Ashe m'avait pris la main et entrainé avec lui. On descendait les escaliers, on sortait de l'école, on se retrouvait dans les jardins. Ayumi n'avait pas semblé nous suivre. Se doutait-elle de ce que nous allions faire ? Le défi était en miette, dans tous les cas. Enfin, ce n'était pas très grave... Il y avait moyen de se racheter avec de la nourriture, sans doute.
Une fois arrêté dans le jardin, ma main quitta celle du jeune homme. Elle se posa sur un côté de ma hanche, tandis que sa jumelle faisait de même de l'autre côté. Un peu penché vers l'avant, je reprenais mon souffle. Puis je relevais la tête pour regarder Ashe.
-A-chan, on fait quoi maintenant ? On attend un peu avant de remonter pour se changer ? À moins que tu veuilles rester la journée entière en jupe ?
Je le dévisageais des pieds à la tête pendant une seconde avant de poursuivre.
-Ca te va bien. Si je ne te connaissais pas et n'y faisait pas attention, je pense que je pourrais te prendre pour une fille...
Je souris amusé. Je me demandais bien qu'elle aurait été la réaction des autres en le voyant ainsi. Mon sourire disparut rapidement avec le petit vent frais du matin et un frisson me prit sous son aile.
-Bruh ! C'est moi ou il fait froid ? C'est vraiment pas chaud de porter une jupe !
![Crossdress - Part 2 [Ft. Ashe & Akihiro] 139](https://i.servimg.com/u/f98/16/13/48/98/139.jpg)
…
Même si sécher les cours n’étaient pas spécialement quelque chose de bien, on ne va pas se mentir, hein ? Mais pour toi, c’était mieux que des moqueries qui pouvaient un peu trop persister… Il y avait déjà quelqu’un qui le faisait bien assez pour que d’autres s’en mêle.
« On peut rester cacher un peu dehors ? Si on nous cherche et qu’on nous trouve, on sera obligé de retourner en cours… » As-tu dis en faisant une légère grimace en imaginant un peu la chose…
« Après, on pourra remonter dans notre chambre et se changer, oui. »
Non, tu n’avais pas envie de passer toute la journée dans les habits d’Ayumi qui étaient en plus un peu trop grand pour toi… Bon pas au point de voir la jupe glisser et tomber sur le sol : HEUREUREUSEMENT.
Par contre, la remarque de Ritsuka te surpris un peu. Il pouvait facilement te confondre avec une fille ? Ça t’allait bien ? Toujours de ce petit air vide et un peu confus, tu penchas la tête sur le côté sans pouvoir retenir une question qui était en train de te bruler les lèvres.
« Tu préférais que je sois une fille ? »
Alors oui, je suis d’accord avec vous. Cette question est très maladroite, mais que voulez-vous… C’est Ashe, non ? Est-ce que ça serait vraiment lui s’il n’était pas aussi direct et sans aucun tact ? Enfin, enfin… Ca te rendait tout de même bien curieux, petit bonhomme.
Ritsuka trouvait qu’il faisait un peu froid avec une jupe ? Tu avais déjà entendu Ayumi râler parce qu’elle n’aimait pas ces habits trop féminins. Peut-être que ça venait de là ?
Tu te mis à regarder un peu à droite puis à gauche pour trouver un endroit plus discret et peut-être plus chaud ?
« Viens. » Dis-tu sans rien ajouter de plus et prenant la main de Ritsuka pour te diriger vers le fond du jardin, mais dans un endroit où il y avait un peu plus d’éclaircie.
Personne n’allait venir vous embêter ou vous trouver ici, n’est-ce pas…. ?
À l’ombre d’un arbre, dans l’herbe fraiche se dessine la silhouette sombre d’un sorcier. Il somnole, profitant de l’air doux qui contrastait avec la fournaise des cuisines. Un livre couvrait une bonne partie de son visage et l’autre l’était par un tissu noir fin qui s'esquisse à demi la commissure de ses lèvres entrouvertes. Il semblait dormir, sa respiration calme et lente soulevait son torse en rythme. Rien ne pouvait être plus parfait que ce moment de détente. Mais il fut troublé par des gazouillis lointains. Une conversation qu’il n’écouta qu’à moitié. Comme le murmure incessant d’une indésirable butineur, il ne pouvait se débarrasser des deux voix.
Alors, il fit glisser le livre jusqu’à l’arrête de son nez, son regard onyx concentré en biais vers les deux adolescentes restait paresseux et pour plus de crédit à son état, sa cheville vint se poser sur son genou. Un bras fit levier pour redresser le haut de son corps, assez pour s’appuyer sur le tronc de l’arbre aux longues branches tombantes recouvertes de feuilles. Au travers du rideau épais formé par ces dernières, il observait les deux enfants qui ne l’avaient pas encore repéré. Devait-il ou non signaler sa présence ? Un instant d’hésitation suffit entre flânerie et moralité. Puis il se leva en étirant ses membres, écartant les branches par la suite pour apparaître aux jeunes filles. « Vous ne devriez pas avoir cours, mesdemoiselles ? »
Si lui avait le droit en toute impunité de parcourir le domaine et plus encore, il n’était pas donné à tous les élèves de disposer de leur temps comme bon leur semblait. Il n’était même pas certain qu’il soit possible d’obtenir un après-midi sans leçons, quelles qu’elles soient.
À ma remarque sur le froid, il me prit la main et m'entraina avec lui. Rester ici était bien, mais le froid l'était moins. Sa main dans la mienne n'allait pas réchauffer mes jambes qui prenaient le froid...
-Et non, je te préfère comme tu es...
C'était venu un peu tardivement. C'était bizarre à dire. C'était comme si je flirtais avec lui, mais.... Ce n'est pas possible.
Puis une voix. Je sursautais, tournant la tête vers l'origine des paroles émises.
-Ah... Bonjour !
Tenter de changer de voix pour continuer le jeu de "je suis une fille" ? Non. C'était juste pas possible, ça non plus. J'allais juste avoir une voix de canard dans son étang.
-Si, peut-être bien.... mais... hum... On préférait prendre l'air ?
Je n'étais pas doué pour mentir, alors, autant aller sur une vérité.
Et soudainement, je me sentais très mal à l'aise. J'étais surpris en jupe, main dans la main avec Ashe, dans des jardins se préparant à l'hiver...
Et sa réponse, comment est-ce que tu devais le prendre ? Comment il était maintenant ? Non ? Eeeeh… Tu ne pus te retenir un froncement de sourcils en le fixant tout droit dans les yeux pour montrer ton incompréhension. Tu ne ressemblais pas à une fille habituellement, non ? -si-
Mais alors que tu allais dire quelque chose en plus, voilà qu’une voix venait de vous interrompre dans votre petite balade.
…
Tu aurais préféré que vous restiez seuls, mais il faut croire que le destin n’en voulait pas ains-
Oh merde, on va vous retirer des points ? Ou encore vous engueuler ? Tu ne veux pas que cette escapade se ramener jusqu’aux oreilles de ton père parce que tu sais d’avance que tu vas en avoir honte…
Alors que Ritsuka est tranquillement en train de répondre, toi tu te mets à gonfler un peu les joues en serrant plus fort la main de ton camarade et jouant un peu avec une des mèches de tes longs cheveux de l’autre.
« On voulait voir les oiseaux. » Répondis-tu en essayant de continuer sur les explications de ton camarade.
Est-ce que tu étais doué pour mentir ? Absolument pas ! Mais il y a une autre information qui avait fait faux sens dans ta petite tête.
Mesdemoiselles ? Est-ce qu’en vous faisant passer pour des filles, vous n’aurez pas de points retirés ? Il ne semble pas vous reconnaitre, c’est positif non… ?
Oh bordel voilà que tu réfléchis trop à un point que tu phase out un coup et tu te mets à fixer les nuages qui défilent dans le ciel.
« Il fait beau aujourd’hui. C’est bien de pouvoir en profiter. »
… C’est Ashe, il ne faut pas lui en vouloir. Toujours dans son petit monde, sur son petit nuage. Ouais, tu y es bien pour le moment…
Sa présence se faisait embarras pour les deux jeunes femmes qui avaient décidé de ne pas nier leur méfait. Tant mieux, plus douce était la sanction lorsque le crime était avoué. Bien qu’il ne s’agissait pas là d’une raison suffisante pour le cuisinier de réduire le nombre de points gagné par maisons ni de punir. Lui aussi se souvenait de ces couloirs longuement parcourus et de son cœur battant trop vite, trop fort à l’entente du moindre bruit par peur d’être surpris. Il adorait les jardins, s’y promener, s’y reposer, écouter. Le chant des oiseaux lui avait-on dit et il approuva d’un hochement de tête. S’il en était ainsi, qui serait-il ? Parfois, il était nécessaire de prendre un peu de temps pour se donner du courage, se prouver à soi que l’on est capable et pour souffler. Ça n’avait rien de simple d’être un sorcier quoi qu’on en dise. « Je vois… eh bien, je vais faire comme si je ne vous avais pas vu alors. Mais vous allez devoir rester ici. Simple précaution »
On n’était jamais trop prudent par les temps qui courraient et il préférait les avoir sous les yeux plutôt que de faire l’impasse et avoir deux étudiantes en danger sur la conscience. Peut-être exagérait-il un peu, ça ne l’avait jamais empêché de dormir d’être un peu trop suspect à courser les élèves. Souvent pour leur poser des questions sur leur régime alimentaire, parfois pour les inviter à ne pas s’éloigner trop de mahoutokoro ou d’être au minimum en présence d’un dernière année. Il s’était retourné, pour leur laisser plus d’intimité et pourtant revint sur ses pas.
Dans son esprit brumeux, quelque chose clochait. Elles devaient avoir froid. Ni une, ni deux il leur demanda bêtement « Vous aimez le chocolat ? » et attendit suffisamment pour se permettre de bafouiller « hm… j’espère que oui » de quelques mouvements de baguette il fit apparaître deux tasses bien chaudes sur une marche d’escalier, s’en saisit et les porta aux élèves. « Ne prenez pas froid et profitez bien de votre petite escapade » était-ce moins angoissant de le voir si prévenant ? Akihiro ne se préoccupait guère des apparences, de ce que l’on racontait à son sujet. Il avait conscience d’être un peu bizarre, mais ça l’avait toujours amusé et il se plaisait davantage à intensifier cette image lui-même qu’à la démentir.
Puis l'adulte en question me surprit par son comportement. Pas de rappel à l'ordre ? Pas de "retourner en classe" ? Rien ? D'accord, il n'était qu'un employé, mais il en avait le droit. À la place, il nous laissait même là. Avant de revenir et de nous poser une question à laquelle nous n'avions même pas eu vraiment le temps de répondre.
C'est ainsi que du chocolat chaud apparu. Ô douce chaleur, viens dans mes bras, que je t'accueille volontiers ! Je lâchais alors la main de Ashe pour prendre la tasse à deux mains.
-Merci beaucoup. C'est gentil... Mais pourquoi ?
Pourquoi il ne faisait pas de remarques sur notre accoutrement ? Pourquoi il nous permettait de rester ici ? Ah. Mais. Si on devait rester ici, on allait devoir rester combien de temps ? Car, ce n'était pas que mon pantalon me manquait, mais quand même un peu, si !
Depuis que tu avais perdu la mémoire, tu avais ce petit côté qui ne voulait pas décevoir quelqu’un même si tu ne sais toujours pas… Qui ? Pour toi, tu penses que c’est Az’. Mais si tu savais la vérité…
Enfin bon ! Ton attention finit par à nouveau se poser sur l’homme en face de vous tout en penchant la tête quand ce dernier vous demander pour le chocolat et tes sourcils furent froncés à l’apparition du chocolat chaud devant vous.
Attendez, attendez. Est-ce qu’un inconnu était en train d’offrir une boisson à des jeunes filles ? Enfin, tu n’avais pas compris qu’il n’avait pas compris que vous étiez des hommes alors…
« Vous êtes qui ? » Tu demandas toujours sans aucun tact.
Vous croyez vraiment que sa mémoire qui a oublié un des personnes les plus importante à son cœur allait se rappeler d’un cuisinier ? Aucune chance ! Tes yeux se posèrent en premier sur Ritsuka pour voir s’il allait accepter ce cadeau ou pas. Même si… Pourquoi tu te sentais un peu frustré qu’il t’ait lâché la main… ? Mpf… En tout cas, il avait pris la tasse entre ses mains et Ashe en fit de même.
« Il est pas empoisonné ? » Le tact était toujours aussi absent…
Bien qu’avec de la mémoire en moins, tu savais toujours faire attention à ce qu’on t’offrait, Ashe. Surtout quand il s’agissait d’une boisson ! Puis au moins, si on t’empoisonne, tu pourras prouver que c’était volontaire et non involontaire.
… Et tu n’as pas envie de voir quelqu’un empoisonner Ritsuka….
Eh ? Pourquoi est-ce que tu penses à ça soudainement ?
Ah….
C’est compliqué dans ta petite tête…
Chaque mot glace un peu plus le corps du cuisinier et il n’ose imaginer pour les deux adolescentes ce qu’il en était. Difficile de braver l’interdit par un jour aussi froid. Difficile de capturer le moment idéal de ce fait pour observer les plumes s’agiter et la texture duveteuse envelopper un petit corps dodu s’enfoncer dans un nid chaleureux. Dans ses pensées, il ne voit pas l’utilité de punir l’innocence des plus jeunes et offre même une boisson fumante à chacune. Hésitantes, de prime abord, pour accepter avec appréhension, elles le dévisagent toutes deux comme s’il était peu commun de recevoir dans pareilles circonstances. Et si d’ordinaire elles avaient raison d’être suspicieuses, il était triste de constater que ce soit le cas par définition.
« Pourquoi pas ? Maintenant que vous êtes là, quel intérêt de vous ramener, mesdemoiselles ? » Une main sur la hanche, l’autre le long de son corps, il les observe à tour de rôle et s’interroge. Cependant, si lui aussi avait quelques incertitudes, il estimait que ça n’était pas de son ressort. L’onyx toujours fixé sur l’enfant le plus réactif. « Vous ne feriez qu’éviter de croiser le chemin d’un autre adulte à vos risques et je n’y tiens pas vraiment » il accoutrerait immédiatement, là n’était pas la question. Pourquoi laisser cette situation se produire quand on pouvait s'en dispenser ?
Enfin, la voix de la seconde se fait entendre et son regard plus cruel que stupéfait aurait pu briser le cœur d’Akihiro s’il n’avait pas raison de prendre cette précaution. « Qui sait ? » débattre ne l’innocentera pas nécessairement. Plutôt que de le faire, il admire secrètement l’initiative. Bien que téméraire et bancale, elle restait franche, lui n’y résisterait pas à coup sûr ou seulement pour une plaisanterie supplémentaire. « Est-ce que tu as déjà eu peur de prendre un repas à Mahoutokoro depuis les trois dernières années ? » légitime défense, si personne n’avait succombé, il était par défaut rayé de la liste des ennemis potentiels.
Je n'avais rien eu à répondre à l'homme au cheveux blancs d'ailleurs. Il n'avait pas vraiment tort. Et puis, mieux vallait ne pas trop insister sinon il pourrait être capable de nous ennuyer définitivement. Peut-être. C'était une possibilité.
Mais Ashe, vraiment...
Je fis semblant de me racler la gorge pour avoir bu de travers pour me remettre de la remarque de mon compagnon de chambre. Puis je jetais un coup d'oeil rapide à l'adulte. Il ne semblait pas l'avoir mal pris. Au contraire. Son « qui sait ? » pouvait le faire entrer dans le jeu. Et comment Ashe allait réagir ? Mieux valait observer, ça risquait de devenir amusant. Surtout si Ashe s'éveillait en devenant actif et non plus passif à regarder les nuages. Je m'éloignais juste assez pour m'asseoir sur un petit muret et siroter la boisson chaude en les observant.
Pour enfin demander :
-A-chan, tu as peur de te faire empoisonner ?
C'est vrai que ça pouvait ...détruire une vie. Mais je n'y avais jamais songé. La nourriture de l'école était toujours impeccable, de même à la maison, je n'avais jamais à me plaindre. Enfin, après tout, on laissait rarement quelqu'un de l'extérieur entrer chez nous et l'endroit était suffisamment raisonnable en taille pour qu'on le sache vite quand il y a un intrus.
Mais revenons a nos moutons, et plus particulièrement à Ashe et notre employé. Ne devrions-nous pas penser à rentrer tout doucement ? Le chocolat chaud m'avait réchauffé, mais mon pantalon me manquait...
Alors pour toi il était évident que cette question sorte quand un inconnu pointait le bout de son nez. Enfin, plutôt quelqu’un que ta mémoire n’avait pas gardé dans un coin de ta tête. Mais avant que ce sujet ne vienne sur le tapis, tu ne pus retenir tes yeux se plisser un bon coup.
Un regard sur la droite, puis sur la gauche. Est-ce que l’adulte était en train de vous parler ou il avait des amis imaginaires ?
« Votre masque de vous empêcher de respirer. Je ne vois aucune mademoiselle ici. » Dis-tu toujours avec ce manque de tact qui te collait maintenant à la peau.
Non, tu avais beau chercher autour de vous, tu ne voyais que vous trois et bien sûr, cela ne vint pas à ton esprit qu’on avait pu vous confondre avec des filles à cause de vos uniformes. Après tout, vous avez des corps et visages masculins, non ? C’est beau de se voiler d’illusion, mon petit Ashe.
Enfin, revenons sur la question que tu avais posée précédemment sur qui était cet homme.
…
Pourquoi est-ce qu’il ne t’avait pas répondu et parlait des plats à Mahou to Koro ? Est-ce qu’il était en train de détourner le sujet ? Voilà que tu fronças encore un coup les sourcils toujours sans toucher à ton chocolat chaud même si… Ritsuka venait de le faire non ?
« … Les plats peuvent être aussi empoisonner ici ? Je ferais attention. Vous avez des remarques bizarres. »
Non, Ashe n’était vraiment pas doué pour des devinettes avec ta mémoire défaillante.
« Je préfère faire attention à tout. Il y a beaucoup de problème récemment, ici. »
Tu expliquas simplement en réponse à Ritsuka qui venait de s’assoir alors que toi, tu étais toujours debout à fixer l’inconnu.
L’une regardait l’autre en attende d’approbation, craignant peut-être qu’un mot ne soit de trop et elle avait raison. Fendant l’air comme un sabre, elle tranchait dans la conversation sans se soucier des possibles dégâts. Akihiro comprenait peu à peu la supercherie. Poings sur les hanches, il les dévisageait et son calme n’aidait aucunement à trahir ses pensées. « Si tu n’en vois aucune, c’est que tu t’es consciemment habillé comme tel » ni plus ni moins que cette déduction à la portée de tous, il soupire et observe donc les deux jeunes hommes en jupe. « Peu m’importe, vous faites bien ce que vous voulez » il ne comprenait pas exactement pourquoi et se doutait que ce serait embarrassant de le demander, alors il n’en fit rien, allant prendre place sous un arbre en soupirant.
La seule insulte que l’on pouvait lui faire hormis de manquer de respect à autrui était d’insulter sa cuisine. « Si tel était le cas, vous seriez déjà tous morts. Je suis l’un des cuisiniers et je connais le deuxième de longue date, assez pour savoir que vous ne risquez rien en prenant vos repas » nul besoin de répliquer avec dédain, bien qu’il était offusqué, ces étudiants étaient des enfants. Cette pensée seule suffisait à apaiser sa rancune, pas assez pour qu’il n’élabore pas déjà des plans pour se venger. « Il y a beaucoup de problèmes en effet et il est normal que vous vous méfiiez de tous, sage décision, bien qu’elle soit radicale » et triste pour ceux qui n’avaient pas le luxe d’avoir des attaches sûres dans cet établissement. « hm… Avant que tu ne poses la question » dit-il en tournant son regard vers celui qui avait bu sans crainte « Peu importe que vous enfreignez des règles et que vos tenues ne soient pas conformes à ce que l’on attend de vous. J’accorde plus d’importance à vos vies qu’au reste » était-ce assez limpide à présent pour qu’il ne soit plus une ombre menaçante planant au-dessus d’eux et prête à les ensevelir ?
Dévisagé par l'adulte, j'eus un sourire gêné et lui fis coucou de la main, un peu comme un "Hé oui, je ne suis pas une fille, désolé".
J'allais répondre à Ashe, mais l'homme masqué fut plus rapide. Je les laissais tranquillement parler de cuisine, empoisonnement et sécurité, tandis que je me relevais pour revenir plus près de Ashe. Ma tasse était presque à la moitié. Le chocolat chaud était vraiment bon.
-Tu devrais boire A-chan, la boisson est vraiment bonne.
Je continuais avec le surnom, même si il n'y avait plus besoin. Peut-être parce que je trouvais ça amusant. Et puis, Ashe ne semblait pas relever plus que ça, maintenant. Puis mon attention se porta sur le cuisinier et ses paroles.
-Vous êtes vraiment prévenant, merci.
Autant parce qu'il ne sembla pas vouloir nous dénoncer que par ses propos sur les vies.
-Hm... Je pense qu'on devrait aller se changer avant que quelqu'un d'autre nous trouve comme ça et qu'on ait vraiment des problèmes.... non ?
La situation devenait vraiment étrange et tu n’avais pas l’habitude d’être aussi perdu, petit Ashe. Enfin, c’est ce que tu croyais parce qu’en réalité : tu l’étais toujours complètement.
La boisson était bonne, Ritsuka ne s’était pas transformé en quelque chose de surprenant alors… Tu te permis enfin de poser tes lèvres sur la tasse et de boire un peu de son contenu.
« C’est tout chaud… » Habitude de dire ce que tu penses à voix haute : ton honnêteté ne disparaitra certainement jamais.
Cuisinier de l’établissement ? Était-ce peut-être pour ça que la mémoire de l’amnésique l’avait quelque peu titillé sans vraiment mettre le pourquoi du comment sur ce petit chatouillement. Néanmoins..
« On vous reconnaitrait plus facilement sans votre masque. »
Tu avais pensé : nous ne sommes pas au bal masqué… Mais cette phrase ne résonna que dans ta tête pour une raison inconnue. (Tu avais simplement oublié de la dire.)
Le cuisinier portait plus d’importance à vos vies qu’aux habits que vous portiez ? Ah.. Oui, vous aviez des vêtements féminins, c’est vrai… Encore une information sortie de ta tête à cause de la chaleur entre tes mains.
Une petite gorgée en plus.
« … Je sais me défendre. » Tu te sentais obligé de le souligner, tu ne voulais pas qu’on te sous-estime surtout avec un katana entre les mains.
Par contre, Ritsuka venait de mentionner que vous pouviez avoir des problèmes : chose que tu ne voulais pas… Baisser dans l’estime de… [i] cette[/] personne inconnue te dérangeait toujours autant. Qui est-ce… ?
« Je veux rentrer. » Tu ne voulais pas perdre ta première place dans le classement non plus.
Alors, si personne ne te retenait, tu allais déjà commencer à partir en oubliant de redonner la tasse à ce pauvre cuisinier qui ne faisait que se prendre ton trop plein d’honnêteté….
Sur les conseils de son ami, ils boivent et la chaleur de la boisson semble apaiser l’esprit méfiant du plus brut. On lui fait remarquer que son masque fait obstacle à son identification et pourtant lui se contente d’en rire. « Nous ne sommes que deux cuisiniers, je suis celui qui porte un masque et il y a si peu de personnes qui en ont qu’il est peut-être plus facile de me reconnaître de cette façon que l’inverse » en soit, c’était un fait indéniable, à sa connaissance il n’y avait pas plus de cinq personnes couvrant le bas de leur visage et il en faisait partie.
Ses bras se croisent, lui n’est pas strict sur l’apparence exigée et encore moins sur les quelques bêtises que commettent les adolescents de leur âge. Il en a été un avant eux et il préfère largement ce comportement que celui trop silencieux et trop isolé de certains. « Que tu saches te défendre ou non, il n’y a jamais trop de personnes de confiance, même si elles sont peu nombreuses » il était toujours possible d’en rencontrer d’autres, mais qu’elles le deviennent à mesure que le temps passait et à l’inverse voir celles qui étaient dans ce cercle réduites en sortir.
Le cuisinier n’en dit pas plus, se contentant d’acquiescer. « Rentrez bien dans ce cas, faites attention à vous » ce qui sous-entendait plutôt qu’il serait là en cas de problème, il l’avait suffisamment fait comprendre, cependant le formuler clairement lui semblait trop étrange. Le cuisinier se contenta donc de récupérer les tasses qui lui étaient rendues et de s’étonner du caractère très franc de l’un des deux étudiants. Il ne les ébouriffa pas, mais soupira tout son soul. « J’aurais aimé arrêter le temps » ils étaient peut-être déjà loin et sa remarque était un murmure pour lui-même plus qu’à l’intention des enfants.
Lorsque je finis pas mentionner le fait de rentrer et se changer, Ashe suivit mon idée à mon soulagement. Un peu trop d'ailleurs. Il s'en était aller dans la direction de l'école, tasse toujours en main. Son franc-parler et sa tête dans les nuages étaient une vraie catastrophe parfois, même si c'était sans gravité.
-Ashe ! Attends !
Je le rattrapais et lui pris la tasse vide dans mains pour aller la rendre au cuisinier, en le remerciant une nouvelle fois. Tasses rendues, je poursuivis Ashe pour rentrer au dortoir et retrouver nos vêtements habituels. L'expérience avait été étrange et avait pris une tournure un peu particulière, mais au moins, nous ne nous étions pas ridiculisés en public. Juste devant Ayumi et le cuisinier.
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