— MAHOUTOKORO
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with sincerity, there is virtue ft. akina
Benhime Sugawara
soyez maudits
Citation : untouched gods won't curse you
Age : dix-neuf
Rang : A2
Orochi
Orochi
Benhime Sugawara
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1270-topic
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1272-might-never-answer-back-bye
Benhime Sugawara

JOUR I

Ô kamis,

À foison dans son cœur, les déceptions prolifèrent et ont éclos frustrations à la senteur des plus amères. Un grand champ de mauvaises herbes, si envahit que ne se différencient le bénéfique du néfaste, où tout simplement ne s’arrache — un laborieux tri avant que tout ne prenne profondément racine. Oh, qu’il est étrange de perdre sans vraiment perdre, mais de percevoir victoire entre mains d’un maléfique esprit devenu par sordide hasard, ou qui sait répugnant calcul, déité. Si son échine se tord, ce n’est qu’afin d’éviter le funeste Damoclès virevoltant au-dessus d’elle, pourtant reste dans son socle la croyance de fer qu’un seul sang divin peut régner sur les mortels ; sinon, tout sang-pur, tout kami serait éligible et dans un noir chaos s’éventrerait l’archipel.

Un couvre-chef, des somptueux vêtements de pèlerins, se perdit un instant son regard sur le début de l’immense route que vous vous apprêtiez à parcourir avant qu’il ne se tourne vers toi. Es-tu prête ? Son serment aurait pu se contenter de remplir un strict minimum — ô moult s’adonnaient à n’effleurer que la surface, suffisante à laver éventuelles accusations — mais il suffit de croiser l’excessive nitescence de tes yeux pour en capturer la ferme volonté. Deux saisons depuis passèrent, dédicacées à cette apogée, point culminant où seraient expulsées tenaces et malveillantes souillures ; et si ton cœur n’en sera jamais à l’abri, il saura en combattre leur perfide nature avant qu’elles ne s’enracinent à nouveau en ton sein. Sûrement, si paix intérieure finalement plante son drapeau parmi tes champs de batailles, une seconde naissance secouera ton être. Ta silencieuse volonté parlait plus bruyamment que tes mots Alors commençons. et Benhime posa premier pas vers la réconciliation du mal et du bien, vers la marche salvatrice ôtant des âmes les pollutions qui les damnent.

JOUR III

À travers la forêt quiète, parfumées par la terre humide et les écorces, le silence s’était imposé — la conversation n’aurait manqué — par l’introspection vorace faisant inventaire dans pensées et cœur de Benhime. Certaines nouvelles vérités s’avalaient difficilement, elles écorchaient sa gorge comme une vilaine toux, et ce qu’elle était, qui elle était et le rôle que jamais elle ne remit en question désormais se bousculaient brutalement. Le refus tenace d’accepter tout cela l’éreintait, la jeune femme se fatiguait d’être harassée par pareilles pensées obstruant ce destin qu’elle refusait d’abandonner, qu’elle ne pourrait, de toute manière, abandonner. L’air pur apaisait ses maux, néanmoins ni lui ni les kilomètres foulés ne suffisaient à s’en débarrasser.

Akina, sans prévenir ses pas s’étaient arrêtés  ; ce n’était point une pause, ce ne serait point une discussion. L’impression d’avoir usurpé ta place me tourmente, ces derniers temps. À peine quelques jours auparavant, n’occupais-tu pas le rôle où elle se tenait dorénavant ? Certainement l’aurais-tu incarné avec brio, mais elle se condamnait à l’échec. Nulle joie, nul contentement ne gorge mon cœur d’épouser l’héritier — pire un futur chef — et de ce fatum ne naît que noires pensées et de puériles tristesses s’expulsa de ses lippes, tordues d’exécration, un soupire moqueur envers sa propre bête et stupide indiscipline  moi qui préfère les ombres, me voilà éjectée à un sommet où je serai à la merci de tous et dans un rôle duquel je ne pourrai exister en-dehors. Au final, son existence ne sera dorénavant que survie et au moindre faux-pas, involontaire ou incontrôlable, Benhime savait ce qu’il adviendrait d’elle : reniée, abandonnée, oubliée. Je n’ai choix qu’accepter cet impitoyable sort et me muer en un être qui soit en mesure de le survivre. La mâchoire serrée, les larmes perlaient au ras de ses cils — son chapeau avait beau cacher son visage, l’immodéré chagrin s’invitait dans sa voix. Ne méprends mes propos, je ne cherche à fuir mon devoir mais – sa tête se secoua de frustration je regrette qu’Akshar soit devenu l’héritier. La honte d’avouer telle chose ruisselait désagréablement contre sa nuque, toutefois l’enclume écrasant sa poitrine s’allégeait. J’ai assurance que cette marche m’aidera à me débarrasser de ces vilaines pensées. Une expiration, longue. Je te fais confiance. Benhime savait que tu ne trahirais son hideux secret. Merci de m’avoir écoutée, remettons-nous en marche.


JOUR VI

Ô pèlerines, vos enveloppes tiraillées par la fatigue, par les sueurs froides du surpassement, par la bienveillante et pourtant angoissante accalmie de la nature, par les lubies atmosphériques s’avancent au fur et à mesure que vos âmes se purgent, se vident. Elles se gonflent de cette limpide et claire énergie, d’une plénitude si languie où femmes s’entremêlent au cosmos.

Au rythme des interminables journées que subirent vos jambes, chaque soirée claquantes par fatigue et effort, défilèrent époustouflants horizons — externes et internes — rappelant votre fugace condition mortelle au sein de l’éternel. Votre existence n’est qu’impermanence, ainsi est même le monde, et la délivrance se tapit dans la résilience ; toute noirceur se suit de lumière, après chaque hiver revient le printemps, lorsqu’un souffle s’évanouit un autre pour la première fois inspire. Sur la tête des lucides est déposée couronne, au mérite d’outrepasser les peurs et les négatives croyances paralysant esprits et âmes de se réconcilier avec ce qu’ils sont : un état transitoire.

Dans nombril de l’immatériel, de l’indescriptible, grandiose et ébahissant, tous s’arrêtent et s’imbibent des bienfaitrices et rassénérantes énergies. Le sens-tu, Akina ? Cette tendresse, cette beauté, tout ce qu’offre l’univers lorsque sont chassées les aveuglantes pollutions, si intense que gentiment en vibrent vos muscles et vos os. Tout se délie, et tout ce qui parût vérité s’avère maintenant factice, car l’être jamais ne cesse de se languir d’absolue harmonie. La vacuité n’a guère la terrible saveur que tu lui imaginais, n’est-ce pas ? Tout n’est que vide, néant, grand trou béant où demeurent dans un fragile équilibre ce qui érige votre quotidien. N’est-elle pas réconfortante ? Ne te sens-tu pas, pour la première fois, complète ? Alors qu’elle te questionnait, se fendait un sourire si doux et si serein sur son visage qu’il était difficile d’imaginer qu’il soit de Sugawara.  



JOUR VIII

En cette matinée, il n’y eut que béante obscurité.
Froide, austère, colérique.

Tout s’était arrêté. Un inquiétant silence avait remplacé l’omniprésent chant de la faune tandis que l’aube ne se levait et la pire réalisation frappait les voyageurs éveillés parmi le gîte : toute leur essence s’était envolée et ils se sentaient rompus. Rompus d’une liasion primordiale, de ce qui fût trop longtemps considéré acquis, et l’impression d’être vouée à l’errance, incapable de retrouver cette pièce manquante, déjà, les torturait. Nul ne savait, désormais, ni ce que renfermaient les chemins forestiers ni ce qu’il en advenait de son existence — le familier devint terrifiant inconnu ; et le silence mortifié se creusait un peu plus. Quant tu rejoins ses côtés, les pupilles de Benhime fixaient avec lividité cette obscurité sans fin et adoptait la même position craintive que ton mignon canin. De ses lèvres ne sortit qu’une triste et maigre remarque Lorsque l’équilibre sera rompu adviendra la pire punition. mise-en-garde répétée par milles fois à tout enfant Sugawara nous voilà moldues. pas même un rictus ne vint ponctuer cette amertume et, en silence, de longues heures durant, elle contempla cet étrange instant.


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Anonymous
Jour I

À qui s'adressent ces lignes, je l'ignore. Quelques heures avant notre départ, j'épluchais mon irrépressible et soudaine envie de consigner ces mémoires à même le fin parchemin que j'empruntais aux vestiges de mes années scolaires : l'immaculée pâleur que litres d'encre se chargeraient de couvrir, sous un effort tant voulu humain que j'en exilais toute capacité magique.

De ma main, de ma plume se traceraient les contours tantôt dansant de joie comme d'entrain, tantôt rendus fébriles par la peine d'une calligraphie que je m'étais appliqué à perfectionner. Pourtant, deux décennies de paresse n'allouaient qu'une médiocrité navrante à mon application, renforcée par l'urgence, la fatigue comme l'étroitesse du temps qui nous était accordé. En cela, je prie à quiconque de me pardonner : je ne suis pas davantage écrivaine que calligraphe, et je ne livre en ces lignes que le gage absolu de ma sincérité.

Ces écrits, et c'est dans un soucis de la plus grande authenticité que je l'avoue, datent d'avant notre départ – lorsque, ponctuelle, je dédiais les quelques minutes précédant notre départ à la préparation de cet incipit. La suite, toutefois, s'écrira sur le fil d'une expérience que j'espère tant enrichissante qu'elle m'emplit d'impatience, car j'ai à mes côtés la plus fidèle des femmes.

Je suis prête, répondis-je à son signal.

Et, comme la lune s'en retourne au loin, notre périple s'enclencha presque trop naturellement ; comme si notre destin trouvait son apogée en la quête d'une ultime vacuité.

Jour II

L’œil du bourgeon
Avide d'éclosion
Doucement
Se berce de croissance

J'écris. Lorsque nos jambes flanchent et que le silence ploie sous une fatigue infinie, je m'en remets aux mots. La poésie, je le crois, est bien plus facile à apprendre qu'elle ne l'est à écrire – et bien arrogante fus-je de croire que m'était donnée l'âme d'une créatrice. Toutefois, lorsque le monde se contemple d'un œil apaisé, l'inspiration fleurit plus que jamais.

Jour III

La nature, en toute sa splendeur, n'avait jamais manqué d'attirer mon attention rendue autrefois éparse des faits de mes quelques morbides penchants : mon regard ne s'attardait autre part qu'en la contemplation de ma propre silhouette, sinon d'une existence que j'estimais épicentre de tout un univers. Mon univers, pensais-je alors – ignorant les mille vertus de tout ce qui n'y appartenait pas. La beauté des lieux, cependant, n'éludait nullement la fatigue qui, la majorité du temps, nous étreignait : la fierté gagnait une amie que je savais loin d'être fragile, lorsqu'elle poussait son corps dans ses ultimes retranchements. À mille lieux du monde, au milieu de nulle part, nous devenions si proches.

Intimes, dans cette souffrance, dans une odyssée destinée à notre rédemption. La sienne, je la comprenais enfin – lorsque ses yeux s'embuèrent d'une sincérité chagrine, et que, ultimement, une voix maintenue ferme dévoila l'opprobre dont son âme s'était si longtemps voilée.

Ne t'en fais pas, et dans un murmure, la bienveillance naquît, en juste héritière de mes années à la violence archaïque. Je n'éprouve pas plus de besoin que de désir pour le sommet – et quand bien même, je ne t'en voudrais pas davantage.

Et si la honte surgissait d'un tel aveu, il n'était nullement de son fait, mais dans l'acceptation – si dure qu'elle soit – de mes crimes : un nom éteint sous le fil d'une lame impassible, en juste rétribution à mes fiançailles. De remords, j'invoquais le souvenir désormais lointain d'un condescendant aîné, drapé dans l'égoïsme et le mépris. Ah, s'il m'était donné de refaire le passé, sacrifierai-je ma liberté au nom d'existences dont je ne me soucierai jamais vraiment ?

J'ai péché, Benhime. J'ai sacrifié mon nom, les vestiges, si honteuses qu'elles soient, du clan dont je faisais parti, au nom des droits qu'il m'avait ôté. J'ai livré au mal ce frère qui obstruait ma liberté, afin d'en retrouver le goût – mais à quel prix ? La culpabilité, les remords, une peine qui me suivra jusqu'à la fin ; car aujourd'hui, plus que jamais, je comprends ma faute, et je n'espère pas tant m'en expier que de servir le bien et la foi que j'ai trop longtemps négligé.

Jour IV

D'une main, le tapis de rouge
D'un sourire, les portes de la cage s'ouvrent
D'un aveu, les larmes coulent
D'un soupir, le poids de mon crime, j'avoue

Je regrette. Et pourtant, au fond de moi, j'aspirais à cette liberté avec une telle force que je ne peux m'imaginer vivre sans.

J'aime Ishan – d'un amour qui ne sera jamais tant celui d'une femme que d'une amie fidèle, sincère et aimante. Notre amitié, sous l'oppression du destin, est sans aucune conteste la plus belle conséquence de ces derniers mois. Son héritage, à vrai dire, m'est égal. Je n'aspire qu'à ces instants, qu'à cet exode, qu'à la plénitude que la vacuité m'accorde. J'aspire au bien, à la foi. J'espère le bonheur, un amour dont je découvre enfin l'importance.

La fatigue me gagne. Mon repos s'alloue à ces aveux, désormais confinés par écrit. Demain, je me garderai de toute confession, car dans deux jours, nous arriverons enfin, et je me dois d'être prête.

Jour VI

Benhime m'a soutenu, tout au long de ce périple. Sa foi, irrémissible, ses paroles réconfortantes comme la bienveillance qu'elle niche au fond de ses traits impassibles. Novice, je cantonais mon soutien à la part exclusive de notre voyage en laquelle je la surpassais – une endurance sans nulle égale, fruit d'un entraînement quotidien que je n'avais pu me résoudre à délaisser. Ma lame, toutefois, ne cherchait plus l'écoulement de la violence, mais le perfectionnement paisible d'un art envers lequel j'éprouvais une profonde affection.

Ici et aujourd'hui, notre voyage touchait à son terme.

Vivante, dans cette vacuité, j'y ressentais cependant une étrange forme de mal-être, et dont je n'expliquais l'affront qu'en ma toute incapacité à percevoir ce qu'il aurait dû m'être aisé de voir. Dans mon bonheur, silencieux, modeste, impalpable, je ne parvenais à m'en sentir offensée – comme si, parvenue au bout d'un immense sentier, je surplombais toute peine.

Mais cet équilibre, en un sens, nous l'avons retrouvé. Nous voilà au terme de notre voyage, Benhime – et cette plénitude marque le commencement de toute chose.