La journée avait été épuisante, mais bénéfique n’est-ce pas ? Nos idées avaient été passées, des personnes nous avaient rejoints et suivis. Savoir que des héritiers sang-purs étaient à nos côtés montraient que le monde pouvait changer avec les nouvelles générations, n’est-ce pas ?

Quelle heure était-il exactement ? Je ne sais pas, je n’ai pas compté les heures et les minutes : cela fait longtemps que je ne me permets plus de le faire. J’ai rangé le café de maman pour qu’elle ne se doute de rien une fois son retour : je ne veux pas l’impliquer dans mes histoires… Même si j’ai pris le risque en organisant cette réunion ici, mais quoi qu’il arrive on m’aurait retrouvé.  

Une fois la dernière chaise mise en place, mes yeux azurés se posèrent sur ma main en train de trembler. Finalement, j’étais peut-être plus stressé que je ne le pensais même si je n’ai rien laissé paraitre. Porter un masque presque tous les jours cela m’aide à me mentir à moi-même, mentir à la douleur que mon corps me fait subir, ma tête qui commence doucement à me heurter.

« J’espère que quelque part, je pourrais te rendre fier, maman. » Ai-je dit à moi-même avant de tourner la tête vers l’extérieur.

Une ombre ? Est-ce que quelqu’un n’était pas encore parti ? Peut-être Yori qui aurait oublié quelque chose ?

Je suis loin d’être bête, croyez-moi. L’idée d’un espion ou quelqu’un voulant me faire taire m’a tout de suite traversé l’esprit. Je n’ai pas de force, la défense ce n’est pas fait pour moi, par contre la surprise : je sais comment la procurer.

Alors j’ouvris tout de suite la porte de manière à te faire sursauter, un sourire sur le visage.

« Bonjour ! Vous avez oublié quelque chose ? v(^∀^*)~ » Ai-je demandé de ma petite voix fluette.
«  Oh ? Reiichi ! Tu t’es perdu et tu viens me demander ton chemin ? ~ »

J’étais quelque part rassurer de voir que ce n’était pas quelqu’un d’autre et en même temps, je pus voir que le soleil disparaissait petit à petit derrière les bâtiments.

« Il commence à se faire tard… Tu devrais faire attention à toi ! » On ne sait jamais ce qui peut se passer après ce genre de réunion.
« A moins que mes pâtisseries, ou moi, t’aient déjà trop manqué ? ~ »

Comment devais-je me comporter avec mes amis dans des moments en solitaire, maintenant ? Continuer d’être le petit Akira joyeux ou montrer ma véritable voix ?

Voyons voir ce que tu voulais pour commencer. ~  

Voyons, pourquoi est-ce que tu me le demandais ? Bien sûr que j’allais te laisser entrer ! J’étais même déjà sur le côté en attendant de fermer la porte derrière toi à double tour comme la première fois.

Je dois avouer que je ne pus retenir une petite moue de quelques secondes quand tu avouas être venu pour mes pâtisseries et non pour moi. J’avais définitivement repris mon masque car l’attention des gens sur ma personne me rendait indifférent : je savais que c’était mieux pour vous de m’oublier.
Enfin, c’est ce que je pense… Je sais que c’est différent avec certains d’entre vous et tu en fais sûrement partie, Reiichi.

« Oui ? (･∀･)/ »

Oh ? Qu’est-ce que c’était que ce regard et ce ton si sérieux que tu venais de prendre ? Ma tête si innocente penchée sur le côté emprise de curiosité.
Et pour être honnête avec toi, je ne m’attendais pas à une telle suite.

Me voilà plaquer le dos contre le mur avec toi au-dessus de moi. Ce regard si sérieux, si dur… Ah… Ce genre de situation m’exciter… Ce petit goût d’adrénaline.
Je ne m’attendais pas à te voir ainsi. Continue donc de me faire ainsi sourire : ce sourire qui n’avait rien d’innocent, mais plus malicieux. Plus taquin.

J’en avais même lâché un soupir que je ne pouvais décrire.

«  Ma vie ? Précieuse ? » J’avais lâché un léger rire.
« Reiichi, tu sais que je vais mourir jeune. Je ne sais même pas s’il me reste des mois ou des années à vivre : elle peut s’éteindre à tout moment. » Et j’ai juré que ma maladie ne m’emportera jamais : je mourrais avant.

« Ma vie n’a rien de précieux : c’est tout le contraire. Autant que je l’utilise pour tenter de faire changer quelque chose, tu ne crois pas ? Les changements recrièrent des sacrifices et je suis prêt à ce que ma vie en soi un. » Ai-je lâché sans réfléchir car j’étais décidé depuis bien longtemps.

Mes yeux azurés ne s’étaient pas détournés des tiens une seule seconde preuve de ma plus grande sincérité.

La journée m’avait épuisé : je savais que je devais faire attention. Mais t’avoir ainsi près de moi m’avait comme réveillé…



« Tu sais, Reiichi. Ce genre de ton et regard te vont vraiment bien. Ca me rappelle les nuits que nous avons déjà passé ensemble. » Ai-je soufflé près de tes lèvres.
« N’as-tu pas envie de t’amuser pendant que nous le pouvons encore ? Après une telle journée, on le mérite, non ? ~ »

C’était plus fort que moi, ces mots sortaient tout seuls…
Je crois que moi-même, je commence à avoir de la peine à comprendre mes propres pensées.  

Je le savais très bien, oh que oui je le savais… Que ce n’était pas une invitation dans ton lit que tu me faisais, mais me faire comprendre que je ne devais pas abandonner aussi rapidement, n’est-ce pas ?
Sais-tu depuis combien d’année je lutte maintenant, Reiichi ? Combien de temps il me fallut réellement pour accepter que je n’avais pas le choix, que j’allais y passer avant d’atteindre trente ans.. ? Je m’estime déjà chanceuse d’avoir pu atteindre cet âge. Un quart de siècle, d’autres sont morts bien avant…

« Je le sais bien, mais n’est-ce pas mieux de profiter du moment présent ? Profiter de moi pendant que je suis encore là. Que nous puissions encore nous amuser un petit moment.  ~ » Ai-je continué de ma voix fluette qui soufflait sur tes lèvres.

Et te voilà déjà en train de craquer : de succomber. Ta main venant se poser sur ma hanche me donna rapidement preuve et tes paroles confirmèrent mes pensées sans que je ne perde ce sourire malicieux en coin de bouche.

« Je savais que je t’attirais, mais je ne pensais pas autant. ~ »

Je ne pus retenir d’ajouter à tes paroles alors que tu venais capturer mes lèvres de cette manière que j’appréciais tant, qui me rendait si chose…

Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour que mon corps vint se coller un peu plus au tiens alors que ma seconde main vint se glisser dans ta chevelure blonde pour te pousser à continuer sur ta lancée : ne t’arrête surtout pas, continue de me prouver que je suis vivant… !

Et après quelques secondes de ce baiser si intense, j’eu encore envie de m’amuser, te montrer que je n’étais pas quelqu’un d’aussi facile -j’avais encore envie de sentir cette adrénaline que tu venais de me faire ressentir…-

Alors, je me suis faufilé à côté de toi, comme pour te frustrer et que tu ne puisses pas continuer tout de suite avant d’aller m’assoir sur une table un peu plus loin.

« Ne pensons plus à ma situation, d’accord ? Vivons au jour, le jour. Comme si cela pouvait être mon dernier ! Profite autant que tu le veux.»

Et quand je verrais mes derniers jours arrivés : oublie-moi, ne te blesse pas pour moi. Laisse-moi disparaitre et ne gâche pas tes journées à me pleurer car je l’aurai accepté.

« Comme si je pouvais disparaitre demain. ~ Fais-moi la morale, engueule moi… Ne te retiens surtout pas. ~ »



« Fais moi ce que tu veux de moi, Reiichi.. ~ »

Mal, mal… Ma tête me faisait mal et je commençais à en avoir sérieusement marre. J’arrivais à cacher cette main qui tremblait pour le moment et heureusement : je ne voulais pas que tu me prennes en pitié et justement que tu me changes les idées.

Tes paroles avaient du sens, Reiichi… Pour quelqu’un qui ne s’était pas déjà condamné. J’avais accepté la mort et je l’attends de pied ferme, mais de la manière dont je l’aurai décidé moi et non par cette maladie qui me ronge, me détruit.

« Je préfère que tu me voies ainsi, effectivement ! Je ne veux aucune pitié.» J’avais été un peu sec sur ma fin.
« Et parce que c’est plus drôle de te faire languir un peu voyoooooons ! » Je t’avais tiré la langue suivie d’un petit rire.

Te voilà maintenant en face de moi, tes deux mains qui m’entouraient et qui me fit avoir un sourire malicieux : j’aime me sentir ainsi soumis car je pouvais m’imaginer plein de scénario. Je ne suis pas toujours en soumission, mais ça me plait bien…

« Je te l’ai déjà dit. Je ne fouterai pas ma vie à la poubelle pour rien non plus. Peut-être que je mourrais demain, mais ce n’est pas encore dans mes projets. Mais si ma vie sera utile, alors je la donnerai. » Au moins, j’avais bien compris que tu étais prêt à me perdre et ça me rassurait…
Cependant.

« Ne t’en fais pas, je ferai en sorte que vous m’oublierez si je vois que ma maladie touche à son but et que je ne devienne que poussière dans vos vies. » Je lâchai ces mots avec un naturel déconcertant. J’étais décidé et personne ne pourra revenir dessus.

Ce fut un nouveau baiser que tu vins me voler et que j’acceptai sans broncher, tes dents encore sur ma lèvre, ne me faisant pas perdre mon air malicieux. Oh ? Tu aimais ma voix grave ?

« Ah bon ? Tu ne trouves pas qu’elle ne me va pas justement ? ~ Je me demande bien quelle est ma vraie voix ! La douce ou la grave ? ~ » Ai-je continué de plaisanter.

Je voulais jouer.

Et sentant ta main, cela semblait aussi être ton cas. ~

« Maman ne reviendra pas au salon avant demain après-midi, c’est ce que je lui ai demandé pour qu’elle ne soit en rien concernée par nos plans. Alors, tu n’as pas à t’en faire. » J’ai approché un peu mon visage de ton oreille.

« Tant qu’on nettoie après, cette table n’attend que tes envies et tes idées… »

S’il te plait, ne te retiens pas, dépêche-toi… Amuse nous… Ma main se glisse vers ta chemise pour s’y faufiler et que tu tentes de l’arrêter.

Cette main qui tremble et que je fais passer pour de l’adrénaline.

Cette main qui demande qu’à n’être guide et la douleur oubliée.
S’il te plait Reiichi, fais-moi encore une fois oublier quelle infamie je suis l’espace d’une nouvelle nuit…

Je sentais que tu portais mes doigts à tes lèvres. J’étais toujours aussi surpris de la douceur que tu pouvais montrer alors que nous étions dans des moments si chauds, mais tes mots me firent comprendre que… Justement, toi tu n’avais pas compris à quel point j’avais renoncé depuis des années.

Étant jeune, j’avais lutté, j’y avais cru… Avant que mon père brise ne serait-ce que l’infime espoir que j’avais de vivre une vie de quelques années plus longues. Je sais que je ne deviendrai jamais vieux.
Que je n’aurai jamais une famille et que je mourrais seul.

« La vie ne m’a pas donné d’autre choix que de l’être. » Ai-je simplement répondu.
« Je ne veux rien te promettre. » Parce que moi-même je ne verrais certainement pas venir le moment de ma mort : elle viendra quand elle viendra.

Par contre…

« Alors ? » J’avais pris une expression curieuse, voulant comme connaitre la suite même si je risquais de le regretter.

Parce que depuis que je suis arrivé à Mahoutokoro, je-

Non.

Je n’y penserai pas.

Alors que tes lèvres emprisonnaient les miennes, je ne me retins pas un instant pour répondre à ce baiser et le rendre bien plus langoureux que le précédent : montrant ainsi l’envie qui me gagnait de plus en plus. Ma main revenue sur ton torse c’était déjà immiscée sous ta chemise pour commencer à l’ouvrir en la descendant simplement alors que je te caressai du bout de mes doigts.

« Ne me sous-estime tout de même pas, hein ? ~ Je cache peut-être encore plus de chose que ce que tu as déjà pu voir. » Et pourtant, tu es certainement l’un qui en a le plus vu de moi.

Mon cou se faisant attaquer me fit frissonner.
Cette main qui me poussait à m’allonger n’eut pas besoin de se faire plus insistante, j’étais maintenant sur le dos et mes bras s’étaient emparés de toi, t’entourant pour encore plus te rapprocher et me sentir ainsi emprisonné.

« Alors, ne parlons plus Laissons nos gestes et nos corps les partager durant cette entière nuitée. Arrêtons que quand nos corps n’en pourront plus et que la fatigue nous gagnera. » Et je vins t’embrasser sans te donner la possibilité de me répondre.

Parce que je ne voulais pas de réponse, je ne voulais rien entendre.

S’il te plait, fais-moi oublie la douleur de mon corps en me faisant crier de plaisir.
S’il te plait, ne me parle plus de ma vie et du fait que tu ne veuilles pas me voir mourir car sinon je devrais disparaitre de ta vie.

Je suis désolé car je ne pourrais jamais te dire mes véritables intentions, mes pensées… Tu ne pourras jamais atteindre ce que je désire réellement : mourir.

Parce que je refuse qu’un ami comme toi ait les mains tâchées de mon sang : tu es trop gentil.