et moi j'ai couru dès que l'ordre a été donné, j'ai précipité mon reflet à ma suite je l'ai pris sans qu'il ne demande rien, parce que j'ai peur --que lui aussi peut-être change d'avis, qu'il ne marche pas dans mes pas malgré tout ce qu'on s'est dit (toujours, ensemble) mamoru mamoru mamoru je crois bien que je te broie encore la main mais mes pensées sont trop occupées pour le constater mes yeux vont si vite qu'ils ne voient plus rien ; de toutes manières il n'y a rien d'intéressant alors je cours je cours je cours et je t'emmène et j'ai les yeux sur un foutu bracelet qui s'allume qui s'éteint qui a l'air de ne répondre de rien et si
et si j'arrivais trop tard ? et s'il ne voulait pas que je vienne ? et si je me perds dans cette forêt dans cette clairière on la connaît par cœur mais elle a l'air si étrangère, je te jure yume, depuis quand je trébuche sur des cailloux quand je vole jusqu'ici, depuis quand elle appartient à d'autres que nous, depuis quand c'est toi qui me laisse comme ça ?
(c'est un autre genre de procession, pas meurtrière ni folle oh non, mais bien plus sombre : de ceux qui pensent être sur le bon chemin.)
et quand le signal s'allume et que mon myocarde rate des battements ah putain yume il fonctionne plus bien, tu veux pas regarder ? aller voir et tout déblayer ? y rester le temps que tu sois en sécurité ? et pourquoi t'es parti sans rien dire et comment t'as fait pour choisir, je veux dire je le sais mais j'arrive pas à
à accepter que tu sois autant en danger s'il te plaît dis-moi que tout va bien encore et qu'il est temps de revenir en arrière de faire comme si de rien n'était et promis on en parlera plus jamais comme si ça n'avait jamais existé on se contentera de se serrer fort et de murmurer des choses quand on se réveillera le matin, bordel, je t'ai jamais rien dit et pourquoi tout vient toujours quand je crois que tu vas crever c'est ----
c'est toi YUME c'est toi yume yume ATTENDS, YUME, S'IL TE PLAÎT, YUME regarde j'en viens à lâcher mon autre prisonnier celui que j'ai forcé à venir le seul encore un peu sain d'esprit et je crie jamais mais j'ai hurlé et on m'a probablement entendu de l'autre côté de l'océan moi et mes accents de supplication oh mes prières vont vers d'autres entités mais la vérité elle n'a toujours été que pour toi
je ne m'arrête pas et je
je ne sais plus réfléchir, tu sais ? mes jambes font des trucs bizarres et mes poumons ont décidé de s'enflammer et ma voix continue de s'égosiller je sais même plus ce que je dis je crois que je répète ton prénom comme un de ces ave maria et mon chapelet c'est ce bracelet j'ai envie de le jeter comme pour signifier qu'on n'en aura plus jamais besoin mais la vérité c'est que j'ai peur
que tu veuilles vraiment me poignarder le cœur
alors je ne demande pas ton avis sans m'arrêter je viens t'enlacer te -- putain dis-moi que tu vas bien que t'as rien que c'était juste une erreur un bout de ton esprit qui était absent tu l'as trouvé ? et que maintenant ça va aller qu'on va
réussir
c'était ça non ? j'avais tellement --
pas de l'espoir, ni de la confiance
je crois que je voulais y croire et honnêtement
je me demande si toi rien qu'une fois tu t'es vraiment dis pourquoi pas yume je te jure en deux mois j'ai l'impression d'avoir attrapé la lune contré les marrées mangé les nuages et pourtant je crois que t'as toujours le même regard celui qui n'en attend pas grand chose et qui sait se transformer en tristesse en une fraction de seconde
est-ce que tu me détestes autant que tu m'aimes ? (ne réponds pas.)
est-ce que tu as eu peur pour moi ? (ne réponds pas.)
est-ce que tu penses à ce que ça veut dire ? (ne réponds pas.)
est-ce que t'y as cru un jour ? (ne réponds pas.)
est-ce que tu veux vraiment faire ça ? (ne réponds pas.)

j'aimerais bien, pourtant, juste rester là. toi contre moi. je te jure, le monde se réchauffe, et la clairière chantonne de nouveau, et le soleil rend tout plus vert quand tes poumons se pressent contre mon thorax ; je t'agrippe un peu plus quand tes hantises prennent la forme de trous noirs, de réalités inexplorées. j'ai envie de te rassurer mais la réalité c'est que ça ne peut pas arriver si on ne fait rien. si ça s'arrête. si on ne sait pas ce que l'on veut.
j'essaie de formuler des choses dans ma tête. j'ai envie de t'hurler de venir, de me suivre, mais on s'était promis de l'honnêteté, du respect, de la vérité. j'en suis endetté depuis des années. je ne veux pas alourdir ma peine, et même si mamoru, quel ange ! vient avec pour une fois des conseils avisés, je l'ignore comme ce faux cousin. qu'est-ce qu'il en sait ? il a une famille trop stupide pour comprendre comment fonctionne le monde, et mon roi n'a pas mes essais de sagesse. moi, je veux que tu me suives parce que tu crois.
c'est trop demander, c'est ça ?
je ne veux pas te dicter quoi faire. je ne veux pas te forcer. je veux que tu saches, et que tu choisisses, et je veux pas t'embrasser pour que tu me suives, je veux le faire pour que tu comprennes que je suis perdu si t'es pas là et que j'en tremble oh j'ai des terreurs diurnes, des cauchemars taciturnes, du genre à me regarder avec leurs sourires en demie-lune
je t'aime
on en revient toujours là. et ma tête qui s'affaisse sur ton épaule -il est temps.
à l'école -- à l'école on pourra tout utiliser pour le retrouver.
il faut avancer, et je déteste l'idée de vouloir te forcer, mais il va falloir savoir.
est-ce que tu me protégera ?
je demande juste, je n'oblige pas. jamais.
oscausi. d'un calme inquiétant ; toujours si près de toi mais le bras libéré pour mieux pouvoir viser ce reste d'héritier, ce bout de généalogie déjà pétrifié. jian. tais-toi.

je vais te raconter une histoire :

c'est un petit garçon, oh, pas plus grand de trois pommes, dans un grand palais de bois
il s'amuse tous les jours avec ses jouets qui bougent, et ses plantes qui chantent, et les papiers qui s'envolent
il part en expédition dans son immense jardin, salit ses habits, et le lendemain recommence : la terre, l'air, le feu, l'eau,
et les insectes, et les oiseaux, et les poissons et tous les autres animaux
sauf les hommes.
il demande, tout les soirs, à quoi peut bien ressembler le monde -et on lui dit, en rigolant, qu'il n'y a pas grand chose à voir
des images sans mouvements, des mains qui s'abîment, des chutes qui tuent
il est curieux, alors il questionne, parce que sa gouvernante, elle les voit souvent, les autres, et elle sait plein de choses,
elle sait qu'ils vivent dans des illusions, dans des petits mensonges, là où leur vérité n'est que la nôtre
et il demande, finalement,
n'est-ce pas mieux de savoir ?

je vais te raconter une histoire :

c'est un petit garçon, ah, un peu grand,
il connaît du monde ce que les livres lui ont bien dit -la poésie, l'amour, l'ennui, le travail, la guerre
et il retient qu'on croit toujours que les gentils sont ceux qui le remporte à la fin
est-ce qu'on peut gagner si on a aucune idée d'être défié ?

je vais te raconter une histoire :

c'est un petit garçon, quelque chose comme un adolescent,
qui bataille avec ses idées -c'est lui qui va gagner, mais il a compris depuis qu'il n'y a ni méchants ni gentils
ça bourdonne et ça vrille, tellement qu'il essaie de les faire sortir avec des traits cramoisis mais jamais il ne réussit
déchiré entre ce qu'on lui demande, ce qu'on lui dit, ce qu'il comprend (familia, socius, solus)
finalement, peut-être était-ce ce qu'il fallait pour qu'il
brille.

je vais te raconter une histoire :

c'est un petit garçon, le même qu'avant :
cet enfant qui n'a jamais appris à désamorcer ses laments.
il a tout fait, tout, sauf prêter serment,
de sa propre main il vient casser ce qu'il pouvait bien rester de ces années
les perles roulent, métaphore, pour un amour qui n'aura pas été assez fort
son visage se transforme : loup, de son pelage gris, dévore ce qu'il reste
de ce gamin qui n'a pas réussit tous les tests
qu'on a laissé avec ses lestes
il a tout fait, tu sais ? il a tellement tenté mais personne n'est venu pour l'aider.
il a tellement donné, tu sais ? personne n'est venu le rassurer.
ses hurlements de lupus trop effrayants pour qu'on écoute ses tourments.
est-ce que c'est une surprise ? pas vraiment.
boum.
le premier bijou touche le sol, clac, sur le ferrocérium, plus la peine de parler d'écouter il est loup parmi les hommes ne comprend plus ce qu'on veut bien lui dire (a-t-il jamais compris ?) et crac, sa main son poing qu'importe, sur ton épaule et ces jolis choses ça l'agace ça l'ennuie ça l'irrite ça l'emmerde putain ça le met tellement en colère si tu savais toutes ces choses et jamais récompensé ferme-la qu'il dit avec ses doigts sa violence qui n'a jamais eu de contenance son corps comme un pistolet et l'âme la balle qu'il perd à chaque fois, ta gueule dégage va-t'en CASSE TOI il en revient pas tu sais, tu le rends fou tu sais ? comment ça se fait ---qu'est-ce que tu lui as fait à cet adolescent à ce grand garçon au prince du palais de bois ? (il est parti chercher des amis pour jouer avec lui) il s'est fait bouffer et tu l'as laissé faire. il a voulu changer et tu doutais qu'il soit luminifère mais t'as tord t'as tord t'as tord il est aurifère si sincère qu'il t'a tout montré à l'intérieur de sa chaire sa foi là-dehors sans glacière, excès de fer : hépatomégalie (ça fait grandir le cancer) deprimo tu restes là bâtard connard idiot stupide, toi, là, avec le nom de sa mère -sa mère, sans ego ni fierté, rien d'autre qu'avec des conseils pour s'écraser, ne t'a-t-elle pas appris ? à accepter de perdre plus qu'il n'est permis ; je ne te laisserai pas t'enfuir il ne te laissera pas t'enfuir il ne te laissera pas t'enfuir jamais jamais et il ramènera ta carcasse à la lune cette déesse aux cheveux blancs il festoierait devant elle de ton cadavre s'il le fallait qu'importe que ses babines se retroussent rouges, de toutes manières
les couleurs sont trop violentes