Lorsque les repas sont près et dégustés, il est temps de s’offrir un peu de répit pour les cuisiniers et Akihiro compte bien retrouver son partenaire, toujours en appétit quand il s’agit de lui. Cette plaisanterie initiée à l’arrivée d’Akira n’avait eu de cesse d’être renvoyée d’un à l’autre, chacun à sa façon. Si le plus petit des deux privilégiait sa taille pour causer des ennuis à l’autre c’était uniquement parce qu’il s’agissait d’un bon moyen pour répondre à la manière tout aussi subtile, mais bien plus frustrante d’agir du masqué.

Le décor était particulièrement approprié. Après quelques minutes de marche, il trouva au bord de l’eau le jeune homme aux allures enfantines et au tempérament aussi flamboyant que ses cheveux. Il s’approcha nonchalamment et s’assit à côté de lui, observant la rivière dont le flot apaisant faisait un nouveau tour de circuit. Le plus contraignant avec l’ancien Yata c’était qu’il appréciait ignorer délibérément son acolyte espiègle pour le pousser à bout et bien souvent, il ne lui donnait guère à se mettre sous la dent si ce n’était s’en mordre les doigts. Un sourire se dessinait sous le tissu noir, tournant son regard vers lui pour se laisser porter par l’air chaud de cet après-midi d’été. Il ne résista pas davantage aux quelques mèches rejetées en arrière et suivit le vent en s’allongeant sous les rayons plutôt qu’à l’ombre d’un arbre comme son compagnon. Un soupire plus tard, il n’a toujours pas détourné ses yeux de sa cible, observant curieusement Akira. « Tu t’es enfui bien vite une fois tout le monde servi » bien entendu, Akihiro n’avait pas la présomption de se croire responsable, bien qu’il l’a savamment cherché, il y avait autre chose. Rien que son ami n’ait décidé de lui partager, tout au contraire. Mais ce moment n’était pas le meilleur pour en discuter, l’avoir énoncé signifiait simplement qu’il savait et qu’il ne laisserait pas passer longtemps.

« Tu sais ce que je préfère quand on cuisine ensemble ? » le changement de sujet était aussi soudain qu’il promettait d’être alléchant pour la suite. Fermant un œil pour contempler le ciel bleu, il reprit « Quand tu goutes ce que je prépare » et ça n’était pas un mensonge. Il aimait particulièrement quand il réussissait un plat. Quoi de mieux que d’en être récompensé par le regard brillant lorsque les saveurs explosaient en bouche ? Peu témoignaient autant d’amour à cette discipline et si chaque repas n’était pas nécessairement un chef-d’œuvre, aucun n’était passable, encore moins détestable.