Ses doigts s’agrippent à des hanches étroites, presque trop graciles pour ne pas l’inquiéter ; le nez fourré dans un cou juste assez long à son goût, inspirant en goulées voraces le parfum qui se dégage du derme pâle. Il y souffle quelques discours nus de sens et y embrasse des papillons un peu tendres, un peu avides ; c’est comme un repas qu’il savoure, rythmé par les palpitations frénétiques de la jugulaire qu’il lèche goulûment.

Il presse un corps qu’il connaît par coeur contre le bois rude d’une table et ne pense même pas à s’excuser, récompensé par la chair de poule couvrant chaque carré de peau qui se touche - ça l’électrise et l’enflamme quand, en caresses volages, il trace des chemins bien familiers, s’attarde en sensibleries que lui seul a su déceler. La chaise de laquelle il s’est précipitamment levé pour happer sa proie grince derrière lui quand un spasme agite sa jambe, et il la jette d’un vulgaire coup de pied, se penche bien vite sur les clavicules qui l’affament et lui hurlent d’y plonger les crocs—Ishan y fait chanter son souffle et trace dans ses mélodies lascives un baiser bâclé par sa hâte, rougi par l’insistance de ses lèvres.

C’est la friction de sa main contre le pupitre qui lui tire un râle frustré, l’appétit à demi freiné par l’idée savoureuse de confort. Il pourlèche ses babines et, le visage bordé d’ébène fluide, il s’empare d’un baiser impérieux—distrait par ce qui lui fait face et ses doigts déjà enfouis dans les mèches si rouges que le feu qui le consume, l’inconscient perd quelques précieuses secondes dans une valse langoureuse, sans regret. Mh—Xue, on devrait peut-être bouger, qu’il ose murmurer entre deux bals, alors même que ses phalanges jouent avec les lisières déjà remontées de l’uniforme, contradictoires. On va se faire mal, qu’il ronronne contre la mâchoire, pressant ses lèvres jusqu’à l’artère frémissante.

Et, dans la concupiscence sous-tendue de ne s’écarter un seul instant, les hanches scandaleusement pressées contre leurs jumelles opalines, il cède à ses désirs animaux—plante les crocs dans la peau juteuse et palpitante, sent le pouls qui s’agite sous sa langue chaude, en savoure le rythme lorsque ses viles mains s’enfouissent sans cérémonie sous le tissu de la tunique, quêtant la tiédeur rassurante d’un flanc qu’elles ont pressé mille et une fois par le passé.