C'est sans doute un peu tard que je m'attelle à cette confession écrite, désireux cependant de n'oublier mes années d'éducation, et l'importance de mes origines personnelles. Il m'arrive, au cœur de notre dortoir, d'espérer entendre le son de la cascade précéder mon sommeil ou le bruissement de quelques feuilles secouées par l'inattention de nos voisins yôkai. L'odeur des plantes me manque, car l'atmosphère pourtant délicieuse de la serre ne saurait reproduire les bonnes grâces de notre adorée nature : il m'apparaît, je dois dire, profondément regrettable de ne pouvoir la retrouver en la forêt de bambous qui borde Minami Iwo, car elle nous est interdite.

Pas une fois je n'oubliais de présenter mes respectés aux divinités locales, m'accordant, dès les lueurs de l'aube, quelques instants d'une quiétude si rare, en ces lieux. Lorsque j'en ai l'occasion, je m'accorde la nécessité d'un misogi car le mal m'offre sans cesse ses redoutables tentations. Nulle crainte, cependant, car je reste inflexible. Par elle-même, la musique suffit à m'apaiser, pratiquées en pléthore de lieux de cette immense école : je ne saurai être nostalgique de mes premières années ici, car le programme, déjà surclassée de notre éducation familiale, me semblait dérisoire.

Mes notes sont excellentes.
Je me refuse à relâcher mes efforts, car la seule érudition de notre clan ne suffit à mes ambitions. Il me faut persévérer, tant le danger ne manque de s'immiscer sur cette île : Orochi-sama est venu récupérer son bien, au détriment, hélas, de tant de vies innocentes. La mort m'attriste. Aussi, bien que je n'en sois guère enchanté, je prendrai les armes, s'il le faut, et tiendrai Kaori loin de la menace que représente Seimei, car notre nom se doit d'être préservé.

Je ne saurai faire preuve d'une abnégation suffisante pour remplir régulièrement ces pages, mais je ne manquerai d'y aborder les événements essentiels de ma modeste existence.