-AH ! Non mais franchement, l’eau ! Tu pourrais faire un effort, non ? Tu peux pas être plus chaude ? Rien que ça, ce serait déjà un bon pas. Puis pourquoi je dois les chercher maintenant ? Pourquoi pas en août ?? C’est un bon moment, août, pour se baigner, contrairement à mars. Tout ce que je vais récolter, c’est tomber malade et avoir un gobeur de coquillage heureux. Non, mais pourquoi on importe pas leur nourriture aussi. Ah oui ! “Parce qu’il faut qu’ils soient tout frais au sortir de l’eau”. Et moi, je dois donc me geler pour ça. Non, mais vraiment. On aurait pu envoyer les enfants, mais non. Eux, s’ils tombent malade, c’est plus grave que moi ! Alors que je suis certain qu’ils seraient tous ravis de patauger dans l’eau !
Stupide tâche qui ne pouvait se faire avec la magie. N’avait-on pas des serviteurs pour faire cela ? Je suis certain que les crackmols seraient ravis de pouvoir aider, qu’ils aient un peu d’utilité.
Je me penchais et plongeais le bras dans l’eau pour attraper ce qui ressemblait à mon butin. Le ressortant de l’eau, je vis que malheureusement, ce n’était que son cousin coquillage et non pas celui que je désirais. La tâche serait longue...
Coquillages & crustacés
ça partait d'une bonne intention et de... beaucoup de frime ! oops !
05.03.98
Des êtres qui nous entourent, nos divinités semblent les plus sereines et si nous nous ressemblions, en rien cette quiétude ne nous habitait. La nature s’éveillait et le sommeil m’avait depuis longtemps quitté, insomnie passagère ayant écourté cette nuit à la merci de songes étonnants. J’appréhendais toujours les classes pour le professeur qui m’enseignait dans sa mansuétude un savoir aux contours encore vagues. En dépit de son calme apparent, il n’en demeurait pas moins l’instigateur d’un mouvement sanglant ayant retourné définitivement le monde magique tel que nous le connaissions.
Mes fenêtres ouvertes en grand, je respire profondément cet air glacial, peu importe la maladie, je n’en ai cure tant que je suis vivante et que je peux la combattre, ce dont je suis sûre. Je le regretterais en pestant contre moi-même ou contre le temps, toujours avec un sourire charmant cela dit, car je n’en penserais pas un mot, j’aime juste avoir quelque chose à dire dorénavant pour exprimer ce qu’il m’est encore difficilement avouable. Un exercice comme un autre, de savoir donner du sens à une conversation qui n’en possède pas. Hors de l’établissement, je pris un plaisir malin à parcourir l’île et redécouvrir ses merveilles sous un soleil encore timide qui ne tarderait pas à poindre et réchauffer ma peau à défaut de parvenir à calmer le rythme infernal de mon cœur. Nulle chaleur ne saurait mieux satisfaire mon être que celles des visages se dessinant, dans l’ambre et ne se devinant aucunement pour tout autre. Je tiens à garder secret le jardin qui fleurit dans mon esprit et ferme la porte dès lors qu’une voix maugrée de toute sa grâce. Mains dans le dos, apparence d’un bellâtre je me promenais à la recherche d’une victime et me délecte de la scène à simplement m’approcher, ombrelle entre mes doigts. Mes chaussures sont abandonnées sur la rive et quelques pas dans l’eau glacée me font frissonner de plaisir. Je suis vivante et ne cesserait d’établir ce constat qu’une fois rassasié de cette magie.
« Eh bien, quelle humeur à l’aube. Je vous aurais bien dit d’en profiter plutôt que de râler, mais j’avouerais avoir simplement été prise de court. D’habitude, c’est mon rôle » d’un sourire en coin j’offre ma sympathie et l’or se fond sur ses prunelles encore étincelantes de ses tracas. Dans le panier s’amassaient quelques coquillages. J’en attrapais un pour en faire un aimant, traçant sur cuirasse les signes me permettant de lui conférer pour quelques instants une attraction sur ses semblables. « Ceci devrait vous aider » je lui lance avec lenteur son appât, gagnant la berge pour m’y asseoir et lézarder aux rayons téméraires de l’astre diurne en fermant mes yeux. « Petit joueur ~ »
Je saisis au vol le coquillage devenu aimant et je râlais de plus belle.
-Mais qu'avez-vous fait ? Il va être inutilisable maintenant ! Si l'autre petit enquiquineur sent qu'il y a eu magie et ne l'accepte plus comme nourriture, je fais quoi moi ? Non, mais.. ...
Je poussais un soupir agacé. J'étais surtout contrarié de ne pas avoir pensé à cette astuce moi-même.
-Mais merci. ça ira déjà plus vite.
Mon ton s'était un peu adouci alors que je me détournais d'elle. Ou bien de lui ? Comment je devais la considérer quand elle jouait sur son apparence ??
-En quoi suis-je un "petit joueur" ?
C'était de la curiosité. Pour faire la conversation aussi. J'avais remarqué qu'elle restait sur la plage non loin. Alors autant profité de la compagnie pour faire la discussion. Et puis, au moins, je ne piquerai pas du nez dans l'eau, comme ça, si c'était possible.
Et après avoir ajouté une petite dizaine de nouveaux coquillages, je me retournais pour lui faire face.
-Mais surtout, Hizakari, pourquoi semblez-vous tant affectionner cette apparence ?
Je restais troublé face à cette dualité de genre. Sans doute car quelqu'un s'était déjà joué de moi avec un subterfuge semblable.
Coquillages & crustacés
tu ne vas pas râler longtemps, c'est moi qui te le dit !
05.03.98
Malicieuse, j’observe ce regard étonné, mais il ne m’en fait pas la remarque et j’en profite pour saisir l’occasion d’exercer mes nouveaux talents. J’apprenais vite, c’était un fait et cette magie divine était plus adéquate avec le mode de vie auquel j’étais habitué que celui plus occidentalisé de nos baguettes devenues inutiles. Le coquillage ensorcelé tend à attirer les autres dorénavant et il retournerait vaquer à ses occupations les plus passionnantes sous peu, tant son humeur ici était consternante. Je m’en amusais, ce n’était pour une fois pas moi que l’on entendait pester.
Il y trouva quelque chose à redire pourtant et s’apprêtait à poursuivre sous mon regard courroucé d’étonnement. Je croisais les bras, tout sourire en attendant la suite qui ne vint pas. Sage décision en quel cas, je ne donnerais aucune solution. « Mais de rien, avec plaisir. Oh, il n’y a qu’un seul coquillage ensorcelé, le reste est attiré par la magie, mais n’en est pas affecté » je pourrais m’indigner à mon tour, lui laisser entendre qu’il était pourtant lui aussi au courant de ce fait, mais je ne m’en sentais pas le cœur. Je n’étais aucunement supérieur à d’autres, même si je ne pouvais m’empêcher d’être à mon sens plus maline, ce n’était que sur l’instant et je n’étais aucunement à l’abri de surprise de la part d’autrui. C’était bien là une preuve pour moi que ce monde fascinant regorgeait non pas d’une intelligence, mais de plusieurs et nous en possédions tous des bribes à différents niveaux. Si la magie est pour moi une expertise, pour lui, je n’ai pas encore trouvé et râler n’en fait certainement pas part, bien que ce soit un art… d’une certaine façon.
Toujours souriante, je me pose, pieds dans l’eau à soupirer d’aise en cette matinée encore jeune. « Nous sommes des mages, nous avons une ressource infinie de solutions à notre disposition et je suis juste contente de vous avoir coupé l’herbe sous le pied » de la malice de mes mots je lui souris et tente même un clin d’œil qui cette fois suscite son attention. « Je possède un don qui me le permet, pourquoi ne pas en profiter après tout ? Et puis, j’aime que l’on se pose des questions. Qu’est-ce qui a tant changé pour que cela soit choquant ? C’est toujours moi, après tout » oh, je ne jouais aucunement les candides demoiselles abusant d’un don entre ses mains innocentes. Premièrement je ne l’étais pas et deuxièmement je connaissais déjà la réponse, je la désapprouvais et défendrait ma cause dans la caresse sournoise et discrète de ces questions.
-Vous pourriez changer tant d'autres détails, alors pourquoi spécifiquement votre genre ?
Le ton était cassant et je m'en rendis compte. Mes émotions liées à la fatigue ressortaient, et pourtant Hizakari n'y était pour rien. Au contraire, elle m'avait même aidé alors que ma mauvaise foi l'avait repoussée.
-Mes excuses. Je n'ai pas dormi, et cela se ressent. Ce n'est pas contre vous.
Mon mauvais caractère avait tendance à apparaitre bien trop facilement dans cet état. D'autant plus avec le sujet abordé. Tenter de comprendre une personne était compliqué. Le contact avec les animaux étaient bien souvent plus simple.
-Rien n'a réellement changé. J'ai simplement subi une tromperie de ce type il y a quelques années et je digère toujours mal la vérité. Et comme vous étiez là, j'ai voulu essayer de comprendre l'intérêt que cela pouvait avoir.
J'avais repris sur un ton plus doux. Hizakari, sans le vouloir et sans rien n'avoir demandé, devenait confidente. Je repris ma quête de coquillages pour m'occuper les mains, pour penser à des choses simples, pour ne pas m'énerver à nouveau.
Coquillages & crustacés
c'est un peu plus sérieux tout à coup !
05.03.98
Était-ce si déplaisant de m’avoir sous un autre genre plutôt que de changer l’or en jade ou l’ébène de mes cheveux en feu comme les siens ? J’esquisse une moue moqueuse quant aux apparences et hausse les épaules. « Parce que c’est dérangeant de savoir de savoir que je suis une femme et que je peux bénéficier des mêmes droits qu’un homme » mes raisons sont assez claires, quand bien même je n’ai pas subi cette discrimination au sein du clan Sugawara, en dehors de l’enceinte rassurante du domaine j’ai dû rapidement m’adapter en confrontant cette réalité sévère. Cette austérité à mon égard est coutumière et j’aime y répondre par le charme d’un sourire malicieux toutefois teinté de provocation.
Les excuses présentées me paraissent légitimes et je ne peux qu’y consentir, acquiesçant dans un rire étouffé. Peu dormir ne réussit à personne et je n’en ferais aucun commentaire, étant de ce même bois lorsque cela m’arrive. J’aime à réfléchir cependant, seule ma patience s’use avec moins de résistance.
« C’était donc ça. Je peux comprendre votre réticence. N’oubliez pas cependant, je n’ai changé que mon genre, mes intentions ne sont guère liés à ces duperies » elles sont plus profondes qu’une banale entourloupe destinée à une cible précise. Lorsque je change complètement, c’est que j’aspire à un moment qui n’appartient qu’à moi et j’aurais vite eu fait de m’éclipser plutôt que de venir au contact comme je l’ai fait.
« Je ne sais quoi vous répondre pour le cas que vous m’avez confié. Pour le mien, en revanche je vous dirais simplement que j’aime constater la différence de traitement entre les genres – ce qui n’est aucunement justifiable à mon sens – mais qui persiste malgré tout » ce sont les mœurs qui s’installent et qui divisent plus qu’elles ne rassemblent. Ce sont elles qui s’enquièrent de l’humanité en nous rendant esclaves de modèles préconçus. « Et maintenant que vous le savez, cela vous indispose-t-il toujours ? »
Je m'arrêtais dans mon ramassage de coquillages. Il me semblait en avoir assez. Et puis, j'en avais marre de baigner les pieds dans l'eau glacée de l'océan. Je revenais sur le sable plus sec et m'y assis. Tant pis pour les les grains qui me colleraient les pieds et les mollets, ce n'était pas la première fois que je me rendais moins présentable pour le bien d'animaux.
Et maintenant qu'elle m'avait raconté tout cela, elle me demandait comment je me sentais par rapport au sujet de notre discussion.
-Beaucoup moins. Je n'avais jamais pensé de cette manière en réalité.
Peut-être devrais-je m'ouvrir davantage à d'autres façons de penser ? Ou tout simplement regarder plus loin que ce que je voyais. C'était vrai que les autres m'avaient toujours moins intéresser. Il y avait du progrès par rapport à mon enfance, mais je constatais que ce n'était toujours pas optimal.
Je poussais un soupir fatigué par le manque de sommeil.
-Je vous remercie pour votre point de vue. Maintenant je me demande si vous avez une forme que vous préférez. Enfin, dans laquelle vous vous sentez plus à l'aise, je dirais... Mais cela n'est que curiosité. Et c'est assez déplacé en fait, comme question. Mes excuses, encore.
Je me redressais et époussetais brièvement mes vêtements.
-Je ferais sûrement mieux d'aller nourrir une certaine créature et de profiter d'une heure de sommeil...
Peut-être deux, si j'avais de la chance ?
-Cela sera bénéfique autant pour moi-même que pour mes interlocuteurs, quels qu'ils soient, n'est-ce pas ? Mais, Hizakari, ce serait avec plaisir que je discuterai avec vous à l'avenir, enfin, si mon côté râleur ne vous à pas effrayé.
J'esquissais un sourire à cette personne qui m'avait offert une nouvelle de voir ce qui m'entourait.
Coquillages & crustacés
huhuhu uwu
05.03.98
De tous les mages, ceux qui avaient les mêmes facultés que moi pouvaient comprendre toute la complexité des apparences trompeuses et de cette expression qui n’en dépeignait qu’une infime partie. J’aimais cet effet contraire de constater le changement de regard posé une fois la glace brisée. Ces idées préconçues que l’on a d’autrui sans avoir matière à décrypter non pas ce que nous sommes, mais qui me rendra toujours curieuse et désireuse de voir l’étonnement dans le regard de mes interlocuteurs. S’il y a bien une chose sur laquelle personne ne peut douter me concernant c’est que je ne suis pas du genre à tenir ma langue à moins d’y avoir une bonne raison. Elles sont généralement de l’ordre de la bienséance, conditionnée à un respect que j’estime naturel autant que nécessaire. Cependant, il arrive que certaines légitimités me soient trop peu justifiées pour être à mes yeux valables et ce tabou entourant les questions les plus simples engendre des détours fatigants.
« C’est là tout l’art de la métamorphomagie, ça n’est pas que tromperie » et quand bien même, c’est un moyen comme un autre d’acquérir un semblant de liberté. Bien que je sois chanceuse. Ce sont mes voyages et cet apprentissage hors du clan qui m’a ouvert les yeux sur une situation plus qu’injuste. Tant d’inégalités auxquelles je rirais au nez si ça n’était pas enlisé bêtement. Je soupire, l’observe ramasser ses coquillages et se redresser, souriant à l’interrogation malhabile, néanmoins franche. « Il n’y a aucun mal, je ne m’offusquerais pas pour si peu. Et je dois dire que je n’ai pas spécialement de forme fétiche, si ce n’est peut-être celle que j’arbore depuis ma naissance, uniquement pour cette raison : habitude »
J’étire mes membres, faisant craquer les os. Tout est pareil, excepté mon apparence, est-ce donc si important ? Tout me porte à croire que oui. Mais je ne suis pas du genre à suivre la majorité, trompée par plus sournois que moi : les mœurs. « Si vous en aviez eu la possibilité, changeriez-vous quelque chose chez vous ? » simple curiosité que je lui retourne, bien qu’il soit plus disposé à gagner le terrain de cette créature à nourrir. Je ne faisais que supposer. Peut-être était-il tout bonnement épuisé et espérait obtenir quelques minutes ou heures de sommeil ? Que pouvait-il bien faire de ses nuits pour avoir si peu de temps ?
« Vous n’êtes pas le moins du monde effrayant et je sais râler plus fort, bien que je manifeste mon irritation différemment. Privilégiez l’espièglerie, vous ne vous en porterait que mieux. Simple conseil » détendez-vous un peu, rien ne sert d’être si sérieux, la vie est bien trop courte pour s’attarder sur des colères passagères et sans fondement. Je me lève et observe le ciel dont les rayons encore jeunes inonderont bientôt tout le domaine. Puis je m’incline, tournant les talons aussi vivement d’une démarche assurée. J’ai hâte de commencer cette journée de cours, non pour le professeur en titre, mais pour apprendre et enseigner… entre autres.
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