(fb) if i could see your face once more † saburoo
Byakuya Tokizawa
Une semaine, une semaine déjà qu'elle l'a quittée ; qu'elle est partie rejoindre dans cet autre monde, les bras d'un nouvel aimé ; la mort et ses sujets. Elle s'est faite cavalière de l'apocalypse, certainement, mais continue avec bienveillance à veiller sur lui - c'est peut-être bien cela qui le rend aussi atteint, aussi meurtri. Kaoru n'est plus là, mais continue de lui envoyer des signes de sa présence, que l'homme ne sait pas interpréter, mélangeant désormais illusions et réalité. Il n'y a rien, aucun signe, aucune âme qui vie dans ce temple qui sent la mort - assassinée, cette détresse plane dans la demeure, leur havre de paix… Tout lui indique ici sa présence, qu'elle est là, qu'elle écoute en silence. Alors il l'implore Byakuya, plusieurs fois, de se montrer, de tout lui raconter. Il se ferait honnête, il se ferait prophète, ou qu'importe, tant qu'elle revienne à ses côtés. Mais rien, qu'importe les implorations, rien ne survient ; alors l'homme se laisse tomber avec lourdeur sur le sol, se sentant mourir ; si proche de sa fin. Les bouts de verres s'enfoncent dans la pâleur de sa chair, maculée par les rayons sélénite de la lune, qui rougissent à vue d'oeil en trace sur le sol.
Il les enserrent avec force, les empoignes, en espérant pouvoir ressentir une once de douleur, un quelconque réconfort. Mais rien. Non. Absolument rien. Byakuya ne ressent rien. Et cette fatalité continue de l'entraîner dans les tréfonds, dans les strates les plus bas des limbes. Être vivant et mort à la fois, n'être plus qu'un corps qui lutte, qui se débat, mais que rien ne motive, que rien n'enlace. Kaoru était tout ce qu'il avait, tout ce qu'il chérissait, tout ce qu'il désirait. Sans elle, comment trouver la force d'avancer ? Comment avoir l'espoir de survivre ? Comment vivre ? Il se sent comme un enfant abandonné par ses parents, comme un faon sans sa mère, comme un bateau sans phare ni lumière. Il ne sait pas où déposer son ancre, qui enlacer avec force. Non. Il ne sait rien, ne cherche même plus à comprendre. Les effluves de l'alcool qu'il ingurgite dès le réveil brouille chaque parcelle de sa compréhension, attisant les affres de sa déraison et c'est avec une passion sans nom, qu'il s'effondre. Lui qui était autrefois si brillant devient immonde - délaissant la vie pour écrire la suite de cette funeste tragédie. Embraser un encens pour apaiser ses sens, le teinter de sang et en humer la senteur à travers la pièce.
C'est un meuble qui fini par rejoindre le désordre, la table cassé, un meuble défoncé, voilà ce qui est en train d'arriver à son mobilier ((à leur cocon douillet.)) Ce temple ne lui évoque plus que peine et haine, rien ne pourra jamais aller mieux, l'homme le sait. Alors à quoi bon s'acharner ? À quoi bon vouloir essayer ? Se reconstruire ? Comment ? Il aurait tant aimé, que les rôles soient inversés, qu'elle soit là à sa place ; elle aurait trouvée la force de se venger, Byakuya se réconforte dans cette idée. L'homme sans âme attrape avec sa main ensanglantée une nouvelle bouteille de saké, dont il approche le goulot directement de ses lèvres, enfonçant par la même occasion les bouts de verre dans sa paume engourdie. Se rompre les ligaments, s'en trancher les tendons, il aimerait et envisage cette sordide solution ; pour ne plus se mouvoir, ne plus être capable de rien ; devenir réellement un pantin que l'on bouge sans son accord, prouvant son envie irréfutable de vouloir quitter ce monde. Être en détresse, Byakuya succombe à la mise en déroute, hurle sa rage, décharge sa peine, dans un hurlement assourdissant en brisant cette énième bouteille.
« Que la mort me prenne, que la mort m'emmène... » C'est un murmure parmi les sanglots. Une prière à demi-mot. Le sang coule désormais à flot, de la plante de ses pieds à la paume de ses mains. Son visage enserrer, ses ongles enfoncer en son faciès ravagé ; il ne souhaite qu'une chose, qu'on l'achève. Par pitié.
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