On est là sans vraiment l’être, à marcher en vitesse au milieu des passants, trop nombreux peut-être à admirer les cerisiers fleurir cette année. On garde la tête et le regard rivé sur les pavés, à marcher bien trop vite désormais - la dernière fois que l’on a regardé notre montre, il était déjà bien trop tard. On bouscule quelqu’un à qui on marmonne juste de vagues excuses, le sac à dos que l’on rehausse sur les épaules, pour continuer à aligner les pas avec de longues enjambées. On a les ongles rongés et les peaux bouffées, un peu de stress dans le creux du ventre - moins désormais mais tout de même. Voilà près de deux mois que l’on ne t’a vu.
Elle est belle l’atmosphère de nos retrouvailles.
Journée chaude sous les pétales rosés et le vent frais.
Dans le sac se trouvent un nécessaire à pique-nique, assiettes verres et couverts, de quoi constituer un repas léger. Et bien sûr, les cookies que l’on t’a promis, pas glorieux pourtant c’est presque avec honte que l’on a décidé de les amener. Cramés, noircis et probablement immangeables. Tu sais, on a jamais été bon cuisinier, alors on a finalement demandé à Akira de nous aider.
Désolé, on a voulu te prouver. Que l’on était capable de faire quelques chose. Finalement, c’est raté. Et en prime, on arrive avec quinze minutes de retard sur le lieu de rendez-vous, comme toujours et comme souvent en retard, car on ne sait pas gérer un emploi du temps stable. Tu sais, lorsque l’on s’est retrouvé, on avait oublié nos clefs, on avait mis finalement vingt minutes à les retrouver. C’est comme ça, c’est ainsi. Mais tout de même, on a la culpabilité qui perce dans le creux des tripes. Tu aurais pu partir qu’on n’aurait pas su t’en vouloir, tu aurais pu croire que l’on t’a posé un lapin.
On arrive pourtant enfin sur le lieu de rendez-vous, à regarder autour de nous pour essayer d’apercevoir ta chevelure rousse éclairer le paysage. Nous-même, on a décidé de ne pas se teindre à nouveau en blond. Pourquoi, c’est une bonne question. L’envie est passée, voilà tout. Mais finalement on t’aperçoit dans la foule, à quelques mètres de nous et on se dirige vers toi avec de grands pas, le cœur battant encore un peu plus - on ne sait pas si ce sont les souvenirs de notre dernière rencontre, l’impatience des retrouvailles ou juste que l’on est terriblement amoureux.
Les trois.
Probablement.
- Salut Juri, je... Je suis désolé pour le retard, je... (on réfléchit trois secondes durant seulement) J’ai même pas d’excuse valable en fait. J’espère que tu m’en veux pas trop.
On te sourit, tu n’imagines pas à quel point on est heureux de te revoir ici, les joues qui prennent une teinte aussi rosée sur les pétales des cerisiers. Et on ne sait pas si on peut t’embrasser alors on se contente de venir t’effleurer le bout des doigts.
Et tu avais poussait un cri dans ton antre de silence, je m'excusa auprès des élèves qui travaillaient même si les plus curieux s'approchent de moi et de mes joues rouges.
Les questions furent assez simples, ce qui m’embarrassa et fit réduire au silence ses curieux...
Ah... Pourquoi connaître ce sentiment est si contradictoire ?
Pourquoi ne puis-je pas agir normalement ?
Pourquoi toutes mes actions sont aussi voyante à chaque fois que je pense à lui ?
Tout cela va me rendre folle et surtout que certaines personnes aiment me taquiner avec ce sujet... Je ne sais même pas si c'est un sujet sensible, un sujet tabou ou bien un sujet interdit.
Alors que je lis cet origami, mes joues qui deviennent rose sakura, comme cette saison qui commence, il m'invite à la passer avec lui, le temps d'un week-end.
Je lui réponds positivement et les émotions qui transpire sur mon origami font devenir mes joues d'un rouge cramoisi tel une rose rouge.
J'ai besoin d'air, je quitte donc la bibliothèque un court instant en rendant la parole aux élèves curieux qui commence à murmurer dans mon antre que j'ai un rendez-vous amoureux...
Et c'est encore à ce moment-là que je doute... Puis-je pense que c'est cela ? Un rendez-vous ?
Je vais exploser... mais, j'ai accepté donc c'est trop tard...
Et les jours passent, ils se suivent jusqu'à ce samedi, j'ai fait un effort sur ma tenue.
Une robe blanche avec des broderies rose et doré, j'avais attaché mes cheveux roux avec un énorme ruban d'un blanc étincelant, j'avais mis par contre des chaussure hautes sans talons rose pastel.
Je regardais autour de moi, j'attendais au point de départ de l’allée aux cerisiers de Kyoto, je n'avais jamais fait attention à celle-ci jusqu'à présent, aux personnes rassemblé...aux couples aussi...
Mon dernier souvenirs remonte un ans après ma fin d'étude, avec Kai, qui est partis aussi à cette période, je ne dois pas être morose aujourd'hui, il n'aurais pas voulu de cela, il aurait aimé que je m'amuse comme toute jeune femme de mon âge avec son copain.
Puis ta voix résonne, tu es essoufflé, je sort de mon sac à main blanc avec une anse doré un mouchoir pour essuyer ton visage.
- Tu n'es pas en retard Aiichiro, cela ne fait pas longtemps que j'attends.
C'est vrai que j’ai eu peur d'arrivé en retard avec tout ce monde qui marchent et discute autour de nous, j’avais pressé le pas, de peur de te voir Aiichiro attendre seul, au milieu de la foule.
Je ne peux que sourire en te prenant la main, je veux pouvoir profiter de cet journée et peut-être concrétiser tout les sentiments qui se battent en moi.
- Allons profiter de notre journée !
Oui, c'est tout ce que je voulais pour le moment, profiter de cette journée, profiter de toi Aiichiro.
Un peu essoufflé, peut-être l’est-on mais tout avouer, on ne s’en est même pas rendu compte. On soupire juste de soulagement lorsque tu nous annonces ne pas avoir attendu bien longtemps - temps mieux, on avait peur de t’avoir trop fait patienter, parfois certains sont tout simplement partis à force de nous attendre. Alors on effleure doucement tes doigts, c’est agréable de sentir un peu de ta peau sur la nôtre, et lorsque tu nous saisis la main, on finit par t’enlacer. Sans réfléchir, on ne réfléchit jamais beaucoup dans ces moments-là. On t’enlace, c’est tout, à plonger le visage dans ton cou et à serrer légèrement tes épaules entre nos bras. Un instant seulement, avant que l’on se redresse et que l’on t’embrasse la joue.
- Tu m’as manqué.
On souffle ces mots, parce qu’ils ne sont destinés qu’à toi et à personne d’autre, pas à ceux qui vont et viennent autour de nous - l’allée est fréquentée, on n’y avait pas songé... Et alors que l’on se redresse, on te lance un large sourire. Profiter de notre journée, c’est une bonne idée. Et c’est notre journée, comme tu l’as toi-même souligné.
Tandis que l’on commence à marcher sous les cerisiers fleuris, on observe un moment ta robe. C’est plaisant de te voir vêtu de blanc avec ces quelques touches de couleur, le fond de l’air reste encore frais malgré tout, on se demande un moment tout de même si tu n’as pas froid habillée ainsi. Nous-même, on a bien essayé de faire des efforts sur les vêtements que l’on porte, mais on garde toujours cette impression étrange dans le creux du ventre qu’on a l’air tout de même un poil ridicule. Une chemise blanc cassé et un cardigan sans manche aux motifs losanges, bleu, marine et crème. Un pantalon assorti au marine du gilet.
C’est ridicule.
N’est-ce pas ?
- Tu es sublime, tu sais ? (on te serre un peu les doigts dans les nôtres, pour attirer ton attention et pour te sourire) Ta robe te va drôlement bien.
Tu sais, on se sent drôlement mieux. Moins stressé. Moins idiot. Plus bavard. Peu à peu on retrouve l’aisance que l’on avait à l’école, à tes côtés. C’est plaisant, c’est agréable. De te parler à nouveau comme à l’époque.
- J’ai essayé de faire à manger pour le pique-nique ! (changement de sujet soudain et brutal, comme souvent il faut bien du courage pour nous suivre) J’ai fait des nouilles et des onigris, j’espère que ce sera mangeable... Ah, et les cookies aussi, oui. Pour ça, j’ai demandé l’aide d’Akira parce que... Parce que je les ai fait cramer, en fait.
Autant, on est plutôt doué lorsqu’il s’agit de cuisiner des nouilles ou du riz - on ne mange presque que ça pour tout avouer, souvent notre mère nous répète que l’on devrait manger plus équilibré. Autant, les cookies, on les a oublié dans le four et lorsqu’ils sont ressortis, ils tenaient plus du tas de charbon que du gâteau. Alors on a appelé Akira à l’aide. Parce qu’on t’avait promis des cookies.
Mais on en rigole.
On préfère en rigoler.
Son étreinte me fait culpabiliser du mois de mars qui vient de passer, de mes doutes bien trop nombreux, de cet instant que j'ai passé en pensant que ce n'était pas te trahir...
Mais, parler de cela n'est pas le bon moment, on verra cela une autre fois, je devrais te parler plus clairement, de ses sentiments que je ne maîtrise pas.
Évidemment à tes premiers mots, je ne peux que sourire, tu m'a manqué oui mais, j'ai trouver réconfort ailleurs pour une après-midi... Ou plus... Iwo et Kyôto sont les endroit que je connais par cœur, ils ne sont jamais loin, à réclamer cela.
Et une marche dans cette allée commence, je l'ai toujours admirer depuis petite, cela me fait bizarre de la traverser avec toi, Aiichiro. J'avais l'habitude de le faire avec Kai étant jeune puis de la contourner à partir de l'adolescence.
Et ce compliment, qui me fait doucement sourire, mes joues prenant une teinte rosé plus foncée qu'elle ne l'était déjà, je ne peux que souffler mes remerciements.
- merci...
Je sens que tu es plus à l'aise, comme avant, comme quand on était à l'école, pourtant moi je ne le suis pas, je ne le montre pas mais, ta main dans la mienne, dans cette allée, me met énormément mal à l'aise, je ne me sens pas à ma place même si je suis à tes côtes Aiichiro.
Je tourne mon visage vers toi quand tu dis que tu as essayer de faire à manger, le fait que tu as essayer de faire des cookies me fait doucement rire, jusqu'à que tu prononce le prénom de cet amant, mon rire ne s'arrête pas pour autant, je ne laisse rien transparaître, cette discussion comme je le pense devra se faire un autre jour.
- J'ai hâte d'y goûter.
Je me souviens de l'origami que tu m'a envoyé Aiichiro, même cramée, les cookies que tu m'a préparer avec ton amour que j'ai du mal à percevoir correctement, j'y goûterais parce que je ne veux pas te faire de peine, je veux te voir sourire, que tu profite de cette journée autant que j'en profite.
Il y a cette petite gêne que l’on peut percevoir, trop légère pourtant pour que l’on parvienne à y mettre des mots et des phrases, juste quelque chose qui semble gratter dans le creux du dos sans que l’on puisse l’atteindre. Alors, on sourit et on rit, main dans la tienne sous les cerisiers en fleurs et le regard des quelques passants et autres couples qui viennent. Durant un instant seulement, on se demande si on a bien fait, de te proposer cet après-midi - allée bondée, bien évidemment il fallait y songer.
Mais tu as hâte d’y goûter, dis-tu ?
A ses cookies cramés ?
- Oh tu sais, mieux vaut pas les manger, ceux-là... Les cramés, je veux dire. (parce que oui, il les a tout de même pris, pour te montrer qu’il les avait bel et bien fait mais ils sont tout bonnement immangeables, tu sais ?) Les autres seront clairement meilleurs, et pis en plus ils sont en...
Et il se tait à temps, l’idiot.
Il avait finalement approuvé l’idée d’Akira.
D’un autre côté, Akira était tellement enthousiaste qu’il aurait difficilement pu lui dire non, malgré son papier lancé en catastrophe au milieu de l’après-midi, hier à peine alors que le rendez-vous est bien aujourd’hui. Toujours à s’y prendre à la dernière seconde, comme souvent, comme toujours. Désolé, s’il s’y était pris à temps, il aurait peut-être pu les faire lui-même. Peut-être ? Bonne question, en vérité.
- Enfin bref (il abrège ainsi sa phrase, avant de continuer sur sa lancée) il a fait plein de trucs en plus, il y en a au chocolat, aux fruits rouges, au sureau, au... Aux fleurs de cerisiers, justement.
Sourire. Il te serre la main.
Putain, ce qu’il t’aime.
- On s’assoit quelque part ?
Pour profiter. Des fleurs, du repas.
Des cookies.
Ce doux sourire qui orne mes lèvres, je ne sais pas si c’est une façade ou bien si c’est réel, le rire que je te donne me sonne faux, j’ai l’impression que ce coeur qui bat la chamade n’est qu’une illusion et pourtant…
Le soleil qui tape doucement sur ma peau, le vent dans mes cheveux, la voix des passants autour de nous, tout est réel.
Comme à ton habitude, tu te dénigre, je n’aime pas toujours pas ça, que ce soit en temps qu’amie ou bien en temps que celle que je suis dans tes pensés.
- Je veux quand même en goûter un, ne me l’as tu pas promis dans ton origami ?
Et ce sourire sur mes lèvres continue de fleurir, puis-je vraiment t’aimer comme toi tu m’aime ?
Encore trop de question que je vais laisser en suspens pour te le demander plus tard, comme te parler de ses amants trop nombreux qu’on pourrait croiser vu qu’eux ont toujours eu quelqu’un plus ou moins accroché au cœur pour cette saison.
- Tu m’a fait un festin, je ne sais pas si je pourrais tout manger, Aiichiro.
Et mon regard se perd sur la foule, bon nombre de couple sont là aussi, des familles aussi, pour profiter des sakura en fleur, les pétales qui tombent délicatement entre les gens, ma main se tend pour en attraper assez proche de moi, pourquoi ai-je envie de grimacer sur ce simple geste ?
Je garde ce sourire, mon regard se pose à nouveau sur toi, arrivé dans un endroit pas encore bondé de monde, tu propose de t’installer, serais-je égoïste de te demander de nous éloigner encore plus de la foule ?
Je ne sais pas mais, mon cœur de bibliothécaire est trop présent donc en lâchant le pétale de sakura, je pointe une direction où on pourra être vraiment tranquille tout les deux.
- Là bas, je pense que ce sera bien.
Oui, loin des gens, que tu ne sois pas déçu en apprenant une vérité que j’aimerais te cacher encore un moment, que tu profite de cette journée ensemble.
Tu sais, il apprécie t’observer, voir ce sourire s’étendre sur tes lèvres, sourire serein et sourire tranquille - qu’il croit sans se douter des sentiments qui t’animent, des craintes qui te traversent. Alors il te répond, d’un doigt pointé un peu plus loin. Aller s’asseoir pour profiter un peu du temps qui passe, de l’instant présent et profiter un peu de toi. Ah, tu demandes quand même à goûter l’un de ses cookies brûlés, ressort la promesse qu’il t’avais écrite oui sur l’origami.
- Aah mais il ne sont pas... (bons, mangeables ?) En fait, ils tiennent plus du tas de charbons que du biscuit pour tout t’avouer mais... Mais je les ai quand même pris en vérité.
Pour te montrer à quel point ils étaient gâchés.
Pour en rire également.
Rire de lui, rire de tout.
Et soudainement l’instant se fige, à voir tes doigts saisir l’un des pétales qui tombe du ciel, apprécier ce geste, ce mouvement tellement hors du temps, apprécier la grâce qui s’en dégage, apprécier la douceur de ta main qui prend cette fleur dans le creux de la paume. Il te regarde, il te sourit. Il est bien, Il est tranquille.
Heureux.
Puis l’instant se brise en même temps que tu lâches le pétale et que tes doigts pointent un nouvel endroit. Là bas, plus au calme, plus à l’abri des gens et de la foule. Oh, depuis son séjour sous les ruines d’un toit tombé, il apprécie bien plus les espaces aérés, libres et calmes - parfois, il a encore l’impression d’étouffer, panique dans le fond de la poitrine et étau dans les poumons, à ne plus pouvoir respirer dès qu’il se retrouve trop entouré, trop serré, trop enserré, à se réveiller en sursaut sous la couette qui commençait à l’étrangler. Alors oui, il accepte ta proposition.
- Ce sera bien (comme tu le dis si bien).
Et alors voilà qu’il t’y entraîne, à inspirer l’odeur des fleurs de cerisier, éviter les passants et profiter encore un peu de l’allée passante, des pavés sous vos pieds. Bientôt remplacé par la sensation de l’herbe sous les chaussures et la fraîcheur de l’ombre des arbres. Et il s’assoit finalement à même le sol, le sac à dos passé sur les genoux, avant de t’inviter à te poser à ton tour - à te saisir la main et à la serrer entre ses doigts, alors que fleurit ce sentiment serein dans le fond de sa poitrine.
Tu l’as toujours rendu plus tranquille.
- Quand j’étais petit, ma magie s’est manifesté pour la première fois quand j’ai pété la vitre de ma classe quand j’avais cinq ans. (il commence à te raconter cela sans vraiment savoir pourquoi, et il saisit de nouveau une fleur de cerisier tombée sur ton bras) C’était une crise de colère, je sais même plus ce qui l’avait provoqué pour tout te dire. (sourire et rire, c’était il y a bien longtemps maintenant) Mais en vérité, même avant ça, je m’amusais souvent à faire éclore des fleurs, je pensais juste que tout le monde pouvait le faire.
Il hausse les épaules et tend la main devant lui, à montrer sa fleur de cerisier fermée avant de la faire éclore lentement entre ses doigts, un peu de magie diffusée à travers sa paume. Parfois, il est capable de bien plus que de faire éclater des ampoules et encore un peu plus depuis qu’il a cet éventail à la ceinture.
Et rapidement il referme la main.
Il ne faudrait qu’un moldu le voit.
- Hm, j’sais pas pourquoi je dis tout ça.
- Je veux quand même goûter vu que tu les as pris en plus.
Et vous avancez vers cette endroit, aux allures tranquilles, où personne encore ne sait installer pour observer tranquillement les pétales de sakura tombé au gré du vent, mon regard se perds sur le rose des pétales qu'ils volent ou encore accroché à leur branches, j'écoute d'une oreille les dire de celui que je ne sais nommer maintenant, ami ou... ce mot encore difficile à dire en pensées, ou bien à annoncer à ceux qui te tienne à cœur.
Ah Juri, petite effronté, enfant entouré de sang, aucun proche familiale pour t'indiquer le bon chemin à prendre.
Cette magie qui est apparut comme cela, de nul part, toi qui était assez bizarre pour les autres enfants, me voilà dans un monde inconnus, qui ne t'a apporté qu'un peu plus de solitude enfin si je n'avais pas eu Aiichiro ou bien d'autre, enfin j'étais toujours entouré de livre, comme une malédiction pour les autres et une bénédiction pour moi.
Quand la fleur te parvient dans ton regard, un peu surprise, je te regarde puis détourne les yeux...
- Je me souviens plus trop de l'apparition de ma magie mais, je suis contente que tu partage cet anecdote avec moi.
Évidemment mes premiers mots sont un mensonge, fêtant tout juste mes sept, les adultes autour de moi qui commencent doucement à s'énerver, une larme, puis deux, puis trois et tout explose... Les verres, les assiettes et le jolie gâteau à étage s’effondre sous mes pleurs, Kai a eu un mal fou à me calmer, je me suis endormis après avoir autant pleurer.
- En tout cas, je suis heureuse d'avoir ma magie, je ne t'aurais pas rencontré...
Et mes joues s'empourpre, tout est normal, mon cœur s'emballe sous ses mots, rien que ce soit maintenant ou avant, j'ai toujours été heureuse à tes côtés Aiichiro sauf que pour le moment, ces quelques mots restent bloqués dans le fond de ma gorge, un jour j'arriverais à te les dire, soit en sur.
Une crise de colère, la vitre de l’école qui explose, il ne sait plus pourquoi, il ne sait plus comment, ni même l’explication donnée, on avait dit qu’il avait jeté une pierre dans la fenêtre mais toujours il a assuré que ce n’était pas le cas. Mais en vérité, il a toujours été capable de bien d’autres choses, faire éclore des fleurs, monter le son de la chaîne Hi-Fi sans même la toucher, atteindre des objets en hauteur, ouvrir son coffre à jouets lorsque celui-ci était fermé à double-tour, se retrouver enfermé dans des pièces où il n’était censé aller, la curiosité qui pique son esprit et sa magie qui ouvre des serrures.
Il a toujours été un enfant bizarre.
Même à l’école, même après.
Et les gens qui n’arrivent pas à suivre.
Ce qui se passe dans son esprit.
Tu ne te souviens pas, toi ? Il trouve ça un peu triste, dans le fond. De ne pas se souvenir de ce qui fait notre unicité, dans ces familles parfois un peu trop conservatrices. Mais ce n’est que son ressenti. Il a toujours été fier de ce qu’il est, malgré les difficultés, malgré son frère, malgré ses parents qui peinent à comprendre.
- Oh, c’est... (il ne dit rien, il regarde juste ta main, il voudrait bien y glisser ses doigts, reprendre un peu de sa chaleur et de ce contact, mais il craint de craquer à nouveau, on en a jamais reparlé, jamais évoqué, la gorge sèche et les yeux perdus) Tu sais, je dis ça à pas grand monde parce que... Je sais pas, on m’a toujours trouvé un peu bizarre.
Je ne t’aurais pas rencontré.
Ah, ça tire un peu dans le ventre.
Il rougit, un peu sur le bord des joues et à plonger dans tes yeux. A se pencher vers toi, poser ses lèvres contre ta joue puis glisser vers tes lèvres. Un nouveau baiser, doux et langoureux, doux et amoureux. Glisser ses doigts entre les tiens. Encore une fois, s’il te plaît, se perdre avec toi, dans le creux de tes reins et la chaleur de ton corps. Il serre un peu ta main, refoule cette nouvelle envie qui monte, avant de se détacher de tes lèvres.
Il ne dit rien, un court instant qui passe.
C’est toujours bienvenue le silence.
Puis il toussote, mal à l’aise. Se frotte le crâne, il sentait que c’était un bon moment mais il craint toujours de faire une erreur, une connerie, sans le faire exprès. Un peu trop aventureux, un peu trop entreprenant. Il n’arrive pas à poser ses limites, ni celles des autres, ça peut être... dangereux.
- Dis, est-ce que tu penses qu’on... (il hésite, un instant seulement, la gorge sèche et la voix tremblante sous ces fleurs de cerisiers) Qu’on devrait commencer à manger.
Il n’est pas superstitieux.
Mais ce n’est pas par hasard.
Qu’il t’a mené ici aujourd’hui.
Puis tes mots, ce mot là précisément, « bizarre », qui est souvent revenue entre les lèvres des adultes que tu trouve toujours perfides même en étant devenue une.
- quoi qu'on fasse de toute façon, dés qu'on sort des cases on est bizarres...
Je détourne le regard, pourquoi ma bouche a dit tout haut ce que je ne voulais pas dire, toujours dans des moments où je suis le plus vulnérable, je ne voulais pas lui montrer cet égoïsme qui règne dans ce cœur...
Pourtant quand mon regard croise à nouveau le sien, ses lèvres sur les mienne, les yeux dans les yeux, toutes ses sensations nouvelles qui m’inonde le cœur et la tête me font perdre doucement cet égoïsme et peut-être cette rancœur que je tais depuis bien trop longtemps.
Pourtant autant que lui que moi on ressent cette hésitation, il propose de manger mais, je ne sais pas si j'arrive pas à manger quoi que ce soit, il faut que je lui pose cette question à nouveau...
- Aiichiro, j'aimerais que tu me réponde sincèrement...
Des joues qui commencement doucement à chauffer, cette question que j'ai déjà posé, peut-être la modifier.
- Est ce...
Ma voix n'arrive plus à sortir pourtant je dois parler, je dois en avoir le cœur net, pour que je puisse enfin mettre un terme à ses doutes mais, est-ce le bon moment...
- Finalement oublie, je meurs de faim, mangeons !
Et je prends le panier pour commencer à déballer la nourriture, même si mon estomac se tort sous la peur de lui demander pourquoi moi et pas une autre ?
Celle qui a peur de ce sentiment nommé amour, qui l'a toujours fuit entre les draps de soie, entre les mains de personnes qui n'ont su lui donner que ce plaisir charnelle, un soupir sort, léger comme le vent sauf qu'intérieurement c'est une véritable tempête.
Il y a ces quelques secondes de flottement et d’hésitation, après sa question, après la tienne. A juste se regarder dans les yeux sans rien n’oser se dire et attendre, attendre comme un idiot et espérer que l’autre fasse le premier pas. Il déglutit, mal à l’aise à en crever alors sur ses lèvres se tient encore la chaleur des tiennes. Il a oublié un peu les personnes autour d’eux, et la pudeur qui habituellement lui tient le ventre.
Et finalement.
Oui, on oublie.
Mangeons comme tu le dis, comme il l’a proposé plus tôt à peine, alors il baisse les yeux sur les plats qu’il a amené. Désolé, il n’a jamais été très doué pour faire la cuisine. Mais les quelques plats qu’il a préparé - outre les cookies brûlés, il est vrai - il y a mis du cœur.
- Hm, oui, mangeons. (il approuve en hochant la tête, un peu ailleurs, un peu trop curieux de ta question, un peu trop déçu de ne pas avoir posé la sienne) Il y a des nouilles au poulet avec quelques légumes, des onigris fourrés aux prunes - ils sont loin d’être parfaitement triangulaires, désolé... Et les fameux cookies brûlés, en plus de ceux qu’Akira aura fait pour nous.
Il sourit. Vaguement.
Oh il a l’air ailleurs.
Il te tend un onigri avant de commencer à en mâchonner un de son côté, savourant un peu le silence qui doucement s’installe et s’étend entre vous-deux. Il a un peu le visage de la couleur de son origami de la semaine passée - la chaleur, peut-être, le stress sûrement, ta présence probablement. Il s’est rendu compte que tu n’as pas refusé son baiser de plus tôt, que tu l’as même accueilli - oh il craignait que ce qui s’était passé ne soit qu’une phase, quelque chose que l’on préfère oublier les jours qui suivent.
Mais ce n’était pas le cas apparemment.
Ça le rend étrangement... heureux.
Il envie de t’embrasser, encore et encore.
- Le Hanami est joli, cette année, tu trouves pas ? (et particulièrement précoce, les arbres n’ont pas encore toutes leurs fleurs mais qu’importe) Tu sais, il paraît que... que si on fait une déclaration d’amour sous les cerisiers en fleurs, ça marchera forcément... (il te jette un coup d’œil rapide et à demi-paniqué et avant que tu ne puisses dire quoi que ce soit, il continue) Non pas que j’y crois hein ?! C’est idiot de penser ça, j’y crois pas non non. Mais c’est juste que...
Il ravale ses paroles en avalant un gros morceau de son onigri.
- ... C’est juste que ça paraissait vachement romantique comme endroit, donc voilà.
Et il a juste envie de s’enterrer sous six mètres de terre.
Pourquoi poser une telle question est si difficile ?
Je ne suis qu'une trouillard en fait, peur que finalement ces sentiments ne soit qu'une illusion, ce soit juste un passage et puis... tout redeviendra comme avant ???
Je ne veux pas vraiment que tout redevienne comme avant, qu'on soit juste des amis, c'est peut-être pour cela que mon cœur tambourine autant, parce que c'est Aiichiro et pas une autre personne lambda...
J'écoute vaguement les plats que... je ne sais même plus comment le nommer, tout les mots auxquelles je pense semblent flous et n'ont rien avoir avec ce que je souhaite dire.
Je prends l'onigiri avec délicatesse, le croque doucement, mon visage caché par mes longs cheveux roux, cette couleur que j'ai toujours aimé, que ma mère ainsi que oncle Kai aimait aussi par dessus tout, même lui aime le roux par rapport au blond de la famille de mon père... Je devrais peut-être aussi partir sur leur tombe maintenant que je suis une adulte.
Quand Aiichiro parle subitement d'une légende urbaine par rapport au sakura, je sais qu'avant tout cela, je lui aurais ris au nez que je le trouverais ridicule à souhait vu que se déclarer sous un sakura est digne d'une scène d'un roman à l'eau de rose... mais, là maintenant... Mes joues qui ont gardé cette teinte pourpre, me disent clairement que finalement c'est le bon moment.
- ce n'est pas idiot, je trouve...
Les mots qui s'échappent tout seul parce que mon esprit en décidé comme cela.
- je trouve cela bien de se déclarer sous les sakura, cela fait un peu un ciel rose...
encore et encore, avouer l'inavouable.
- Je pense que je serais surprise si quelqu'un me fait une déclaration ici mais, en même temps heureuse...
encore un effort, peut-être que cela débloquera certains doutes.
- J'ai toujours eu peur d'aimer et que quelque se déclare à moi mais, cela me dérange plus trop maintenant.
Et l'onigiri devient bien plus intéressant maintenant, un croc dedans et je me cache un peu plus avec mes cheveux.
Oh, ce n’est pas tant idiot, que tu trouves ?
- Oh non, c’est pas ce que je voulais dire mais... (mais il l’a dit quand même) Ceux qui y croient sont pas idiots, c’est pas ce que je voulais dire, pas du tout (et il panique un peu, de se dire que tu aurais pu comprendre ce genre de pensée qu’il n’a pas le moins du monde) En fait, ce que je voulais dire, c’est que moi j’y crois pas trop, c’est tout. Après les gens font ce qu’ils veulent, c’est pas...
Et pourtant, il y croit quand même un peu non ?
Dans le fond de son esprit, il voudrait bien.
Ça l’arrangerait bien, en vérité. Parce que les cerisiers, le pique-nique, le baiser, ça a tout d’un rencard n’est-ce pas ? Et puis le lieu est joli en cette période, magnifique même. Pourquoi ne pas en profiter, voilà ce qu’il se disait avant de t’inviter. Mais maintenant, le voilà revenu aux fondamentaux : hésiter, bégayer, ne pas savoir quoi dire, quoi raconter. Il était bien, à cet instant après l’éclipse. A tout envoyer en l’air, ne plus se soucier de rien.
Surprise et heureuse, dis-tu ?
Ça ne te dérangerait plus trop ?
Alors il reste encore silencieux, quelques secondes durant. A fixer intensément son onigri, comme s’il allait y découvrir la réponse à la grand question sur la vie, l’univers et tout le reste. Et il finit par le poser sur la serviette, t’attraper la main et la serrer dans la sienne. Te regarder dans le blanc des yeux, avec avec un court instant seulement les mots coincés dans le fond de sa gorge.
- Juri, je t’aime, est-ce que- (il inspire profondément) Est-ce que c’est réciproque ? Est-ce que ça te dirait qu’on sorte ensemble ? Une vraie relation ? Officialiser tout ça, tout ce qui s’est passé ?
Il a déblatéré ces mots avec un débit peu commun, à peine humain. Un peu de stress dans le fond du ventre, et ces questions qu’il pense un peu idiotes alors qu’il te serre le creux de la main. Ah, il attend ça depuis qu’il a seize ans. Longtemps maintenant. Un peu trop longtemps même.
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