L’excellence était un mot d’ordre, un but à atteindre, à perfectionner. L’échec te faisait grincer des dents, tu n’aimais pas perdre, comme le mauvais perdant que tu étais, alors tu redoublais sans cesse d’effort pour être le meilleur, pour atteindre le sommet. Malgré quelques soucis – notamment en cours de potions, quelle idée de devoir utiliser un chaudron en même temps – tu faisais toujours de ton mieux, tu affrontais les difficultés, tu te voulais atteindre la perfection. Alors, tu choisissais avec hargne tes fréquentations, tu ne cherchais pas forcément les meilleures, seulement des personnes qui ne te seraient aucunement toxiques, qui seraient – pourquoi pas – des amis, des personnes d’intérêts, qu’importe. Alors, tu tentais de ne pas te faire mal voir, même si tu ne pouvais pas non plus éviter les relations négatives, après tout avoir des ennemis était une chose naturelle. Mais dans le cas présent, tu sortais de ton cours de maniement du sabre, cours fort intéressant enseigné par monsieur Fujiwara, un professeur que tu trouvais terriblement respectable malgré qu’il soit un ancien kitsune – peut-être est-ce à cause des professeurs que tu essayais de ne pas avoir trop de préjugés sur les autres maisons.

C’est certainement pour cela que tu étais en bon terme avec Maiko, une fille que tu trouvais d’agréable compagnie malgré qu’elle soit une kitsune, tu aurais cru que tu ne pourrais jamais la supporter dû à sa maison, mais au final, elle était une personne charmante avec qui il était agréable d’avoir une discussion. C’est bien pour cela que tu partais en direction des falaises, vous aviez convenu de vous y retrouvez afin de parler un peu, d’échanger sur différents sujets, en somme : de passer du temps ensemble dans un endroit appréciable. Tu avais un peu de retard, tu le savais fort bien, mais sortant à peine de cours, tu ne pouvais faire mieux et tu savais bien qu’elle se doutait que tu n’étais pas en retard par envie mais car tu ne pouvais pas faire autrement.

Maiko était d’un an ton aînée, c’est elle qui était venue à toi, alors que tu étais à la bibliothèque. Tu avais passé une bonne journée et au départ tu pensais sincèrement qu’elle allait gâcher ta joie du moment, elle semblait trop joyeuse, trop bruyante, mais non, elle avait été très sympathique et étrangement – selon toi, petit tsuchigumo – elle n’avait pas été agaçante comme tu l’aurais cru. Elle était clairement une kitsune, mais n’était aucunement une pauvre idiote.

Une fois aux falaises, tu l’avais cherché du regard, la trouvant là, à bouquiner un livre tranquillement. Alors, tu t’étais approché pour t’asseoir à ses côtés, lui offrant un signe de tête quand il remarqua ta présence.

« Bonjour Maiko, belle journée ? »

Politesse avant tout, elle restait ton aînée et tu avais un profond respect envers ceux qui étaient plus âgés. Ton regard tombait sur les pages du livre, avant de retourner sur le visage de la jeune fille.

« Que lis-tu ? Excuse mon retard, je sors à de cours. »

Le temps était agréable, une légère brise s’harmonisant avec le soleil, tu aimais ces jours aux allures douces. Le vent était tendre sur vos visages, comme une caresse faite du bout des doigts. Et tu avais cette soudaine envie de t’étendre pour profiter ce cette sensation plaisante. Elle ferme son livre, certainement un signe de politesse, même si au fond tu te fichais bien qu’elle continue ou non à lire, mais l’intention était touchante alors tu ne fis que lui offrir un fin sourire quand son faciès se tournait vers le tien.

« Tu as très bien fait, il est bon de sortir par un aussi beau temps. »

Oui, il te semblait que rester enfermer n’était pas la meilleure des choses quand le soleil régnait, réchauffant vos corps. Il faisait beau alors il était naturel de vouloir profiter de l’extérieur. De plus, tu penses qu’il est bien de travailler là où on se sent bien, où nous sommes les plus aptes à évoluer.

Ton regard fixe le livre qu’elle te tend, tu ne fais qu’acquiescer doucement avant de ricaner gentiment à ses sentences.

« J’aime bien les falaises, c’est très calme comme endroit. Ton livre semble intéressant, mais effectivement la théorie et la pratique sont complètement différentes en vol, comme dans beaucoup de matière au final. Cela te semble si simple à l’écrit alors qu’en réalité, ça ne l’est pas. Ou au contraire, cela semble compliqué alors que non. »

Alors, Takashi, tu levais les yeux au ciel avec un petit sourire aux lèvres, tu aimais ce monde car il te faisait rêver, l’idée de voler pouvait être irréelle pour un moldu, mais plus pour toi.

« C’est beau de voler, de bouger dans les aires comme on le souhaite. »

Un sourire éclairait tes traits, oui, c’était magique de voler, pour toi qui étais né moldu, la découverte de tes pouvoirs avaient été un choc et une joie. Tu te sentais chanceux d’avoir développé ce « don », tout comme d’avoir la chance d’étudier à Mahoutokoro aujourd’hui. La sensation de voler était magique, même si tu n’étais pas le plus doué en la matière, tu étais bien heureux d’apprendre, tu savais qu’un jour tu serais bien meilleur en vol que tu ne l’es aujourd’hui.

Tu te demandais, parfois, comment aurait été ta vie sans la magie, même si petit tu ne pouvais pas imaginer un jour voler sur un balai ou lancer des sorts, maintenant que tu avais grandi avec elle, tu n’arrivais plus à concevoir un futur sans sa présence. Il est normal, à ton âge, de te questionner sur ce qu’aurait été ta vie sans magie, mais aussi sur ce que sera ton futur. Tu voulais être l’un des meilleurs, mais tu ne savais pas à quoi tu aspirais, être professeur ? Ou bien travailler dans un autre domaine ? Tu n’en avais aucune idée.

« En même temps, ce monde est magique. C’est magique de voler, petit je n’aurais jamais cru pouvoir faire ça. Pourtant, maintenant je peux. »

Ton cœur remerciait les dieux de t’offrir cette chance, de t’accorder ces pouvoirs et de pouvoir vivre cette expérience. Tes parents aussi, se sentaient heureux pour toi, tu étais comme un élu à leurs yeux, un être béni de la divinité qu’ils vénéraient alors. Ils étaient reconnaissants de te voir évoluer en bien, et tu étais bien heureux – très heureux – de pouvoir les rendre fiers de ce que tu faisais alors. Même si, tu n’es pas le meilleur, tu aspirais à le devenir, à être plus fort.

Tu la regardes alors, souriant tendrement.

« Non, pourquoi est-ce qu’on me brimerait ? On peut s’entendre avec les autres maisons, comme on peut ne pas s’entendre entre Tsuchigumo. Ils n’ont rien à me dire face à mes fréquentations. On te brimerait toi, de parler à un Tsuchigumo ou un Yatagarasu ? »

La curiosité te frappait, parce qu’elle avait peut-être entendu des gens lui dire des choses, tu n’en sais rien, alors, tu questionnes, tu te demandes. Tu lui demandes.

Le monde magique était pour toi un rêve éveillé, un lieu où les connaissances semblaient infinies, quand bien même le monde moldu te fascinait aussi, tu restais émerveillé par ces balais volants, par tout ce qui entourait cet univers dont on ne peut imaginer l’existence. Tu te sentais comme un enfant, tous les jours, tu apprenais de nouvelles choses qui te font voyager dans un désir omniprésent d’en savoir plus. C’était obsessionnel, cette envie d’apprendre, ce besoin de connaître plus, cette curiosité qui te faisait vibrer.

Tu te tournes vers Maiko, ses paroles te donnent envie de comprendre un peu mieux, de la questionner sur le sens de ses mots, et tu n’y vois aucun mal, tu ne peux pas résister.

« Comment ça, qui te reproche d’être kitsune ? »

Ce n’est pas que tu voudrais savoir, non, tu veux absolument savoir ce qu’elle veut dire, qui est l’auteur des brimes envers sa maison, elle attire son attention, soudainement, et si elle te connait un minimum elle saura que tu ne lâcheras pas l’affaire sans en savoir le maximum, si ce n’est sa totalité.

Tu es une fouine, dans ce genre de situation, tu veux grapiller des informations malgré que ça ne te soit pas spécialement utile.

« Pourquoi est-ce qu’on me brimerait, c’est surtout ça. Ne t’excuse pas, tu n’as assurément rien fait de mal. »

Au fond, tu ne veux pas la forcer, pourtant tu lui fais comprendre que tu voudrais en savoir un peu plus.

Et d’une manière ou d’une autre, tu en sauras plus.

Son rire te semble si étrange, un peu fou, alors qu’elle semblait auparavant si calme. Peut-être que ta curiosité était mal placée, très certainement même, mais tu étais ainsi, tu avais ce désir de savoir. Elle parle, son visage s’assombrit, se ferme et tu comprends qu’elle ne veut rien dire d’elle : ça te frustre, parce que tu voulais comprendre, mais elle ne s’ouvre pas à la discussion. Tu ne dis aucun mot, tu préfères te taire et écouter, avant de simplement hocher la tête.

« Si c’est ce que tu désires, ta question n’est pas vraiment bête, mais tu n’as pas de crainte à avoir. »

Tu souris doucement, avant de lever les yeux vers le ciel, admirant le ciel dégagé, ce qui était agréable en plein mois de mars, quand le temps était si imprévisible.

« Mars est vraiment un mois particulier. »

Tu parlais afin de changer de sujet, de la faire dériver sur autre chose, lui faisant comprendre que tu n’allais pas chercher à en savoir plus malgré l’envie que tu avais de le faire. C’était mieux ainsi, si elle devait t’en parler, elle le ferait d’elle-même.

Du moins, tu penses.

Elle ne parlera pas, tu l’as bien compris, ainsi tu te tais. Il vaut mieux, tu n’es pas ici pour la forcer, simplement pour discuter, et puis, tu préfères ne pas la rendre plus mal à l’aise, ça n’est jamais très agréable quand on fouille dans ta vie, alors : tu comprends qu’elle n’aime pas que tu le fasses.

Mars, tu ne sais jamais si c’est un mois fascinant ou fatigant, mais tu l’apprécies tout de même. Il est tantôt doux, tantôt pluvieux, un mélange étrange que tu apprécies pourtant, tu aimes sortir, voir l’extérieur, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, c’est une chose qui te plait.

« Je suis triste de ne pas voir mes parents, mais au fond, je m’en fiche bien, je suis bien ici. Même s’ils auraient pu faire des vacances sur l’île. »

Tu te dis, que vous aviez tous besoin d’un peu de repos, mais il n’y avait rien à faire, et tu n’étais clairement pas décidé à perdre des points pour sécher les cours et ainsi te faire des vacances improvisées.

« Mais bon, on ne peut rien y faire, le plus frustrant c’est de ne pas savoir pourquoi elles sont supprimées. »

Un soupir t’échappe, et tu fixes toujours le ciel, qui doucement semble se couvrir, ce soir, il risque de pleuvoir.

Ton regard se porte sur le ciel, un fin sourire sur le visage alors que les nuages se faisaient de plus en plus proche. Tu l’écoutes et tu te dis qu’elle attend certainement des nouvelles de ses proches, ce que tu ne fais pas, quand bien même ils te manquent.

« Mes parents ne m’envoient jamais de nouvelles, enfin, je n’ai jamais attendu de hiboux, donc je n’ai pas remarqué s’ils semblaient long… »

Elle se lève, elle aussi a remarqué le temps, et tu sais que ce petit moment touche à sa fin, ça te rend peut-être un peu triste, mais ce n’était pas rare, ces doux rendez-vous, alors tu ne faisais que lui sourire en acceptant son aide pour te relever.

« Il est temps, c’était un plaisir Maiko, j’ai hâte de te revoir afin de discuter de tout et de rien, de merveilles et d’horreurs, qu’importe. »

Tu la salues, distinctement, avant de t’éloigner, prenant route vers ta future destination : une petite promenade avant la pluie te ferait du bien.