— MAHOUTOKORO
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

twisted (xue)
Eirin Fujiwara
Merci de ne pas supprimer l'icône au risque de casser les profils
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 18 ans
Rang : 76/100
Susanoo
Susanoo
Eirin Fujiwara
https://mahoutokoro.forumactif.com/t748-ooh-djadja
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1123-primavera
Eirin Fujiwara
twisted Le trépas de Shinobu Fujiwara avait été, pour sa femme, le coup de grâce. Et quelle grâce y avait-il dans son corps amaigri par le temps et l’abstinence, obsédée par une idée de perfection qu’elle insufflait dans les hanches malingres de son engeance ? Nulle prestance dans l’inconduite, rien que les effluves létales de la frénésie héréditaire ; Eirin, prostrée au chevet de sa folle génitrice, découvrait dans son aliénation les prémices d’un futur qui l’attendait impatiemment.

Elle avait posé un pas tremblant sur le sol de l’île, couvert ses épaules d’un madras ivoirien et acheté, en dépit des interdictions de tout l’univers qui la ceinturait, une malheureuse bouteille de saké. L’alcool, lequel se trouvait plus tentant à mesure que le temps coulait contre son derme livide, avait le mérite d’étouffer la douleur et la colère — Eirin l’avait joyeux, quoique nostalgique.

Le couvre-feu n’avait eu d’utilité que l’appât, guidant une araignée mélancolique jusqu’à la table la plus en retrait de sa salle commune. Le parme ambitieux l’écoeurait presque autant que le saké l’enivrait ; il n’en fallait que si peu pour que se trouble sa vision, la courbe prématurée d’un sourire frêle séduisant ses commissures. Alors qu’elle descendait son quatrième verre, l’estomac contracté par la privation du dîner, la porte s’ouvrit sur un cousin qu’elle n’avait que très vaguement aperçu.

Tu étais, à sa vue diffuse, une lueur d’espoir. Qui de mieux placé pour justifier la folie maternelle, que celui qui la subissait tout autant qu’elle ? Le carillon de la calice, brutalement posée sur le bois de la table, parut assourdissant. Seizan, murmura-t-elle, juste assez ivre pour semblait agréable, je suppose ta ronde finie. Sans doute quêtais-tu ta couche, mais peu lui importait — elle pourlécha des lèvres asséchées par son souffle court, et leva un oeil trop honnête, suintant d’expectance. M’accompagnerais-tu quelques minutes, autour de mon prochain verre ? Tu n’as pas besoin de boire, j’aimerais juste ton opinion sur un sujet épineux.

Les dards de ces fourrés, en l’occurrence, plongeaient dans sa carne l’immonde fatalité qui dans son sang faisait couler un destin dément. Ma mère est devenue folle. Peut-être l’était-elle avant — à vrai dire, je n’en doute pas — mais la mort de mon père a déchiré les derniers lambeaux de sa raison. Son bras, auparavant couvert par le fichu blanc, se dressa comme une évidence ; à son extrémité, une ecchymose, comme les conséquences d’une piqûre de guêpe. Elle a voulu me briser le poignet lorsque je lui ai tendu un verre d’eau, et le cou lorsque j’ai mentionné le dîner.

Et tout cela, elle le confessait calmement. Sans doute était-ce grâce au saké, mais aussi à ce même sang qui coulait dans tes artères. Elle s’est excusée pour mon poignet, bien sûr, mais m’a interdit de manger. Je suppose qu’en quelques semaines, sans ses directives, j’ai laissé un appétit qui ne devrait être le mien guider mes repas. Eirin n’était pas malade, elle refusait de croire le contraire — et ses tripes s’offusquaient déjà de la simple mention de la nourriture, tant immonde que superflue. Maintenant, dis-moi : toutes les femmes de cette famille sont-elles damnées ? Y avait-il pour elle le moindre espoir de conserver la raison, quand en elle suintait la tragédie d’aïeules folles à lier ?
luminescence;


Xue Oikaze
twisted (xue) YmDExA8
Citation : this hole in my heart's proof of life
Age : 19 (14 décembre 1978)
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Xue Oikaze
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1238-skyward
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1247-cloudy
Xue Oikaze
l’air nocturne embellit le dortoir
en ce sens qu’il en révèle
la vérité :
immense toile argentée
dont la lumière masque les creux :
la cohésion n’est qu’une façade
et c’est solitaires que nous faisons chemin commun
et c’est seul que je suis responsable
car personne n’est là pour m’aider
voilà ce que l’on apprend
après douze ans dans ces dortoirs

t’apercevoir, ombre sèche au coin de la pièce
n’est guère une surprise
et je ne me serais occupé de toi
si tu ne m’avais hélé
Fujiwara- je fronce les sourcils tu es ivre
et hypocrite je te rappellerais à l’ordre
si alors tu ne m’avais intrigué
car je m’attendais à des mots empoisonnés
pour justifier la transgression ;
me voilà serti d’une invitation
j’écoute.
ainsi ai-je pris place non loin de toi
ainsi te scruté-je lorsque tu parles
— un calme olympien qui ne présage que tempête
pour quiconque partageant notre sang

oh. si tu tiens à aborder ce sujet-là, j’aimerais autant boire.
et n’ayant guère de verre
je remplis le tien avant
de vider la bouteille,
d’une traite
voilà : je ne saurais aborder autrement
les ronces rougeâtres qui sont nos racines

tu dois savoir que je ne connais qu’une seule femme de ma "famille". ma mère- ah ma douce mère ma gentille mère ma tendre mère
ah détrompe-toi maman : je t’aime,
malgré tout
d’aussi loin que je me souvienne, n’a jamais eu l’esprit clair. elle est étouffante, s’oppose parfois sans raison à ce qu’hier elle approuvait, et son amour est… quel mot sera le plus juste ?
meurtrier.
oui maman, tu pourrais m’achever
je sais
pour que je reste à toi
et les mauvais souvenirs se mêlent aux parfums de l’alcool
le charme du remplissage le rendra abondant ce soir
car ma langue souvent retenue en face de mes chers cousins
semble désireuse d’une rare liberté
si tu désires mon opinion : plus tu t’éloigneras de la tienne, mieux tu te porteras. je ne me suis jamais mieux porté qu’ici, en prenant soin de brûler la plupart des innombrables lettres qu’elle me fait parvenir.
savez-vous araignées
combien d’entre elles alimentent le feu qui brûle en l’âtre ancestral de cette pièce ?
j’en ai perdu le compte

ta mère lui ressemble, en ses méthodes.
une pause
à l’exception que j’ai le droit de manger.
et ta carne famélique anime en mon esprit
des souvenirs tremblants et des inquiétudes neuves
j’ignore comment est l’éducation Fujiwara - j’ignore même ce qu’il en est chez les Seizan -, mais l’idée qu’elle a de "ton bien" je l’ai appris par l’expérience est erronée. aucun humain ne peut bien se porter sans manger.
et tu liras dans mes yeux que
moi aussi, j’en ai fait l’expérience.
ah pour d’autres raisons
et dans d’autres circonstances
mais la faim : je l’ai connue,
embrassée, honnie
il est des souvenirs que l’on n’efface pas
et malgré mes efforts tous ceux-là ressurgissent
à la simple mention d’une mère

et en toi je me revois
l’efflanqué gamin dans un monde
qui n’est pas le sien
en prison dans les jupons maternels
intoxiqué d’amour
noyé d’une éducation obsolète
aujourd’hui loin du nid
et si je ne suis guère heureux
au moins, je suis en forme
devrais-je pourrais-je
saurais-je
te mener à ma suite ?
tu as peur de devenir comme elles ?
[/b]