Sa nouvelle cible avait pris forme en Akashi Awataguchi. Ce serait là une mission délicate car proche de SA TARGET mais Hiiro avait l’irrestitble envie de troubler les visages taciturnes de cette famille. Et pour tout avouer, s’il ne rechignait pas à s’adapter aux élèves de manière individuelle, les cours à ménager quelques uns lui semblaient insupportables; il était temps de libérer Akashi Awataguhi de ses phobies pour lui faire découvrir le monde qui était pourtant si beaux à travers les pupilles du professeur.
« Awataguchi-kun, veuillez rester à la fin du cours s’il vous plaît. » engagea-t-il alors. « Je vais vous emmener en ville »
C’était alors la fin de journée, les cours étaient finis et Hiiro avait bien envie d’une tasse de thé dans son endroit préféré, alors, sans se faire prier, il passe un bras autour des épaules de sa future famille pour l’entraîner hors des murs de l’école. Que le pauvre Akashi se débatte, il n’en avait cure. Le professeur Oikaze revêtait alors la figure d’un serpent qui serre sa proie plus elle se débat et c’est ainsi qu’avec un biceps gonflé, Hiiro et Akashi se retrouvent assis l’un en face de l’autre au salon de thé dans une pièce, pour l’instant, vide. Sur le chemin, le professeur s’était émerveillé de tout; des feuilles tombées, à la buée qui sortait de sa bouche; aux stands et aux magasins…
« Êtes-vous bon élève, Akashi-un ? » demande-t-il alors après les tasses fumantes et les sucreries posées. « Je dirai être flatté de vous comptez parmi les bons éléments. Pourquoi aimez-vous le vol ? » Il attrape une douceur qu’il dévore avec joie. « Servez-vous ! »
A vrai dire, Hiiro avait envie de lui dire de profiter du calme du lieu… mais il craignait de le perdre.
Confettis
S’il y a bien un cours où tu n’arrives jamais en retard, c’est bien le cours de vol. C’est le seul et unique où tu serais capable de braver les foules pour arriver en premier. Après tout, lorsque tu voles, tu oublies tout. On pourrait te tousser au visage que ça ne te déstabiliserait même pas. Sur un balai, tu es complètement à l’aise et tu en oublies même parfois de réaliser les exercices demandés par le professeur, tant tu es absorbé par les acrobaties que tu peux parfois faire. En vol, tu es un autre homme, tout simplement. Tu es d’ailleurs le dernier à descendre de ton balai à la fin du cours. Déjà, tu te prépares à t’en aller lorsque la voix de ton enseignant t’interpelle.
Ton masque remis, ton air apathique de nouveau sur le visage, tu te tournes vers lui. Tu ne réagis pas à ses mots, alors qu’intérieurement, tu es perplexe. Pourquoi est-ce que ton professeur désire t’emmener en ville ? C’est un peu bizarre, non ? Est-ce que c’est autorisé ? Pourtant, tu ne bouges pas, et reste planté en plein milieu du terrain, ton balai encore à la main. Tu consens à le laisser dans les vestiaires, te promettant intérieurement que tu fileras le chercher tout de suite en rentrant et te mets à suivre Hiiro, toujours en te questionnant sur les raisons de son invitation.
-Est-ce que c’est autorisé, qu’un professeur invite son élève dans un salon de thé ?
Tu demandes en prenant place en face du blond. Tu as beau être complètement indifférent, la franchise ne t’arrache jamais la langue. Tu dis constamment ce que tu penses, sans vraiment songer aux conséquences.
-Vous n’avez pas d’ami, ou de compagnon/compagne à inviter ?
Tu le questionnes alors en penchant légèrement la tête sur le côté, tandis que tes doigts glissent sur la carte que tu attrapes ensuite. Tu commandes un chocolat chaud, ainsi qu’un muffin aux myrtilles. Il faut dire que ce dernier cours t’as vraiment mis en appétit. Il serait temps de prendre le goûter.
-… Un bon élève ?
Tu demandes, un peu surpris par sa question.
-Je crois… Je ne sais pas vraiment ce que disent mes professeurs à mon propos, c’est vous le mieux placé pour le savoir.
Tu dis, alors que vos commandes arrivent plus vite que tu ne l’aurais pensé. Déjà, tu dépiautes ta mignardise.
-Parce que j’aime le vol.
Tu hausses les épaules, tu n’as pas vraiment de réponse à ça. C’est comme si l’on demandait à quelqu’un pourquoi il aime vivre, c’est l’évidence même.
-Je veux être joueur de Quidditch professionnel.
Tu lâches, abaissant ton masque, laissant ton professeur voir le bas de ton visage, une chose assez rare chez toi. Pourtant, dès que tu croques dans ton muffin, tu t’empresses de remonter ton masque sur ton nez.
-Mais, est-ce qu’il était obligé de m’emmener dans un salon de thé pour me parler de mon goût pour votre cours ?
Hiiro, gentil professeur de vol et gourmand de la première heure prit seulement le temps de dévorer les premières sucreries en face de lui, d’avaler quelques gorgées de bon thé vert, chaud avant de relever les yeux vers son jeune interlocuteur.
« Pourquoi cela ne serait pas autorisé, jeune homme ? Nous aurions pu discuter à l’école dans les mêmes conditions mais je ne veux pas trop déranger notre cuisinier. » Un haussement d’épaule. Hiiro avait déjà invité plusieurs élèves dans les restaurants, cafés, salons de thé sans arrière pensées. A cette époque il était encore un être pur et naïf bien que cette fois-ci il avait derrière la tête, la petite idée de se rapprocher plus intimement de Takumi mais, il fallait l’avouer, c’était là seulement l’ombre d’une idée et l’oiseau était si peu manipulateur qu’elle s’enfuirait bientôt très vite de sa petite tête de moineau.
« J’ai des amis mais je voulais discuter. Autour d’un thé, bien assis et au chaud, n’est-ce pas plus agréable que dans la boue du terrain ? Aujourd’hui il ne fait pas vraiment beau. » Un haussement d’épaule à nouveau; pas vraiment destabilisé par les questions d’un curieux.
Après s’être repu, il attrape sa tasse des deux mains et s’enfonce un peu plus. Il l’écoute sans l’interrompre, ne cille pas à la mention de son rêve. Beaucoup voulaient devenir joueur professionnel, peu en avaient le talent pensait Hiiro. En avoir l’ambition était louable mais la capacité, la motivitation, l’endurance, le dévouement, toutes ces choses étaient différentes. Être joueur de Quidditch était un sacrifice permanent. Physiquement, socialement, psychologiquement… Alors le professeur ferme un moment les yeux avant de les rouvrir sur son interlocuteur.
« Être joueur de Quidditch hum. Vous faites partie de l’équipe Yatagarasu ? Je ne me souviens plus très bien. Beaucoup de jeunes gens se sont brûlé les ailes en voulant être joueur de Quidditch professionnel. Soit par une blessure grave que la magie n’a pas su réparer, soit par pression psychologique, fatigue, lassitude… Ce sport, aussi beau et grand soit-il est complexe et très exigeant. Le quotidien change, la vie de famille, les amis, tous ces petits plaisirs quotidiens disparaissent car on exige des joueurs une totale soumission. Les jolies petites stars de Quidditch romantisent la réalité, elles l’édulcorent. La réalité est bien dure. En avez-vous conscience ? Je n’ai pas souvenir de voir ou d’avoir entendu parler de vos entraînements. Comment faites-vous ? Que faites-vous pour entraîner ? »
Plus qu’un professeur de vol, Hiiro Oikaze était un élément du vent. Le vol n’était pas une passion mais le fondement même de son existence et s’il était un être adorable, il ne supportait pas l’intérêt superficiel que l’on pouvait porter à cet art du vol; car encore une fois, ce n’était pas un passe-temps ou l’affaire de quelques balades, le vol était pour le sorcier, aussi nécessaire que pour les oiseaux. C’était une manière de faire corps avec la Nature et la nature même de son être. Alors il avait en horreur les écervelés qui prenaient le vol à la légère, comme un jeu ou un prétexte à la célébrité; et il respectait ceux qui comprenaient l’importance et l’intérêt du vol.
Le Quidditch était aussi beau que terrible pour le professeur, les joueurs avaient tendance à prendre le résultat trop au sérieux quand c’était la discipline-même qui était la plus noble. « Alors, Awataguchi-san, à quel point tenez-vous à être un joueur professionnel ? »
Trop impliqué dans la conversation, professeur Oikaze ne rebondit pas sur l’énième remarque de leur présence ici. Le lieu n’était qu’un prétexte à parler. Et personne n'avait le droit de prendre à la légère le vol.
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