pouffes avant de te redresser et de t'affaler les bras croisés contre ta propre assise. Si tu viens demander s'il est de retour parmi nous, saches que non. Ce n'est pas nous.
Tu ne l'avais pas revu depuis qu'elle l'avait emporté.
Tous les projecteurs sont braqués sur toi, Rajan, mais tu ne peux te baigner sous leur lueur et ça te rend irritable. Janvier paraît si lointain — dans les catacombes de ta mémoire gît l’événement, plutôt que de ressasser l’échec tu as avancé. Sauver. L’homme derrière le comptoir divague, dans tes iris se ranime le souvenir que, derrière lui, ce jour-là, il n’a laissé qu’un homme à terre et un cadavre ; tes paumes en ont imprimé l’instant, se pressant contre les chairs de la défaite. Il y a de l’acide dans ta salive, mais elle se ravise pour du pragmatisme J’ai simplement fait preuve de prudence, il aurait été navrant que nos retrouvailles soient gâchées par des invités surprise. Tout ton être se refusait de terminer en fugue ou en cellule, et tu étais décidée à ce que jamais cette condamnation n’arrive — coût que coût.
À sa soudaine proximité, tu ne sourcilles point — même si quelque part le dégoût bouille en toi à son égard, tu ne le laisserais déborder que si nécessaire — et tes pupilles se glissent pour rencontrer son regard. Ta jambe bat pour se déposer sur sa jumelle tout en le regardant s’éloigner de toi ; sur sa dernière parole, tes mots rebondissent instantanément. Évidemment que ce n’est pas nous. La nouvelle t’a réjouie, nonobstant les questions quant à cette inattendue libération ont tourmenté la raison, cette fuite relevait du miracle. Quant à ta question, pourquoi me la poses-tu lorsque tu en possèdes la réponse ; si vous aviez décidés que je ne sois plus des vôtres, ne vous seriez-vous pas déjà assurés m’offrir un séjour à Haragoku ou dérober mon dernier souffle. Et si j’avais décidé ne plus être des vôtres, penses-tu que tu serais encore en liberté. Se rompt la liaison de vos regards momentanément, s'embrase entre tes lèvres une cigarette ou, peut-être, veux-tu t'assurer que je sois des tiens? Dans ses iris, tu le perçois — un homme différent se tient devant toi.
J'ai toujours aimé ta perspicacité, Kaede.
Une née moldue qui trouvait grâce à tes yeux, contrairement à ceux de bien d'autres partisans. Elle t'arrache un rire rauque, elle aimait avoir tout autant raison que toi, c'est peut-être pour ça que ça n'aurait jamais marché entre vous. Vous ne pouviez vous empêcher de vous conforter à bien des égards. Si tel est mon destin, alors je finirais à Haragoku ; penses-tu réellement que l'on poursuit une quête sans envisager la défaite ? Tu retrouves ton sérieux et ton regard se projette loin à la fois dans le futur & dans un passé ineffaçable.
Enfin, de toute évidence, nous serons victorieux. Tu hausses les épaules, tu sais que votre volonté l'emportera, ce que tu ne sais pas c'est si tu serais encore là le jour de votre victoire pour célébrer l'occasion. Tu es allé trop loin pour être pardonné.
Tu sais très bien ce que je veux entendre par là. Quand bien même tu demeurais du côté de Seimei, ses idéaux n'étaient en rien strictement les tiens. Tu te refuses de te vouer à une annihilation du genre humain au profit des sorcier, tu ne rêves pas d'un monde de servitude dominé par le fantasme de la race supérieure sorcière. Cependant, tu ne peux prétendre adhérer aux aspirations du ministère et à l'image d'un monde vivant en parfaite harmonie derrière un odieux mensonge. Ils étaient eux aussi, si peu honnête. N'as-tu pas toujours été de mon côté, plutôt ? Là où vos intérêts pouvaient se rejoindre sans doute. Tu ne m'as pas vendu au ministère, ni à seimei, tu te penches sur le comptoir, ne lâchant pas du regard la douce auror. Tu n'es pas un partisans si fidèle. Pourtant tu as eu tant d'occasion, Mademoiselle Uehara.
Et elle les avait toutes laissée filer.
Et ne me dis pas que tu fais dans le sentimentalisme, tu serais une très mauvaise menteuse.
Et dieu sait ô combien tu dois lui faire horreur.
Jadis, tu adorais ce rire et, jadis, l’assurance de cet homme t’enjôla et, jadis, sous ta cage thoracique nichait amour à son égard ; mais aujourd’hui, même sa louange des plus sincères t’est des plus insoutenables. Ton intérieur se fait violence de supporter sa présence; mais, indubitablement, comme votre amour, ce sentiment périra.
Tu écoutes sa vision, de toute évidence tu ne la partages; tu préfères les batailles perdues à la fin absolue de ta croisade. Ni Rajan ni toi ne seriez en mesure de quitter geôle ou sceau : vous péririez dans le néant et nul n'assisterait même à votre chute. Tu sais très bien ce que je veux entendre par là. Si le court laps du temps a métamorphosé l'homme, ses aspirations, intouchées, subsistaient. N'as-tu pas toujours été de mon côté, plutôt ? Sous la faciès de l'amante, il fût un temps — maintenant il n'est que tremplin de tes convoitises.
À t'entendre, on penserait que j'ai un cœur de glace.Tu tiens son regard, dans l'obscurité de ses yeux miroite ton reflet Nos intérêts s'accordent sur certains points. Et tu supposes qu'il se persuade que l'omission d’annihiler tes semblables est la raison pour laquelle ils s'alignent; c'est un sang-pur, après tout, sa vision est étroite. Du bout des doigts, tu frôles cette joue que tu avais frappé en janvier. En revanche, je peine à mettre lumière sur les raisons te poussant à me vouloir si ardemment de ton côté. Illumine-moi, Rajan, à moins que tu ne fasses preuve de sentimentalisme à ma place.
Et cette main qui glisse tendrement sur ta joue se retrouve entre tes doigts. Tu la retires avec sur les bout de tes lèvres, un tendre sourire. Par le passé, elles se seraient entrelacés.
Vos intérêts s'accordent en tout point. Vous menez deux existences différentes, mais ce n'est pas la survie qui vous intéresse ; chaque jour vous vous accrochiez à des desseins qui vous mèneront à votre fin. Kaede. Tu embrasses le revers de sa main, sachant pertinemment qu'elle détesterait la sensation en prononçant son nom avant de laisser sa chair s'en aller. Tu es un atout précieux.
Dans ce terrain de jeu, vous n'étiez que des pions placé sur un échiquier. Vous n'êtes pas de ceux qui influencent la bataille, mais vous pouvez vous déplacer sur ce damier. Tu es à l'instar d'un cavalier, une pièce assez unique en son genre. Tout simplement. Sa position de femme, de née moldue, d'ancien professeur, d'aurore. C'est ce qui la rendait intéressante. Simples données. Du coeur de pierre, c'était à douter du quel en avait hérité. Et toi, que gagnes-tu dans ma liberté ? Qu'attends-tu de moi ?
Tu es l'électron le plus libre qu'il puisse subsister en cet instant même ; dans quel intérêt. Ne me dis pas que tu viens simplement me voir parce que je te manquais. Je peine à croire que tu veuilles voyager cette nuit.
Une fronce immédiate au contact de ses lèvres, les doigts se replièrent et, d’un mouvement sec du coude, se distancèrent. Les pupilles ne cachèrent leur scintillement révulsé et les joues se creusaient de sévère — pourtant l’échange de regard ne se rompit alors que s’essuyait ta main contre l’étoffe de ta robe. La paume s’agrippant désormais au dossier de la chaise, ta gorge recrachait un nuage grisâtre qui n’épargnait ton interlocuteur dans sa trajectoire. Je ne t’ai pas permis de me toucher, Rajan. À quoi bon me flatter si en même temps tu t’amuses à me répugner.
Aimé ou haï — il s’en fichait à mesure que son nom soit connu, tu le savais et cette facette t’agaçait. Tu aurais préféré accueillir tout cela avec indifférence — histoire que, lui, s’agace — mais autant souhaite-il contrôler ses émotions : un être humain n’est rien qu’un être humain. Pleuvaient les louanges de sa bouche avant que ne soit renvoyée la question, ponctuée d’une inutile addition. Tu m’as manqué les commissures se roulent et les dents se montrent et un pouffement s’en échappe autant que me manque le monde moldu. Sentimentalisme et maintenant ceci ; si tu es en carence d’affection, trouve-toi une épouse ou une courtisane — mais ne le cherche pas auprès de moi. Une bouffée puis la cigarette est jetée à la noyade dans la mare caféinée. J'estime que tu es le meilleur candidat pour régner : un sang-pur adulé et issu d'un des clans originels souhaitant souveraineté sorcière nonobstant point extrême dans son suprématisme. une pause mais peut-être me suis-je trompée de poulain et devrais-je simplement t'arrêter. Et il savait que tes mots étaient incapables de second-degré.
La douce auror n'était rien d'autre que ta parfaite antithèse. Tu aimais laisser ton humanité à l'abandon et venir titiller celle de ton entourage. Le sarcasme est ton meilleur allié et son pire ennemi ; il en était inversement avec sa franchise à toute épreuve. De vous deux, tu étais le seul qui avait cessé de s'incomber de l'affection que l'on pouvait te porter. C'est tout l'intérêt, Kaede. Tu n'imagines pas à quel point c'est distrayant. Tu jouais du feu et de la glace pour voir si elle finirait par fulminer. Tu connais sa terrible patience et tu ne cesses de pouvoir l'explorer, c'est plus fort que toi, ça t'avais presque manqué.
Tu te redresses éclatant de rire. Il est vrai que je n'ai pas songé à t'envoyer de carte. A vrai dire, rares sont ceux qui en avait reçu une. Tu avais décidé de communiquer cette information que dans le cercle fermé des sangs-purs, et encore. Tu avais possiblement omis une grande majorité d'entre eux. Tu aurais grincé des dents pour le gâchis de papier, de toute évidence. Alors pour ton plus grand bonheur, je me permet de t'annoncer que je suis fiancé. D'évidence, ce n'était ni un mariage d'amour, ni une alliance particulièrement puissante avec une autre famille ; tu avais trouvé ton meilleur partisan et ton pire ennemi en l'entité de Nora et Meruem. Celui qui te pousserait à aller au bout, peu importe le prix.
Je te courtise dans le simple but de t'agacer, tu devrais le savoir. Tu esquisses un sourire, ta franchise pour une fois pouvait faire écho à la sienne. Je doute que tu aies développé une nouvelle forme d'ironie en mon absence. Sa réponse était étonnante. As-tu développé du second degré, tu prends une pause laissant sa légèreté s'envoler pour retrouver son sérieux ; tu mises réellement dangereusement ? d'un ton plus grave. Non loin que l'idée me déplaise, au contraire, il en va de mon intérêt. Cependant, je n'assurais pas forcément les tiens. Mon prix peut être le plus cher d'entre tous. Tu as déjà trop sacrifier pour faire demi-tour.
Tous les aurors désireux de t'attraper se mordraient les doigts de savoir que, malgré ta vie fugitive, tu aies réussi à te fiancer. Le dégoût fût plus d'effet que la surprise, contenu sous tes chairs indésireuses qu'il s'en échappe et que s'en délecte ton interlocuteur. Mesquin et malsain — si loin de l'image sous lequel il fût jadis acclamé — tu le prendrais presque en pitié : obnubilé par ses nouvelles mégalomanies, il t'apparaissait pitoyablement ridicule. Aucun mot à ce sujet ne traversera tes lippes, aucun regard ne laissera l'entrevoir, aucun acte ne se trahira ; s'il finissait si aveuglé qu'il en devenait incapable de voir failles et risques, il ne te suffirait que de tourner les talons comme en janvier. Toute mise est dangereuse, Rajan. Mais qu’entends-tu par «les miens» ? ton ton venait de s'assécher un peu plus Moldus, nés-moldus, les deux ? Si tu te réfères aux nés-moldus, auxquels, plus précieusement ? Ceux choisissant le monde moldu ou ceux choisissant le monde sorcier ? Ceux partisans du secret sorcier ou ceux militant pour nous révéler ? Je sais que tu es un sang-pur, Rajan, mais, si tu ambitionnes de conquérir quoi que ce soit, te renseigner sur les diverses factions «des miens» est la moindre des choses. La défaite n'est causée que par les aveugles et les ignorants.
Il était si simple de lire au travers des expressions de la jeune auror ce qu'elle éprouvait à ton égard, bien plus que de ses propres ambitions. Ils le sauront en temps voulu. Je ne me cacherais pas éternellement et de toute évidence, le ministère ne pourra pas s'en prendre ouvertement au chef des Tsukino s'il n'y a personne pour leur ouvrir la porte. Même si ta tête était mise à prix, tu sais que le ministère fera tout pour éviter de déclencher une guerre civile ; ce pourquoi il te faudra d'abord homogénéisé ton clan, puis confirmer tes alliances. C'était juste une question de temps, ni plus, ni moins. Les jeux demandaient de faire preuve de patience, certains plus que d'autres. Le retour de Seimei vous avait demandé des années, qu'est ce que quelques mois de vagabondage sont en comparaison ? Rien qu'un instant.
Ne te méprends pas. "Les tiens" ne fait nullement référence aux né-moldus, Kaede. Entrevoir par les différences est un fait et si le ministère tend prétendre que ces rangs sont amenés aux mêmes droits, vous êtes bien loin de vous illusionner devant ce mensonge qu'est l'état de droits. Vos différentes factions sont bien trop dispersés à quel point qu'Hidenori a réussi rendre le mirage de Ryuusen réel. Tous se sont fait avoir, sans exception ; même toi qu'il avait refusé de mettre de la confidence, tu t'étais laissé berner par leur prétendue existence. Je ne suis ni devin, ni divin. Je ne prétendrais jamais connaitre tous les hommes. Tu es conscient que trop de choses t'échappent, que tu ne contrôlera jamais autant que tu le prétends. La seule chose qui m'est certaines : ce sont mes objectifs, c'est ceux à quoi je m'assurais de répondre. C'est ce que je sous-entendais. Maintenant, et je me dois d'être clair pour que tu me répondre de manière aussi limpide que possible. Ce que j'ambitionne pourrait bouleverser le monde magique tel que nous le connaissons aujourd'hui, qu'attends-tu de cette finalité ? Tu n'as probablement rien à y gagner, si ce n'est que la curiosité de voir jusqu'où mes fantasmes me porteront.
Voir jusqu'où une ambition démesurée peut amener.
Sa nonchalance manquerait de faire grincer tes dents. Il énonce son privilège comme si de rien n'était — car rien n'effraie les sang-purs de son statut — et il se sait intouchable. Là était sa valeur, pourtant, une fraction de secondes, tu fantasmas son expression s'il venait à chuter. N'est-ce pas ce qui fait ton intérêt ? à condition que tu réussisses te retins-tu d'ajouter ; tu savais qu'il ne faillirait sur ce point. Sang-pur, sang-mêlé ou né-moldu se ressemblent sur un point : ils courbent l'échine lorsqu'ils s'illusionnent de frayeur. Chef ou institution, ils se plient devant tous à qui, à priori, revient le contrôle.
Bouleverser le monde, ah, de grandes paroles ; tu les as entendu par le biais de tant de bouches. Entres autres, il était divertissant de regarder Hidenori tenter l'exploit dont tu parles. Mais il a échoué, bien que, sans doute, il retentera. Effectivement, je n'ai grand chose à gagner. à vrai dire, tous tes actes n'étaient dictés que par pure et simple survie. Seulement, vois-tu, si j'ai une quelconque nécessité dans la réalisation de tes projets, j'exige à être dûment payée. Ne serais-tu pas un piètre conquérant si tu n'étais pas même capable de m'assurer une vie convenable sous ton joug ? L'idée d'être rabaissée au rang d'esclave me déplaît, tu comprends. Toute ta vie, tu as été une exception ; et tu t'assuras que, demain, encore, il en soit ainsi.
Tu éclates de rire. Dans ta folie lucide, tu n'entends que des mots qui te portent à continuer de sombrer. On ne te porte que tant que ta vie et ton esprit s'élèvent dans les précipices. Te voir gagner, certainement pas. Tu es une distraction sur laquelle ont pari, mais jusqu'où sera assumé le gage. C'est bien pour ça que je réaliserais ce qu'il a été incapable de terminer. Je ne te donnerais pas le plaisir de savourer ma chute, Kaede. Jamais. Parce tu as tout cet honneur bafoué par tes actes immoraux à assumer. Parce tu as juré que tu ne laisserais pas les vies que tu as prises rester vaines.
Au contraire, je te l'offrirais comme je l'offrirais au monde magique. Si tu es de mon côté, alors je ferais de ma perte ta gloire. Ton existence tout comme ta mort doit avoir un sens, qu'elle profite à toi ou au monde. Qu'elle profite à tes desseins pour ceux que tu veux encore protéger des lendemains. Si je gagne, tu pourras au moins demeurer aux côtés d'un conquérant que tu méprises sans crainte pour le restant de tes jours. Puisqu'elle avait veiller à tes arrières, même dans son propre intérêt, tu veillerais aux siens. Tu te relèves de ton siège, t'étirant de toute ta hauteur avant de t'adosser aux comptoir regardant la salle presque vide. Mais, je ne pardonnerais pas en retour toute trahison. Alors, profite du spectacle, Kaede. Tant que tu es spectatrice, parce que viendra le temps où nul ne pourras rester sur son siège à observer la scène sans conséquences.
Dans le petit café, sa sinistre ricane résonne. Dans l'éclat du rire, la fièvre d'un belliqueux tinte : jusque dans sa mort, le hasard n'avait nulle place. Grand maître de sa destinée, ton être faisait écho à ses colossales paroles. Kami, empereurs, clans — qu'importe l'obstacle, rien n'arrête la folle croisade — qu'est-ce que la mort si tel est le prix de ses ambitions. Le salaire proposé parût juste, balancé, honnête, tout ce que vous n'êtiez plus ; et si tout ceci échoue, dans son écarlate hémoglobine, tu laveras blanches tes mains sales. J'accepte.
Le corps se hissa de sa confortable assise et fit face à son locuteur. Ta main se déposa sur le bar, bloquant l'homme, et tu le fixas dans les yeux, un sourire volage peint aux lèvres. Lorsque ce jour adviendra, si tu mènes à bien tes conquêtes, à tes côtés je prendrai place, cher partenaire. Tu reculas de quelques pas, toisant encore cet allié, réceptacle de milles amertumes se ravalant dans ta gorge. À bientôt, Rajan. que la prochaine rencontre soit le jour de ta victoire ou de ta déchéance ; vous ne vous satisferez que des extrêmes.
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