Les cours avaient repris depuis un certain temps maintenant et mes obligations revenaient à la normale.
Malgré des erreurs répétées, j’arrivais maintenant à m’habituer à cette nouvelle magie qui me maintenait en vie. Par moment, je pouvais sentir des douleurs se présenter, mais bien moindre que les crises que je me suis tapées pendant les vacances.

Je ne pus retenir un soupir en me rappelant mes états et le nombre de proches qui étaient présentement au courant.

Enfin, aujourd’hui ne sera pas signe de repos ou d’amusement car malgré mon statut de cuisinier, il m’arrivait de devoir faire des rondes et ce soir, c’était mon tour. En soit, cela ne me dérange pas plus que ça, je tombais souvent avec des personnes que j’appréciais et que j’apprenais un peu plus à connaitre à chaque tournant de couloir.
Le plus dur était le réveil le lendemain, moi qui devais me lever si tôt pour remplir la panse de ces petits chenapans.

Avant de partir pour ma mission, j’avais pris temps de me reposer aux onsens pour tenir le coup et remplir un sac de diverses friandises et petits gâteaux pour que notre nuit soit moins longue. Il y avait même de quoi faire du café ou du thé.
Ne serait-ce pas une sorte de pique-nique improvisé sans que nous soyons posés ? Peut-être que j’en fais trop, mais je tiens à ce que mes dernières tournées soient agréables. Je pourrais même en profiter pour envoyer quelques origamis à Aii ?

Mes pensées filèrent et les minutes suivirent.

N’attrapant pas mon fidèle manteau turquoise, me voilà en train de gambader pour trouver mon coéquipier. Si c’était un nouveau venu de mars, peut-être me confondra-t-il avec un élève ? Je trouve cette situation toujours aussi amusante !

Si notre tournée finit en extérieur, je risque d’avoir froid en vu du temps se réchauffant que doucement.

Enfin bon ! Pour le moment, ma curiosité n’était qu’accrue et mes yeux perdus dans ce couloir bien trop connu. (Tiens, je me rappelle qu’il y avait une cachette ici étant enfant…)  

Vous savez… Parfois, je suis bien triste de ne pas avoir la capacité de lire dans l’avenir car je crois que j’aurai préféré rester dans mon lit ce soir-là…
Moi qui pensais passer un bon moment à et apprendre à connaitre un de mes collègue, voilà que ta voix vint résonner jusqu’à mes oreilles.
Je crois que je pourrais commencer à la reconnaitre entre mille, comme si tu me suivais, peut-on dire me hantait ?

Nous avons enchainé les situations gênantes sans nous parler : je t’évitais de mon mieux. Douce ironie de voir cet opposé soudainement s’envoler.
J’avis d’abord un sourire sur mon visage qui devint rapidement une expression neutre quand mes pupilles croisèrent les tiennes.

« Bonsoir, Lyam. » Qu’est-ce que cette situation était gênante…

Qu’est-ce que je pouvais te dire ? Je sentais déjà les questions venir et je n’avais envie d’y répondre car la dernière fois que je t’ai vu, j’étais dans tes bras en train de mourir…
(Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas laissé me noyer dans mon sang toi qui me déteste tant… ?)

« Elles sont malheureusement guéries, je n’en porte qu’une cicatrice sur l’épaule. » Et à chaque fois que je la voyais, elle me rappelait à quel point j’y étais presque.

« J’imagine que tu es mon coéquipier du soir ? Dommage, cela sera moins drôle que d’habitude. Enfin, ne perdons pas de temps. » alors que c’était la seule chose que nous pouvions faire pour que l’heure nous permettre de rentrer nous reposer.

Quelques minutes passèrent et seul le bruit de nos pas résonnèrent. Qu’est-ce que c’était gênant de ne savoir que faire, que dire. Ce silence était même plus gênant qu’une discussion et c’est ce qui me fit le briser avant que je ne dérape.

« T’as choisi quelle divinité ? » Un sujet comme un autre avant que tu ne poses des situations qui fâches, ma voix toujours aussi neutre, bien perturbant comparé à la normale.

Mes yeux un peu posés sur le petit sac toujours accroché mon bras, j’étais triste de me dire que mes pâtisseries ne seront finalement pas mangées…
(Enfin, voyons l’évolution de la situation…)

Moi qui pensais passer une bonne soirée, j’avais vite déchanté. Bonne humeur envolée, je n’étais dans une ambiance à faire semblant, à sourire et rendre la situation encore plus malaisante.
Surtout que je me rappelle tes mots, pourquoi n’avais-tu pas aimé que je devienne plus calme, que je ne reprenne contact avec toi. Si je reste aussi calme que maintenant, allais-je t’énerver et te faire sortir de tes gons ?

Enfin bon, mes pas résonnant dans ce bâtiment, tu me demandas pourquoi cette question. Avais-je besoin d’une raison ? J’haussai simplement les épaules en réponse, montrant que moi-même je ne savais pas. Cependant, ta réponse me surpris, je ne t’avais pas imaginé te relier à l’eau.

« Je t’imaginais plus t’allier à Amaterasu. » avouai-je simplement sans prétention.

Peut-être à cause de votre caractère se ressemblant et la couleur de tes cheveux qui me rappelait la braise ardente ?

« J’ai choisi Amaterasu, le feu semble amusant. » Et avoir des clones autour de moi, n’est-ce pas amusant ? (Je pourrais me défouler sur moi-même sans que je ne le sois.)

Je relevais le côté amusant que nos divinités aient des éléments opposés. A croire que le destin même veut nous faire comprendre que nous ne sommes faits pour nous entendre.

Ta curiosité me fit tourner les yeux en ta direction avant de se diriger vers le panier qui n’allait me lâcher de cette soirée.
Ma tête me disait de faire une blague comme quoi Mochi était bien à l’intérieur, mais rien ne sortit. A croire que j’avais définitivement perdu mon humour avec toi. (La gêne était bien trop présente pour ça.)


« Ça fait longtemps que je ne suis pas venu voir Mochi. Est-ce qu’il va bien ? » Parce que je n’avais pas envie de te croiser…
« J’ai pour habitude d’apporter pâtisseries, thé et café pour que la nuit soit moins longue et plus colorée. Cette soirée ne fait exception. » Surtout en ce moment où mon corps fatiguait plus vite que d’habitude.

Je dois avouer avoir envie de bouder de me dire que mes la moitié ne sera consommé qu’au petit matin, perdant de leur chaleur et fraicheur.
Peut-être que si j’étais d’humeur, je t’en aurai proposé, mais je me souviens (malheureusement) de cette soirée au bain où critiques tu avais énoncée au sujet de ma cuisine… alors je n’avais aucun espoir que tu veuilles bien y goûter. (Pourtant on dit que je fais le meilleur café de Mahoutokoro.)

J’espère ne pas être obligé de les jeter…

Je dois avouer que cela me fait bizarre de pouvoir ainsi communiquer avec toi sans ressentir une once de dénigrement à mon égard. Peut-être que cela m’a aidé à prendre la parole ? Ou alors je voulais simplement briser cette gêne qui pouvait me stresser et facilement me faire partir en vrille sans que je ne le désire.

« Oui, amusant ! Ne trouves-tu pas le feu fascinant et hypnotisant ? Cet élément qui peut tout ravager sur son passage pour laisser que cendres en trace. » Il ne fallait pas que je parte sur ce sujet, rien que ce sourire en coin que j’ai dû retenir me le prouvait.
« Avec cet élément, cela fait de nous des opposés. » N’est-ce pas encore une fois hilarant de voir que même nos divinités semblent vouloir nous confronter ? (Même si l’eau éteint le feu… Pourquoi ne m’as-tu pas éteint, ce jour-là ?)

« Tu aimes à ce point l’eau ? » Pourquoi est-ce que je te le demandais ? Je n’en savais trop rien, j’avais toujours été du genre curieux, la question devait être sortie toute seule par habitude.

Cependant, ce fut la suite de notre conversation qui me surprit le plus. Tu venais d’accepter… Non, de me proposer de venir voir Mochi, mais surtout de partir avec lui ? Je crois que je ne pus retenir la surprise sur mon visage, mes yeux clignèrent même quelques fois.

On pourrait croire à une marque de confiance, mais je n’étais pas aussi naïf pour le croire.

« Ah ! C’est vrai que ça doit lui manquer de prendre l’air… Puis voir un peu de nature lui fera du bien. ♪Je suis sûr qu’il sera content de manger ces petites friandises avec moi.~ » Je n’avais pas vraiment remarqué que ma voix était redevenue plus enjouée l’espace de quelques phrases.

J’aimais beaucoup cette petite créature, elle me réchauffait le cœur et de me rappeler la sensation de sa fourrure entre mes doigts, contre ma joue… Me fis doucement sourire. J’espère qu’il ne sera pas trop triste quand je serais obligé de disparaitre. (C’est un animal, je peux continuer de l’approcher même si je sens mon heure venir, non… ?)

Je ne fis aucun commentaire sur la simple remarque que tu venais de me répondre au sujet des aliments que j’avais emporté, je n’avais fait que continuer à marcher. Je n’en attendais pas grand-chose de toute façon.

Alors que je pensais le silence à nouveau présent, je me suis demandé pourquoi tu détournais ainsi le regard avant de… Quoi ?
Attendez, est-ce que je suis en train de rêver ? Que quelqu’un me pince, s’il vous plait ! Est-ce que Lyam Seizan venait vraiment de me demander un café ? Je ne savais dans quel sens penser… Si je devais faire une blague, être sarcastique ou simplement normal.

« Bien sûr. » Je n’ai pas réfléchi, mon cerveau a encore tourné trop rapidement et je ne savais pas vraiment comment gérer cette situation de gêne.

C’était ton cas aussi, non ? Toi qui avais détourné le regard sans oser me regarder en posant cette question. (Cela m’arrange, tu n’as pu voir mon expression perdue…)

Sans plus attendre, j’enlevais la serviette protégeant notre ravitaillement et sans plus attendre, la bonne odeur des cupcakes put envahir nos narines.
Attrapant le thermos a café, j’en sortis une tasse et son socle pour y verser ce liquide caféiné doucement. L’entourant de mes mains, je le réchauffai légèrement pour que la température soit parfaite avant de te le tendre.

« C’est une tasse magique, il n’y a aucune chance que tu en renverses une goutte. Tu peux continuer à marcher sans avoir peur de te tâcher. » Autant l’expliquer, même si cela aurait été drôle de te voir faire attention sans raison.

Par contre, quelque chose me perturbait.
Mes sens de cuisinier n’étaient pas satisfaits…

« Les cupcakes que j’ai préparés, sont fait pour être mangé avec. Ils relèvent leurs goûts ensemble. » Je ne pouvais pas dire être le meilleur pour les cafés si tout n’était pas respecté.

Je m’attendais à un refus, peut-être même un pic sur le fait que je te fasse grossir, comme la dernière fois. Même si je n’étais pas à l’aise, je t’en tendis un bien chaud et loti dans son petit socle.  (photo)

…Cette nuit était vraiment gênante…

Je ne sais pas comment je dois prendre cette nuit, nous ne sommes pas en tra¬in de nous envoyer des balafres au visage et nous rabaisser plus bas que terre. Attendais-tu le meilleur moyen pour m’attaquer et que ma garde soit baissée ? Je ne peux croire que tu aies changé en si peu de temps, que caches-tu réellement, Lyam ?

Une information concernant les onsens, moi je ne pouvais pas, sauf si mon corps me le permettait et il était tout de même osé d’évoquer un tel sujet vu cette crise dont tu étais le coupable. Ce ne fut qu’un hochement de tête que je t’accordai en réponse, ne sachant que dire de plus : moi je préférais brûler dans les flammes de l’enfer…

Alors que je t’avais accordé ce café, je profitai qu’il soit de sortie pour m’en verser un également. La fatigue s’emparait de moi de plus en plus vite… Je priais pour que cela ne soit dû qu’à cette nouvelle magie et non mon corps qui pourrissait à vue d’œil.

Une gorgée, un croc dans cette douceur que j’avais moi-même inventé, encore une fois. Et j’ai cru m’étouffer avec à l’entente de ce compliment.

Est-ce que j’avais bien compris ? Lyam Seizan venait de me faire un compliment ???
Je crois que j’ai compris ! Je suis réellement dans un rêve et comme pour me le prouver, je vins pincer ma propre joue et… douleur s’en suivit.

La surprise ne s’arrêtait pas là, c’était… Toi qui ramenais le jour de ta duperie sur le tapis ? Je crois que je ne sais même plus comment penser, réfléchir.

« Wait a minute… Lyam, t’es malade ? C’est vraiment toi ? » Je ne pus retenir mon regard remplit de toute la surprise possible et imaginable.

J’étais à deux doigts de poser ma main sur ton front pour le vérifier.
Ou alors c’était moi qui avais mal entendu ? Je ne sais même pas quelle réponse était la bonne… Enfin, pour le moment, je vais simplement répondre à ta question.

« Sais-tu que la présentation d’un plat augmentera la faveur à son gouteur ? La pousser à son paroxysme en fera ressortir sa faveur maximale et les babines n’en seront qu’encore plus réjouie. Alors pour te répondre, non je n’ai jamais mal au cœur car mes plats n’ont jamais été critiqué, mais apportent le sourire aux gens qui m’entourent. » Peut-être est-ce de cette façon que j’apportais ma marque avant de disparaitre.

« Car peut-être que mes préparations seront englouties en quelques minutes, quelques secondes… Mais les sourires perdureront bien plus longtemps. » Mes yeux s’étaient arrêtés sur une fenêtre donnant sur cette terre endormie dans l’obscurité.

Mon cœur était amer, mes souvenirs désiraient se venger de ce père, mais mon cœur s’était adouci aux côtés de ces amis que je m’étais fait à mon entrée dans cet établissement. (Heureusement, ma résolution ne s’est toujours pas brisée.)

J’avais trop parlé, j’en étais presque gêné… Pour que le sujet ne revienne sur moi, c’était à mon tour de poser une question.

« Et toi, comment as-tu décidé de soigner des créatures magiques ? » Mes lèvres trempées dans mon café.

Je crois qu’il ne fonctionnera pas et ne me réveillera de cette drôle de rêverie dans laquelle j’étais plongé.   

Est-ce que quelqu’un peut me dire où je suis tombé ? Car plus la conversation avançait, plus je trouvais la situation étrange, comme cette habitude s’envolait petit à petit et… Je ne sais pas, je crois que ça me dérange de ne pas savoir le pourquoi du comment. Je n’ai pour habitude d’être aussi dérouté et ton rire me fit rapidement tourner la tête sur le côté pour y cacher cette expression gênée que je ne voulais te montrer.

« C'est un réflexe, ma mère m’a appris les bases. J’ai pris habitude d’en sortir quand la situation me surprend. » Avais-je eu besoin de me justifier…

Ce que tu me disais, me confiait… Je devais serrer mon poing pour retenir une réflexion de sortir, et pourtant… Devrais-je me contenir ? Ou simplement lâcher ce que je pensais sur le moment ? La conversation pouvait si rapidement prendre un autre tournant. (Est-ce que c’est ce que je cherche ? Que tu continues à me détester ?)

« T’ouvrir à de nouveau horizon ? Serait-ce une proposition que tu me sous-entends là ? ~ » D’accord, le naturel revient peut-être un peu trop vite au galop, j’ai soufflé un rire étouffé.
« Rester coincé dans un seul état d’esprit… J’ai toujours trouvé ça débile. C’est ainsi que les guerres font rages, que des vies sont détruites. Alors qu’il suffirait d’écouter, d’apprendre et de comprendre. » Des paroles sincères et je ne visais pas spécialement que toi, mais toute personne coincée dans ses idéaux et provoquait de triste destruction…

Si mes mots étaient trop directs, je m’en contrefichais car je ne changerai jamais. Je sais que tu ne peux comprendre, toi qui a été élevé dans un endroit chaud, baigné d’or et de fortune. Comment pourrais-tu comprendre un batard abandonné au milieu d’une rue pour seul soutien les vers qui rongeront à jamais son corps.

A nouveau, je sentais mon esprit partir, mes pensées s’enfoncer dans une partie bien trop noires de mes idées. Mes ongles se plantaient dans ma paume et mes yeux finirent par se relever à l’entente de ta voix. (Pourquoi est-ce que l’espace d’un instant, j’avais trouvé ce rire charmant ?)

Simple et courte explication au sujet de ta profession, mais tout de même plus profonde que cette première rencontre où ton livre avait attisé ma curiosité. Je n’eu besoin de faire un commentaire, car toi-même tu venais de le faire en visant les espèces rebelles. On était fait pour s’entendre avec Mochi, n’est-ce pas ? Ô doux petite sourire en coin que je ne pus empêcher de glisser.

Cependant, je ne pus retenir un froncement de sourcils, ma tête se penchant sur cette opposition que tu venais de souligner, Lyam. J’agissais pour les autres ? As-tu compris la raison égoïste cachée derrière cet esprit ? (Ne vous en faites pas, je devrais bientôt m’effacer de vos vies.)

Cette fois-ci, ce fut mon tour de laisser échapper un rire clair et limpide.

« Es-tu quelqu’un de contradictoire mon cher Lyam ? Tes mots n’ont pas vraiment de sens. Si tes paroles sont réelles, tu n’es pas aussi égoïste que tu sembles le sous-entendre. »

« Peut-être que tu n’agis pas principalement pour des humains, mais tu as toi-même souligner que tu ne veux voir des blessés à cause d’animaux magiques. Et même en ne les comptant pas ! » Je me suis mis en face de toi, me penchant un peu en avant et levant mon index en te faisant face.
« Peut-on traiter une personne d’égoïste alors qu’elle consacre sa vie à soigner des animaux blessés, à sauver des espaces et empêcher leur disparition… ça serait être encore plus coincé que toi ! » D’accord, c’était gratuit, mais je ne me retenais pas c’était la réalité cachée dans un coin de ce cerveau désordonné. (Suis-je réellement en train de te contredire positivement… ?)

Je ne pus retenir un soupir exaspéré avant de me remettre en marche dans cette obscurité déjà si bien avancée. Quelle heure était-il au juste ? Je n’ai plus mention du temps à cause de cette fatigue ne se dissipant pas même avec un café si puissant.

« Si tu veux d’autres pâtisseries, n’hésite pas. J’en ai fait dans l’idée de tenir la nuit, alors ne te prive pas. » Ai-je simplement ajouté en te tendant ce panier entre ouvert sur mes petits trésors.

Finalement, je crois que j’aurai tout de même appris à mieux connaitre un collègue cette soirée. Pourtant, je veux que tu restes celui que j’ai choisi pour me détruire… Je ne comprends plus cette haine que j’ai envers toi. Car peut-être que…

Nous verrons bien.   

Je ne pus retenir un sourire en coin quand ton naturel revint au galop et que cette remarque cassante sortit d’entre tes lippes. D’un côté, cela me rassure que tu ne me voies pas différemment car ce n’était pas un rapprochement que je cherchais. (Je désire toujours perdu la vie, tu sais ?)
Une fois mon ricanement passé, je mis mes mains derrière mon dos en avançant d’un air un peu plus détendu que le début de notre exploration, toujours mon oreille tendue pour recevoir tes informations.

« Cet état de guerre est complètement con. Je refuse de comprendre des personnes qui cherchent la paix par la mort d’innocent. Je m’en fiche que la ministre ait perdu la tête, mais des enfants qui ne pouvaient se défendre : je refuse. » A mes paroles, l’azure de mes yeux se plongèrent dans les flammes des tiens.

Toi qui avais été du côté de Seimei, qui était dans le camp de ces pourritures, comment te sens-tu d’être en partie responsable d’avoir été aussi proche de lui ? Je me rappelle très bien de t’avoir vu sortir à ses côtés. Alors, Lyam. Quel genre de sang-pur étais-tu exactement ? Toi que je trouve si égoïste depuis notre deuxième rencontre. Toi qui es si fermé, qui ne pense qu’à rabaisser.

« Prouve-moi le contraire. » Que quelques mots, si simple à prononcer, mais si tu n’étais pas coincé, alors vas-y. Je n’attends qu’une preuve de ton ouverture d’esprit.

« Et je te le confirme, tu es souvent désagréable. » Je n’avais pas dans l’idée de refroidir l’ambiance, j’étais simplement toujours aussi honnête et même si mon tact m’avait quitté, je n’avais envie de le reprendre quand tu m’offrais une réalité.

Fredonnant un peu lors de ma marche, ma tête se tourna à nouveau légèrement en ta direction à la suite de ta remarque. Tu semblais si surpris que j’accepte de t’offrir mes pâtisseries. Tu sais, Lyam.., C’est toi depuis le début qui me rabaisser, qui me critique. Moi, je ne fais que rebondir sur tes piques alors que mes remarques ne sont là que pour t’embêter, jamais bien méchantes : remplies de réalisme.

« Pourquoi es-tu aussi surpris ? Elles ont été faites pour être mangées lors de cette nuitée et demain, elles auront perdu la moitié de leur saveur. Cela serait bien dommage, non ? C’est plutôt moi qui devrais être surpris que tu acceptes de manger ce que je fais avec les remarques que tu m’avais faites. »

J’ai comme une impression qu’on se renvoie les fautes, les critiques que nous nous étions faites par le passé… Soupirant un coup, je me suis avancé en trottinant dans cette dernière pièce à visiter, la nuit était bientôt terminée.

« Attends. »

Un simple mot, je me suis approché d’un mur en me penchant un peu en avant. Délicatement, mes doigts prirent la bordure pour qu’une partie du mur s’ouvre et d’un sourire amusé, j’en sortis un vieil emballage de bonbon.

« Il est toujours là, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vérifier cet endroit... » Doux souvenir de l’adolescent qui pensait encore avoir toute la vie devant lui. L’espace d’un instant, mon expression était devenue mélancolique avant de me tourner vivement vers toi et d’afficher un sourire.

« Je crois qu’on a fini notre tournée, Lyam ! On va pouvoir rentrer chez nous pour prendre un peu de repos, non ? On a une longue journée, demain. Je me lève si tôt… Cela serait bête que vous n’aviez pas de petit déjeuner. ~ » Je suis épuisé, j’ai besoin de me reposer avant que mon corps me fasse comprendre que j’ai atteint les limites de mes capacités.  

Mes yeux continuaient de scruter la moindre de tes réactions, tes gestes qui m’intriguaient de te voir ainsi me parler, voir même de légèrement t’ouvrir et me permettre de comprendre un peu mieux ce qui se passait à l’intérieur de ta tête.
Je fus surpris de te voir la tourner suite à mon rire, mais ce qui attira encore plus mon attention fut ces mots que tu venais de dire à voix plus basse. Je sentais cette curiosité malsaine qui me donnait envie de t’en demander plus, pourquoi tu avais été de leurs côtés alors que tu devais pertinemment savoir que des enfants allaient être tués. Tu n’étais pas aussi bête pour ne pas avoir pensé à ce scénario, n’est-ce pas ?
Pourtant, les pertes des enfants dans ces couloirs ne se comptaient pas que sur une main…

« Alors, pourquoi ? Pourquoi as-tu participé d’aussi près à ce massacre ? » Finalement, la question avait glissé entre mes lippes…

La conversation suivante ne put que me faire reprendre un sourire en coin. Pourquoi me le prouver ? Parce que je ne croyais qu’en ceux pouvant m’apporter une preuve de changement et tu détournais cette preuve actuellement, Lyam.

«  Parce que sans preuve, c’est me donner raison ? » Tout comme cette réalité que je ne m’étais pas retenu de te confirmer en pleine face.

Sans commentaire pour la suite, j’avais simplement hoché la tête pour faire comprendre que tu étais libre de te servir quand tu le souhaites, même de café si tu voulais en prendre pour ton réveil.
Mes yeux étaient plus prisés sur cet emballage plein de poussière qui me rappelait ce passé qui me manquait tant.

Ce passé si innocent où j’avais permission de rire et vivre comme tout sorcier, que ma vie n’était pas sur le point de se terminer. J’avais un couple heureux que j’ai dû briser pour empêcher que des rêves ne le soient. (J’espère que tu as pu réussir ta vie, là où tu es maintenant.)

«  Je pense que cela doit bien faire une bonne dizaine d’année. J’avais arrêté de prendre ce passage secret vers mes dernières années. Il faut croire que des petits curieux ne sont pas encore revenus dedans. » Ai-je expliqué en lâchant un doux rire et de jeter ce papier à la poubelle. (Je ne voulais pas de souvenir qui entrave mon choix.)

Et pourtant, je sentais que mon cœur avait été touché, qu’une part de tristesse c’était emparée de moi et ta remarque sur le fait que je sois là ou pas demain matin, ne changera pas grand-chose. Tu sais Lyam, j’ai l’habitude de ne servir à rien, d’être simplement un être non désiré… C’est mieux ainsi, je disparaitrais sans laisser de douleur dans les cœurs de mes proches.

Je ne t’offris aucune réponse, je n’avais pas envie que ma voix me trahisse et que tu comprennes que ces simples mots m’avaient touché. (Pourtant… Je n’avais pas remarqué que mon expression était devenue plus triste l’espace de quelques secondes, ce silence me paraissait bien long.)

Te voyant partir sans un au revoir, je ne dis mot de plus avant de me retourner de mon côté, pour ne pas croiser plus longtemps ton chemin (je t’avais laissé prendre ce que tu voulais, bien évidemment.) et que je puisse plus aisément lâcher cette expression qui me rongeait depuis des minutes.

Poings serrés, mines énervée… Pourquoi suis-je encore en train de marcher sur mes deux pieds ? La fatigue me prenait, mes yeux n’avaient qu’une envie, se fermer… Pour se reposer et malheureusement pas dans un sommeil qui se voudrait éternel.

Je ne sais pas combien de minute j’ai marché, le temps à défilé alors que mon nez se perdait dans la lune et ses étoiles qui l’entouraient.

Arrivant doucement devant la porte de ma bâtisse, j’étais sur le point de l’ouvrir pour enfin atteindre cet endroit où je ne serais pas surveillé… De cet air épuisé, je tentais d’ouvrir ma porte et de mes mains tremblantes, je sentais que ce simple geste devenait de plus en plus dur.

Est-ce qu’un jour, je ne pourrais plus les utiliser ? (Je suis vraiment qu’un cafard… Tu avais bien raison…)  

Tes mots firent tiquer mes oreilles, comment pouvait-on y trouver un honneur d’être dans un clan ayant massacré tant de personnes innocentes ? Je ne retins pas cette expression de dégoût et mon regard resta toujours aussi sérieux à cette preuve que tu ne voulais m’accorder. Justement, ça ne me regarde pas Lyam, ça te regarde toi d’être aussi égoïste et peut-être même qu’un jour cela te retombera sur les bras.

Ce fut sans un mot que je m’étais en allé malgré tes dernières paroles : l’arrière-pensée avait bien été transmise, inutile de te rattraper. Car moi, je ne me voilais pas la face et la réalité était constamment en train de ronger mon corps.

Tout comme devant cette porte qui ne voulait accepter ma clé car ma main tremblait à cause de la fatigue et de cette maladie qui se propageait petit à petit. Heureusement, cela ne se voyait pas trop en cuisine, la magie m’aidait bien à me camoufler…
Me croyant à l’abri de tout regard, je m’étais déjà relâché et ce fut dans un sursaut que je ne pus retenir que ta voix atteint mes oreilles.

« Tu me surveilles jusqu’ici maint- Ah… » Ce ton sauvage simplement calmé en voyant ta porte déjà ouverte.

Pourquoi est-ce que le destin s’acharnait à nous réunir alors que nous voulions nous fuir ? Je ne pus retenir un sourire psychotique caché derrière ma main libre à déjà imaginer pouvoir t’embêter : je n’allais plus me retenir lorsqu’un/e partenaire allait se présenter.

Commençant à me laisser emporter, ce fut ton ombre venant m’écraser qui fit battre mon cœur plus rapidement, comme si je m’attendais à ce que tu me frappes, que tu m’insultes comme lors de notre affrontement : je n’attendais que ça, que tu m’ôtes la vie et… Finalement ce fut une main chaude qui vint se poser sur la mienne et des paroles dont je n’aurai jamais pensé entendre sortir de ta bouche.

Malheureusement, mes habitudes revinrent rapidement.

« Je peux me débrouiller tout seul. » Ai-je simplement dit en repoussant ta main, arrivant finalement à y insérer ma clé dans oser poser une seconde de plus mes yeux sur toi. (La honte m’envahissait de plus en plus…)

« Bonne nuit… » Aucun son en plus ne sortit de ma bouche, ma porte fermée derrière moi sur laquelle je me suis laissé glisser.

Maintenant, même ici j’allais devoir reprendre mon masque, ne plus rien laisser paraitre. Peut-être même que tu avais été engagé pour me surveiller ? Tu ne semblais pas si surpris de me voir habiter à tes côtés alors que je ne t’avais jamais croisé.

Je m’en contre fiche de l’être envers mes agissements, ce que je ne veux pas… C’est que les rumeurs sur ma maladie se répande, de voir vos regards de pitié se poser sur moi. Je veux vire mes derniers jours comme des moments normaux et non devenir le petit Akira malade qu’on doit constamment aider.

Cette nuit allait être courte et sans repos, mon corps me rappellera constamment ma faiblesse et de mon dos maintenant collé contre ce mur, je me demandais ce que ça faisait de dormir paisiblement comme tu devais avoir la chance de le faire en ce moment, Lyam…