l'exaspération l'avait emporté. la nouvelle fit l'effet d'une douche froide. entendue au détour d'un couloir des araignées, si repoussante qu'il était dur d'y croire. puis les cours ont démontré sa véracité. il suffisait de porter attention à leur comportement pour que ce soit flagrant. et d'ordinaire tu aurais oublié. mais pas ce flirt-ci. c'était au-dessus de toi. eirin t'apparaissait rusée, puis ses choix romantiques firent preuves du contraire. quelle idée. yori hayashi. et le nom suffisait pour motif de refus. ça t'agace. te démange. il apparaît que tu ne sois pas le seul. il a suffit d'apercevoir les fusils à place des yeux de ryuu.
ça te touche. et aucune des relations précédentes d'eirin ne t'avaient atteint. ses fréquentations ne regardait qu'elle. mais avec yori, l'affaire devenait personnelle.
ta mémoire croit que vous étiez un temps amis. mais les rentrées ont émoussé votre relation. devenus différents, l'entente a déraillé. c'était peut-être à cause du traitement qu'il réservait aux filles. du souvenir de l'état de son ex-copine. de ses remarques sur sora. de ses concours de venin avec ishvar. d'être cible de ses commentaires bas.
qu'importe—il semblait se complaire dans le statut du connard.

il avait insisté pour le beau milieu de la nuit. un lieu sans témoin. pour tromper la masse de votre potentiel galant. pour garder face comme si les sangs-purs ne se battaient pas. esquiver sora dans le cas où il use de son statut pour barrer chemin à cette rencontre. et la traversée de l'île fût lente. espérant ne croiser aucun adulte chasser l'ennui d'une balade de minuit. une pause cigarette. t'étais pas pressé de retrouver ton rendez-vous. le faire attendre s'avérait le dernier de tes soucis. si bien qu'à ton arrivée, son constat ne fit naitre qu'un sourire Tu pensais que j'allais me fouler pour toi ? pas le besoin de mettre un masque. qu'importe qu'hayashi aperçoive une fraction de ce qui te constitue derrière l'image lustrée.

votre distance se rétrécit à chacun de tes pas. jusqu'au face-à-face. à un minable mètre qui vous sépare. Lâche l'affaire avec Eirin. le vif du sujet mis à table. déjà pressé de terminer cette entrevue nocturne.

son visage aspergé de défiance. son air arrogant à la con. sa petite satisfaction d'être le roi des enculés. né pour emmerder. destiné à chercher du plaisir dans la méchanceté mesquine pour palier sa médiocrité humaine. ça te ferait presque rire. ça te donnerait presque envie de le détruire. mais yori n'est qu'un petit nuisible dans le grand schème de ta vie. une égratignure dérangeante sans réel impact. cependant, l'idée de sa main entourant la taille d'eirin t'énervait. de les voir se parader dans votre petit monde élitiste. de jouer le jeu.

tu refusais d'apercevoir une étincelle de satisfaction dans son regard ; autant dans le sien que celui de ta cousine. peut-être que tu voulais juste foutre en l'air ses relations superficielles. comme elle fout en l'air les tiennes. ou peut-être que tu voulais juste qu'elle s'arrête dans des bras aimants—et tu doutes que ceux de yori le soient.

il s'éternise à te répondre. avec de longues phrases. pause des rhétoriques. remet en question ta place. invoque papa et maman. le premier commentaire t'a crispé—la suite était décevante. juste agacé. ton sourire le fait transparaître. Ta crise d'adolescence doit te donner l'illusion que je te laisse un choix ? tu maintiens ce sourire désagréable au possible, le regard droit dans le sien. Ce n'est pas une demande, Yori.

yori ne plie pas. sans surprise. la conversation n'était qu'une courtoisie—d'emblée tu savais ce qu'il adviendrait de ce rendez-vous. sûrement. dans un recoin banni du for intérieur. tu n'étais là que pour ça. victime aléatoire de ta catharsis. la coïncidence tomba sur cette relation. incidence à point nommé. évitant un après-goût de culpabilité.

Ce que tu veux ? Eirin ? L'obtenir ? et tu ris. la tournure de phrase t'énervait. c'était un rire jaune. effectivement tu plairais à ses parents, à parler d'elle comme un bien plutôt qu'un être humain. et peut-être que cette rencontre n'aurait pas eu lieu s'il y eut once d'amour entre les deux. mais que nenni. et tu es là. avec des sentiments hérétiques qui passent pour une affaire de famille. t'es odieux naomi—mais ça seul toi le sait.

Quant à moi, je ne demande pas ton avis, Naomi. et le mauvais sourire revient. esprit plein de brutalités. ne reste que la violence exécutoire. Tant mieux, moi non plus. et le poing soudain s'éclate contre le ventre d'hayashi. et tes muscles se contractent un peu plus. sincèrement. tu rêvais juste de lui casser sa jolie petite gueule.

Des deux. On appelle ça un lien familial, mais je crois pas que tu connaisses. mais prononcé. ça t'a fait tiqué. lien familial. paraissant si différent de ce que le cœur bâillonné hurle. mais ressentir cette sensation ne se fit pas. que la langue de l'araignée claqua un sort. projette ton corps en arrière. c'est douloureux. plus que la corde d'un arc claquant contre le coude. autant que les frappes de shinai. moins qu'une chute en plein vol. et dans son regard tu lis. la déstabilisation. la rage. et luit dans le gouffre de ses yeux. l'envie de vaincre. le bois pressé contre ta gorge. la tension du tissu contre la peau. la respiration forte. une douleur brûlante embrase le désir d'une riposte. plus forte.

il se croit en position de force. mais tu en sais des choses. sur yori. sa nécessité de prononcer ses sorts. et son ego. et son inaptitude à voir au-delà de la magie. et ses ouvertures.
puis la rétorque t'énerva. un peu trop. véritable sorcier. ça résonne. ça fait mal. plus que l'attaque. et la colère sourde t'envahit. décuple l'envie d'en faire des miettes. et il n'y a que la haine pour épouser tes traits.

et c'est l'arrogance qui aura raison de lui. de laisser tes mains libres. l'avant-bras repousse le corps. une agrippe la baguette. et glisse de ses doigts pour rester dans les tiens. une nouvelle impact pour assurer une distance. le bras se cambre. et comme un ressort s'élance. et l'arme se perd dans l'horizon. Et sans baguette, Yori, t'es toujours un sorcier ?

la bataille des langues laisse place à celles des corps. l'extase de l'avoir fait sortir de ses gongs est indescriptible. de le voir furieux. de le voir encaisser les coups. de le voir réagir aux piques. que son masque fier se fêle. se brise. d'avoir un yori souillé par les mots de quelqu'un qu'il considère inférieur. et parfois ça te rappelle. que, dénués de baguettes, un vaste étendard de sorciers ne vaut pas plus que toi. et c'est momentané. mais pour une fois. tu te sens égal à qui que ce soit.

croche-pied. tu tombes. à califourchon, il t'étrangle. il presse ta nuque et le sol n'aide en rien. C'est suffisamment moldu à ton goût ? les dents grincent. t'essaies d'être ouvert. mais moldu. moldu ? t'es encore trop lobotomisé. t'attaches encore trop d'importance à ton sang. le statut. unique salvateur de ta miséricorde. et par instinct, tu l'imites. un instant.

puis tu préfères lui foutre une droite. forte. brutale. assez pour relever ton torse et faire basculer à son tour yori. presser ton genou contre son ventre. une main contre la terre pour supporter ton poids. attraper sa mâchoire de l'autre. Tu m'as l'air d'ambitionner l'uniforme blanc, Hayashi. tu lâches. qu'elle se presse contre le visage. qu'il s'aplatissent un peu plus contre le sol. Pas moi. en position quelques instants. tu finis par te relever. respirer. le dos voûté. en attente d'une poursuite.

Te faire saigner jusqu'à perte de connaissance m'intéresse plus. et tu souris. en coin. pour traduire la volonté de tes menaces.

les attaques fusent. verbales ou physiques. qu'importe. personne n'en sortira indemne. et si la rage bat à en surpasser le battement de ton cœur. si l'adrénaline emmêle mal et bien. si bien qu'il ne reste que tes instincts soutenus par une pointe de lucidité. la fierté au centre de la dispute. eirin n'est que catalyseur de colère en latence. cracmol. c'est faux. c'est le mauvais terme. il le sait. et ce qu'il ne sait pas est que. ça te rappelle ton père. et c'était comme jeter de l'huile sur le feu.

et la mâchoire reçoit un coup. ta salive ne tarde pas à avoir un goût de sang. mais tu n'as ni le temps de l'écouter. ni de ressentir la peine. que tes doigts s'agrippent à l'arrière de son col. le poing en direction des côtes. pour ébranler sa cage. à répétition.

la douleur commence à s'installer. mais tu l'ignores. la peine des blessures seront pour le lendemain. les conséquences, aussi. pour l'instant seul vaincre compte. par la force. par les mots. Heureusement que je suis un cracmol, Yori, comme ça, tu peux te sentir supérieur à moi dans un domaine au moins. et le tout enrobé d'un sourire.

le cuir capillaire tiré. les dents grincent. tes côtes à leur tour prises pour cible. respirer devient difficile. des battements résonnent dans l'oreille. une ricoche verbale. pas prêt à lâcher l'affaire c'est ton ventre qui prend. ça fait mal. malgré la masse musculaire abdominale.

et un instant.
il ne reste plus qu'à vous regarder en chiens de faïence. ne résonnent que les respirations lourdes. saccadées.

C'est ce goût pour la supériorité et l'élitisme qui t'a poussé à larguer Nanami ? C'est sûr qu'avoir Eirin Fujiwara au bras, c'est bien plus chic et digne de ton standing. paroles teintée d'ironies, la main serrée contre les côtes Je te l'accorde : t'es un fils de pute premium, Yori. et sans prévenir ton poing percute sa mâchoire. uppercut. t'y as mis de la force. de la rage. du mépris.

tu veux le voir. démuni. à terre. faible. tu veux le voir. comprendre. réaliser. qu'il n'est qu'un mortel. tu veux le voir. perdu. dépourvu. incapable d'utiliser ses barrières.
tu veux violenter l'âme.
tu veux violenter le corps.
la vilaine d'ambition de le briser.

rétorque immédiate. pas le temps de répondre qu'un nouveau coup s'abat. et encore un. et il te tient. encore par le col. le dernier levé en l'air. et yori susurre un instant d'humanité. une ouverture sur ses pensées. ça desserre tes muscles quelques instants.

crois-moi, j’aurais peut-être préféré.

c'est étrange d'entendre ceci venant de lui. ça te donnerait presque un souvenir d'antan de lui. néanmoins. tu profites. cet arrêt pour chance. un coup de pied contre son tibia. tu attrapes la main pour l'éjecter de sa prise. tu assènes une droite. forte. comme si ta force a été débridée. en plein milieu du visage. à lui en faire perdre l'équilibre. le bas de son visage prend des teintes vermillions.

Ne relègue pas aux autres la tache de récolter les morceaux et de recoller les personnes que tu as brisé pour alléger ta conscience. et ton regard se mélange de colère. de pitié. sans pour autant être en mesure de pardonner. Je vais te donner un conseil, Hayashi : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse.