droite / zéro tolérance face à la discrimination / soutien les élèves dans leurs rêves, même les plus farfelus / composée /à son grand damne ne fait physiquement pas son âge / n’est pas embarrassée de montrer son bras droit mutilé / ni d’avouer ses origines de née-moldue / six ans d’enseignement dans les dents / ces sales mômes sont tous ses chouchous / était ambidextre / a une aura intimidante / n’apparaît jamais négligée / sa garde-robe ne côtoie que rarement la couleur / use de la psychologie inversée pour que les gens s’exécutent aux tâches importantes / sent toujours bon le santal en hiver / le thé blanc en été / toujours à l’heure / peine à même plier les doigts de sa main droite / fume / réprimande avec parcimonie / obsédée par le shogi, les escarpins et les bonsaïs / capable de produire quelques sorts sans baguette / ne pardonne pas les mécréants qui violentent ses bonsaïs / bouddhiste non-pratiquante / des drapeaux de prières ornent quand même ses quartiers personnels / préfère les relations charnelles aux matrimoniales / pratique son tai-chi chaque jour à six heures et demi pile / sauf gueule de bois / soucieuse des élèves avec des penchants sombres ou mélancoliques / aime l’odeur des pluies printanières et estivales / met du temps à s’attacher à quelqu’un / peu l’appellent par son prénom / pas du genre à partager ses soucis d’ordre personnel / moins elle voit sa famille, mieux elle se porte / il arrive que des douleurs aigues assaillissent son bras / semble malgré tout aller plutôt bien / ne comprend pas ni utilise l’ironie / utilise son temps libre pour améliorer sa magie / a les images d'apollo 11 sur cassette / aime l'astronomie car regarder les étoiles a jadis rempli le trou béant dans son cœur  

Totem tabou,
à rouler cette pierre vers le sommet consciente qu’au crépuscule indéniablement tout cet effort n’aura été que vain, le massif caillou t’échappera toujours des mains, tu recommenceras la tâche depuis le ravin. encore et encore ;
jusqu’à ta fin.

Aucun signe annonciateur prédisait cette existence rollercoaster. Fille d’un salaryman et d’une femme au foyer, la seule magie dans ta vie aurait dû être celle d’une bague de fiançailles en diamant.
en toc, évidemment.
Et tout s’est cassé la gueule un beau jour. Un drame ordinaire de l’enfant qui ne devint pas ce que ses parents espèrent.
A contrecœur, ils durent t’envoyer là-bas.
Une dimension parallèle à la leur ; persuadé que tu reviendrais.
mais t’es jamais revenue.
pas dans leur monde, en tout cas.  

Tu as haï tes années d’études.
Elles ont eu des abords d’éternité. Le corps enseignant à vocation bienveillante barrée par leurs idéaux arriérés. Les remarques discriminatoires sur tes origines ou alors déplaisantes sur ton physique. T’étouffais—malgré de rares amitiés, t’as jamais eu l’impression d’appartenir à quoi que ce soit. Ces années t’ont appris la sinistre essence de l’inégalité et du favoritisme.
Il y a les sorciers ;
et les bâtards illégitimes.
Les belles paroles sur l’abolition de la hiérarchie du sang, qu’un jour viendrait où tu serais considérée égale de tes pairs.
Ah, quel mensonge amer.
T’as haï rentrer chez toi, dans une société muant trop expéditivement pour que tu t'y retrouves, sans point d’ancrage si ce n’étaient tes parents attendant de te marier. Ces géniteurs incapables d’accepter ce qui constitue ton identité, qui au premier souffle sur ce monde partent en crise, qui jamais n'ont cherché à apprendre ne serait-ce qu’une foutue chose sur ton univers.
Ailleurs ou chez toi—il est omniprésent,
ce sentiment d’être l’erreur fondamentale.
Eh, Kaede, dis-moi.
Pourquoi, dis-moi, pourquoi tu ne pouvais pas être normale ?

Il a fallu choisir ton orientation professionnelle—dans la magie, évidemment, car la magie est vérité suprême—pour entendre sans arrêt jusqu’à la fin de ta scolarité ne pas avoir la carrure pour devenir auror, ne pas correspondre au profil, ne pas être assez forte pour ce métier. Tu n’es qu’une née-moldue dont l’erreur du sang se rattrapait au moins par ta beauté. Leur vision d’avenir pour toi : devenir un bel objet d’apparat, se faire minuscule jusqu’à en cesser même d’exister.
Mahoutokoro.
Des litres et litres de larmes et de sueurs, des mois passés à décompter les jours restants. Un huis-clos qui te jugeait en permanence ; à croire que juste exister était ton tort.
Jusqu’où vint le jour de ta délivrance, dans ce tram direction Kyoto—sans retour.

A mesure que les gratte-ciels prennent possession de l’horizon tokyoïte, que les mariages se diversifient, que la guerre froide s’achève et que la dictature du disco prit fin sur terre ; 1990 arriva.
T’es une Kaede trentenaire—si côtoyé le deuil que les catacombes luisent dans ton œil. Jusqu’à parfois en devenir invalide des sentiments, les émotions prothétiques faillissent et t’en oublies de réanimer ton propre cœur. T’as rempli les cellules, éliminé d’obscures créatures, empêcher spéculations de devenir réalisations.
Zénith solitaire de ton caste ;
Les médailles, les distinctions et les décorations alourdissent ton tour de cou, fardeau d’une carrière spectaculaire. Tes collègues t’estiment—les rares à le faire au sein de cette communauté magique qui condamne ton existence.
Officiellement, tu n’es qu’une née-moldue compétente.
Officieusement, t’appartiendrais presque aux grandes figures de ton temps.
Le diamant parmi la merde, l’exception qui confirme leurs règles.
Parce qu’il fallait que sans cesse ta magie s’amplifie et s’affine.
Parce qu’il le faut.
Parce que les arts sinistres toujours se muent en quelque chose de pire.
Parce que t’es payée pour protéger ce pays.
Parce que t’étais faite pour être auror.
Parce que t’excelles juste.
Pour une raison que t’ignore.
C’est toi, et pas un autre.

T’as pas choisi la magie par dépit ; t’y étais juste trop attachée pour la quitter.
Parce que t’es pas du genre à te résigner pour faire plaisir aux autres—au désarroi de tes pairs et parents.
Parce que tu ne seras jamais ce qu’on veut de toi.
Parce qu’à défaut d’avoir eu des icônes—t'en deviens une.

Trente ans et un bras estropié, te voilà dans les dernières dix minutes du vingtième siècle et sa trentième seconde s’amorce au sein de ce bureau magistral dans ce lieu que t’as en travers de la gorge.
Mahoutokoro.
Or il y a ce type,
qui quinze printemps auparavant fit éclore un sourire sur ses lippes à l’annonce de ton ambition. Sûrement l’unique personne du temps de tes études que tu puisses encore appeler ami—le premier et dernier à avoir cru en toi.
Qui désormais sollicite tes compétences.
Prendre sa place qu’il se voit contraint d’abandonner face à cette promotion soudaine. Était-ce par amitié ou pour lui rendre la chandelle ; t’en sais rien.
T’as juste accepté car tu n’avais pas d’excuse pour décliner la faveur qu’il te demandait. Ça devait n’être que l’affaire de quelques mois et tu pourrais à nouveau vaquer à ton affectation principale.
La nouvelle tomba et cette pièce si vaste devint étriquée par les lettres d’indignation et d’incompréhension, t’as relevé que ta popularité était encore intacte, à ces mots il te décrocha un sourire qui te parut désolé.
Ça ne te fait plus mal ;
tu t’es habituée à la méchanceté humaine.

Le séjour temporaire devint résidence permanente. Le temps a effacé les séquelles de cet enfer académique, de nouveaux souvenirs l’adoucissent.
T’as haï ce lieu adolescente ;
adulte, tu l’as dans la peau.

La vie n’est qu’une immense ironie.
On t’attendait ailleurs, mais maintenant t’es réticente de quitter la soirée.
Tant pis.
T’as encore le temps.
Pour être là.
Même si elle approche à grand pas ;
ce n’est pas encore l’heure des au revoir.

comment envisagez-vous votre vie de sorcier ?
une bataille interminable. devoir prouver sa légitimité en tant que sorcière constamment toujours remise en doute.  elle aimerait que l’opinion sur les nés-moldus devienne meilleure et que la discrimination soit plus sévèrement punie. si ce n’est pas pour elle, au moins pour les générations suivantes.

comment percevez-vous la magie ?
à prendre avec des gants. si la sorcellerie se présente sous bien des aspects candides, sa partie sombre est des plus sordides. son potentiel aussi destructeur que bénéfique.

que pensez-vous de l’histoire de la fondation de l’école et du pacte avec les yokais ?
le disciple concrétisant le vœu de son maître est une trame commune des mythes du pays. elle aimerait que les élèves s’en inspirent et concrétisent son vœu à elle : qu’ils obtiennent leur diplôme. il est bénéfique que le pacte avec les yokais soit maintenu. personne n’a envie d’un nouveau conflit ou de devoir s’engouffrer dans des négociations avec eux.



je n’autorise pas le staff à blesser mon personnage sans mon accord.