Le week-end, ce moment de calme dans les études. Ce moment aussi où j'avais plus de libertés qu'en semaine. Il s'agissait aussi maintenant de jours où je ne savais pas trop quoi faire. Plonger dans les études n'étaient pas pour moi. Au contraire, j'avais trouvé satisfaction dans l'entrainement physique des arts martiaux. Je ne me concentrais alors que sur mes gestes et oubliais le reste. Mais ce week-end, j'avais décidé de rendre visite à Yori et d'y passer les deux jours. Il m'avait permis de venir de temps à autre pour respirer un autre air. Et puis, comme ça, je passais du temps loin de ma chambrée où l'ambiance n'était pas souvent au beau fixe. Et squatter chez "le vieux" n'était parfois pas ce que je préférais, même si c'était mieux que rien, même s'il m'aidait malgré ma mauvaise volonté.

Ce dimanche matin, j'étais parti courir dans le parc qui ne se trouvait pas loin d'ici. Peut-être aurais-je du faire plus attention à la météo, car je rentrais tremper. La pluie s'était soudainement mise à tomber sans prévenir. J'aurai peut-être pu le dire si j'avais regardé le ciel avant de sortir.

Je rentrais en soupirant et fermais la porte derrière moi de manière un peu brusque. J'allais directement me changer et aussi chercher de quoi éponger rapidement l'eau perdue sur le chemin, avant de m'affaler dans le canapé, une serviette de bain sur les cheveux.

-Maudite pluie...

Je bougonnais en essayant de sécher mes mèches rebelles.

Je sursautais presque au son de sa voix pourtant douce, mais aussi de la chaise grinçante. Je n'avais pas fait attention à la présence de Kazami. Je levais mes yeux bleus vers elle et, hésitant, je lui tendis le tissus.

-Merci...

Je ne savais pas trop quoi dire d'autre. J'appréciais Kazami, elle était une amie de ma soeur en plus.

Je n'arrivais pas à parler d'elle au passé. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que j'étais maintenant dans cette famille. J'avais ce que je désirais, mais il me manquait une personne importante à mes yeux. Et Kazami me la rappelait avec sa douceur. Me sécher les cheveux, elle aurait pu aussi me le dire, me le faire... Et mon coeur se serra à cette pensée. Une ombre trahit mon visage, montrant seulement une part de mon chagrin.

D'un demi-sourire, je la laissais faire. J'écoutais le chant de la pluie sur les vitres, le calme de la pièce, me laissant sécher les cheveux de la manière qu'elle le souhaitait. Je savais qu'elle n'allait pas le faire de façon brusque. Quoique ?

Mais même si depuis quelques mois, j'étais devenu plus calme, je n'en restais pas moins difficilement tenable en place. Je tournais la tête vers la table où la jeune fille se trouvait et, me relevant, j'allais pour en saisir un livre avant de retrouver ma place à ses côtés sur le canapé.

-Tu faisais quoi ?

Je posais la question tout en lisant l'intitulé de l'ouvrage et je compris. Ah, oui, les révisions, les cours, une chose dans laquelle j'avais du mal à me plonger. Je préférais perdre mon temps et mon esprit dans le sport, meilleure idée et initiative de l'année précédente. Je pouvais ainsi me défouler et penser à autre chose. Surtout que me concentrer sur mes mouvements me faisait du bien. J'ignorais comment cela se faisait, mais c'était agréable de simplement se focaliser sur les mouvements.

-...Tu ne veux pas faire autre chose à la place ? J'ai pas trop envie de penser à l'école aujourd'hui.

Je n'avais envie de penser à rien en réalité. Mais je ne voulais pas non plus être seul.
Car je n'en pouvais plus de la solitude entr’aperçue et de mon coeur en miette à l'idée de ne plus avoir ma famille, aussi détruite soit-elle, autour de moi. Et parce que j'avais du mal à me trouver une place dans cette nouvelle que l'on m'avait offerte.

Cheveux séchés, je posais mon regard sur elle. Si je voulais un thé ? Bonne question. Je n'étais pas spécialement fan. Je préférais le chocolat chaud. Mais... Là, tout de suite, mon envie de cette boisson lattée s'estompa en me rappelant les soirées avec ma soeur. Mon coeur se serra et me fit mal. Alors j'acceptais le thé.

-Je veux bien essayer le thé. Mais avec beaucoup de sucre. ça passe quand même ?

Elle proposa aussi d'aller en cuisine, pour si jamais quelque chose d'autres me faisait envie. Je me redressais et me relevais pour m'étirer un peu. J'étais décidé à goûter le thé, en revanche...

-S'il y a des biscuits ou quelques chose comme ça, je suis partant pour aller dans la cuisine. Courir m'a donné faim.

J'aurai bien aimé continuer à courir d'ailleurs, mais la pluie, satanée pluie, comme si elle pleurait avec moi, m'avait fait soudainement rentrer.

-Tu fais quoi en général pour t'occuper quand il fait moche comme ça ?

J'étais proche de la culture moldue, de ses jeux de société ou vidéoludique, mais qu'en était-il des autres sorciers et sorcières de mon entourage ? Parfois j'avais l'impression d'être seul et de ne pas comprendre le monde autour de moi. Au moins, j'étais spécial à m'intéresser à autre chose qu'à la sorcellerie.... Mieux vaut voir les choses ainsi que de continuer à me dire que je suis un déchet. Bien qu'il est difficile de ne plus entendre les remarques faites à répétition dans le passé et maintenant ancrée dans ma mémoire.
Je voulais penser à autre chose. Je voulais apprendre à connaitre cette cousine. Je souhaitais juste m'évader le temps d'une journée pluvieuse.