— freedom is not worth (eirin fujiwara)
Takamori Fujiwara
Citation : tu seras une pièce sans valeur sur le plateau de ma vie
Age : trente-et-un ans
Rang : a0
Susanoo
Takamori Fujiwara
sa femme était morte en mettant au monde leur enfant.
face à lui, il n'y avait qu'un paysage infiniment grand. la vaste étendue de liliacées carmins aspiraient son âme loin des tourments qui agitaient alors son esprit. pourquoi vivre, quand le destin aimait à s'acharner avec tant de rage. le seigneur serrait le poing à s'en blanchir les articulations, entre ses longs doigts un petit bout de papier, ancien origami croassant. l'oiseau de mauvais augure avait volé, traversant l'océan jusqu'à son destinataire, pour se déplier sur ses genoux. comment prévoir, ou simplement imaginer un contenu aussi effroyable.
sa femme était morte en mettant au monde leur enfant.
le bonheur avait un goût amer, celui d'un charnier, de la cendre, de la terre. la bouche était pâteuse, comme un lendemain de soirée trop arrosé. sauf que takamori ne buvait presque plus, il avait arrêté l'alcool à la demande de son épouse qui, bien attentionnée, s'inquiétait pour sa santé. alors pourquoi était-ce elle qui était allongé quelque part dans le palais lointain ? quelle divinité, quelle force supérieure quelconque pouvait choisir d'arrêter la vie d'une âme aussi charmante que la sienne ? il n'en savait rien. son cœur n'était qu'un abîme sans fin, sans fond à regarder il n'y avait plus que l'extérieur à voir. alors l'homme avançait telle une machine depuis qu'il avait lu le message. la tasse de thé restait encore sur la petite table de son appartement, froid. il avait quitté son logement à la hâte pour marcher au gré des sentiments, ou plutôt en quête d'un lieu tranquille.
sa femme était morte en mettant au monde leur enfant. la phrase résonnait encore et toujours au creux de ses oreilles. c'était un leitmotiv sur un vieux vinyle rayé, une ritournelle macabre dont il ne pouvait se séparer. elle le hantait, spectre sans consistance, seulement sonore et interne. elle était morte, seule, entourée de la sage-femme et de sa belle-mère. il ne connaissait pas ses derniers mots, ni les raisons du décès. takamori n'en avait cure. le seigneur n'aimait pas son épouse. c'était un mariage de raison comme on en fait tant chez les sangs-purs, mais il s'était habitué à elle, à sa présence, à son soutien. elle possédait une utilité au sein des fujiwara, tenir le domaine pendant que takamori se trouvait à l'école. désormais il n'avait plus personne pour cette tâche, sinon une mère devenue muette par un autre décès.
et l'enfant. l'interrogation tomba du ciel telle une masse malodorante : qu'allait-il faire de ce fils ?
Eirin Fujiwara
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 18 ans
Rang : 76/100
Susanoo
Eirin Fujiwara
Ses talons claquèrent contre le sol, avant qu’ils ne heurtent le sol meuble, couvert du sang et des viscères d’aïeuls méconnus. Eirin, si égocentrique était-elle, savait qu’une immuable entité surpassait ses propres besoins : son clan. Aussi se racla-t-elle la gorge sous le couvert d’une toux délicate, confirmant sa présence au chef qui l’avait convoqué ; il semblait évident qu’elle avait été conviée en pareil lieu damné en tant que Fujiwara, et non membre de la maison Tsuchigumo.
Son échine courbée dans le respect d’une révérence courante, elle laissa le gris de ses iris danser le long d’un visage éreinté, incapable pourtant d’en déchiffrer l’entièreté des émotions. Takamori, murmura-t-elle alors, le bras levé dans le réconfort d’un geste avorté, que se passe-t-il ?
Eirin n’était pas dupe—si son allégeance envers Takamori avait été dûment prouvée, c’était aussi le cas pour son frère et, si difficile était-il de l’admettre, pour deux de ses cousins. Chassant les souvenirs d’une main nerveuse dans sa crinière opaline, elle se contenta de jauger son chef ; l’appréhension mêlée d’une hâte mauvaise, chaque sentiment soigneusement dissimulé derrière un masque de tiède neutralité.
Takamori Fujiwara
Citation : tu seras une pièce sans valeur sur le plateau de ma vie
Age : trente-et-un ans
Rang : a0
Susanoo
Takamori Fujiwara
la colère prenait tant de place en lui. peu à peu, elle s'installait sur le palier de la tristesse et du chagrin. elle s'apprêtait à entrer dans la maison pour redécorer l'intérieur à sa manière. il y aurait du sang, des entrailles et des os accrochés aux murs, et au fond du grenier, un petit cliquetis horripilant se ferait entendre à la nuit tombée. un tic tac insupportable symbole de la folie à venir du seigneur des fujiwara.
car tous les chefs de ce clan finissaient par tomber, un jour ou l'autre, dans les bras voluptueux de lyssa.
sa chère cousine était venue à lui, comme prévu. elle avait ployé le genou, reniant son père pour les grâces d'un cousin qu'elle jugea plus fréquentable. eirin ne remplacerait pas sa défunte épouse, mais elle serait d'une grande utilité pour contenir les égos insubmersibles des fujiwara. restant dos à elle, il dit : « shirahime est morte en mettant au monde mon fils. ». l'annonce était brutale, sans la moindre préparation. takamori n'aimait pas cela en temps normal, le deuil n'y changerait rien. « je vais devoir m'absenter quelques jours pour la cérémonie et régler quelques affaires familiales ... », il se tut un instant, l'homme semblait attendre qu'un souffle d'air fasse bouger les pétales des fleurs, « étant loin du domaine, ton père va probablement cherché à semer la discorde dans nos rangs. je dois donc trouver quelqu'un pour refreiner ses pulsions révolutionnaires et ma mère est tout indiquée pour le rôle. même si elle reste muette depuis la mort de mon père, son esprit est toujours aussi affuté. ».
l'analyse politique tranchait avec la situation. il fallait un grand contrôle, ou un détachement complet, pour faire fonctionner son esprit à une telle vitesse après une si terrible annonce. mais takamori avait été éduqué par le précédent seigneur pour faire face à la mort, pour la considérer comme un simple soubresaut passager. « mon fils sera bien protégé par le personnel du palais, mais sachant que je ne serai pas à côté de lui, j'ai tout de même peur. », il se tourna alors vers eirin pour plonger ses yeux dans les siens, « je compte sur toi pour me tenir aux courants des agissements de mon oncle. emploie tous les moyens nécessaires, je n'en ai cure tant que tu restes discrète. », et comme une menace, le seigneur des fujiwara ajouta à son ordre : « notre héritier doit survivre ! »
Eirin Fujiwara
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 18 ans
Rang : 76/100
Susanoo
Eirin Fujiwara
Elle supposait que le fils allait bien et, quelque part, c’était tout ce qui importait — l’héritier du chef demeurait, assassin involontaire d’une mère qui l’aurait peut-être plus chéri que quiconque parmi ce clan maudit. Eirin plaignait cet enfant, le myocarde troublé de pulsations furieuses à l’idée des embûches d’ores et déjà semées sur le sillage du poupin. Les ordres étaient proférés, distincts, et les responsabilités que Takamori déversait sur ses frêles épaules ne la firent guère broncher ; la loyauté brûlait dans ses veines, son camp choisi à l’instant où le poids de la couronne fujiwarienne avait échoué sur le crâne du professeur.
Soit, répondit-elle alors, les mâchoires serrées de tension discrète. Shinobu ne s’approchera pas de votre fils, et ses conspirations seront étouffées dans l’oeuf. Le complot pesait, évident, sur la langue de son père ; c’était une constante à laquelle elle s’était habituée, ses discours rapportés par une matriarche impitoyable. Eirin se rompit en une révérence chargée de prestance, et laissa un lourd silence s’installer avant de reprendre, quoique moins assurée.
Le personnel du palais suffira-t-il à prendre soin de l’enfant ? Votre oncle n’est pas la seule menace qui plane au-dessus de vos têtes, et je serais d’avis que l’héritier mérite le plus haut degré de protection. L’hésitation était fugace dans son timbre, bien vite supplantée par la détermination ; elle ne soumit cependant aucune proposition, son désir d’agir plus encore évident au fond de ses yeux clairs.
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