Hanaoka
Akira
Mori
Akihiro
Car elle n’en avait similarité avec l’ancienne, mon corps peut vous le promettre ! Bien que je veuille mourir, je me suis toujours promis que cela n’arriverait jamais à cause de ma maladie. (Je sais comment me faire tuer si je sens mon dernière heure arrivée à cause de mon état…)
J’avais encore honte de la situation dans laquelle je m’étais dans cette auberge et j’espérais que des commérages n’avaient pas atteint les oreilles d’autres. ( Qu’est-ce que je le prendrais mal… Je ne veux voir des regards de pitié posés sur moi lors de la rentrée.)
Heureusement que Natsuo avait été là pour me porter jusqu’à Amaterasu…
Alors aujourd’hui, j’avais décidé de me tester, savoir comment mon corps tiendrait, s’adaptait à cette nouvelle magie en bougeant correctement voir même un peu trop.
Comme à mon habitude, j’étais en avance, je détestais être en retard sans bonne réponse. A mon bras se trouvait un petit panier remplis de divers plats testés pendant ma convalescence que je voulais te faire gouter. ( Je suis certain que le premier repas de la rentrée sera un véritable festin pour remonter le moral de nos petits écoliers !)
Mes yeux perdus dans les nuages qui se pourchassaient, je fredonnais une petite mélodie finissant par les fermer pour profiter de ce petit air frais.
Je ne ressentais aucun signe alarmant, aucune douleur me pénétrant. Peut-être aurais-je le droit de passer une bonne journée sans que ma tête n’agisse sans que je ne puisse la contrôler ?
Je n’avais cependant pas remarqué que le nœud autour de mon cou avait été fait d’une manière plus que maladroite, moi qui l’aime tant… Et je n’avais pas pris en compte mes mains tremblant légèrement : c’était naturel, malheureusement… ?
Il voulait les revoir. Tous ceux qui avaient traversé cette guerre sanglante, le temps d’un éclair. Tous ceux qui pansaient leurs blessures et dont le silence inquiétait le cuisinier, impuissant comme toujours. Habile de sa cuisine, réconfort insuffisant malgré le geste plus subtil d’adoucir leur quotidien. Habitude inchangée, non remarquée cependant appréciée, il faisait partie d’un décor qui les hantait et ces adultes en qui la confiance aurait dû être aveugle s’était révélée méfiance justifiée. Non de lui, mais il en fut puni au même titre que ces professeurs de renoms aux rangs plus prestigieux, mais aux cœurs noircis d’un désir de survie au péril de celle des autres.
Il inspire, soupire et masse sa nuque, sa boite ensorcelée toujours à son dos courbé par la fatigue en plus des cernes creusés sous ses yeux. Nul doute que le reste de son visage devait lui aussi être sujet à quelques indices, une barbe de quelques jours était couverte du masque devenu coutume du cuisinier. Il marche, dans son kimono clair à en soulever le papier indiquant l’adresse exacte de leur rendez-vous.
Nombreux avaient été ces amis à perdre une part de leur âme, parfois arrachée, parfois volontairement et c’était une impression qui ne tarissait pas avec le temps : sans cesse perdre laissait des séquelles irréversibles, seulement soignées en surface par ce qui les maintenait pour la plupart : amour, amitiés, il n’y faisait pas exceptions, voyant ses rocs tenir encore et se soutenir mutuellement le réconfortait. Plus que cela, on lui avait demandé de vivre. Il s’arrête. Respire à grande goulée pour calmer le soubresaut de son palpitant à la simple pensée de l’enfant. Elle avait souhaité le protéger et il ne gâcherait pas ses rêves.
Enfin, lorsque les rayons caressèrent sa peau et que les quelques mèches roses se profilèrent dans ce décor verdoyant, il se mit à sourire, rassuré de le voir, lui dont il n’avait reçu que très peu de messages. Il ne lui en voulait pas, tous deux avaient malgré leur complicité un jardin secret que chacun respectait. Mais il était peut-être temps de se mettre à table à ce sujet… et l’aigle s’approchant en saluant son ami d’une étreinte nécessaire. Bien qu’encline à la douceur il souleva du sol le plus jeune. « Ah… ça fait du bien de te voir » il s’était inquiété, avait-il eu raison ? Les pattes du renard regagnèrent la terre ferme. « Je vois que je ne suis pas le seul à m’être un peu emporté. » Une façon comme une autre de s’épuiser jusqu’à finalement s’effondrer entre les bras d’un Morphée tyrannique à faire de ses rêves des cauchemars. « Comment s’est passé… ce mois ? »
Hanaoka
Akira
Mori
Akihiro
Ou pas du tout.
Je ne t’avais pas entendu arriver, un sursaut étouffer par cette étreinte que je ne m’attendais aussi forte. (J’aimerai bien m’envoler encore plus haut, loin dans les nuages.
« Woooah !! Tu vas finir par m’étouffer ! Fais attention ! » Mes pieds s’agitant un peu en l’air, si tu savais à quel point j’aimerais que ces paroles soient vraies…
Mes pieds retombés sur le sol, je fis genre de remettre ma chemise et mon manteau en place, les plis n’avaient lieu d’être !
Avant de finalement te montrer un grand sourire, mes mains derrières mon dos dans un léger rire cristallin.
« Voyoooons tu devrais me connaitre ! Je ne fais jamais les choses à moitié. ~ Je crois même qu’il y en aura assez pour deux pique-niques ! Rolala… Imagine, tu dois me supporter deux jours d’affilées… ! » Une main sur ma joue dans un soupir avant de relâcher un rire.
« Où veux-tu t’installer ? Près d’un arbre ? Un point d’eau ? au milieu de l’herbe ? On va éviter dans un arbre, cela ne serait pratique ! » Mon doigt pointait divers endroits.
Je crois que je ne m’arrêterai jamais de parler jusqu’à ma mort.
A peine arriver, qu’une question venait d’être posée. Comment pourrais-je te répondre sans te mentir ? J’ai failli mourir et malheureusement, on a décidé de m’épargner.
Ma sortie d’hôpital ne fut que brève à cause de cette magie disparue qui m’avait arraché le cœur et certainement encore des années de vie. (Je doutais même survivre jusqu’à mon prochain anniversaire…)
« Maman va bien, le café n’a aussi rien eu. Surement car nous sommes des sang-purs ? » J’étais soulagé de mettre assez éloigné d’elle…
« Et je suis toujours sur mes deux pieds ! Je crois que c’est le plus important ? ~ » Finalement, je ne t’avais dit mensonge, mais je ne t’avais pas tout raconté non plus.
« Et toi… ? Comment ça s’est-il passé de ton côté ? » Je savais à quel point tu tenais aux élèves et rumeurs allaient vite, je savais que perte il y avait eu…
Essayons de remettre un peu de miel dans cette conversation.
« J’espère que tu as le ventre bien accroché ! J’ai testé de nouvelles recettes. Je ne promets pas qu’il n’y ait pas une surprise dans l’une d’entre elle. ~ » Mystère, mystère !
Mes doigts toujours serrés sur ce panier, heureusement qu’il cachait ces tremblements qui ne voulait se stopper…
Le temps érodait la vie, petit à petit, usant avec parcimonie l’éclat brillant de toute âme et toute chose dans le secret que chacun s’évertuait à garder. Ainsi, Akira ne laissait entrevoir les maux par lesquels il avait été touché. Le temps n’était pas seul bourreau en quel cas leurs existences seraient paisibles et ils en subiraient la mort lente de leurs sens, tant émotionnels que physiques. On ne parlerait point d’agonie, mais de la douce étreinte rafraichissant leurs corps à mesure que l’âge faisait son effet.
Brusque, mais attentionné, Akihiro avait saisi son partenaire cuisinier pour répandre cette chaleur dont ils étaient encore pourvus. Il la souhaitait ardente pour de nombreuses années encore, heureux de voir ce sourire ne jamais se ternir quand le sien était teinté d’une mélancolie non voilée. Enfin déposé, Akira s’était lui aussi muni d’un trop-plein de plats à déguster pour un simple pique-nique. Sans doute pourraient-ils en offrir et l’ainé avait déjà son idée si ce cas se présentait. Il rit de bon cœur, observant les lieux désignés, optant pour la simplicité dans un geste réfléchi. Ses doigts sous son menton. « Hmm… je dirais sous un arbre pour être à l’abri d’insolations et confortablement installé malgré tout » il faisait encore trop frais pour s’approcher du point d’eau, mais le soleil, lui était au rendez-vous pour les étourdir de ses rayons porteurs de vitamines.
Tout en s’occupant de leur nid pour un après-midi, l’aigle ne put s’empêcher de quémander ces précieuses nouvelles et en fut soulager. La douleur toujours présente brûla ses poumons un instant, laissant le silence reprendre ses droits, récupérant ses esprits. « Je m’en suis sorti, mes frères aussi… de nombreuses pertes cependant » l’ex-femme de Sei avait passé le seuil séparant les mortels des immortels, son âme définitivement loin de ceux qu’elle chérissait, tout comme l’enfant qui n’était pas la seule, mais il la connaissait mieux que les autres. Si tenté qu’il avait sur ses lèvres leurs noms à tous et leurs préférences et habitudes alimentaires. Il lui était encore arrivé de cuisiner par réflexe pour les familles et d’oublier que certains n’étaient plus de ce monde. Ce monde qu’il avait réappris à aimer pour ses horreurs et ses merveilles. « Vous voir et vous savoir sains et saufs m’a fait le plus grand bien disons » et s’il en avait perdu un, le drame aurait été semblable, si ce n’est peut-être que cette non-violence qu’il prônait il l’outrepasserait sans l’ombre d’un doute, comme il avait cédé à rendre quelques coups.
Un rire avait cependant percé plus joyeux à l’image nette d’un oiseau aux couleurs exotiques. Il avait envahi son monde et veillé à ce que les couleurs y demeurent toujours. « Ça ne pourra pas être pire que notre très cher ami et professeur de vol » il était bien plus que cela en réalité, ami ou amant, pour Akihiro la différence était minime tant il était pour lui les deux. Cependant, il ne vit pas la nécessité de l’énoncer, tout comme il ne le cachait pas non plus. « Bien, commençons à sortir nos plats, mon appétit s’est réveillé, j’espère que le tiens aussi. Je suis curieux de savoir ce que tu as mijoté » et de découvrir, malgré son sixième sens amoindri par la confusion, ce qu’il percevait au-delà des sourires.
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