— MAHOUTOKORO
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intermède (yume)
Reo Ueda
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Citation : the very flower you chose that day, its only task was to decay
Age : dix-huit
Rang : A2
Susanoo
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Reo Ueda
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Reo Ueda
Le crépuscule s’écoule sur les plaines et rase les flots, noyant l’horizon de ses lames d’or semblables à autant de couronnes délicatement posées sur le monde. Reo, immobile, un instant égaré, contemple le spectacle du couchant. Il ne dirait pas qu’il y trouve ce plaisir aussi romantique que furieux que le chantent les poètes, toutefois il se doit de reconnaître que la vue possède quelque chose de fascinant. Un seigneur s’endort. Mais voilà : le moment ne s’éternise nullement, et peu de temps s’écoule avant que de toute sa stature il se détourne du cadran de la fenêtre dont l’ouverture aura su l’intriguer vaguement. Là où il se dirige, un origami s’est déjà faufilé quelques heures plus tôt, offrant entre ses plis la promesse à son cher cousin d’une entrevue bientôt. Fidèle à ses dires, le voilà qui se glisse entre les couloirs à grands pas. Sa main fait glisser un battant, toque trois coups secs contre un autre et entre sans attendre davantage de réponse. Sans surprise, ses yeux se posent ici sur Yume, et il se fend d’un sourire tranquille. Tu es là.

Il entre, satisfait de constater que pour l’heure, les deux Ueda n’auront le malheur d’être dérangés. Il observe son cousin tandis qu’il s’immisce sans gêne dans sa chambre, comme c’est le cas parfois lorsqu’il souhaite s’entretenir seul avec lui, loin des regards trop indiscrets ou mauvais qu’on peut lui lancer. Les choses sont plus aisées auprès de ceux qui partagent son sang. D’une allure toute drapée d’un naturel éclatant, d’une aisance non feinte, il se meut comme on se meut en terre connue et s’assied au rebord d’une fenêtre avoisinant le lit de son hôte. Ah, j’y pense maintenant, je crois ne pas t’avoir rencontré seul depuis longtemps. Comment vas-tu ? Chaque palabre est articulée avec une sincérité qu’il accorde à peu de gens en ce monde, et ses yeux, eux, se plissent doucement mais sans véhémence tandis qu’ils scrutent le visage de Yume, ne brisant cette considération que pour étirer sa nuque en un long roulement vers l’arrière. Ses épaules se détendent lentement, et Reo délaisse un peu du poids d’une longue semaine derrière lui au profit d’un peu de détente qu’il s’accorde en cette longue fin d’après-midi.
intermède


Yume Ueda
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Citation : But It's Better If You Do
Age : 18 (8/11/79)
Ryujin
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Yume Ueda
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Yume Ueda
INTERMÈDE
16.03.97
Le visage plongé dans un livre qui, pour une fois, n’avait pas le moindre rapport avec ses cours, Yume s’abimait les yeux à s’obstiner à lire avec la maigre lueur du soleil se couchant. Avec fainéantise, l’adolescent songea qu’une simple utilisation de sa baguette suffirait à allumer la lampe de la chambre, repoussant l’idée avec le point de règlement interdisant la magie en dehors des cours – mais aussi, plus raisonnablement, parce qu’il ne tenait pas à devenir inactif au point de ne plus vouloir franchir les quelques mètres le séparant de l’interrupteur.

Quand quelques coups se font entendre à la porte, il se redressa finalement, toute paresse envolée à l’entrée de son cousin. Reo n’attendait pas de permission – et, à vrai dire, il l’avait obtenu dès l’instant où il lui avait proposé de se retrouver ici. Enjoué, Yume répondit à son sourire ; tandis que sa remarque, elle, n’exigeait aucune réponse. Bien sûr, il répondait à l’appel du rendez-vous et, d’ailleurs, ils avaient la chance d’avoir la chambre pour eux seuls – le cadet avait réfléchi à des excuses, pour mettre ses colocataires à la porte, mais il n’avait finalement pas eu besoin d’en user ; ce qui était tant mieux, parce qu’il n’avait rien de bien crédible.

L’adolescent suit le second Ueda du regard, jusqu’à ce qu’il soit installé au bord de sa fenêtre. Reo dispose d’autant d’aisance que d’élégance, le laissant paraître inaccessible à n’importe quelle personne ne lui étant pas familière – Yume se sentait aussi privilégié de sa sincérité, qu’il admirait cette grandeur qu’il ne saurait jamais atteindre.

« En effet. Des mois, je crois. »

Il savait avoir négligé nombre de ses relations lors de ses nombreux déboires de l’année précédente.

« Je vais bien. Et toi ? »

En dépit des événements de janvier, il se sentait bien mieux. Yume était encore cet adolescent dont le bien être dépendait égoïstement de la prospérité de ses relations. En l’occurrence, depuis qu’il avait retrouvé sa proximité avec Kiyo, il se sentait davantage apaisé.

Le regard toujours porté sur Reo, il se hissa jusqu’au bout du lit, s’asseyant au rebord le plus proche de la fenêtre.

« Longue semaine ? il demande, remarquant la tension de ses épaules. »
Reo Ueda
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Reo Ueda
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Reo Ueda
La rencontre est nimbée d’un certain confort, celui qu’on recouvre entre âmes cousines, et Reo prend assise ici comme il le ferait en sa propre demeure. Aussi loin puisse-t-il se souvenir, il a toujours été à son aise auprès de Yume, et le voilà semble-t-il quelque peu nostalgique aujourd’hui de ces entrevues qui se font de plus en plus espacées. Ramenant un genoux contre lui, le dos appuyé contre le verre froid de la fenêtre, ses yeux marquent un instant de surprise lorsque son cousin atteste que cela fait plusieurs mois à présent qu’ils se croisent sans véritablement échanger—ah, tant que cela, songe-t-il. Ses pupilles se plissent, pendant un instant il s’interroge sur tout ce qui aurait pu pousser à ce semblant d’éloignement, et avise finalement qu’il s’agit ici seulement des affres auxquelles la vie les a laissés ces derniers temps. Mais voilà que les choses semblent prendre un nouveau tournant, et les voilà la tête hors des océans.

Bien aussi. Il répond simplement, sans davantage de fioritures, pourtant sincère. Rien ne saurait le troubler actuellement et il apprécie ce calme apparent. Reo observe son cousin se rapprocher, puis balaye sa question d’un vague geste de la main. Pas davantage qu’une autre. Travailleur, il l’avait toujours été, et cette année s'annonce loin de tout repos, toutefois, hormis ces soucis liés aux études, rien à l’heure actuelle ne pesait véritablement sur ses épaules. Bien que je songe parfois à la quiétude que connaissent ceux qui ne mettent jamais le nez dans leurs bouquins. Un semblant de rire fuse entre ses babines, avant que son attention ne se reporte sur son interlocuteur.

Alors, des mois, pas vrai ? Qu’ai-je manqué à ton propos pendant cette période ? Raconte moi tout. Ses yeux se fendent, inquisiteurs, curieux de connaître tout de l'autre, ou tout ce qu'il souhaitera lui raconter.
intermède


Yume Ueda
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INTERMÈDE
16.03.97
Pas davantage qu’une autre, dit Reo. Et Yume, lui, songe que chaque semaine lui semble plus longue que la précédente, depuis février.
Les vacances, encore, ont eu l’avantage de s’écouler rapidement. Trop rapidement, à dire vrai ; rester à proximité de sa famille le rassurerait, par les temps qui courent. Les journées passées auprès d’Ange, Kiyo et Mamoru étaient parfaits, aussi, si l’on excepte la présence du dernier cité – et même avec lui, pourtant, ce n’était pas si mal.

Depuis, il ne cesse d’attendre le moindre signe rappelant l’existence d’un dangereux mage noir, lançant l’offensive au monde moldu.
L’attaque est trop récente pour qu’il n’ose se rassurer de ce silence.

Bien que je songe parfois à la quiétude que connaissent ceux qui ne mettent jamais le nez dans leurs bouquins. Un sourire étire ses lèvres.

« La quiétude ne serait pas la même, quand les examens approcheront. Dernière année, de plus ; l’année est décisive. »

De son sang, l’avenir de Reo est peut-être tout tracé, déjà.
A moins que ce dernier ne fasse peser une pression supplémentaire sur ses épaules.

Bientôt, son tour viendra aussi et Yume s’en sent plus anxieux qu’assuré. Ce n’est pas tant les examens finaux – quoi qu’eux aussi – que le changement d’environnement à venir, qui l’inquiète. S’éloigner de ses amis, en vue d’une nouvelle vie.

Alors, des mois, pas vrai ? Qu’ai-je manqué à ton propos pendant cette période ? Raconte moi tout. Tout ? C’est qu’il y a de nombreuses choses à dire. Et pas les plus évidentes. Ni celles dont il pense pouvoir parler, à vrai dire.

« J’ai eu une période un peu compliquée. »

L’aveu se veut léger, mais la voix se mue en murmure et le regard échappe au sien.

« Ça l’est toujours d’ailleurs, mais… certaines choses se sont arrangées, là où d’autres sont devenues compliquées. Tu sais… je m’inquiète encore. Avec Seimei et tout ce qu’il s’est passé. »

Il y a eu des morts ; ce n’est pas rien.
Il y en aura d’autres, probablement.

« Je n’avais pas trop le moral, mais je suis bien entouré maintenant. »

Ses yeux revinrent sur son cousin.

« De ton côté ? Je ne sais même pas comment tu as… vécu tout ça. »
Reo Ueda
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Reo Ueda
Entre les lèvres de Yume résonne l’écho d’une année décisive, en effet, dont l’horizon se dessine chaque jour avec plus de netteté malgré les augures incertaines qui planent, vautours voraces, par-dessus leurs têtes juvéniles. Reo toutefois ne s’inquiète pas plus que d’ordinaire, pour l’heure du moins, de l’approche de ces examens tant redoutés (il sait son avenir quelque part déjà tracé, et commence doucement à s’en impatienter). Un soupir lui échappe néanmoins et il raille. Je t’avoue que peu m’importe les examens s’ils riment avec la fin de mes années ici. Il a ces derniers mois développé quelque aversion pour les lieux, non pas une aversion fantastique, furieuse et irrépressible, mais davantage une lassitude. Quant à la tragédie encore récente, il n’y fait guère allusion, l’esprit clôt à l’événement troublant, si ce n’est traumatisant pour plus d’un. Lui en a réchappé indemne, et s’en estime content. Le reste lui est vraisemblablement de peu d’importance.

Finalement, il prête une oreille attentive aux confessions timides et légères de son cousin, qui a-demi mot souffle l’affliction et les difficultés qui ont été siennes récemment. Reo songe qu’il évoque ainsi le drame survenu mêlé peut-être à quelque autre trouble qu’il ne soupçonnerait guère, car après tout il est tant de choses qu’il ignore encore et ce même de sa propre famille. Il se sait moins proche, moins présent que certains de ses cousins éloignés, moins prompt à leur tenir compagnie et à boire leurs inepties constantes, trop souvent harassé par le caractère sans doute trop enflammé ou gauche de certains. Il n’ignore pas qu’entre eux, à contrario, ils paraissent soudés, et songe souvent : grand bien leur fasse. Tant mieux si les choses, quelles qu’elles soient, s’arrangent pour toi. C’est le principal. Sincère lorsqu’il confie son soulagement et son soutien par la même, il balaye toutefois la question suivante d’un geste du poignet, lui arrachant un rire caustique. Je ne suis pas à plaindre. Bien loin des souffrances de bon nombre, bien loin des tourments et des malheurs à répétition, on pourrait l’estimer curieusement chanceux, étrangement loué, peu lui importe. Je n’ai guère souffert des événements. Moins que d’autres, tout du moins. J’ai… le sentiment d’observer les choses de loin, encore. Sa langue claque contre son palais, les yeux brillant de quelque lueur sybilline. C’est là toute son habileté, celle de fausser les pistes et de s’effacer lui-même lorsqu’il le faut. Il est de ceux qui furent épargnés, et c’est là tout ce qu’il y a à retenir.

Je m’inquiète presque davantage pour la tournure des choses à l’école, à présent, confesse-t-il malgré tout. Je crains que la situation soit des plus instables. Quelques pressentiments mauvais le saisissent depuis la rentrée. Heureusement, tout ceci sera derrière nous bientôt, à priori. Que vas-tu faire après l’école ?
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Yume Ueda
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Yume Ueda
INTERMÈDE
16.03.97
C’est une réunion, devenue rare probablement, de deux âmes discutant de problèmes autres que ceux se trouvant déjà sur toutes les lèvres. Deux adolescents épargnés, dans l’ensemble, par les événements traumatisants de ces derniers mois. Si la menace pèse sur la conscience de Yume, l’évolution favorable de ses relations a, au moins, l’avantage de lui permettre de se réjouir. Là où Reo, lui, ne se sent pas davantage concerné.

Pour autant, lorsqu’il exprime son impatience à quitter Mahoutokoro, le cadet ne peut s’empêcher de songer à Seimei et à la catastrophe de janvier ; maintenant qu’ils ne se sentent plus en sécurité, personne ne souhaite plus s’attarder dans cette école, n’est-ce pas ?

A moins que les blessés n’y soient pour rien dans la hâte de son cousin.

« J’aimerais être aussi peu stressé pour les examens. »

Il se trouvait parfois un peu envieux de ceux qui ne s’inquiétaient pas de leurs études. Que ce soit par inconscience, par assurance, qu’ils sachent leur avenir à leur porté ou qu’il soit déjà tout tracé.
Yume avait souvent la sensation de se mettre la barre trop haute ; d’autant plus inatteignable lorsqu’il se laissait tourmenter par des problèmes sentimentaux. Il s’était fixé un objectif, depuis longtemps déjà, et ce dernier imposait, pour de nombreuses matières, les meilleurs résultats.

Un hochement de tête vient répondre à son cousin, lorsqu’il lui exprime son soulagement. Un second, lorsqu’il lui confie sa sensation de distance, à l’égard des événements.

« Je crois que c’est un peu pareil pour moi… Même si… je m’inquiète beaucoup. Pour ma famille – ma mère et mes frères, surtout. Comme ils sont moldus… j’ai peur de ce qui pourrait leur arriver. »

Un sentiment de danger devenu perpétuel, depuis que Seimei a élevé son épée de Damoclès au-dessus des têtes dénuées de pouvoir magique.
Il se sentait au moins soulagé que Reo n’ait pas à porter ce fardeau.

L’adolescent reste muet, quelques instants, face aux pressentiments concernant l’école. Il doute, lui aussi, de leur sécurité, mais ne se sent pas encore prêt à admettre le risque d’affronter de nouvelles atrocités – il aimerait tant pouvoir tourner cette page et la considérer comme terminée.

« Tu penses à notre nouveau directeur ? »

L’homme n’a pas besoin de faire étalage de sa présence pour gagner en mauvaise réputation auprès des élèves – tous ont vu le sort ignoble qu’il a réservé à une élève, pour une faute dérisoire. Yume a beau se réserver le droit de fermer les yeux, l’occasion de discuter avec son ainé lui donne l’envie de connaître son avis, qu’il sait avisé, sur le sujet.

« J’aimerais devenir médicomage. C’est un rêve d’enfant, mais il ne m’a jamais vraiment quitté. Et toi ? Tu sais ce que tu vas faire après ? »

Une légère inquiétude transparaît dans ses paroles, le futur représentant une source d’incertitude et de changements qu’il n’ait pas prêt à vivre – quitter Mahoutokoro reviendra à quitter ses habitudes, ainsi qu’un quotidien auquel il se raccroche.

« J’espère que tu trouveras encore du temps pour moi. »

Qu’il soit encore un repère, parmi les changements de leurs vies.
Reo Ueda
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Reo Ueda
Si tu as besoin d’aide, pour les examens, tu peux me demander, il répond naturellement, non contrarié à l’idée d’aider son cousin bien au contraire ; si Reo est ambitieux et de nature sensiblement individualiste, il considère qu’il s’agit presque de son devoir d’aîné d’apporter du soutien à celui qui, plus jeune que lui, partage sa maison, et son sang — quand bien même ce dernier, songe-t-il, ne soit, hélas, qu’à semi pur. Yume par ailleurs mentionne sa famille, l’autre, celle dont les veines abritent un sang qu’il tend à juger inférieur ; ses lèvres se pincent mais il reste impassible. Il préfère ainsi ne pas se prononcer à ce sujet, trop peu enclin à froisser son cousin. En vérité, il compatit comme les gens trop imbus d’eux-mêmes et de leur rang compatissent : il dirait que la situation est navrante. Il est normal de s’en inquiéter, je pense, il admet malgré tout car le sentiment n’est que trop justifié au regard des événements récents, et Reo, si tordu qu’il soit, se veut encore ni plus ni moins qu’un adolescent bien incapable de justifier les méthodes employées au profit des dernières atrocités.

A la question de son cousin, il acquiesce. Le nouveau directeur l’interroge, et l’impression saisissante qu’il ne s’agit là que d’un maigre pion sur un échiquier si large qu’il n’en distingue pas toutes les pièces l’interpelle. Oui. Le temps nous dira si mon impression est fondée, il est encore tôt pour en juger. Il a fait forte impression d’entrée de jeu, après tout. Nul ne saurait oublier tout à fait le sort réservé désormais aux plus impudents.

Médicomage… ça te sied bien. Il observe son cousin depuis longtemps, et l’esquisse d’un sourire presque attendri dessine ses lèvres : l’habit du médicomage tomberait sur ses épaules à la perfection. Je m’en remettrai entièrement à toi, quand tu le seras. Il ne laisse nulle place au doute ou aux hypothèses, persuadé de la capacité de Yume a décrocher le diplôme et le poste qu’il convoite. Je ne suis pas certain. J’aimerais faire quelque chose d’utile, aussi. Le journalisme m’intéresse… Il n’a jamais eu de rêve grandiose, de but étincelant à atteindre ; il ne connaît que les passe-temps confortables et les facilités de certaines matières sans que rien ne sorte particulièrement du lot. Il aimerait poursuivre le théâtre, et continuer à se pencher sur l’étude des arts magiques, et ne saurait se défaire tout à fait non plus de sa fascination pour la confection de potions. Il n’a jamais pourtant mis ces intérêts au cœur des préoccupations liées à son avenir, conscient depuis longtemps qu’il se destine avant toute chose à servir les intérêts paternels et familiaux. L’idée ne l’a jamais repoussé.

Il éclate d’un rire qu’on ne lui avait pas arraché depuis longtemps lorsque Yume lui fait part de son espoir qu’ils ne se perdent pas de vue l’année suivante ; dans son rire il n’y a pourtant pas de méchanceté, seulement un mélange de surprise et de satisfaction. Il tend son bras pour ébouriffer la tignasse de son cousin dans un geste affectueux emprunté à des temps anciens, retrouvant son sérieux presque aussi vite. Ah, mon tendre Yume, je savais que j’allais terriblement te manquer. Il se veut nonchalant, presque narquois, et pourtant se trouve touché par la remarque innocente de son cadet, et il hésite une seconde avant de céder. Bien sûr, je viendrai te retrouver pendant tes vacances. Mais ce temps est encore loin devant nous. Et l’avenir encore incertain.

Et tu pourras m’écrire quand tu le souhaites. Il se redresse un peu sur lui-même. Je compte sur toi me tenir informé des nouvelles les plus sensationnelles d’entre ces murs.
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Yume Ueda
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Yume Ueda
INTERMÈDE
16.03.97
La proposition lui décroche un sourire. Tant par plaisir de se trouver parmi les préoccupations de son cousin, que d’apaisement à l’idée qu’il puisse l’aider – qu’il vienne à user de cette aide ou non, le simple fait de le savoir disposé lui suffit à s’en sentir comblé.

« J’y penserai. Je pense que je me mets surtout beaucoup de pression. »

Le fait de la savoir ne le dispose pas de cette inquiétude, pour autant. Et bien qu’elle soit moindre en comparaison de celle qu’il éprouve pour sa famille, l’accumulation de toutes le fait parfois se sentir au bord de l’implosion – il y a un cercle vicieux, à craindre que ses résultats ne baissent face aux angoisses relatant de sa vie privée, et à s’infliger, donc, d’autant plus de tension.

Yume préfère, pourtant, ne pas s’attarder davantage sur ce mal-être qui l’afflige – dans le fond, n’y a-t-il pas toujours été habitué ? (à ne jamais se sentir à la hauteur)

Il avait vu juste, à propos du directeur. Que Tanegashima ait retenu la méfiance de Reo ne va pas pour le rassurer. L’adolescent convient même de s’en méfier davantage qu’il ne le faisait déjà.

« Je n’aime pas juger sur une première impression, mais… J’aurais déjà tendance à mal considérer un directeur usant de punitions aussi cruelle qu’être enfermé dans une de nos vieilles cellules, pour une simple boulette de riz. »

Le blâme lui avait paru autant injuste, que brutale et pas seulement parce qu’il avait appréhendé de subir le même traitement, alors qu’il s’était immiscé à une table qui n’était pas la sienne – si Gonosuke pouvait faire subir ce traitement pour un peu de riz lancé, il aurait aussi bien pu le faire en découvrant une araignée parmi les corbeaux.

De la plus belle des façon, le compliment de son aîné vient le rassurer. Le sourire qui se devine, plus qu’il ne s’aperçoit, exprime toute sa sincérité, tandis que ses propos témoignent de la confiance qu’il lui porte. Yume s’en sent ému, profondément touché par l’affection qui, s’il n’en avait pas douté, n’avait jamais été démontré avec autant de franchise.

« Merci… » prononce-t-il d’abord, à voix basse, exprimant sa gratitude, ainsi que son émotivité. « Je me montrerai à la hauteur. » (cette fois, il y croit)

Nul doute que les soins prenaient d’autant plus d’importance en cette période. Peut-être arriverait-il trop tard sur le front (il ne sait s’il doit s’en désoler ou, au contraire, s’en réjouir – il espère, tout de même que, d’ici son diplôme, les choses se seront tassées).

Reo aimerait faire quelque chose d’utile, lui aussi. Pas dans le même domaine, néanmoins. Le journalisme peut avoir son lot d’intérêt, bien que son cadet ne s’attende pas à un but si éloigné des postes prestigieux auxquels s’aspirent de nombreux sang-purs appartenant aux grands clans.

« Je pense que ça te conviendrait bien. »

Avec ces nouvelles informations, il se laissa imaginer, l’espace de quelques secondes, à un futur les rassemblant, diplômes en main et un nouveau départ pris. C’est l’éclat d’un rire qu’il n’avait que rarement entendu qui interrompu cette pensée, le ramenant au présent – et un présent dans lequel le brun riait ne pouvait qu’être enchanteur.

L’ébouriffement de ses cheveux lui arracha un léger cri de protestation, bien vite étouffé par l’hilarité provoquée à son tour chez le plus jeune.

« Ça passera bien trop vite, tu sais. On aura pas le temps de s’en apercevoir, que tu seras déjà en dehors de ces murs. »

Tant de choses pouvaient arriver, encore, d’ici là. Pourtant, chaque années semblaient toujours s’être écoulées à une vitesse irréelle.

« Si tu deviens journaliste, peut-être écriras-tu des articles sur nos malheurs. Je t’enverrais tous les détails potentiellement croustillants, qui pourront t’être utiles. Mais aussi beaucoup de mon quotidien ennuyeux, comme ça tu auras un peu l’impression d’être avec moi. »

Le sourire aux lèvres, de ces bonnes résolutions – de quoi se rassurer sur un avenir encore incertain – il se laissa retomber, dos à son lit, contemplant le plafond avec apaisement.
Reo Ueda
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Reo Ueda
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Reo Ueda
Les cils de Reo battent lentement. Il scrute son cadet d’un œil avisé. Il l’imagine en effet sans peine revêtir l’habit du soignant. Lorsqu’ils envisagent ainsi leur futur, esquissent les lignes de leur destin, Reo songe que Yume et lui sont, malgré tout, terriblement différents. Si l’aîné apprécie de son cadet la tranquillité et l’attitude, leurs cœurs, eux, sont intrinsèquement nourris par des désirs différents. Il ne saurait lui en tenir rigueur - Yume a quelque chose de tendre, que Reo envierait presque, s’il était toutefois moins orgueilleux. Reo dispose d’une dureté différente, et d’une fermeté d’esprit qui entraînera inexorablement une rupture dans cet équilibre fragile - il le sait déjà, mais choisi de n’en piper mot.

Au-delà de toutes leurs disparités d’esprit ou de cœur, Reo porte à son cousin une affection véritable, à son propre dam. Ainsi, il se sent gorgé d’une certaine fierté en écoutant le garçon, et en attrapant au vol les éclats de son rire. Reo se détend rarement si aisément avec ses camarades comme il le fait auprès de Yume - destin tragique. Tu le seras, je le sais. Il acquiesce sans marquer d’hésitation, les traits paisibles bien qu’assez solennels.

Il le remercie à son tour, d’un geste de la tête. A dire vrai, il ignore encore de quoi sera véritablement fait son futur, alors il articule des idées, des concepts, sans s’y attarder davantage. Il sait que son père a pour lui des projets, et il saurait s’y plier sans trop de difficultés, quitte à y perdre les traits de ce visage. Il excelle déjà dans l’art du mensonge, et n’éprouve guère de peine à prétendre être tout ce qu’il n’est pas lorsque l’envie lui en prend - c’est se demander si lui-même sait encore ce qu’il est véritablement.

Hm. Tu as peut-être raison, fait-il, haussant nonchalamment les épaules. Bien que les mois s’étendent encore devant eux dans ce qui lui semble une éternité, il ne s’agit finalement que d’une poignée de poussière dans l’espace d’une vie. Et qui sait ce que ce temps nous réserve encore. Les corps se sont pliés aux habitudes les plus terribles, à vivre dans l’attente de la prochaine catastrophe - Reo ne s’en inquiète pourtant qu’à demi. Quoi qu’il en soit, je sais que je peux compter sur toi. N’oublie rien, je te prie. Il ignore tout de quoi sera fait le monde, après qu’il aura quitté ces murs, ainsi il se refuse à émettre la moindre promesse. Le moment pourtant aurait été propice, face à l’appréhension d’une nostalgie à venir, il serait aisé d’assurer des au revoirs et le souhait de ne jamais rompre ce lien particulier. Mais ses lèvres se taisent, et préfère au mensonge (ha ! chose rare) le silence.

Alors, il se redresse après avoir asséné une tape sur l’épaule de son cadet. Va. L’heure du dîner approche. Je vais travailler un peu avant de descendre. Rejoins-moi si tu veux. Et, la main sur la porte, d’ajouter : Nous devrions parler comme ça plus souvent.
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