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so much love then one day buried // yori
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SO MUCH LOVE THEN ONE DAY BURIED
27.11.96
27.11.96
Et tu l'avais regardé.
Amoureux comme au premier jour.
Désespéré d'amour.
Tu lui avais tendu la main. Il l'avait prise sans hésiter. Parce que votre amour était sans hésitation, d'une confiance entière. Et tu l'avais attiré contre toi. Et tu avais embrassé ses lèvres. Encore. Encore. Encore. Et tu avais pris la route vers l'îlot. Il vous avait fallu quelques minutes pour traverser, pour arriver à la terre ferme. Et tu avais posé un pied à terre, l'autre dans la barque, et de nouveau, tu lui avais tendu la main. Et de nouveau, il l'avait prise.
Et vous étiez là depuis quelques secondes, quelques minutes, quelques heures. Le temps passait si vite, lorsque vous étiez ensemble. Le temps s'écoulait si vite, lorsqu'il n'y avait que vous dans votre monde.
Alors tu t'étais allongé dans l'herbe, frissonnant à la froideur du sol. Et tu l'avais regardé. Tu l'avais juste regardé ; et tu t'étais perdu. Comme un désespéré d'amour, amoureux comme au premier jour.
Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Et tu aimerais lui crier, lui dire, lui murmurer. Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Et tes doigts abandonnent l'arrière de ta tête pour venir à la recherche des siens, pour l'attirer contre toi, lui voler un baiser. Encore.
Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Et tu ne sais pas comment lui dire, alors tu te contentes de l'embrasser. Encore. Encore. Encore.
Yori Hayashi
And you create in me something I would’ve never seen
When I could only see the floor, you made my window a door— Be somebody // Thousand foot krutch
We all wanna be somebody, we’re willing to go but not that far.
L'hiver approche, rafraîchissant l'air. Vous en profitez, du froid de l'extérieur, pendant que d'autres se plaisent à rester au chaud – c'est bien pratique, quand on veut profiter d'une intimité déjà bien difficile à trouver. Aujourd'hui, c'est lui qui t'a entraîné. Sans avoir besoin de dire un mot, tu l'as suivi, comme tu le suivrais au bout du monde, accordant une pleine confiance en cette main qui t'emmène.
Tu as ris, en le voyant entrer si vite dans la barque, manquant de tomber à l’eau. D’un de ces rires de joie véritable, de ceux qui font si rarement résonner tes cordes vocales. Puis, tu l’as regardé, amoureusement, vous conduire jusqu’au cerisier, où vous vous êtes posé à son pied. Et vous êtes resté là : lui allongé, sur l’herbe fraîche et toi le surplombant, assis à ses côtés ; sans vous souciez des minutes, des heures peut-être, s’écoulant.
Il lie vos doigts, te rapproche, t’embrasses – une fois, deux fois, trois fois ; sans plus s’arrêter – et tu finis par t’agenouiller, pour rester pencher sur lui, jusqu’à presque t’allonger. Dans cette quiétude, tu pourrais t’endormir ici, malgré le froid ; tu en es même presque tenté, de passer une nuit dehors, si c’est pour rester avec Jian – et échapper à d’autres lieux, qui n’ont pour avantage que d’être douillé.
« Qu’est-ce que tu penses du Brésil ? »
Question aux allures distraites, mais mûrement réfléchie.
« Leur avancée magique semble intéressante, sur certains points. Même si leurs Caiporas ont l’air plus embêtant que nos Yokais. »
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27.11.96
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Le Brésil. La première chose qui te vient à l'esprit est loin de leur avancée magique. Il fait chaud, au Brésil. Et tu apprécies la chaleur, mais peut-être pas assez pour le Brésil. Et même si c'était loin, tu pensais plus partir dans un pays d'Europe. La France, ou l'Italie. La Grande-Bretagne semblait perturbée, donc elle était à éviter. Mais si le Brésil lui plaît, alors ce sera le Brésil. Dans tous les cas, vous aviez toute la vie pour vous évader, passer d'un pays à un autre.
J'imaginais plus un pays d'Europe de l'ouest, mais si le Brésil te plaît, alors ce sera le Brésil. Puis, on pourra toujours prendre des vacances ici et là. Un sourire alors que tu t'assois pour être à sa hauteur. Tu récupères dans la poche de ta veste le cordon et le pendentif avant de lui passer autour du cou, lentement. Tu déposes un baiser sur ses lèvres, encore un. Et encore un. Et un encore.
Tu te recules lentement, ton regard glissant sur le pendentif sur sa poitrine, et tu souris, plus fier que tu n'aurais pu le penser. Je l'ai depuis un moment, mais j'ai pas vraiment eu l'occasion de te l'offrir. Et c'est idiot, Jian, mais tu n'as même pas eu besoin de le lui demander. Tu as juste glissé le pendentif autour de son cou comme tu as glissé le tien depuis quelques temps déjà. Sans lui demander l'autorisation.
Parce qu'il t'appartient autant que tu lui appartiens.
Entièrement et totalement.
Yori Hayashi
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Le lieu parfait n’existe pas – pas ailleurs qu’entre les bras de Jian. Tu le sais. Vous ne trouverez pas nécessairement votre place du premier coup ; peut-être même jamais. Il vous faudra chercher, essayer, changer. Et vous aurez tout le temps pour le faire.
« J’y ai pensé, moi aussi. Mais l’Europe de l’ouest me paraît être une décision presque trop prévisible, de ma part. Et au vu des événements qui s’y déroulent, je ne tiens pas à te faire quitter un enfer pour en rejoindre un nouveau. »
Ça ne pourrait pas être pire qu’ici, dans le fond : tes parents ne s’y trouvent pas – quoi que, ta tante, parfois. Les sang-purs de cette école non plus.
Jian se redresse, s’assoit finalement et sort un objet de sa poche. Un collier, qu’il vient placer autour de ton cou. Tu le vois si fier et la surprise se traduit sur tes traits, tandis que tu réponds à son baiser avant d’enfin observer le pendentif de plus près.
« Les inséparables. »
Tu l’as murmuré, un sourire aux lèvres.
Tu avais déjà vu ces colliers en boutique, de nombreuses fois, sans jamais t’y intéresser réellement. Mais là, avec Jian, avec l’année écoulée et ses nombreux dangers, avec la séparation qui vous guette : l’occasion te semble si parfaite.
Tu observes encore quelques instants la pierre, qui n’a pas tardée à prendre une lueur blanche, puis embrasses encore le Kitsune, avec un sourire amusé.
« Est-ce que ça veut dire que tu penses à moi ? »
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27.11.96
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Je ne tiens pas à te faire quitter un enfer pour en rejoindre un nouveau. Mais tu vivrais l'éternité en enfer s'il était à tes côtés ; tu paierais les pêchés de l'humanité entière si c'était pour son bonheur. Tu chasses l'idée de ton esprit, Yori ne voudrait pas le savoir, n'accepterait pas dans tous les cas, alors tu te tais.
Son regard se porte sur le pendentif et tu souris en même temps que lui. Un baiser sur tes lèvres que tu approfondis à peine. Un rire t'échappe légèrement : Je pense toujours à toi. Tes doigts vagabondent sur son torse, attrapent le pendentif pour le tirer légèrement jusqu'à toi. Tu déposes un nouveau baiser sur ses lèvres. Chaste. Tendre. A peine appuyé. C'est surtout... Tu te recules légèrement, ton regard cherchant le sien avant de continuer : C'est surtout pour savoir si tu es en sécurité. Tu espères ne jamais voir une autre couleur que la légère lueur blanche, mais avec tout ce qu'il se passe en ce moment, on n'est jamais trop prudent.
Ta main vient se glisser sur sa joue que tu caresses du pouce, lui souriant tendrement. Et tu pourrais passer des heures, Jian, à le regarder, le détailler, l'admirer.
Yori Hayashi
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Il te tire à lui, t’embrasses encore et t’explique la véritable raison. Celle qui importe le plus. Et tu comprends : le signal, en cas de danger. C’est ce qui t’intéressait le plus aussi, dans cet objet. Sa faculté à reconnaître quand un de ses possesseurs est en danger.
« Tant qu’on est ici, c’est bien. Mais quand on sera loin, à part nous inquiéter, qu’est-ce que ça changera ? »
Tu ne veux pas faire retomber sa joie, de ton pessimiste, mais sincèrement, avec toi coincé dans cette école et lui, au loin, vous ne pourrez pas intervenir. Ni pour l’un, ni pour l’autre. Pourtant, tu comprends : toi aussi, tu préfères le savoir s’il court un danger.
« A moins que ce ne soit pour me disputer par beuglante et me dire d’être plus prudent. »
Tu souris, avec le ton de la plaisanterie. L’idée ne te semble pas si mauvaise, d’ailleurs, si elle te permet d’écouter le son de sa voix, malgré la distance. Elle te manquera, terriblement. Comme ses lèvres, que tu reviens cueillir, comme son visage que tu encadres de tes mains, comme son corps contre lequel tu reviens te coller.
« La lumière de ton pendentif sera si vive que tu ne pourras plus en dormir, les nuits. »
Et ça c’est une plaisanterie à laquelle tu as envie de croire.
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Tu n'es pas capable de lui dire que votre histoire se terminera quand tu passeras les portes de l'école, diplôme en poche. Évidemment, tu l'attendras... mais vous n'alliez pas resté deux pendant un an de séparation. Il se passait trop de choses à l'école pour le faire.
Un rire léger t'échappe, quand il parle de l'engueuler par beuglante. L'idée est bonne, et sûrement le feras-tu lorsqu'il fera tu ne sais quoi sans se soucier de sa propre sécurité. Tu ne seras pas là pour le protéger. Tu n'as jamais été vraiment là pour le faire, dans tous les cas ; tu arrivais toujours trop tard.
Ses lèvres se déposent sur les tiennes, et tu l'embrasses. C'est fou, comme embrasser Yori est devenu instinctif, vital ; comme une respiration que tu prends sans même t'en rendre compte. Il se love contre toi et tes bras entourent ses hanches, tes doigts glissent dans le bas de son dos avant qu'un murmure ne vienne s'échouer contre tes lèvres. Un sourire, encore, empli d'amour et de joie.
Puis ton regard se fait moins sérieux, plus charmeur, plus joueur, et le ton est taquin, trop dragueur même. Tu seras ma lumière dans la nuit. Et malgré le jeu, il y a cette vérité tendre. Tu l'embrasses de nouveau, riant. Un baiser, un autre, et encore un, et toujours un.
Les minutes s'écoulent.
Ah, amoureux éperdu.
Puis le temps semble reprendre, lui qui semblait s'être figé lors de vos baisers. Le bout de ton nez vient frotter le bout du sien et tu murmures, comme pour ne pas briser la bulle d'intimité qui vous protège de tout : Tu ne seras pas obligé de le garder, après mon départ, si tu ne veux pas. Ce n'est pas comme ça que tu voulais tourner ta phrase, mais tant pis.
Peut-être que la bulle éclatera plus vite que prévu.
Yori Hayashi
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Ses bras qui t’entourent et le sourire joueur, il te répond d’une manière si semblable à la tienne : joueuse, charmeuse, comme vous l’avez si souvent fait. Des vérités à demi dévoilées. Et tu t’imagines déjà le faire souvent, toi aussi, d’observer cette lueur dans la nuit, avec l’illusion qu’elle vous rende un peu plus proche, malgré la distance. Comme une autre manière de communique, juste par la pensée. Inséparables, c’est bien ce que disent ces colliers.
Vous vous perdez, dans cette bulle que n’appartient qu’à vous, imperméable au temps qui ne cesse pourtant de s’écouler. Il n’y a que dans ces moments que tu désires oublier l’horloge dans ta tête, qui ne cesse de te répéter tic tac, février sera vite arrivé.
Tu as l’impression qu’une éternité s’est déjà écoulée quand il reprend la parole en premier. Tu ne seras pas obligé de le garder, après mon départ, si tu ne veux pas. Ah, rien ne pourras t’y obliger, c’est évident, mais il y a un côté symbolique dont tu ne veux pas te séparer.
« Ce n’est pas que je ne veux pas, Jian. C’est juste que, ça va être compliqué, même si on le sait. »
Vous ne pourrez pas y être vraiment préparé, dans tous les cas. Vous ne pouvez déjà pas savoir de quoi demain est fait – vous pouvez aussi bien passer une année entière sans péripéties ou finir sous l’eau dès le lendemain.
« J’aurais toujours une part de toi, avec moi. »
A défaut de pouvoir faire un horcruxe avec ton âme et toujours le garder entre mes doigts – vois, la magie noire m’a rarement intéressée, un peu intriguée et l’immortalité ne m’a jamais tentée, mais la tienne, je pourrais y songer et tu porterai mon souvenir pour l’éternité.
« Mais je ne veux pas que tu t’inquiètes plus qu’il ne faut, pour moi. »
Parce que tu sais qu’il s’inquiète déjà bien assez. Bien trop pour sa propre santé.
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27.11.96
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Mais qui es-tu pour faire ployer une montagne par ton simple souffle ?
Ton front vient se poser sur son épaule et tu prends un grande inspiration. Oui. Toujours une part de toi en lui, comme toujours une part de lui en toi. Et pourtant, pourtant, pourtant, est-ce si raisonnable ? Pourquoi pense-t-il au futur comme si rien ne pouvait vous séparer ? Un an, c'est si long. Et tu sais, tu sais qu'en un an, il aura besoin de quelqu'un, sur qui s'appuyer, sur qui hurler, sur qui déverser sa colère ; mais quelqu'un qui l'aimera tellement, tellement, tellement, peut-être autant que toi si ce n'est plus. Une inspiration. Une expiration. Quand je partirai... je te quitterai. Un murmure dans un souffle que tu exècres déjà.
Et si seulement vous n'étiez que des enfants qui pouvaient braver le temps, les responsabilités et l'âge adulte.
Yori Hayashi
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Tu te figes. Souffle coupé, associé à la désagréable sensation de sentir ton cœur s’emballer. Tes doigts se crispent, légèrement, contre sa peau.
« Quoi ? »
Tu n’es pas sûr de comprendre – tu l’es moins, encore, de vouloir comprendre. Il te quittera. Comment ? Parce qu’en soi, partir et quitter sont des verbes pouvant relativement signifier la même chose. S’il part, il te quittera forcément, physiquement. Mais s’il le précise, c’est que la signification est autre, évidemment. Le savoir est juste différent de l’accepter. D’espérer se tromper.
« C’est évident que tu vas… partir, tu prononces avec un rire forcé. Mais on va se retrouver, plus tard. C’est ce qu’on s’est dit, non ? »
C’est ce que vous prévoyez, depuis déjà de nombreux mois. Et même si tout ne se passera pas nécessairement comme vous le souhaitez – il y a même de grandes chances pour que ce soit le cas – vous pouvez au moins essayer.
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Pas encore.
Bientôt.
Et tout ton être reste collé au sien, alors que sa voix tremblante s'échappe de ses lèvres que tu as tant embrassées. Tu humes son odeur, respires contre sa gorge et tu aimerais que tout soit bien plus simple. Tu aimerais tant, Jian, qu'il n'y ait que toi et lui dans ce monde si violent ; que vous restiez ensemble, qu'importe le temps, les responsabilités et l'âge adulte.
C'est toi qui te recules. C'est toi qui mets la distance entre lui et toi. C'est toi qui vous coupe les ailes. Toi, et seulement toi. Tes doigts veulent se glisser contre sa joue, prendre en coupe son visage pour le rassurer, lui dire que tu l'attendras, mais ce n'est pas suffisant, ce ne sera pas suffisant, ce n'est pas ça qu'il faut dire, et ce n'est pas ça qu'il attend.
Alors tu fuis, Jian. Tu fuis son regard, tu le laisses se perdre sur l'horizon, et peut-être observes-tu le léger brouillard, au loin, au-dessus de l'eau sûrement trop fraîche. Comment lui dire sans que les mots le blessent ? Comment lui dire sans passer pour un égoïste ? Comment lui dire sans le faire passer pour celui qui en aura le plus besoin ? Parce que tu sais, Jian, que de vous deux, c'est lui qui aura le plus besoin de soutien. Peut-être ne le sait-il pas, ou peut-être ne l'assume-t-il pas, mais tu le sais. Tu as vécu sans lui tant de temps, à l'aimer sans demander réciprocité : tu y es habité. Pas lui.
Ton regard trouve le sien après quelques longues minutes à chercher les mots qui seront, dans tous les cas, trop cruels pour vous deux. C'est long, un an. Si long, terriblement long. Qui sait ce que l'avenir vous réserve ? Et je sais que tu... qu'on, reprends-tu dans un souffle, mais c'est un mensonge, aura besoin de soutien, de quelque chose, et je veux pas prendre le risque que tu ne le fasses pas sous prétexte que tu es avec moi. Ou comment lui dire, Jian, que tu sais que seul, il n'y survivra pas aussi bien qu'il veut bien le croire.
Yori Hayashi
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Pour une fois – et comme souvent, avec Jian – tu choisissais de laisser parler ton cœur et de préférer profiter, non seulement de chaque jour, mais de chaque minute, chaque seconde, que tu pouvais passer à ses côtés.
Pour cette raison, justement, il te faut faire preuve d’effort pour t’éloigner de lui. Reprenant appui au sol, tu t’écartes de votre étreinte, afin de plonger ton regard dans le sien – sévère, c’est sur un ton grinçant que tu lui réponds.
« A quel genre de soutien est-ce que tu penses, Jian ? »
Tu n’aimes déjà pas ce qu’il sous-entend et tu ne peux pas encore te rendre compte à quel point ce qu’il dit pourrait devenir vrai – parce que Yori, tu ne peux nier : combien de fois tu t’es perdu dans des bras, dans le seul but de trouver un peu d’affection, un peu de réconfort, quand tu en avais besoin.
« Est-ce toi qui ne te sens pas capable de supporter une année de manque ou est-ce moi que tu n’en crois pas capable ? »
Cette question, il y a déjà répondu, de son lapsus révélateur. Tu ne fais que demander confirmation à des pensées que tu aimerais ne pas savoir exister – tu n’es juste pas prêt à accepter, que cela puisse être vrai. Et ce n’est pas tant que Jian t’en croit incapable, si tu te fis à ses mots. C’est qu’il ne veut pas que tu te retiennes. C’est qu’il ne veut pas que tu te renferme pour lui. Ça lui ressemble tellement et pourtant, pourtant, tu ne sais pas ce qui est le pire.
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Est-ce toi qui ne te sens pas capable de supporter une année de manque ou est-ce moi que tu n'en crois pas capable ?
Tu serres les dents un instant avant de te détendre, de répondre dans un léger sourire, plus triste qu'il ne le devrait : J'ai déjà vécu plus d'un an à t'attendre, Yori. Peut-être tes mots sont-ils plus blessants qu'ils ne le devraient, mais c'est si vrai. Si vrai, tellement vrai. Et ce n'est pas que tu ne l'en crois pas capable, tu sais qu'il pourrait, mais qu'est-ce qu'il ferait ? Il se renfermerait, s'énerverait plus vite qu'il ne le fait déjà, et tu n'es pas sûr qu'il puisse tenir une année en renfermant toutes ses émotions, ne laissant que les négatives sortant par vagues. Je... Mais les mots ne sortent pas, restent coincés au fond de ta gorge sans que tu ne saches pourquoi. Ce serait sûrement trop cruel de lui rappeler ton attente, ton amour pour lui, ses conquêtes. Yori a aimé avant toi. Mais toi, tu n'as aimé que lui. Tu es persuadé que Yori aimera après toi.
Loin des yeux, loin du cœur.
Tu replies tes jambes, t'assois en tailleur avant de passer une main dans tes cheveux qu'il faut que tu songes à couper de nouveau. Tu détailles son visage, ses lèvres, son regard. Un an, Yori. Un an sans avoir quelqu'un avec toi ? Sans pouvoir te laisser aller comme tu le fais avec moi ? Parce que je sais que tu le feras pas, si on est ensemble, parce que t'auras l'impression que c'est me trahir. Je le sais. Je peux manquer de toi pendant un an, je sais que j'en suis capable, je l'ai déjà fait plus longtemps. Mais toi ? Un soupir, de nouveau, et ton regard s'accroche au sien. Je sais que t'auras besoin de quelqu'un, et tu ne le feras jamais si je reste... là.
Et tu aimerais lui demander de te comprendre, tu aimerais le supplier d'essayer de comprendre ; c'est si douloureux pour toi, ça l'est tellement, tellement, tellement. Tu l'as enfin avec toi, si proche de toi, et déjà, tu dois lui dire au revoir. C'est loin d'être ce que tu désires, très loin de ce que tu as toujours désiré, parce qu'il est celui que tu as toujours désiré. Alors tu aimerais qu'il comprenne. Ce n'est pas égoïste, ce n'est pas pour toi, que tu le fais, parce que si tu étais égoïste, tu n'en aurais que faire, tu le garderais avec toi, le clamerais comme tien, et qu'importe ce qu'il ressentirait, parce qu'il serait tien. Mais ton bonheur passe par le sien, ça a toujours fonctionné ainsi ; qu'importait s'il n'était pas avec toi quand il était avec Nanami, parce qu'il était heureux ; qu'importait quand il était avec Eirin, parce qu'il semblait heureux ; qu'importait quand il faisait tu-ne-savais-quoi, avec tu-ne-savais-qui, tant qu'il était heureux, même si ce n'était pas toi, tu t'en fichais, tu t'en fichais toujours. Et pourtant c'était si, si douloureux de voir ce regard amoureux qui ne t'était pas destiné, de savoir qu'il t'embrassait et que, moins d'un mois plus tard, Nanami et lui formaient le couple parfait. C'était si douloureux de le voir bousculer les élèves, la main d'Eirin dans la sienne, de le voir presser son corps contre le sien malgré les regards. C'était si douloureux de savoir que ce n'était pas toi qu'il aimait, pas d'autres. Si douloureux. Mais ce n'était pas important, s'il était heureux.
Tu détournes le regard de ce visage que tu connais par cœur, que tu pourrais voir apparaître dans ton esprit dans le moindre détail si tu le souhaitais. Tu fixes tes mains qui serrent les pans de ton pantalon et tu lâches alors, la voix étranglée dans un futur sanglot : C'est pas facile pour moi non plus. Non, ça ne l'est pas. C'est la pire chose, même... lui dire au revoir, le quitter, alors qu'il est la seule personne que tu as toujours désirée.
Yori Hayashi
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Ce n’est que lors de cette journée de juin, que tu as vraiment compris. Quand il a dit ne pas vouloir perdre ce que vous aviez gagné – mais c’est seulement ce jour, aussi, que tu étais prêt à l’entendre et à l’accepter. Et c’est seulement depuis ce jour, que tu t’en veux, de le lui avoir fait subi. De lui avoir offert des espoirs, pour ensuite les lui enlever. Et tu regretterais de ne pas avoir accepté plus tôt, de ne pas avoir été prêt plus tôt, si tu ne savais pas que toutes ces années ont été nécessaires à ce que vous puissiez réellement vous trouver.
Bras croisés, tu écoutes la suite de son raisonnement, te retenant d’agiter tes doigts – de stress, plus que d’impatience. Et tu refuses ses arguments. Tu ne les refuses pas parce qu’ils sont faux. Pas vraiment. Tu auras besoin de quelqu’un pour tout ce qu’il te décrit, mais tu ne pourras jamais te satisfaire de n’importe qui.
Tu auras besoin de lui.
« Et tu crois que je me laisserai aller avec quelqu’un d’autre ? Tu crois que j’ai besoin d’avoir quelqu’un, de cette façon-là ? Je – J’ai eu des relations. Mais ce n’était pas – »
Tu prends une inspiration, le temps de retrouver tes mots – tu hais évoquer tes sentiments.
« Je n’ai jamais été… amoureux. Avant toi. A part Nanami. Et même elle, tu sais que c’était compliqué. Et tu sais que c’est différent, maintenant. Je ne peux pas – je ne veux pas, quelqu’un d’autre. »
Ta gorge se sert et tu réprimes vainement l’émotion en le voyant, lui aussi, si prêt à craquer. Tu te doutes que ce n’est pas facile pour lui, qu’il ne veut que ton bien à toi et que, d’une certaine façon, c’est encore lui qui se sacrifie.
Tes épaules se relâchent et tes bras se nouent finalement autour de sa nuque et tu le sers contre toi en plongeant ton visage contre son cou, en inspirant son odeur.
« J’aurais vraiment l’impression de te tromper. »
Pour une fois, tu aimerais pleurer. Ne serait-ce que pour évacuer.
« Je peux pas te remplacer. »
Tu déposes quelques baisers, à la naissance de ses épaules. Et tu as les lèvres tremblantes, quand tu prononces ces mots.
« Je t’aime. »
Et tu le sers un peu plus fort, tant tu voudrais le garder là, contre toi, sans jamais n’avoir à vous séparer – quelle que soit la manière. Sans jamais n’avoir à penser aux autres. Sans jamais n’avoir à te rappeler tes parents, ni tes fiançailles, ni les sang-purs, ni même le Japon.
Sans jamais n’avoir à le quitter.
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Sa voix se brise, il reprend ses mots, et c'est si rare d'entendre Yori bégayer, tu n'en as pas l'habitude. Il est si doué avec les mots, normalement. Et tu sais que c'est différent, maintenant. Je ne peux pas – je ne veux pas, quelqu'un d'autre. Et tes épaules s'affaissent légèrement, les doigts toujours enfoncés dans la chair de ton poignet. Tu n'oses pas le regarder, tu te mettrais à pleurer. Et voyons, Jian, quel âge as-tu pour pleurer ? Tu n'es plus un enfant, voyons.
Tu le sens bouger autour de toi, puis les bras t'enlacent et il te faut moins d'une seconde pour que tes mains viennent se glisser dans le bas de ses reins, entourant ses hanches, le serrant contre toi alors que son visage vient se nicher dans ton cou. Tu fermes les yeux, l'enserres, si fort, si fort, tellement fort ; et tes lèvres veulent déposer mille baisers sur sa peau, partout, qu'importe où. Tu inspires, la respiration tremblante, les sanglots coincés au fond de ta gorge.
Tromper.
Et le mot te semble être la pire des choses qui pourrait arriver. En réalité, tu n'en aurais que faire, qu'il te trompe, tant qu'il t'aime. Tant pis, si ça le rendait heureux, si c'était la seule façon qu'il aille bien ; si son bonheur passait par d'autres que toi et par toi en même temps, tu l'accepterais. Tu accepterais tout, tout, tout, pour lui. Je peux pas te remplacer. Je veux pas que tu me remplaces. Tu retiens de justesse le sanglot, les larmes ; ta voix est si tremblante que tu te demandes comment tu retiens encore le barrage.
Tu sens les baisers sur ton épaule, proches de la naissance de ta gorge. Et tu l'enserres encore, l'étreinte se faisant trop forte. Je t'aime. Et il te le dit si rarement, et vous vous le murmurez si peu souvent. Tu déglutis, inspires, expires, mais le souffle se transforme, et tu rejettes légèrement la tête en arrière pour retenir les larmes qui s'accumulent aux coins de tes yeux. Une main abandonne son dos, vient essuyer d'un revers de manche les perles salées. T'es si bête, Jian. C'est toi qui fais l'annonce, et c'est toi qui pleures ? T'es vraiment le pire. Le pire.
Inspiration, expiration. Un souffle, puis deux, et trois. Il te faut quelques instants pour retrouver ta voix, pour retenir les pleurs qui s'échapperaient si un son sortait de ta bouche. Puis tes lèvres viennent se déposer sur sa tempe, y déposer un baiser. Humide. Ah. Finalement, les larmes ont quand même coulées. Traîtresses. Je t'aime. Tellement, tellement, tellement. Et tes bras l'enserrent encore, alors que tu regardes l'horizon derrière lui. Parce que quand tu fermes les yeux, Jian, tu imagines un futur où vous êtes heureux.
Yori Hayashi
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Tu ne peux en vouloir à Jian, quand ses yeux sont ainsi embrumés, ni quand il te sert ainsi contre lui, ni quand il avoue enfin ce qu’il souhaite – ou ce qu’il ne souhaite pas. Et tu espères qu’un jour, il osera dire que tu lui appartiens et qu’il ne laissera personne d’autre te toucher – car malgré ta répugnance à te sentir prisonnier, tu sais qu’avec lui, ta liberté n’est pas réellement en danger. Et il y a tant de choses que tu aimerais de Jian, mais pas le temps nécessaire à les voir se réaliser.
« Je ne peux pas te remplacer, tu répètes. »
Comment le pourrais-tu, même si tu en venais à le vouloir ? Personne ne pourrait avoir ce qui fait que Jian est le premier amour que tu as accepté. Et peu t’importe cette étreinte un peu trop forte, surement bien trop désespérée. Peu t’importe de lâcher tes dernières barrières avec une déclaration trop peu souvent avouée. Peu t’importe de te sentir si prêt à craquer – comme s’il ne t’avait jamais vu pleurer. Tu as besoin de te fondre en lui, contre lui et t’assurer qu’il n’est pas encore parti.
Je t’aime. Et ses larmes effleurent ton visage. Et tu colles ton front au sien, glissant ton nez contre le sien, caressant ses joues de tes mains, effaçant ses pleurs de tes doigts.
« Je te rejoindrais. »
Tu en ferais le serment inviolable, s’il te le demandait. Ainsi, si ce sont tes parents qui t’en empêchent, tu n’auras même pas à trouver une échappatoire : c’est le serment qui t’emportera. Et ça sonne comme l’une des meilleures solutions, à tes yeux.
« Regarde-moi. »
Reste avec moi, ne me lâche pas, aime moi.
« Est-ce qu’on peut oublier ça, pour le moment ? »
Ça ne te ressemble pas tant, de demander à fermer les yeux sur un sujet. Taire la vérité, la remettre à plus tard. Et en même temps, ça te ressemble tellement.
Tu veux seulement profiter encore de ces semaines à passer ensemble, de ces derniers mois en sa proximité, de ces jours à essayer d’oublier les difficultés. Ne garder, pour une fois, que les bons côtés – c’est déjà assez difficile, de s’y tenir.
Et juste, juste, pouvoir encore l’aimer
Invité
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SO MUCH LOVE THEN ONE DAY BURIED
27.11.96
27.11.96
Ses pouces effacent les perles humides et salées. Je te rejoindrai. Et il y a une coupure dans ta respiration. Il en est si sûr, mais il ne sait pas, il ne sait pas ce qu'il peut arrive, sur qui il peut tomber, de qui il peut tomber amoureux. Il ne sait pas.
Regarde-moi. L'ordre te fait soulever les paupières, plonger ton regard dans le sien. Tu ne sais pas quoi dire, tu ne sais même pas s'il attend que tu lui dises quelque chose. Est-ce qu'on peut oublier ça, pour le moment ? Et tu restes là, à le regarder, à ne pas bouger avant de hocher légèrement la tête, te raclant la gorge : Oui. Oui, pardon. Et tu essuies d'un revers de manche tes joues avant de calmer le plus possible ta respiration. Tu tentes dans un rire forcé : J'ai un peu plombé l'ambiance, hein ? Et tu glisses ta main dans la sienne, baissant le regard, sans trop savoir quoi rajouter.
Et dire que tu voulais simplement profiter de cette journée, comme d'un moment d'éternité.
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