— MAHOUTOKORO
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(flashback) les mains sales, takumi
Saburoo Ueda
oui
Citation : How call someone with no body and no nose? Nobody knows.
Age : 46 (05/06)
Rang : S1
Orochi
Orochi
Saburoo Ueda
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1330-hic-sunt-dracones#10612
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1424-salve-regina
Saburoo Ueda

Les mains sales Sous la canopée languissent deux corps, leur jeunesse prostrée en cet éden verdoyant : du haut de ses quinze années, Saburoo macère l’injustice qui le surplombe.


Laissez-moi vous le dire, mais le silence m’assassine.
Immortel despote auquel nul collet ne saurait trouver le cou, je ne peux que le toiser du coin de l’œil tandis qu’il me contemple en arrière —non, foutaises— il ne contemple guère plus mon corps qu’il ne le lorgne comme un affamé saliverait sur une charogne avariée. Ou bien se rit-il de moi sous l’empire de son effrayant absolutisme.
Le silence ? Pardonnez-moi l’erreur, c’est l’existence elle-même qui m’égorge, tuant le temps jusqu’à ce qu’elle puisse enfin abréger mon souffle.

J’ai guetté la moindre once d’approbation dans le regard inlassablement détourné de Père ; j’ai souhaité le poids de sa main pour quelques autres affections que celui du châtiment qui trouvait occasionnellement à s’abattre, pendant que grandi nourri au substratum distillé par un frère lui-même répudié pour un sang jugé impur, je faisais germer les bourgeons de l’injustice qui niche ce jour encore dans mon poumon, ce même organe accueillant l’oxygène indispensable à mes vociférations.
Mais que suis-je, sinon une répudiation d’araignée parmi les renards, mercurien en devenir, prétendant ne rien convoiter avec une envie dévorante de mes huit yeux où la faim primaire aisément transparait, tapie entre le clair et l’obscur d’une enclave nommée famille où la pureté du sang se cultive comme un vin des plus grands crus : en lieu et place d’un champagne longuement espéré longuement fructifié, la cuvée s’est dévoilée un verdagon accusateur dans son abomination.
N’ai-je point été conçu en lieu et cause d’un sardonique héritage ?
L’édifiante vérité s’est abattue sur ma tête de l’entière force d’un pommeau précieusement serti de jeunes francs pugnaces lancés en croisades foisonnantes : espéré femme, désespéré fils ; pauvre, pauvre et malheureux moi, cadet des frères, troisième enfant mais première des inutilités. Chaque jour de mes quinze années d’existence je n’ai su que me languir d’une affection illusoirement grandissante lorsque celle-ci se trouvait intégralement échue à l’enfante qui naquit à ma suite : Sumie, à peine extirpée des entrailles de ma mère, uniquement mue par l’aléa génétique, exauçait ces inflexibles attentes que je n’avais été qu’incapable de satisfaire.
Ah, si seulement j’étais né femme.

Mais j’ai été enfanté d’acier à défaut de n’être né d’amour : mes os sont des tours à la hauteur démesurées de cathédrales étrangères, plus élancées et célestes que la plus grande des pagodes, habitués à la lourdeur du désespoir. Voyez-moi agglutiné au branlant bastingage de fantasmes insatisfaits, chavirant de la proue à la poupe, drossé par cette étrange mélancolie qui pourtant ne provient guère de l’âge. Que vaut le genre, que vaut le sexe, dans une lignée où la métamorphomagie coule comme un ichor, je vous le demande.
Si seulement j’étais né femme.

Me voilà perdu dans les affres intemporelles de tribulations auto-infligées, alors qu’au dehors des murailles de mon esprit, dernière les meurtrières de cette citadelle assiégée, les heures poursuivent leur inaltérable course : baigné dans sa lointaine empyrée, le soleil peine à entreprendre le cheminement de son déclin, ses rayons obliques fracturés sur l’opaque jauni des feuilles entrées en sénescence. La longue matinée durant, l’herbe prasine a cueilli mon corps en sa douce étreinte, et, obnubilé par ma propre turpitude l’attention s’est soustraite au corbeau à mes côtés.
De Takumi, en sa qualité d’ami, je me targue naïvement de connaître chaque sinuosité, chaque excavation osseuse, de la plus douce des courbes au plus aigu des angles, la teinte exacte du sombre de sa chevelure, l’élégance altière indéniablement désirable, et je me surprends à le considérer sous une aube anormale, irraisonnée sinon incontrôlable—Takumi ne m’a connu qu’homme, mais m’aurait-il, lui aussi, préféré femme ?

Ce fait, aisément idéable, s’émancipe de mes pensées pour venir peser sur ma langue, bien qu’il ne demeure qu’un plaidoyer bruyamment soufflé dans l’oreille d’un sourd : Takumi.
Mes muscles, las d’une longue accalmie, se meuvent épris d’une fougue nouvelle, s’abandonnant au singulier d’une ossature ondoyante, remaniée par ma simple volonté : à l’indésiré masculin se supplée un féminin fantasmé, malléant mon essence dans l’ébénisterie d’un corps aux hanches arquées et aux seins alourdis, comblant, agenouillé, l’écart qui scinde Takumi de cette carcasse inconnue qui m’abrite.
Voyez la plus grotesque des débauches : infâme, elle vêt mon visage. La honte ronge furieusement ma moelle mais je la rejette d’une traite : plus tard, lui dis-je, plus tard je te contemplerai dans toute ta plénitude, te laisserai me narguer de tes mauvais yeux et t’exclamer de l’opprobre dont je vais me diaprer.  

La détermination, je m’en saisie, la tord entre mes doigts d’un infrangible carcan avant qu’elle ne puisse me fuir ; une cuisse épaissement incurvée s’insinuant entre les siennes, son nom scandé à la ferveur d’une emphase, un timbre primaire qui jamais encore n’avait retenti entre nous : Takumi, est-ce que tu veux — tu sais — coucher avec moi ?
Takumi Awataguchi
*hurle*
Citation : Ok.
Age : 46 ans
Rang : S0
Orochi
Orochi
Takumi Awataguchi
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1404-from-the-depths-of-silence-takumi
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Takumi Awataguchi
les mains sales Allongé dans l’herbe, regard porté vers des cieux nouveaux, simplement désireux de se prélasser aux côtés de son camarade de toujours. Il n’y avait en cet instant qu’un calme apaisant, alors qu’il avait couru comme un fou quelques heures auparavant, il s’était tout bonnement effondré pour mieux se reposer. Il avait jeté un regard complice à Saburoo, avant de contempler le monde.

L’école était un lieu qu’il aimait sincèrement bien que les érables flamboyants du domaine lui manquaient tout particulièrement.

Il oubliait ses obligations sous quelques rires faussement innocents, s’amusant auprès de ses pairs comme tous le feraient, dégageant de sa mémoire les corps empilés qui hantaient ses songes. Takumi avait ce désir illusoire d’être un adolescent normal à l’instar de ses camarades, mais les maux de son enfance étranglaient ses rêves, étouffaient sa voix et sous des rictus moqueurs, il laissait la pression de ses entraînements s’envolaient. Dans le fond, il ne détestait guère son apprentissage, il maudissait simplement la nuit de jouer la mort en boucle, car nul repos n’était possible lorsque seul le tintamarre des voix arrachées emplissait les chimères qui tourmentaient son sommeil.

L’esprit égaré dans des songes qui jamais ne le quittaient, rêverie éveillée, alors qu’il se demandait ce qu’il advenait de son frère et de ses sœurs, est-ce que père était occupé ou écrivait-il sous les feuillages de feu, un tas de questions qu’il balayait d’un revers de la main, finalement peu intéressé à l’idée d’imaginer ce que les siens pouvaient bien faire.

Il y avait plus important.
Un bruit, léger, l’herbe qui s’agitait sous un mouvement.
Et un corps qui s’installait sur le sien.
L’arrachant aux songes qui l’occupaient depuis quelques longues minutes déjà.

L’instant d’avant, il avait face à lui un beau jeune homme, désormais c’était une jolie brune qui surplombait son corps, le nommant avec un certain désespoir, hésitante sur sa demande. Et ses mains, délicatement, se déposaient sur les hanches désormais féminines, laissant glisser le bout de ses phalanges sur ces courbes méconnues. Découverte visuelle d’un corps et d’un être connu mais au physique nouveau. Il ne se questionnait guère longtemps sur la volonté profonde du Tsuchigumo à se vêtir d’un corps de femme, car nullement il ne se doutait des émois de son ami, inconscient des maux de son esprit, il ne fit que se dire qu’il était aussi beau ainsi qu’habituellement il ne l’était.

Un sourire narquois ourlait ses lippes alors qu’il se redressait légèrement sur ses coudes, ses doigts fermement accrochés au corps de Saburoo, un sourcil relevé, ouvertement amusé par la demande du garçon. En manque ? Il rapprochait son visage du sien, l’observant silencieusement, profitant de la beauté de ses traits fins. D’accord, couchons ensemble. D’un mouvement sec, il se redressait complètement, approchant sa bouche de l’oreille de son ami, décalant une mèche de cheveux pour y murmurer quelques mots. Débarrassons-nous vite de ce vilain uniforme, et prenons du bon temps, nous avons l’après-midi pour nous. Il ne disait mot sur son apparence, se fichant bien de coucher avec un Saburoo femme ou homme, car qu’importe son physique, il restait une même entité.