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viridity (hotaru)
Kayo Awataguchi
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Citation : dans l'attente du printemps éternel
Age : dix-sept ans
Rang : C3
Seimei
Seimei
Kayo Awataguchi
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1239-d-or-et-d-azur
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1392-sauvage-kayo
Kayo Awataguchi
naive innocence
L’après-midi touche à sa fin, de même que les heures de cours, bien trop longues et ennuyeuses selon Kayo. Le demoiselle ne rêvait que de la fin des classes, et aurait autant aimé être quelque part, n’importe où, ailleurs et loin d’ici, à s’affairer dans la serre, par exemple. Son corps tout entier réclame un répit qu’elle estime bien mérité - ironique quand on sait qu’elle a passé la journée à rêvasser - et d’un revers pressé du bras, elle fait glisser toutes ses affaires dans son sac. Sur son chemin pour les quartiers des kitsune, elle entreprend finalement un détour et avale les marches quatre à quatre jusqu’à la salle de jeu. Ses membres se délient peu à peu, et la demoiselle, d’humeur jouette, part en quête d’un peu de compagnie et d’amusement. Là-haut, elle fait coulisser la porte pour ouvrir la pièce sur quelques groupes qui auront su s’y ruer avant elle déjà. La demoiselle n’observe, toutefois, à regret, aucun camarade de sa connaissance et, dans un souffle dépité, se tourne vers une table de billard qu’elle considère avec curiosité - après tout, elle n’a jamais appris à y jouer. Les rares fois lors desquelles elle s’y est amusée, elle se contentait de pousser les boules de manière hasardeuse. Elle hausse les épaules et s’attache à faire de même, exagérant chaque geste, un air concentré gravé sur le visage. Une concentration toute fausse, semble-t-il, puisqu’il ne faut pas plus qu’une porte qui s’ouvre pour happer son attention, et c’est un sursaut de joie qui l’éprend cette fois : Hotaru ! Elle agite la main dans sa direction, heureuse de reconnaître une tête, et pas n’importe laquelle. Hotaru ! Son sourire s’élargit et elle se jette sur lui, tirant le garçon par le poignet jusqu’à la table de billard. Dis, tu sais jouer au billard ? J’ai jamais appris les vraies règles. Dans un haussement d’épaule, elle considère le dit jeu, avant de reposer son regard sur son tendre ami. Sinon, je t’apprends mes règles ! Indice : j'en ai pas. Puis, prenant appui sur la table, le menton entre ses deux mains : Ah, pardonne-moi, je t’ai même pas demandé : comment tu vas ? Ses pupilles amusées se plantent dans celle du garçon : ah, quelle joie de le trouver ici.


Kaien Tsukiyomi
viridity (hotaru) 40923eaea96611fbd0cf54fe9b9a7a89d65bbf4e
Citation : No mind to think. No will to break. No voice to cry suffering.
Age : 17 ans.
Rang : -
Ryujin
Ryujin
Kaien Tsukiyomi
https://mahoutokoro.forumactif.com/t2004-if-theres-hope-then-lets-move
https://mahoutokoro.forumactif.com/t2074-glycine-celeste
Kaien Tsukiyomi
Une envie de détente, c’est cette pensée qui avait poussé son corps à se mouvoir. En de telles journées, Hotaru aurait passé son temps au lit à relire une énième fois ses livres de conte favoris, à défaut d’avoir le talent d’en écrire la suite. L’imagination, disait l’un d’eux, venait avec l’amour profond de la création. Pour l’instant, la seule chose qui venait de ses lectures répétées, c’était une triste mélancolie, comme si, à mesure que la suite des mots lui devenait naturelle, l’histoire s’inscrivait un peu plus en lui.

Enfin, ce n’était pas la seule chose - l’envie de pisser, elle aussi, découlait souvent de ses heures de lecture. Hotaru lança son livre sur son lit - il retrouverait la page, de toute façon - et soulagea son arme à feu semi-automatique, non sans un certain plaisir. Une fois les mains propres, il observa son recueil d’un oeil torve et décida de quitter les lieux. Une envie de détente, c’est ainsi qu’il dériva jusqu’à la salle de jeux dont il poussa la porte d’un coup de pied, tentant de reproduire l’indomptable charisme d’un cow-boy recherché.

Le problème, en dehors de son corps de lâche et de sa gueule d’ange, c’est qu’il n’avait pas plus le chapeau que le charisme de l’individu, et son action snobée se solda par une douleur à l’orteil qu’il se jura de soigner plus tard.

Et puis, Kayo était là : elle vint à sa rencontre presque immédiatement, et il laissa ses traits fondre d’une affection toute particulière, pour une amitié de si longue durée. Il y avait peut-être autre chose, derrière tout ça - l’étincelle d’un sentiment différent, plus fort et si terrifiant dont il refusait la présence.

Le billard ? C’est mon domaine, ironisa-t-il alors, noyant comme toujours, les incertitudes dans l’opacité d’un humour évasif. Il ne tenait qu’à lui de maintenir les apparences : ce n’était pas un mensonge, du moins, pas vraiment, car il faisait tout pour les rendre réelles.

Ainsi, à terme, il transcrirait cette indifférence avec sincérité, comme s’il n’avait jamais été qu’une coquille vide douée d’humour et de bon sens. Moi ? Err, ça va, tu sais, ça va toujours. Il haussa les épaules, glissant ce petit rictus amusé qui coupait court à toute interrogation. Le billard, hein… laisse-moi te montrer. Il attrapa l’une des queues (lol) posée sur le bord du terrain et la fit tournoyer, dans un pur désir de frime, avant de se placer près de Kayo. Choisis la boule la plus moche. On va dire la rose. Tu- ah, y’en a pas. Bon, la jaune, là, tu la vois.

Il se pencha sur la table, et, avec la queue qu’il tenait à l’envers, se mit en joue à proximité d’une boule blanche.

Le but c’est d’envoyer toutes les boules dans la plus moche pour lui marav’ sa tête. Un point bonus si elle tombe dans le trou, dix si elle est explosée loin du terrain. Regarde.

Un coup sec et précis, qui envoya la boule choisie au hasard (rouge) en direction de la Boule Moche (la jaune). Bien entendu, si elle ne l’avait pas survolée, le geste aurait été parfait - au lieu de quoi, la boule cogna le bord du terrain, le plafond et s’écrasa quelques mètres plus loin, comme un kangourou unijambiste.

Si je peux me permettre, c’était pas l’objectif de base.
Kayo Awataguchi
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Kayo Awataguchi
naive innocence
La monotonie latente de cette fin d’après-midi promet d’être vite balayée : Hotaru est là, après tout. Kayo aime l’observer, dans toutes ses extravagances, ses rictus impénétrables et ses haussements d’épaules répétés. Oh, elle ne cherche pas à l’interpréter, encore moins à le comprendre, jamais. L’enfant se contente de poser son regard sur les traits fins du garçon et de le laisser la divertir un peu et enchanter le reste de sa journée. Peu de réflexion vient entacher son attachement aveugle pour le garçon, son tendre et cher ami de toujours ; seule la naïve innocence dont elle est empreinte semble la guider dans ses actions. D’ailleurs, quand elle y pense, elle ne parvient jamais à se remémorer leur première entrevue, comme si le garçon avait toujours fait partie intégrante de la toile de son existence, y inscrivant sa place comme il aura poussé la porte aujourd’hui, avec force fougue et fracas, dans cette attitude tout singulière qui n’appartient qu’à lui.

Kayo ouvre de grands yeux lorsqu’il explicite être un professionnel dans le domaine du billard, la bouche entrouverte, le corps tout entier dans l’attitude de celle qui brûle du désir de le voir à l’oeuvre. Et tu me cachais ça ! Elle croise les bras, les lèvres boudeuses pour une maigre seconde uniquement. Tu ne devrais pas me cacher des choses comme ça, Hotaru. Alors, tandis que le garçon se met à l’oeuvre, Kayo le regarde faire avec toute la crédulité du monde, puisqu’elle ne saurait certainement pas distinguer l’avant de l’arrière de la queue de toute manière, et que l’idée d’atteindre les boules les plus hideuses lui semble somme toute assez convaincante et lourde de sens. Toutefois, elle s’offusque quand il suggère que la boule rose, si elle existait, serait la plus laide. Quand le garçon parvient, avec brio (ou pas), à sortir la rouge du terrain, manquant probablement d’assomer un élève ou deux, Kayo étouffe un cri mêlant stupeur et admiration (il avait dit 10 points, après tout).

La demoiselle se précipite derrière la boule, la saisit avant de se retourner vers Hotaru, la brandissant fièrement vers le plafond. Gotcha ! Revenant sur ses pas, toutefois, un doute la saisit : Mais… c’est pas un peu dangereux de jouer comme ça ? Elle grimace en jetant un regard autour, avant de se hisser (sacrilège), sur le bord de la table de billard. Peu importe ! A mon tour ! Elle saisit une queue, se tortille pour faire plus ou moins face à la table, dans une posture on ne peut moins professionnelle et adaptée à un tir qualitatif, tend le bâton vers une boule bleue, l’oeil vif et concentré sur la verte. Pourtant, malgré tous ses efforts (c’est à dire peu d’efforts, au final), Kayo manque perdre l’équilibre, la queue finit par déraper et la bleue roule misérablement sur quelques centimètres sans même effleurer l’autre. La jeune fille soupire longuement, avant de lancer un regard implorant à Hotaru. On dit que ça compte pas ? Et que t’as rien vu. Échec.

C’est alors que, tendant la queue vers Hotaru comme pour le menacer d’oser prétendre avoir vu tout ceci, une idée (mauvaise), illumine son esprit. Tu crois… tu crois qu’on peut s’en servir comme des sabres ?


Kaien Tsukiyomi
viridity (hotaru) 40923eaea96611fbd0cf54fe9b9a7a89d65bbf4e
Citation : No mind to think. No will to break. No voice to cry suffering.
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Ryujin
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Kaien Tsukiyomi
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Kaien Tsukiyomi
S'il avait su que ce bonheur lui échapperait.
S'il avait su que le bonheur des jours tranquilles, d'une vie loin de sa famille aussi égoïste que toxique, s'il avait su que ses jours meilleurs disparaitrait.
Pas de suite. Ni demain. Mais bien plus tôt qu'il ne l'aurait pensé.

Hotaru avait toujours eu peur du futur. Peur de perdre les autres, de voir son frère s'éloigner, son cousin le rejeter - que son père, pour un coup de trop, fasse craquer sa nuque et qu'il ne puisse s'en relever. Hotaru avait peur. Peur de son passé, peur de ce qu'il deviendrait jusqu'à ne pouvoir qu'apprécier l'instant - et ses rires, son humour ne servait pas qu'à se détourner des larmes.

Hotaru pleurait, plus qu'il ne voulait bien l'avouer. Hotaru pleurait, et ses émotions se déversaient sans détour, sans regrets, sans que jamais il ne puisse penser que les choses aient tourné autrement. Trop émotif. Trop humain, trop habitué à la froideur pour ne pouvoir en ignorer l'antipode. Certaines personnes plus que toutes autres, Kayo parmi elles - et sa présence, leur instant partagée ; ces jours heureux, insouciants et bien vite oubliées.

Hotaru était certain que lui, ne se lasserait pas de s'en rappeler.

Le bonheur, plus que tout, lui était nécessaire. Car Hotaru vivait ses émotions.
Un peu trop, peut-être.

Purée, t'es plus nulle que moi, je pensais pas, ricana-t-il avec un sourire en coin, et il prit sa propre -nouvellement définie- arme pour engager un duel avec son amie. Très franchement, Hotaru n'avait jamais été le boss de la classe, quand on parlait de performances physiques. Il était le genre à trébucher sur un caillou, respirer fort à mi-chemin des escaliers et remplacer tout effort physique par une irrépressible envie de dormir.

D'ailleurs, souvent, il n'y résistait pas - il comptabilisait certainement la moitié des heures de sommeil de l'école, à lui seul. À force de dormir sur sa table, il avait essayé d'amener son coussin en cours : l'intention, bien que courageuse, lui avait valu une retenue bien méritée. Ce qui l'avait le plus agacé pourtant, ce fut l'allée retour nécessaire pour ramener son coussin dans sa chambre.

En garde ! lâcha-il en français. On m'appelle le puissant baguette. J'ai parcouru le pays à la recherche d'un adversaire capable de suivre mon niveau. Hélas... Il recula d'un pas et tenta un coup ridiculement lent sur le flan, bloqué sans grande difficulté. Si Hotaru avait un minimum de compétences en sabre, c'était probablement pour l'investissement qu'y avait mis son père. ...Personne n'est aussi nul que moi.

Triste vérité.

Tout connard qu'il soit, il l'avait aidé à progresser - ce qui n'était pas difficile, compte tenu qu'il avait le niveau d'un nourrisson sous alcool. Sans doute que le paternel voulait éviter la pire honte de toute une décennie, en l'aidant à quitter son niveau abyssal de nullité.

Cependant, si toi tu en es capable, j'accepte de te payer un repas avec ton propre argent. Qu'en dis-tu ?! BAGUETTE !

Il tenta un nouveau coup, de haut en bas, et glissa dans son élan pour se rétamer sur le sol, sonné durant un instant avant de pouffer de rire. Sans doute que oui, il était imbattable dans cette discipline d'échecs.
Kayo Awataguchi
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Kayo Awataguchi
naive innocence
Tendres sont leurs aventures enfantines. Il suffit de peu pour qu’en quelques gestes et quelques paroles hasardeuses les enfants se jettent à corps perdus dans des histoires insensées, dressent le décor de péripéties nouvelles ; peut-être forcent-il le trait aussi, parfois, pour ne pas trop songer à la lourde nappe d’un bleu profond qui les surplombe, pour ne pas trop suffoquer en penser aux étoiles que l’on n'aperçoit plus. Alors, ils transforment le royaume des abysses en un royaume de rires lumineux comme si de rien n’étaient - Hotaru rit, Kayo aussi.

Si toute personne douée d’un tant soit peu de sens aurait rejeté l’idée de façon catégorique, le garçon, sans surprise et au plus grand bonheur de la demoiselle, la prend au mot lorsqu’elle suggère un duel. Son français la prend par surprise - en qu- - et prise d’un fou rire difficilement contrôlable, elle se positionne pour parer son coup, ses petits doigts fermement serrés autour du bâton : un éclair de fierté brille dans ses pupilles avant qu’elle ne réalise que le coup en question était fichtrement, et volontairement, lent. Ah ! c’est un duel à la gloire du plus médiocre. Méfie toi, je pourrai peut-être te battre cette fois. Ainsi, elle le provoque, tentant vainement de garder un air sérieux. Les rides amusées au coin de ses yeux et les commissures de ses lèvres la trahissent pourtant. La suggestion de la part d’Hotaru d’un repas à la clé semble plaisante un instant, mais l’intuition de Kayo lui intime que quelque chose ne tourne pas rond dans sa proposition, et avant qu’elle ne comprenne finalement quoi (avec mon propre arg-), Hotaru est déjà au sol sans qu’elle ait eu le temps de réagir. Triche, y’a triche ! Elle point son sabre de fortune vers la poitrine du garçon, les joues gonflées. T’as fait exprès de perdre avoue, tu peux pas être aussi nul... Puis, dans un sourire, elle lui présente finalement sa main libre afin de l’aider à se redresser. Tu me revaudras ça, Ueda. Ce n’est que partie remise. Taquine, elle qui n’aurait pas cru un jour se battre au nom de la faiblesse, l’enfant s’interroge déjà sur sa vengeance à venir - et même si ce n’est pas pour aujourd’hui, elle tâchera de pas oublier. Ah, je suis sûre que tu n’es même pas si mauvais en plus… Elle soupire, observe le garçon un instant, les yeux plissés et un sourire en coin, avant de reprendre. Quoiqu’il en soit, tu remportes le billard et le sabre. 2-0, je m’incline et me rends. A ces mots, elle s’incline et fait mine de soulever une robe qui n’existe pas, un pied devant l’autre, maladroite imitation de ce qu’elle pense encore être le monde en europe à l’heure actuelle.


Kaien Tsukiyomi
viridity (hotaru) 40923eaea96611fbd0cf54fe9b9a7a89d65bbf4e
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Kaien Tsukiyomi
J’ai gagné, dit-il dans un gloussement, et ses yeux ne la quittent plus alors qu’elle peste de mauvaise foi, allant jusqu’à l’appeler par son nom de famille. L’attention lui vaut un rire étouffé et il lui adresse un clin d’œil tandis qu’elle présumerait d’un quelconque talent.

À vrai dire, Hotaru n’était pas si mauvais : il pouvait tenir debout avec un sabre, faire quelques mouvements de base qui ne nécessitaient pas un certain montant de force ni un peu d’équilibre. Sa nullité extravagante en balai lui avait valu de craindre les hauteurs, allant jusqu’à redouter de se lever le matin… ou était-ce par pure fainéantise ? L’un dans l’autre, ses notes ne progressaient pas, et toute la violence d’une famille irresponsable ne suffisait pas à motiver un gamin de 15 ans à se motiver dans l’apprentissage des armes blanches.

Le sabre, pensait-il, n’était pas fait pour lui. Pour quelqu’un qui se refusait à décortiquer son poisson, il lui semblait dérisoire de s’imaginer capable de se défendre avec une lame.

Étant le plus nul, j’ai donc une punition.

Il dressa le menton, fier, répondant au geste par une courbette, main sur le coeur, faisant mine de retenir un chapeau imaginaire de l’autre. Une fois encore, il manqua de pouffer de rire, une délicatesse attention qui perturba sa respiration jusqu’à lui provoquer une soudaine toux.

L’air fier, comme si rien n’était arrivé, il s’avança sur la pointe des pieds - sans doute pour imiter la grâce des aristocrates dont il était une piètre représentation, ou pour se grandir - et, avant de lui tendre la main, précéda son geste d’une vrille. Sa tête s’inclina avec une fluidité de mouvement qui le surprit lui-même, comme si son corps de buffle avait, en définitif, un minimum de délicatesse à se découvrir.

Je dois te payer un repas avec mon argent. Aucune contestation, suis-moi.

Il lui tira la langue et, pour l’empêcher de se dérober, attrapa sa main avant de courir vers la sortie des lieux.
Croyant entendre quelques protestations, ou peut-être étaient-ce les pigeons alentours, car il n’y prêtait pas attention, Hotaru crut presque se fendre d’un NANANA J’ENTENDS RIEN - un ridicule dont il n’avait pas honte. Lorsqu’enfin, il sentit qu’elle accepterait cette invitation forcée, ou du moins renonçait à s’en soustraire par la force, il la lâcha et entreprit de marcher à ses côtés.

Ça va, c’est juste pour une glace ! Haussement d’épaules en parallèle d’un petit sourire, il voulait avant tout s’assurer que la situation ne la gênait sincèrement pas. C’est là qu'il s’attarda sur son visage - et il manqua une respiration alors qu’il remarquait, une fois encore, comme il la trouvait jolie.

De culpabilité, son visage se détourna un peu abruptement. Ça n’irait jamais aussi loin. Ça ne devait pas aller aussi loin ; leur amitié était plus importante que ces sentiments véloces dont il ne croyait même pas en l’exactitude. Il trouva réconfort en un soupir silencieux et presque trop naturellement, caressa cette voix si lourde de mensonges qui sonnait si légère :

Ton amoureux te pardonnera.
Kayo Awataguchi
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Kayo Awataguchi
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De minuscules étoiles forment un firmament de bonheur à l’aube de ses iris ; Kayo glousse souvent et rit d’autant plus, et ses éclats de rire résonnent à l’infini à l’ombre de sa cage thoracique. Elle a toujours trouvé plaisante la compagnie d’Hotaru, peut-être est-ce parce que sans même sans rendre compte elle apprécie ce regard qu’il pose sur elle, cette attention toute particulière qu’il lui accorde. Son aveuglement n’a d’égal que sa joie non contenue en cette fin d’après-midi, et si elle proteste tout d’abord lorsque Hotaru la saisit par la main en suggérant de lui offrir pitance en gage de sa médiocrité, la jeune fille finit par céder et se laisser traîner à sa suite, non sans un sourire amusé face à l’attitude soudainement assurée du garçon qui ne la laisse proférer nulle contestation.

La proposition d’une glace, tandis que leurs doigts se détachent, achève de conquérir son coeur (ou plutôt son estomac). L’esprit soudain trop occupée par des considérations sur le parfum qu’elle choisira, elle ne remarque pas l’attitude d’Hotaru, son regard qui s’attarde un peu trop longtemps sur son visage avant de se détourner. Elle lui rend un sourire, et abdique : J’imagine que je peux accepter une glace.

La remarque d’Hotaru, toutefois, la surprend. Elle l’observe d’un air interloqué, les sourcils levés, puis ne peut se retenir de rire doucement à cette idée. Mon amoureux ?, relève-t-elle. Son regard se perd un instant à l’horizon, pensive, avant de se reporter sur le garçon. Un air de malice redessine les traits de son visage. Oh, oui, je suis sûr qu’il me pardonnera ! Après tout il n’existe pas. Kayo n’a connu que peu d’aventures, s’est toujours complue dans des relations plus amicales que passionnelles. Peut-être elle-même ne cherche-t-elle pas tant que ça à s’engager dans des histoires sentimentales, après tout. L’idée que Hotaru puisse la croire ainsi en couple la surprend tant qu’elle se persuade qu’il se moque d’elle, et elle se prend au jeu sans se douter que peut-être elle seule y joue. Et puis ce n’est qu’une glace.

La voilà qui se tourne soudainement vers le garçon, se hissant quelque peu sur la pointe des pieds, afin de venir déposer un rapide bisou sur le haut de sa pommette. Merci d’avance ! L’air de rien, elle reprend sa place à ses côtés, le pas nonchalant et l’air serein. Tandis que les deux se font proches de leur destination, c’est cette fois Kayo qui glisse son bras sous celui d’Hotaru en pressant un peu le pas, ne dissimulant plus sa hâte d’être à destination. Tiens, tu en as une, amoureuse, toi ? Son esprit vogue d’une idée à une autre, et soudain la réalisation qu’elle n’avait jamais abordé le sujet avec lui la saisit. Bien décidée à tout savoir sur sa vie sentimentale, elle lui décoche un large sourire, le regard inquisiteur.


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Ils partent à l’aventure, son esprit à la dérive, dans le déni de la vérité cassante qu’elle s’apprête à abattre. Hotaru joue des sourires, formule ses désirs, secoué par l’adrénaline de l’instant, le parfum bâtard d’un choix cornélien. L’instant lui parait trop beau parce qu’il a tourné le dos à l’essentiel, et à cette question miroir, il précède le mensonge d’un soupir fier, comme une évidence.

Carrément que j’en ai une, ouais.

La main droite de papa, cruelle pensée à brûle-pourpoint qui décoche les gloussements jaunes du visage battu d’un coeur abattu. Et aussitôt, Hotaru ne semble plus vouloir se battre, tant tout lui semble affreusement cruel, qu’il en a assez d’espérer que cette souffrance insatiable n’ait autant le désir de le faire basculer. Et lui, à terme, finira par tomber : c’est une évidence fataliste qui s’impose et étouffe les étincelles virevoltantes de cette liberté à laquelle il ne cesse de rêver.

Il nage dans la torture permanente d’un bonheur auquel sa vie adulte coupera court. Si seulement ce n’était qu’elle, il se laisserait dépérir, automate au coeur meurtri, mais son futur semble n’être fait que d’un malheur que l’on n’a cesse de lui claquer au visage. Et à force, c'est toute cette bulle d'un bonheur parfois euphorique qui se verra éclater en même temps que ses arcades gonflées par la violence d'une vie de famille ratée. La sensation souvenir de sa peau engourdie se superpose au frisson du baiser, et ses yeux réagissent d’eux-même, clignotant comme un sapin de Noël.

De surprise, par une habitude atone qui semblait imperméable à l’idée seule du bonheur, il s’était résolu. De logique, comme la déduction sèche d’une estime rompue par le bruit des os craquelant, il s’était persuadé de ne rien mériter. Ses yeux brillent, vifs d’une tristesse qu’il se laisse à déborder - et quelques cristaux s’écoulent, enveloppés par le vent, alors qu’il s’exhorte à reprendre contenance.

Pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait, de l’agréable douceur de leurs bras noués à cette proximité chaleureuse - il a envie de la remercier. Et plus, ose-t-il à imaginer, gorge obstruée d’une déglutition amère de désillusion, il crève d’envie de l’embrasser. Et s’il pouvait s’en tenir là - figé dans un élan qu’il associerait presque au courage, à l’affut de sa propre décision. Sans savoir qu’encore une fois, fatalement, il se dégonflerait - si cet instant pouvait durer, il en cultiverait inlassablement le bonheur.

Mais la vie était ainsi faite : de cette suite permanente d’amertume à laquelle Hotaru crevait d’envie de mettre fin, parfois. Et il restait figé, car la sensation transperçante de solitude lui tortillait les entrailles et il ne pouvait risquer de briser l’illusion d’une agonie qu'il estimait tant mériter.

Il avait froid, le désespoir engendré par la vue des eaux dressées lui semblait immuable, le monde s’écroulerait bientôt sur leurs misérables petites existences et la fin ne serait que le point final d’une conscience stérile ; la mort guettait, comme l’absurde conclusion à tant de divagations vides de sens et Kayo aimait déjà quelqu’un.
En écho à cette finalité, il se passionna par la sensation étonnement plaisante d'un coeur ployant vers le désespoir qu’il n’avait que trop longtemps éludé.

Mais je crois qu’elle en vaut pas la peine. Puis, je préfère quelqu’un d’autre.

Un coup de langue sur la glace qu’il tient de son bras libre, il se refuse à lâcher son bras tant qu’elle n’en aura pas exprimé le désir. Si factice que soit la joie qui se trace dans le désert aride d’une vie étriquée au malheur, il s’y accrochera, répugnant l’alarmante pensée d’une dépendance aux autres, à elle ; comme s’il devenait, au regard de ses liens grandissant, l’esclave des sentiments dont il s’était juré d’ignorer l’importance.

C’était une promesse, fut un temps : celle de vivre de lui-même, habillant les malheurs dans une comédie pathétique dont les actes n’avaient pas d’intérêt - car tous n’en retiendraient qu’un final abrupt, qui muerait toute l’entité de son monde en simple tragédie.

On s’en fout. De toute façon, j’aurai un mariage arrangé, alors qu’est-ce que ça peut faire ?

Et qu’il ne se lassait, entité en perdition, de refouler les tremblements de ses lèvres si désireuses d'en appeler à l'aide.
Kayo Awataguchi
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naive innocence
Fleur gorgée de soleil, Kayo se complait aveuglément dans les bras de la tendre insouciance qui l’habite. Qu’il paraît simple son petit univers, lorsqu’elle étend ainsi ses sourires vers l’infini et cette sensation, elle ne l'échangerai pour rien au monde. Ses souhaits ne dépassent pas l’entendement, non, elle rêve certes d’un avenir radieux, mais se contente de s’entrevoir à l’ombre d’une maison cerclée de tournesols sur une petite île gorgée des rayons solaires, à deux pas de la mer. Elle se demande si Hotaru viendrait là-bas lui rendre visite, car pour combler son tableau ne manquerait que ses amis les plus chers.

Le garçon répond par l’affirmative, et elle ouvre de grands yeux, l’air offusqué. Et tu ne m’en as jamais parlé ! D’une certaine manière, elle se sent peut-être un peu trahie ; elle aurait aimé qu’il lui raconte ceci plus tôt. Elle se demande qui est-elle, et à quoi elle ressemble, songe qu’elle se ferait certainement un plaisir de la rencontrer car si Hotaru la porte en estime alors Kayo le devrait aussi. C’est sans compter sur le garçon qui ne tarde pas à la couper sec dans ses aspirations nouvelles, et malgré sa désinvolture apparente, Kayo ne peut s’empêcher de se demander si cela ne le peine pas un peu.

Elle, elle ne souffre pas et n’aura probablement jamais à souffrir des affres d’un mariage arrangé. Sa seule famille ne partage pas son sang, et l’orpheline ne leur doit rien si ce n’est un amour infini. L’idée d’épouser quelqu’un pour une autre raison que l’amour lui semble absurde, presque inconcevable. Elle glisse un regard en biais vers le garçon, reste silencieuse un instant. Les pensées pullulent dans sa tête.

Et celle que tu préfères, ta famille ne l'accepterait pas ? Le monde serait si simple, n’est-ce pas, si les choses fonctionnaient de cette manière, mais ce n’est pas le cas, et ne le sera probablement jamais. Ceci, même Kayo le conçoit, bien que l’idée la peine un peu. Tout ce qu’elle désire réside quelque part entre son propre bonheur et celui de ses proches, et son coeur serait fendu de trouver Hotaru arraché à toute la joie qu’il mérite.

D’un battement de cils, elle balaye ces idées des recoins de son esprit, car elle serait fâchée de les voir polluer le tableau lumineux qu’est cette fin d’après-midi. Alors, de nouveau plus taquine et éternellement fidèle à elle-même, elle s’arrête soudainement dans leur course et se tourne vers le garçon. Et si je t’aidais à séduire celle qui te plait davantage ? Je suis une fille après tout, j’en sais des choses. Sa glace menace de fondre, et elle mord dedans avidement avant de reprendre le cours de son idée. Dis moi tout, comment est-elle ?


Kaien Tsukiyomi
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Kaien Tsukiyomi
Ses yeux se détournaient des vérités de leurs regards partagés, allant jusqu’à éluder la toute simplicité d’un aveu. Il trouvait refuge en une solitude rassurante, là où nul ne discernait ses mensonges - là où leur seule existence perdait toute nécessité. Il s’isolait, une fois encore : luciole ternie par des ténèbres oppressants, une mort prématurée l’attendant au tournant.

Sa respiration se hacha en même temps que lui vint la juste impression de ses sentiments effrités. C’était comme s’il mourrait un peu plus, à chaque jour où sa lâcheté le troublait jusqu’à lui ôter toute volonté. C’est comme s’il mourrait, incapable de décision comme d’humanité ; et cette solitude n’était plus un refuge, mais la phobie dégringolante de celui qui en avait provoqué la chute.

Seulement, comment lui avouer ?

Comment expliquer ce sentiment qui brûlait sa gorge jusqu’à réduire ses mots en cendre, laissant mourir, gazés par l’incontrôlable chaleur des joues ternies à l’amour, les sentiments qu’il réfutait ? Comment assumer, lorsque, téméraire, il frôlait la fin d’une amitié qui tâchait le long désespoir d’une vie brodée au malheur.

Hotaru n’y croyait plus, ni à son futur d’amour, ni à la si fine possibilité d’échapper à l’emprise fantômique d’un paternel qui l’avait déjà maintes fois brisé. Les témoins de ce trouble se lisaient dans l’humidité presque imperceptible de ses yeux, dans la seconde des déglutitions patientes qui l’empêchaient de hurler. Cette faiblesse laissaient parfois dérailler sa voix, étouffant le costume comique qu’il qualifiait de joie.

On lui connaissait une énergie infinie, un humour en écho à cette aisance sociale ; et il semblait flirter avec le bonheur comme si cette force lui suffisait à éluder tout obstacle. Il aurait tant aimé que cette image fut une réalité, que le reflet de ses yeux rougis par la lumière de l’aube ne cesse de le hanter chaque matin.

Si cela découle de ma volonté, mon père refuserait tout mariage. Cet homme est une épave guidée par le désir de faire du mal.

Il poursuit sa dégustation, bombant le silence d’une gêne dont il est fatigué de vraiment se cacher. Ce malaise provoqué par l’énonciation abrupte de malheur, lui la ressent en permanence : lorsque le monde lui jette ce bonheur factice au visage, qu’il s’étreint de ces relations éphémères avec l’inconsciente certitude qu’elles dureront pour toujours.

Sa vie, depuis ses plus antiques souvenirs, pourrissait dans l’ombre d’un aîné pétri de qualités trop innombrables pour se laisser diluer par les défauts. Sa vie, à terme, lui perdait ses rares élans de fierté, ployés sous les battements de violence d'un père que nulle finalité n’aurait su combler.

Cet homme éveillait en lui sa colère, en même temps qu’il laissait flétrir le peu de fierté d’une luciole stérile d’espoir.

Elle est… marrante. Souvent, elle me fait oublier tout le reste et je n’ai plus besoin de prétendre que ça va. C’est vraiment le cas.

Un soupir, il trouva un refuge sur quelques escaliers isolés. Ses jambes s’étendent devant lui en silence, quelques gorgées de froideur viennent réchauffer son coeur égaré.

C’est comme si je pouvais voir le monde en couleur, reprend-t-il enfin. Elle me plait vraiment, tu sais. Elle ne s’en rend pas compte, mais… enfin, c’est pas grave. Je crois que le sentiment d’aimer vraiment quelqu’un me suffit amplement.
Kayo Awataguchi
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Son coeur se fend un peu lorsque Hotaru évoque son père et son coeur de pierre. Elle désire de toute son âme lui souffler que c’est faux, que tout ira bien mais ce serait mentir car la vérité est qu’elle n’en sait strictement rien. Elle se dit que l’injustice règne sur ce monde, et qu’il est bien dommage de se dire qu’il est peut-être parfois plus simple de n’avoir de parents que d’être le fils d’un tyran. La voilà sa liberté, celle d’être seule et de n’avoir de comptes à rendre à personne ou presque. Dans son esprit, se dessine l’absurde fantaisie de prendre son ami par la main de s’enfuir avec lui loin d’ici, de tout ce qui pourrait lui faire du tort et lui causer du soucis. Mais pour aller où ; il n’y a plus que la mer après tout.

Elle préfère l’entendre parler d’elle, celle qu’il aime ; il a l’air beaucoup plus réjoui quand il la décrit, et Kayo vient s’asseoir à ses côtés pour mieux l’écouter. Du langage de l’amour, elle ne connaît traître mot et ignore encore plus les subtilités. Elle saisit cependant l’importance du sentiment que semble éprouver Hotaru, et lire les constellations qu’abritent alors ses yeux suffit à la ravir. La demoiselle, à son humble avis, est bien chanceuse d’être la source d’un amour si sincère ; Kayo, elle, n’a connu presque que des rejets et d’une certaine manière, elle s’y est résignée. L’amour ne lui sied peut-être pas, après tout. Si cette pensée l’a tout d’abord beaucoup déçue, elle s’en moque et la chasse d’un haussement d’épaule à présent. Son coeur est déjà chargé de tout l’amour qu’elle porte à ses proches, ainsi s’est elle persuadée qu’elle ne saurait y trouver de la place pour un amour étranger - ah, si elle savait.

Le monde en couleurs ! En voilà une fille bien chanceuse. Elle appuie son propos d’un clin d’oeil adressé au garçon, et son esprit vagabonde tandis qu’elle essaie de l’imaginer tel qu’il la décrit. En tout cas, elle a l’air charmante. J’espère que tu me la présenteras un jour. Tu as intérêt à la faire, même, sinon je me fâche. Sa glace finie, elle s’amuse du bout des doigts avec le bâtonnet. Tu sais, tu devrais peut-être simplement le lui dire. Et puis… c’est pas très honnête pour ta copine actuelle tout ça. Elle le réprimande, mais ne peut retenir un sourire amusé et surtout enchanté : elle aime voir Hotaru ainsi rayonner.

Pendant un bref instant son regard se perd au loin et elle se surprend à être doucereusement amère l’espace d’un millième de seconde : et si, malgré ce dont elle se persuade elle-même, elle languissait encore parfois d’être ainsi aimée ? Son bâtonnet craque entre ses doigts à force d’être trituré, et l’idée s’envole aussi vite qu’elle est survenue. Ah, c’est bien absurde, pense-t-elle. Elle s’en moque éperdument, pourvu que lui soit heureux. Propose lui un rendez-vous pour commencer.


Kaien Tsukiyomi
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Kaien Tsukiyomi
Lorsqu’il n’avait que six ans, Hotaru avait chuté à balai pour la première fois. Sa maladresse aérienne légendaire n’était alors pas officialisée, et l’on ne voyait dans ses galipettes involontaires qu’un évident manque d’expérience. Il avait reçu ce balai d’entrainement qui traînait dans les caves de la maison et, si l’étonnant sérieux d’un enfant lui valait d’éluder les assauts émotionnels du paternel, le vol lui semblait être une discipline impossible.
Tu rentres à l’école l’année prochaine, disait son père. Cesse tes idioties.
Et souvent, il ponctuait les remarques d’un retour à la ligne un peu trop marqué. Les joues rouges et chauffantes, la tête tournait à force d’une douleur trop abrupte et, l’équilibre rompit, une énième chute avait raison de lui - enclenchant de nouveau ce cercle vicieux.

Le vol, pour lui, avait toujours été merveilleux : l’idée de ces sensations uniques et d’une indépendance de quelques instants. Si ses erreurs avaient été accueillies différemment, il aurait peut-être aimé voler. S’il avait connu plus d’amour, il aurait peut-être davantage apprécié la valeur de ce qu’il était. S’il avait embrassé les hauteurs, il n’aurait pas eu peur de s’envoler.

Cloué au sol, cloué de peur, de peur de cette déception accablante, accablé par le poids des attentes de cette famille alors que la sienne semblait toute autre, si différente. Le sang n’était rien, en réalité, tant ces gens l’avaient fait couler. Cloué au sol, incapable de liberté comme d’indépendance - et ansi pesait le regard de l’homme qu’il haïssait plus que tout au monde.

J’en ai pas. J’ai menti.

Lorsqu’il avait six ans, Hotaru avait été marqué - marqué par la peur, non pas de la douleur mais de la chute soudaine de tout ce dont il n’avait jamais rêvé. Le bonheur tenait sur une fine plaque de verre qu’il incombait à quiconque de briser, et le destin s’en était chargé. Hotaru n’aspirait pas au bonheur ; il s’agrippait à quelques prémices d’une satisfaction éphémère qu’il qualifiait de sentiment.

Tout, en sa misérable et triste personne, lui semblait dénuée de saveur ; et il ne cessait de remettre en question le peu d’humanité qu’il trouvait en son âme. Ses sentiments se laissaient terner par la peur du factice, comme si depuis toujours, elles n’étaient qu’un écho résonnant contre les parois creuses d’une âme en proie à la vacuité.

Et je l’ai déjà fait. Enfin, je l’ai forcée à sortir.

Il termina sa glace, ignorant la portée amère qu’avait pris le goût sur ses dernières bouchées. Ses yeux tournés droit devant lui à la recherche d’un point d’ancrage, il cherchait à s’évader comme si, dans cette confession aussi brutale qu’elle était irréelle, il existait un échappatoire.

Il soupira, ses mèches s’envolant avant de lui retomber devant le visage, dans un chatouillement rassurant : il n’abordait pas l’expression paniquée qu’il s’attendait à devoir dompter, ni même l’infini relief d’une tristesse qui le définissait. Ses traits étaient détendus, et il ne laissait paraître que la douce tranquillité d’un garçon dénué de ses démons.

C’est toi.

Et le vent s’arrêta de souffler, comme si la moindre parcelle de ce monde tendait l’oreille pour l’instant qui devenait l’épicentre de sa toute existence. Un silence pesa, et son oeil se détourna pas de l’utopique recherche d’une quelconque réponse.

L’horizon resta impassible, gardant sa ligne droite et imperturbable, et il semblait le narguer ; comme une distance qui n’a cesse de grandir, et la vue insolente d’un soleil qu’il ne pourrait jamais embrasser. Kayo ne serait jamais sienne, parce qu’ils étaient tant différents, et que ses sentiments l’avaient forcé à l’être.

T’as pas besoin de répondre. Je n’attends rien de ça.

Il avait tout gâché. Comme à chaque fois, parce qu’il avait cherché, une fois de trop, à monter sur ce balai.

On rentre ?
Kayo Awataguchi
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Kayo Awataguchi
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Les palabres s’échouent dans l’espace infini qui s’étend entre eux, le temps d’un instant qui paraît interminable tant il s’allonge sans que rien ne le perturbe ; le temps qu’elle rate un battement de coeur. Le pincement ne suffit pourtant pas à la faire se ressaisir. Le monde retient son souffle et elle, elle sent sa gorge se nouer. Tout ceci lui paraît bien absurde et pourtant elle n’envisage pas de lui rire au nez, non, son sérieux est indéniable. L’aimer, elle - et puis quoi encore, et pour quoi alors.

La gêne s’installe. Elle prend tout d’abord l’apparence de ses yeux écarquillés et du rose sur ses joues, puis de ses yeux qui s’affolent pour venir s’ancrer quelque part le long d’une fissure sur les dalles. Elle se tortille et s’efforce de ne pas trop penser, ne provoquant que l’effet inverse de celui escompté. Mille voix occupent son esprit, et elle balbutie mais ne parvient pas à formuler une idée claire. Hotaru, tu… Je… La demoiselle se mord les lèvres et à sa mémoire reviennent tous les mots qu’il a dit, tous les regards qu’il a eu, comme des évidences qu’elle n’a pas su lire. Elle se sent bien idiote tout à coup, et certainement pas à sa place. La voilà du mauvais côté du miroir songe-t-elle, le monde est à l’envers ; est-ce la faute des flots qui les engloutissent, est-ce la faute de la terre qui ne tourne plus rond ces derniers temps ? Elle n’aime pas tenir ce rôle, et s’en aperçoit bien vite : elle se contenterait bien de n’être toujours que celle qui aime un peu trop et qui en prend la vilaine habitude.

L’apparent détachement du garçon la prend au dépourvu, et la soudaine crainte d’être source d’une quelconque souffrance chez lui la hante. S’imaginer capable de causer du tort à ceux qu’elle aime n’est pas son fort, l’idée même la dépasse et la révulse, mais la voilà au pied du mur et tout porte à croire qu’elle n’est pas exempte de défauts. Elle en veut à sa propre naïve inconscience, sa façon de ne pas comprendre les choses à temps, son incapacité latente à suivre la course de l’univers.

Elle a toujours été un cran à rebours, on la reconnaît souvent simplette, et elle-même ignore s’il s’agit d’une vérité ou simplement d’un nid douillet dans lequel elle se conforte pour ne pas avoir à affronter la réalité. Pourtant, en voilà une, réalité, et elle ne sait comment la regarder. Hotaru insiste qu’elle n’a pas besoin de répondre, et même si mille mots se bousculent à l’aube de ses lippes, elle lui en est quelque part reconnaissante.

Si j’avais su, je n’aurais pas posé toutes ces questions idiotes. J’espère que tu ne m’en voudras pas trop. Elle souffle finalement, hésitante. Aborder le coeur du sujet lui semble trop complexe, et à une réponse qui n’a pas véritablement été posée elle ne saurait apporter de réponse. Ses doigts viennent se poser sur ceux d’Hotaru mais elle les retire aussi vite, dans un geste brusque ; ah, c’est certainement inapproprié à présent. Tu devrais sûrement rentrer avant moi, j’aimerais traîner encore un peu et j’ai… des trucs à faire. Mensonge. D’un sourire tendre elle le couvre, esquissant du regard la courbe du visage du garçon qui ne la regarde plus. Ah - comment se faire pardonner. Elle souhaiterait revenir en arrière, effacer des pans de leur mémoire, le redécouvrir sous un autre jour et elle s’interroge : saurait-elle l’aimer en retour ? La question n’avait pas encore traversé son esprit, et si elle laisse en elle le bourgeon d’une réflexion, seul le temps saura répondre à la question. Ses yeux se détournent et, Je suis désolée.


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