Dans les couloirs de l'école, j'aurai aimé qu'on ignore ma présence, parfois. En quoi avoir un sang 'impur' était une faute ? En quoi avoir des parents ordinaires étaient une honte ? Ils ne comprenaient certes pas ce que je faisais et toutes les possibilités qui m'étaient offertes, tellement différentes de leurs attentes premières à ma naissance. Et malgré leur incompréhension, ils étaient fiers. Alors en quoi c'était mal ?
Comme pour pallier à ce défaut de sang, je compensais avec les bonnes notes. Cependant, ces années n'étaient pas que études, ni malheur à cause d'une certaine discrimination de la part de certains. Non, il y avait aussi les jeux, les bêtises, l'amitié et les rires.


J'ai ainsi grandi entre les mondes magique et moldu pour finalement me tourner davantage vers la magie et ce qu'elle pouvait apporter. Correctement utilisée, elle pouvait aider les gens. Et c'est dans cette perspective qu'une fois mes études finies à Mahoutokoro, j'en poursuivais d'autres pour devenir médicomage. Mais pas seulement pour cette raison.
Je parle peu de ma famille, car je sais que de simples moldus n'intéressent pas grand monde. Et pourtant, c'est la maladie de mon père qui me poussa aussi à choisir la voie médicale, une maladie qui l'emporta lors de ma 10e année. Les soins des simples hôpitaux n'avaient pas suffi. Et une part de moi avait la sensation que la magie aurait pu l'aider. Pourquoi pas après tout ? Quand on a 16 ans, on pense que tout est possible, alors pourquoi pas ça ? Pourquoi le commun des mortels ne pouvaient pas en profiter. Certes, il y avait le secret, mais n'y avait-il pas moyen de le conserver tout en en faisant profiter les autres ? Cette douce utopie, liée au deuil, m'avait donc aussi poussé vers la médecine magique.


Ainsi, à mes 20 ans, j'étais lancé dans cette discipline depuis presque deux ans. Je m'étais retrouvé assistant d'un médicomage d'un certain âge, mais plein d'expérience et à qui je faisais confiance. Il n'avait qu'un défaut qui m'agaçait : sa trop grande fierté. Il refusait mon aide même si sa main n'était plus sûre. Jusqu'au jour où cela provoqua la fin d'une vie.
Nous devions visiter un malade, une famille de sang-pur, un endroit où je n'aurais jamais mis les pieds avant. Un endroit où j'aurais aimé ne jamais aller, à la réflexion future. Le soin à administrer n'était pas compliqué. Il fallait seulement donner une potion à boire et le mal était guéri. Mais ça, c'était avec une potion correctement réalisée. À la place d'un remède, c'était un poison qui avait été donné, causant la mort de l'homme.

D'abord l'incompréhension.
C'était la bonne potion, alors comment ? C'était moi qui lui avait fait boire. Le vieux médicomage m'avait indiqué laquelle donnée et j'avais suivi ses instructions. Alors comment ?

Ensuite la réflexion.
Une erreur. Une erreur dans la confection de la potion qui la transforma en poison. Mais qui ? Car même si le médicomage que j'assistais refusait de l'aide, je faisais aussi les mêmes potions sous son regard.

Et malheureusement la résolution.
Le vieux médicomage en prit la responsabilité, car il était le plus expérimenté et responsable de moi. Il dut mettre un terme a sa carrière, mais au vue des années déjà écoulées, ce n'était pas un mal pour lui. De par la pureté de son sang, un arrangement avait sans doute été conclu, mais de cela je n'avais pas eu trop d'échos. Tout ce que je savais, c'était que c'était fini pour lui, mais pour moi également. Si je n'étais pas rendu responsable légalement, j'en subis néanmoins les conséquences. Des rumeurs, mais aussi la vérité livrée par cet homme en qui j'avais confiance.
La dernière fois que je le vis, il m'avoua le mensonge qu'il me livra comme la vérité. Il me dit que c'était une potion de ma réalisation qui avait été administré et, par conséquent, que tout était de ma faute. Je me devais alors reconnaissant envers lui de m'avoir protégé. Rongé par les remords et la culpabilité, je mis fin à ces études. J'allais également voir le fils de la victime, que je connaissais de par nos années passées à Mahoutokoro, pour lui avouer, car je ne pouvais garder ce que je croyais vrai pour moi-même et que, pour ma conscience, il se devait de savoir la vérité.


Je commençais après cela à m'intéresser à l'herboristerie. C'était un autre moyen de pouvoir me rendre utile aux autres, comportant un peu moins de risque et de responsabilité.
Autant dire que ma vie sembla se calmer et qu'aucun autre drame ne la perturba plus que cela. Je fis même un voyage à travers le monde, pour le découvrir, pour approfondir des connaissances et avoir des contacts. Je restais hors du Japon pendant environ 2 ans. J'y revins à mes 28 ans et mena toujours une vie faite d'un certain calme et de simplicité. Je décidais de m'établir à Kimachi et d'ouvrir ma propre boutique d'herboristerie. Se poser enfin avait du bon. Il y a peu, j'avais aussi songé à déménager pour aller à Iwomachi, mais les récents événements et mes finances m'en ont totalement dissuadé.