AUX CONFINS DU RÊVE

En règle générale, les cris insupportaient Natsuo. Les pleurs, les éclats de voix, les rires ; de vives émotions s’exprimant avec force, par le biais de sons tous plus désagréables les uns que les autres, à ses oreilles.
Cette sensibilité auditive s’expliquait, probablement, par son imperméabilité émotionnelle.

Etonnement, le vacarme actuel ne l’agaçait pas autant qu’il le devrait. Certes, les hurlements de terreur lui donner envie de lever les yeux au ciel, mais il trouvait, dans cette situation, quelque chose d’excitant, plutôt qu’énervant.
Il était incapable d’empathie, mais les vives réaction avaient au moins le mérite de pousser ses surrénales à secréter plus d’adrénaline.

Il y avait l’odeur du sang, aussi. L’arrière-goût ferreux, aisément reconnaissable.
Si l’infirmier n’était pas un animal, dont l’effluve suffisait à appâter ; la vue du sang, elle, ne le laissait pas indifférent.

Alors, contre toute attente, il avait choisi de s’éloigner des attaquants.
Oui. Lui qui s’était plaint, quelques mois auparavant, de n’avoir pu prendre part à l’essentiel des combats, par sens des responsabilités, fuyait cette fois l’affrontement – bien sûr, si les yokai venaient à lui, il ne dirait pas non, mais…

Natsuo n’avait pas tant confiance en sa maîtrise.
Il se savait instable et avait fait des efforts incommensurable, au cours de sa vie, pour ne pas céder aux pulsions les plus néfastes – ou plutôt, pour ne pas répéter des erreurs déjà trop souvent commises.

Et quel désagrément, de finalement découvrir, au détour d’un couloir, de nouveaux pleurs ! L’adulte songe presque à s’éloigner, faisant la sourde oreille, quand la voix de Fujiwara retentie, à son tour, dans le dojo qui accueille habituellement ses cours.
Il laissa son regard errer dans la pièce, découvrant l’enfant perturbé.

Je crois que je déteste les enfants, ne put-il s’empêcher de songer.
Une pensée qui aurait certainement dû le faire douter de sa profession actuelle.

« Bon sang. Mais quel âge avez-vous ? »

Trop âgé pour un accident de ce genre, certainement.
Et lui, trop rigide pour ne pas s’en hérisser.

« Fujiwara ; que savez-vous de la situation ? Y a-t-il un plan auquel se conformer ou ne sommes-nous tous que des soldats indisciplinés, intervenant là où bon nous semble ? »

Pas que la perspective ne lui plaise pas.

AUX CONFINS DU RÊVE

La réflexion entre par l’une de ses oreilles ; ressort par l’autre, dans l’instant. Fujiwara, malgré son statut de chef de clan, est bien plus tendre envers les enfants que semblent l’être nombre de sang-pur. La remarque se vaut, néanmoins et Maeda devrait, effectivement, être bien placé pour le savoir.

Si le TSA est reconnu comme un handicap requérant davantage d’attention, ma sociopathie pourrait-elle justifier davantage d’indulgence envers mon impatience et ma rigidité ?, ne put-il s’empêcher de s’interroger.

Comme s’il comptait se justifier.

L’infirmier se contenta de darder le professeur de son regard froid. L’ombre d’un sourire se dessinait sur ses lèvres, tandis que l’idée d’entrer en conflit avec lui effleurait son esprit.

Une présence, à la porte, interrompit tout fantasme.
Natsuo n’avait que rarement goûté à la peur – les angoisses et crises de panique qu’il avait pu expérimenter, au cours de sa vie, étaient chacune dues au manque, lors de son sevrage.
La redécouvrir, ici – constater que la poussée d’adrénaline n’avait plus seulement pour source l’excitation précédemment ressentie ; mais aussi une crainte qui lui semblait inexprimable – lui était désagréable.

Il ne s’agissait pas de n’importe quel yokai, il le devinait instantanément.
Du coin de l’œil, il apercevait le regard de Takamori, lui intimant le silence, alors que ses propres yeux se posaient sur l’ombre, pour ne plus la quitter. Sa main se posa simplement sur le sabre qu’il avait pensé à emporter et il se figea.

Devenir statut de glace ne lui demandait, généralement, pas d’effort. Cette fois, pourtant, la tension lui était insupportable.

hrp : natsuo a la décence de ne pas s'enfoncer dans sa connerie, même si l'idée de se fight avec taka l'amuse ; flippe un peu, pour une fois, et kiff pas vraiment. accepte de rester silencieux, mais reste sur ses gardes et s'agite intérieurement

AUX CONFINS DU RÊVE

Le silence s’étend et, finalement, leur patience porte leur fruit, lorsque la silhouette disparait dans le couloir, les laissant seuls dans le dojo.
Ils viennent d’échapper à une mort certaine. Natsuo n’en éprouve pas de soulagement particulier, mais il n’est pas mécontent de disposer d’encore quelques temps à vivre – ne pas avoir peur de mourir ne le rend pas pressé d’y arriver, pour autant.

Ses iris se dirigèrent vers les enfants, presque surpris de leur calme. Agréablement surpris.
Leurs pleurs l’auraient agacé plus encore que la perspective d’être tué à cause de leur bruit.

Ses yeux se relèvent ensuite sur Fujiwara, une pointe de défi transparaissant dans l’indifférence de son regard.

« Souhaitez-vous poursuivre le débat lancé ou puis-je quitter cette pièce ? »

Pas qu’il n’ait besoin de sa permission et, d’ailleurs, il n’attend pas de réponse pour tourner les talons et se diriger vers la sortie.

« D’autres yokais doivent se trouver dans les parages. »

Il jeta un œil de chaque côté du couloir, avant de s’éloigner, son sabre à la main.

hrp : dites à mes amis que je m'en vais natsuo se barre après avoir lancé une petite provocation à taka