Après avoir reçu l'origami de Maiko, j'avais tout planté là pour aller la rejoindre. Je lui avais dit que j'arrivais. C'est seulement en chemin que je me demandais ce que je pourrais lui dire. Il fallait que je lui parle de l'oiseau que j'avais envoyé le jour du tsunami. J'ignorais si l'oiseau avait eu le temps d'être assez loin de l'ile pour ne pas se faire pièger dans le dôme, ou bien avaler par les vagues. Je l'avais envoyé avant même que la terre ne commence à trembler. Plusieurs minutes avant. Il y avait donc des chances que ma mère ait reçu la lettre. Mes doutes.

Et maintenant, ma fiancée voulait me voir. Pourquoi m'étais-je empressé ? Je ne savais pas. Je commençais à avoir une boule dans le ventre. J'aurais du prendre mon temps. Non. Il fallait qu'on parle. Cela faisait depuis novembre qu'on ne s'était plus adresser un mot.
De toute façon, vu que nous étions coincé, tant qu'on ne pourra pas sortir, il n'y aurait aucun mariage. A quoi bon ? Nous étions dans une cage aquatique. Coupé du monde, des traditions, de nos familles et de leurs attentes. Une sorte de liberté donnée dans un monde sous marin.

Arrivant au lieu de rendez-vous, je cherchais la demoiselle du regard. Une fois aperçue, je m'approchais d'elle. Respire. Elle voulait te voir. Elle n'allait donc pas te crier dessus comme la dernière fois. Par contre, ce qu'elle voulait me dire, c'était une tout autre affaire.

-Bonjour Maiko. Tu voulais qu'on discute ?

Chaque chose en son temps. J'allais d'abord l'écouter. Après, je lui dirais peut-être pour l'oiseau.

Il en fallait beaucoup plus pour que je la déteste simplement parce qu'elle avait fait une crise. J'étais plutôt soulagé qu'elle comprenne mes actes. Je souris alors qu'elle baissait la tête et ses rougeurs.

-Ne t'en fait pas pour ça. Je n'en avais pas l'air, mais je n'en menais pas large.

Et je n'en menais toujours pas large.

-J'étais complètement perdu aussi. C'est seulement le lendemain que j'ai pu me calmer en retrouvant mon meilleur ami.

Car en parler faisait du bien. Car faire d'autres choses aidaient. Car être avec des gens qu'on apprécie est toujours bénéfique.

-Mais du coup, je suis heureux de pouvoir parler avec toi à tête reposée. Ta famille est si horrible avec toi que tu avais si mal pris la nouvelle ? Ou c'est juste que tu ne pensais pas que ça viendrait si vite ?

Pour ma part, c'était plutôt la vitesse. Je me doutais bien que dans le temps, on connaissait son ou sa fiancée bien avant, déjà dés l'enfance très certainement. Mais les temps changeaient. Sauf pour les familles de sang-pures attachées aux traditions, apparemment. Enfin, au moins, on avait eu droit à avoir la « surprise » ô combien joyeuse.

Je m'approchais d'elle en voyant une larme rouler sur sa joue. J'avais posé la mauvaise question, apparemment. Elle ne me laissais pas le temps de l'essuyer car elle le fait elle-même. Je détournais la tête.

-Désolé, je ne voulais pas te . . . mettre dans l'embarras.

Ce n'était pas mon but. Je n'avais pas voulu la voir pleurer. Je tourne à nouveau la tête quand elle répète des mots semblables à ceux que je lui avais dit. Elle avait donc écouté, elle avait donc retenu. J'avais dit cela, mais au final, je n'étais pas sûr. Tout dépendant de nos familles. Je doutais que la mienne soit d'avis qu'elle garde son nom. Mon père voulait très certainement des petits enfants, des héritiers futurs, des Miura. Mais qu'en était-il de la famille Kondo ? Si ces fiançailles ont été décidées, c'est que les uns et les autres sont satisfaits et ont trouvé un accord.

-Oui, c'est ce que je t'ai dit. Je ne peux rien te promettre avec certitude, mais je pense que, pour une fois, je serai du même avis que mon père. Surtout si ça peut t'aider. Et pour ta liberté . . .

Elle semblait vraiment y tenir et la chercher. Rien n'était sûr et pourtant je parlais avec assurance.

-Si ce n'est pas le cas, je t'emmènerai dans un endroit où ils nous laisseront tranquille.

Une fuite en amoureux, n'était-ce pas mignon ? Mais . . . En amoureux vraiment ? Je ne connaissais pas Maiko plus que cela, et pourtant... J'avais envie d'essayer de tomber amoureux d'elle. Simplement parce qu'on nous avez dit « vous vous marierez ». C'était débile. Et pourtant... J'avais du mal à me comprendre moi-même. Délicatement, je lui pris les mains et me penchais sur elle pour lui embrasser la joue. Je n'étais pas prêt à faire plus. Je ne voulais pas me ramasser une gifle. Pour l'avoir vue bien en colère, je la savais capable.

-Je suis certain qu'on trouvera comment avoir ta liberté.

Quitte à ce que je m'enferme moi-même.

Elle était adorable avec le rouge aux joues. Je gardais ses mains dans les miennes encore un peu, frottant doucement le dos de ses mains avec mon pouce.

-Ne t'en fait pas. Ce n'est pas toi qui fera que j'ai des problèmes avec ma famille. Je m'en procure très bien tout seul.

Je lui lâchais les mains pour reculer et aller m'asseoir sur un banc incrusté de verdure que d'autres étudiants avaient dû construire là, il y a longtemps. Je lui fis signe de venir s'asseoir avec moi, enfin, si elle le voulait bien sûr.

-Mon père est fort strict et très conservateur de ses valeurs traditionnelles. Il y a eu plus d'un séisme entre lui et moi. Mais j'ai décidé de me calmer un peu. Je ne pourrais pas le changer maintenant, mais quand je serais devenu le chef de la famille, je pourrais faire une transition douce. Enfin, j'espère...

Dans mon esprit, ça semblait facile. Je savais cependant que ça allait être loin d'être le cas.
Je lui parlais un peu de ma famille pour qu'elle puisse savoir où elle allait mettre les pieds.

-Heureusement, ma mère est déjà plus ouverte.

Je disais ça avec un sourire. Si je devais choisir mon parent préféré, il n'y avait pas photo, c'était ma mère.

-Mais dit-moi, tu aimes quoi ?

Une question vaste. Un changement de sujet. Nos familles, c'était bien, mais ce n'était pas nous. Je voulais la connaître mieux. Alors ... C'était une question comme une autre d'en apprendre davantage, non ?