— MAHOUTOKORO
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

A bout de souffle - Xue
Hiiro Oikaze
Merci de ne pas supprimer l'icône au risque de casser les profils
Citation : Cui cui cui
Age : 42
Rang : 85
Susanoo
Susanoo
Hiiro Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1497-vole-le-vent-__-hiiro
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1538-moshi-mochi#12362
Hiiro Oikaze
Presque un mois était passé depuis l’arrivée d’Hiiro au sein de Mahoutokoro et déjà, déjà, il voyait la charge de travail s’amasser pour un si petit professeur motivé (peut-être naïf ?). Tant d’élève à élever; tant de balais à faire voler; tant, tant, tant ! Le niveau était si peu satisfaisant par rapport aux éloges qu’il avait entendus ! Rajan Tsukino avait été trop occupé, vraisemblablement, à jouer les fidèles que les professeurs consciencieux et le voilà, joli professeur coloré, à tout ramasser…

Il avait élaboré une stratégie de génie : imposer des cours de soutien pour les élèves en manque de volonté et des cours particuliers pour les cas plus délicats. Il avait entamé son processus avec Nishimura Sora, grand gaillard; il avait laissé le bénéfice du doute à Seizan Xue mais ce dernier persistait à démentir les bons retours qui lui avaient faits; « oh vous verrez, un des meilleurs au quidditch ! » « vous allez voir, il maîtrise le vol »…mais force était de constater qu’il n’était pas exceptionnel; il manquait de saveur et son vol était trop froid pour le jour et la chaleur d’un jeu… Alors Hiiro l’avait convoqué au bord du terrain de quidditch; quoi de mieux qu’un rivage pour entendre le vent ? Quoi de mieux qu’écouter les souffles de la Terre pour danser avec ?

Il était arrivé - comme il arrivera toujours- avec son attirail de dinette; la théière sifflait l’eau chaude et le thé infusait doucement. Il avait installé une grande nappe sur le sable sur laquelle il était assis en tailleurs; il attendait son élève le plus décevant pour prendre le thé et parler vent. Son balais était posé avec soin derrière lui; sur la nappe. Il détonnait par la couleur rose alors que la nappe était bleue. Il triturait sa boucle d’oreille qui tintait en rythme avec le ressac du bord de mer.

La; la lalalalallaaaaaaaa; je suis arrivé un peu trop en avance comme d’habitude, ce garçon a l’air ponctuel, j’espère bien, je commence à me geler le cul dehors; quelle idée t’as eu de faire ça là; j’ai envie de thé, qu’il se dépêche le bougre; le thé + la mer, ça va me donner envie de pisser ça en plus, ptain j’en ai des bonnes idées moi; en deux min de balais je crois pouvoir rejoindre les toilettes; 4 pour pisser; 6 pour revenir; mais il devrait être là dans 2min; les calculs sont pas bons…………………… merde, bon tant pis, tu te videras quand t’auras fini, est-ce que j’irai pas manger dehors ce soir; vaut-il le coup que j’envoie un message à Tak…..///////////////////////// j’irai seul, kyaaaaaaaaaa un dîner avec Takumi /////////.

« Ah ! Mon cher Seizan ! Il fait bien frais n’est-ce pas, c’est une magnifique fin de journée pour parler vent et vol, n’est-ce pas ? Le vent a beaucoup de choses à dire en tout cas »

Une bourrasque vient se faufiler dans ses cheveux et ceux de Xue; le cours débute.
Xue Oikaze
A bout de souffle - Xue YmDExA8
Citation : this hole in my heart's proof of life
Age : 19 (14 décembre 1978)
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Xue Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1238-skyward
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1247-cloudy
Xue Oikaze
le vent m’a soufflé
soufflé des mots doux soufflé jusqu’au plafond du ciel soufflé que j’étais son enfant
le vent m’a montré
qu’on pouvait se sentir heureux et libre et grand
et puis le vent a coulé et avec lui emporté
mes rêves et mes ailes
dévorés par l’océan empêtrés dans les profondeurs et digérés depuis bien longtemps
peu d’espoir de les retrouver
pas la force de les reconstruire

j’essaye de ne pas me dire que c’était une suite logique (de simples mathématiques les lois implacables de la nature) : après Sora après Ishan après combien d’autres
tombés comme de vulgaires mouches
si ’on a cru que le ciel nous tendait les bras ce n’était que pour mieux nous poignarder
et plus haut on s’est envolé
plus dure sera la chute
et si je ne suis pas encore tombé
je ne suis plus au sommet
— quel intérêt d’y trôner seul ?
même Hajime et Nanami
diplômés, partis
et si j’ai repris mon balai
ce furent trois mois sans décoller trois mois cloué à terre
mon coeur est trop lourd pour m’élever

assurément je ne fais que ralentir le drame
en persistant imperturbable
la force de l’habitude les réflexes ancrés dans mes muscles et le souvenir du temps
où le vent murmurait encore à mes oreilles
aujourd’hui j’ai cessé de l’entendre ah quelle solitude dans ma tête
et quelle déception dans vos yeux doux
qui pèse aussi sur ce bout de papier — je ne comprends pas très bien
(je ne veux pas) pourquoi ? à quoi ça rime à quoi ça sert j’ai
qu’est-ce que vous pouvez y faire ?

avec mes angoisses mes cliques mes claques et mon balai
je réponds présent — politesse, obligation, curiosité ? (appréhension)
un tout petit peu d’avance et j’aperçois cette nappe bleue ce balai rose
des pastels qui détonent dans l’orangé du soir
et le vent m’apporte l’effluve du thé et votre parfum léger
Bonsoir, monsieur. une simple courbette Merci de me recevoir. si je n’ai plus de rêves j’ai encore des manières
et je pose mes jambes et mon balai sur le tissu
(un vieux bout de bois ah ! il en a vus des courants d’air)

Hm, oui, il fait très beau… et je contemple l’océan le sable et les mèches dorées
haut en couleurs et en sourires
tout mon inverse
bien curieuse paire sur le rivage (léger malaise, suis-je à ma place ?)
Ça sent bon je remarque que c’est sucré mais pas agressif plutôt tout en douceur et ah ça vous ressemble c’est de la vanille ?
narines ravies et papilles intriguées
ma peau froide se languit de l’invitation et craint que le vent ne révèle
tous ses secrets (ses peurs et ses regrets)

Hiiro Oikaze
Merci de ne pas supprimer l'icône au risque de casser les profils
Citation : Cui cui cui
Age : 42
Rang : 85
Susanoo
Susanoo
Hiiro Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1497-vole-le-vent-__-hiiro
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1538-moshi-mochi#12362
Hiiro Oikaze

Le balais a l’allure de son cavalier et son bois fatigué reflète un Xue usé. Il est si jeune pourtant pour être abusé. Les tempêtes n’ont pas encore soufflé tous leur cœur à l’oreille de cet enfant qu’il baisse déjà les bras, qu’il perd l’altitude qui lui était pourtant si tendre, il perd sa joie et sa jeunesse alors qu’il n’a pas encore touché l’âge dur des responsabilités. Hiiro contemple l’étendue, l’iode et la vanille dansent dans l’air comme un heureux mariage et ils sont là, élève et professeur, comme seuls témoins d’une union soufflée à leurs sens.

« J’entends à votre voix que la vanille vous plaît. »

Sa baguette se lève, les tasses volent et le thé se verse. Il a cette couleur caramel qui fond et brille avec les dernières longues leurs du jour, il étincelle comme les derniers reflets des vagues; il a l’air d’un David face à Goliath, et ce thé face à l’océan sèchera, Hiiro en est sûr, les larmes salées qui couleront sur les joues douces de ces pauvres enfants, aux âmes violacées. Et Hiiro prendra le temps de mettre du baume sur leurs plaies ouvertes parce qu’il connaît le vent et ses terribles; il sait aussi qu’il apporte ses rires et ses joies. Comme un être, il faut embrasser sans conditions; et le vent n’a jamais promis d’être favorable. Il le souhaite juste.

Une tasse peinte à la main de milles couleurs s’approche de Xue; elle fume. Une autre plus monochrome s’aventure vers les lèvres de Hiiro. Les vagues s’échouent non loin, et il faut trois ou quatre gorgées pour que le professeur ne vienne briser l’écume.

« Seizan Xue est un joueur brillant, m’a-t-on dit. Il est l’un des meilleurs en vol, vous allez voir Oikaze-san, ai-je entendu. »

Il repose sa tasse sur la coupelle, le sourire toujours aux coins des lèvres.

« Mais vous faites le sourd, Seizan. Avez-vous des bouchons dans les oreilles ? Pourquoi ne respirez-vous pas sur votre balais ? Le vent ne transporte pas les cailloux vous savez. Avez-vous déjà vu un caillou voler ? »

Son poignet se tend et sa baguette s’agite un instant, une roche de la taille d’un cognard lévite devant eux, elle nargue le soleil derrière elle. « Elle vole parce que c’est la magie qui l’anime, elle est trop fermée et pleine pour laisser le vent l’aider. Mais nous volons, arrêtez moi si je me trompe (ne vous en faites pas, j’aime apprendre de mes erreurs), parce que nous pouvons faire entrer le vent dans nos corps, comme un gros ballon ! »

La roche s’explose contre le sable, des grains tintent le ciel et se fanent à leurs pieds; les thés sont saufs. « Êtes-vous un caillou ?  »

Car Hiiro ne peut enseigner le vent à la roche, il le peut pour la chair et les os, les seules matières assez poreuses pour se faire pénétrer par l'élement le plus nécessaire à l'homme : la vie.
Xue Oikaze
A bout de souffle - Xue YmDExA8
Citation : this hole in my heart's proof of life
Age : 19 (14 décembre 1978)
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Xue Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1238-skyward
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1247-cloudy
Xue Oikaze
les vagues jusque dans mes oreilles
(parfois dans mes poumons et dans mon estomac)
la vanille jusque dans ma gorge et sous mes tempes
c’est fou comme l’air ambiant vous respire c’est vous qui l’avez enchanté parfumé et coloré
comme les tasses la nappe et vos jolies manières
Oh, hum, oui, beaucoup…
— la tasse vermeil et cyan et canari et violine semble danser et vouloir me faire la fête comme un petit animal un de ces petits canidés qui parlent plus qu’ils ne mordent et dont on dit qu’ils sont loyaux jusqu’au bout des temps
elle est chaude et je sens son souffle et son coeur qui battent, chauds,
contre le bout de mes doigts
(j’adore la vanille)
et jusqu’au fond de mon gosier
(j’adore le thé)

et si la fatigue m’accable et le vent m’alourdit car ils sentent comme l’océan peut-être que votre sucre et vos pétales pourraient
m’alléger
me détendre
ou me soulager ?
— est-ce l’illusion d’un espoir que j’ai vue poindre avec vos cheveux clairs
vous sauriez ôter toutes les chaînes qu’il y a sur mes épaules ?
— ah mais ce n’est pas à vous qu’elles sont toutes liées ce n’est pas votre devoir ni votre travail ce n’est pas de votre faute et à peine de la mienne je ne sais même pas si on pourrait
les arracher ?
elles sont si lourdes
comme ma gorge mes dents et mes mains et mes jambes quand je vous entends
(ne le prenez pas mal ; c’est de moi que vient le mal)

je le savais au fond
pas trop profond mais juste un peu juste sous la surface presqu’en haut de l’iceberg
évidemment que je le savais
l’origami, le thé, le balai
tous m’appelaient à plaider ma chute et excuser ma régression
aucun ne m’avaient préparé pourtant
à vos doux reproches et votre lumineux sourire
voilà que je suis face aux faits à la réalité voilà que je ne peux plus m’enfuir sous les draps ou les mers voilà que je baisse ma honteuse tête — parce que je sais, monsieur
je sais

et les mots s’emmêlent dans ma tête et dans ma gorge ils croisent la vanille et en ternissent les vapeurs et puis ils s’évanouissent juste aux commissures de mes lèvres
comme tous ces grains de sable une seconde envolés
la suivante déchus
celle d’après oubliés
Non, je ne crois pas… je ne crois pas je ne sais pas si je suis un caillou tout au plus un ballon percé et le vent ne resterait pas il y a trop de fentes anciennes et récentes qui le laissent s’enfuir et courir je ne dois plus l’intéresser il faudrait tout réparer mais par où commencer
ballon troué n’attend plus que le même sort que caillou fermé :
couler

Je suis… mes yeux plongent dans l’ambré J’ai… et puis mon nez aussi et mes lèvres
ah vanille je t’en prie
prête-moi tes mots pour une minute
Je n’arrive plus à respirer… Enfin, même au sol… sûrement que l’océan m’aura tué étouffé ses mains froides resserrées un peu plus tous les jours
deux mois
vous savez comme c’est long ?
et sûrement que les deux suivants
n’ont pas donné assez de temps
à mes plumes pour repousser
mais Je ne veux pas rester au sol je veux chercher les étoiles et cueillir les nuages
peut-être sont-ils tous au fond de vos yeux
que d’instinct j’ai quis
le temps d’un aveu
(et les miens auront trahi tous les fantômes qui reposent au fond de mon coeur et alourdissent mon balai)

Hiiro Oikaze
Merci de ne pas supprimer l'icône au risque de casser les profils
Citation : Cui cui cui
Age : 42
Rang : 85
Susanoo
Susanoo
Hiiro Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1497-vole-le-vent-__-hiiro
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1538-moshi-mochi#12362
Hiiro Oikaze
Le sourire ne se défaisait pas du tendre visage poupin, comme celui d’un clown; mais sur le professeur, il apparaissait davantage comme un tatouage, encré et gravé sur son visage tant il était intangible, même en tempête. Et voir cet enfant brisé comme une falaise de calcaire faisait pourtant rouler des larmes salées sur ses joues. Car l’élève n’avait pas conscience qu’il ne coulait pas, il flottait au gré des vagues impétueuses, mais il ne coulait pas; et s’il ne respirait plus, c’était parce qu’il voguait sur le ventre.

Alors la main d’Hiiro vient se cacher parmi les mèches de feu. Elle épouse les courbures de son crâne et dans un silence océanique, sa paume glisse vers sa nuque pour le pousser à lever la tête. Le soleil se couchait à peine mais se dévoilaient déjà des étoiles timorées. « Depuis quand avez-vous perdu le sourire, Seizan-kun ? Vous savez, je l’ai perdu aussi. En disparaissant, il m’a cloué au sol un moment interminable me semblait-il. C’était comme si le vent m’enfonçait dans la terre. Il m’était impossible de bouger, abattu comme un gibier; et puis le vent est apparu non plus comme un oppresseur mais comme une délivrance lorsque je me suis rendu compte qu’il était le moyen par lequel je pouvais m’affranchir des sentiments, ces mêmes qui me pesaient tant. La vitesse a rouvert mes lèvres et j’ai souri. »

Il s’allonge dans le sable, la tasse posée à son flanc. « Xue, racontez moi votre clou, celui qui vous plaque au sol. La nuit gardera vos secrets, comme elle a étouffé mes peines lorsque je ne dormais plus. »

Si Hiiro était le vent, alors la brise que les deux sorciers sentaient aurait été la promesse d’une douceur inviolable de la confidence.

« Vous n’avancerez jamais, croyez-moi bien, si vous taisez vos maux. Alors dites-les moi en mots, je vous écoute jusqu’à l’aube, et même après l’aube je vous écouterai autour d’un petit déjeuner en ville et de thé, et même après ce petit déjeuner en ville, je vous écouterai sur le chemin du retour. Avec grand plaisir, Xue, je veux faire votre connaissance. »

Roche fêlée ou ballon percé; Hiiro Oikaze, professeur de Mahoutokoro et homme de grande foi, rafistolera au rythme des vents lents et minutieux, tendres et patients, ce qui a été brisé, avec toute la douce sincérité qu’il incarne, croit-il; espère-t-il.
Xue Oikaze
A bout de souffle - Xue YmDExA8
Citation : this hole in my heart's proof of life
Age : 19 (14 décembre 1978)
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Xue Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1238-skyward
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1247-cloudy
Xue Oikaze
tendrement vous m’avez tendu la main
et puis vous l’avez passée dans mes cheveux
comme Maman quand j’étais gamin
et qu’il faisait froid ;
elle me disait je suis là tout va bien ça ira mieux
vous m’avez levé le nez vous l’avez décollé du sol
effacé toute ma honte pour me montrer les étoiles
d’un simple geste, d’une seule seconde
simplement
doucement

et je me demande
si vous êtes sûr si vous le voulez vraiment
si réellement je vous intéresse
et je me demande
ce que vous voyez en moi
ce que vous avez vécu
comment vous avez su
vous envoler apprivoiser le vent
et j’imagine oh si mal
votre tendresse égarée et votre légèreté écartée
vous retrouvez-vous en moi ? puis-je aspirer à me relever
comme vous ?
je voudrais bien essayer
vous le voulez encore plus que moi

les étoiles naissantes les rayons indigo oranges et dorés sur la mer
me font tourner la tête crever d’envie et nouent ma gorge de mélancolie
avant j’y trouvais un refuge
avant le ciel me parlait
avant je rêvais entre les nuages et je chantais parmi les étoiles
aujourd’hui je suis cloué
il y a le son des vagues et les ombres gargantuesques de mille créatures qui hantent mes nuits et mes souvenirs il y a l’obscurité et la pression des profondeurs il y a l’amertume d’avoir tout perdu en refaisant surface

c’est la mer, monsieur je m’entends balbutier comme un enfant perdu j’ai… j’ai de mauvais souvenirs, c’est décousu et ça ne rime à rien j’ai failli me noyer, quand j’étais petit. et j’aime le ciel parce qu’il est grand et léger, et qu’il ne m’entrave pas, mais- mais le ciel n’est pas plus clément que les kami et la vie n’est pas aussi légère que le vent
et je ne suis plus un enfant

mais vous voyez, en décembre j’ai… j’ai pas les mots ils ne veulent pas sortir comment… tout est enfoui enfoncé matraqué dans ma cage thoracique et il faut creuser loin si loin pour dénicher ne serait-ce qu’une phrase quand l’île a sombré sous la mer… je déglutis - c’est douloureux ils sont revenus, tous mes cauchemars, et les monstres qui vivaient sous mon lit et je déteste l’eau… (respire) j’avais l’impression d’être dans une cage- j’espère que vous ne l’avez jamais connu qui se compressait un peu plus à chaque instant… j’avais… un soupir - c’est si dur j’avais tellement peur de me noyer, et je ne pouvais rien faire, j’ai (dis-le) j’ai perdu les pédales… et les mots vous avez raison
ils font exister la douleur
ailleurs que dans mon coeur

c’est comme quand on vous montre un épouvantard, sauf qu’il n’y a pas de sort pour le repousser, et… et c’est quand je sors tout ça de mon gosier écorché c’était tellement long… et je ne pouvais plus voler, et j’ai perdu mon souffle, aussi… c’est- que j’en ôte la douleur c’est comme si je me noyais tous les jours, et toutes les nuits. toute cette eau…
et j’ai l’impression de me saigner
de cracher tous les monstres qui m’alourdissent
je déteste l’eau j’ai chouiné
sans remarquer
celle qui roule sur mes joues
c’est elle qui m’empêche de respirer
comme si j’étais rempli d’eau de mer là où il devrait y avoir de l’air
et ça veut pas partir
malgré mes sanglots lourds

dans mes cauchemars elle m’attrape-
au rythme des vagues,
avec des griffes énormes et elle-
elle déchire mes plaintes fragiles
elle me tire et elle me noie et-
ma voix essoufflée
toutes les nuits-
se tait se noie se perd
j’y arrive pas, j’ai peur qu’elle existe vraiment et qu’elle m’engloutira vraiment-
au fond des océans,
encore une fois
entre mes pleurs grinçants

Hiiro Oikaze
Merci de ne pas supprimer l'icône au risque de casser les profils
Citation : Cui cui cui
Age : 42
Rang : 85
Susanoo
Susanoo
Hiiro Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1497-vole-le-vent-__-hiiro
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1538-moshi-mochi#12362
Hiiro Oikaze

De l’art patient du Kintsugi renaît les passés terribles en de nouvelles histoires magnifiques. Xue Seizan était comme ces bols brisés qui ne saurait se reconstruire sans ses cicatrices. Mais c’était bien ces brèches qui le rendait si spécial, peut-être était-ce ces mêmes balafres qui faisaient écho au gouffre qu’Hiiro avait bien pu connaître. Sans ces dernières, il n’aurait jamais autant souri.

Alors c’est avec patience que le professeur recollera ses morceaux, à l’encre d’or et c’est de sa main douce qu’il réconforte sa joue trempée, c’est d’un revers de pouce qu’il essuie le sel; oh tendre Xue, tu ne sais pas encore que tes yeux pleurent la mer; sel comme calcaire, tu endures le calvaire du déni; tu craches l’eau des océans parce qu’elle te manque.

Les genoux ramenés sous le menton, la main sur sa pommette, Hiiro l’écoute avec le sourire de circonstance, atténué. « Seizan-san, avec vos dons, il n’y a rien des éléments qui peuvent vous atteindre. Vous domptez les airs par le vol, vous repoussez le feu par la glace et vous vous réchauffer par les braises, vous creusez la terre et soufflez dans l’eau; pourtant vous avez peur de la beauté des océans ? » Sa voix était tendre, amusée. Il avait connu ça, les terreurs nocturnes, il les connaissait encore; elles revenaient sous le cri tendre et joyeux d’un enfant; suffisait-il qu’éclosent les rires des élèves pour que s’éveillent les souvenirs de l’horreur et pourtant, c’était par le même rire qu’il chassait les pleurs.

« La Nature s’offre à nous docile si nous sommes assez capables d’en comprendre les premiers rudiments. C’est la raison pour laquelle elle nous propose les fruits, les légumes, la beauté des feuillages; les animaux et les poissons; qu’elle nous présente la chaleur du soleil et la délicatesse d’une bruine, qu’elle nous sèche avec ses brises et nous réveille avec ses raz-de-marées… Seizan-san, n’ayez pas peur de la Nature et laissez-vous porter par elle, laissez-lui vous prendre l’autre main quand je vous tiendrai celle-là » Sa main glisse de la joue, à son épaule, jusqu’à sa paume. La sienne est douce et ferme. « Je vous assure qu’il n’y a pas meilleur sentiment que d’être en harmonie avec cette dernière et le premier conseil, c’est de se laisser faire : accepter sa puissance. N’ayez crainte de ce que vous ne pouvez pas maîtriser, acceptez la Nature. »

Il sert son empoigne. Légèrement. Ses yeux se fixent dans l’écume de ceux de l’élève.

« Laissez-moi d’abord vous guider, venez avec moi »

Et il se redresse. Ses yeux bleus ont pris la couleur de l’océan, prêt à s’offrir aux vagues, prêt à exorciser les peurs d’un innocent.
Xue Oikaze
A bout de souffle - Xue YmDExA8
Citation : this hole in my heart's proof of life
Age : 19 (14 décembre 1978)
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Xue Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1238-skyward
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1247-cloudy
Xue Oikaze
le ressac bourdonne et le thé frémit
odeurs sons lumières et mots sont flous tant que je pleure
— je suis fatigué j’ai tout craché d’un coup
comme un mauvais repas mal digéré et jamais évacué
c’est plein de nutriments toxiques qui s’enracinent et ça commence dans l’estomac c’est une infection jusqu’aux poumons qui passe par le sang qui galope dans les artères et qui s’est logée dans mon corps d’enfant
qui m’a vu grandir et tomber et muer et me relever me questionner
c’est presque une seconde mère,
la mer d’angoisse
mais pire que la première :
elle ne me quitte jamais
et l’eau devant moi
guette
regarde l’enfant malmené qui veut s’émanciper
qui expulse des larmes salées et des mots amers
les maux enfouis au fond de l’âme dégotés après toutes ces années comme un sombre trésor
et vous savez
avant
je n’en ai jamais parlé

arrêté une minute par l’essoufflement
j’ai peur de l’effondrement :
j’ai exposé mes fondations fragiles
du verre mal fabriqué et des pansements hâtifs
mais je ne tombe pas
vous êtes là
pour essuyer mes larmes et pour reprendre le chantier
je ne comprends toujours pas
pourquoi
mais
vous êtes là
et mes épaules d’un coup s’affaissent et mes sanglots d’un coup s’arrêtent
comme une bulle qui éclate

vos mots ressemblent aux nuages
en cela qu’ils sont doux et blancs et rassurant
en cela qu’on a envie de les toucher et de les garder avec soi
en cela qu’ils paraissent si paisibles perchés tout là haut dans les cieux
et pour les recueillir je ferme les yeux
le vent caresse mes cheveux
et je me sens m’envoler
et je rêve de ne plus avoir peur
et je rêve de plonger

bien vite hélas les nuages m’ont fait
dégringoler
et c’est brutal qu’est le réveil
hein— j’ai rouvert grand les yeux maintenant ?
déjà debout j’ai les mains moites et le souffle encore court
vous euh- vous êtes sûr ?
et moi je suis sûr
de broyer vos phalanges et que mon coeur va lâcher et on fait quoi…? et je traîne le pas ça fait des traces dans le sable et j’ai chaud et
il y a l’eau

je n’arrive plus à bouger

Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé