Oubliée l’encre qui s’écoule sur le papier plissé entre ses phalanges enserrées, les phrases suspendues entre deux idées qui jamais ne seront consacrées ; oublié l’acide de mots qu’il aimerait librement déblatérer ; oublié le moindre sursaut de politesse tant ses songes ne peuvent qu’en d’autres cieux s’éparpiller. Ieyasu, fort de ses moindres faiblesses, ne serait parvenu à museler le sarcasme avant qu’il ne s’écoule de ses lèvres à l’apparition de cet être saint, et ce miracle demeurait béatement suspendu alors qu’il ne prêtait qu’une vague attention aux échanges l’environnant.
Car le concept de résurrection à son œil désespéré s’esquissait de la lumière d’un corps blafard, d’un sourire spectral aux contours intimement gravés dans son esprit, à la douceur d’un garçon tourmenté ravi par la lame de l’injustice d’un monde cruel. Perdu dans les bras frêles de Momo, Ieyasu avait lointainement déploré l’idée même d’un tel acte, l’avait pourtant espéré du bout de lèvres ouvertes par ses propres dents, avait imploré cet impossible fantasme les joues rougies par sa propre honte et abreuvées par ses propres larmes ; sa moindre évocation le délaissait harassé de pensées qu’il n’osait espérer distancées.
Et si la supposition du kitsune avait transpercé la brume de son esprit en faisant ramper sa peau comme la mue d’un serpent qui se glisserait sur sa chair, il ne pouvait que se tenir précairement sur ses jambes, blême tandis que son œil fixait désespérément l’émissaire dont le laïus estampait par son aplomb les derniers clous au cercueil de sa foi. Le borgne souhaitait quérir des réponses —mendier s’il avait mené les pas de Takashi sur le chemin de l’éternité— à la force d’une voix assurée, mais de sa gorge ne s’échappa qu’un faible souffle égaré : L'ophidien honni ? Attendez—et si le nom sonnait au creux de sa langue, Ieyasu ne pouvait se souvenir de sa nature et ne souhaitait guère en faire l’effort—guide-sama ! Vous voulez dire que nous avons survécu de justesse au délire d’un suprémaciste ancestral en pleine crise existentielle seulement pour périr mangés par un serpent dans l’avenir ?    


ieyasu phase pendant un moment sur la résurrection et pense ENCORE à takashi; devient plus blanc que d'habitude (si c'est possible) à de telles pensées, et arrive enfin à l'ouvrir pour questionner madame irma sur leur avenir et de la proportion serpentesque que celui-ci contiendra

La véhémence des interrogations du renard faisait écho aux siennes, mais celles-ci, tristement dépeintes sous le joug de leur appréhension nouvelle, demeuraient délaissées par la considération : ni Monsieur Maeda mû par le sort en statue aux réflexions impénétrables, ni le yokai en sa digne et sacrée qualité de psychopompe ne daignaient en rendre grâce. Et eux, pauvres hères, s’en trouvaient baignés à la détresse du désarroi.
Ah— Merveilleux. La raillerie vrillait sa langue alors qu’il gisait si tant béat que transit, et siffla, le timbre renfrogné sinon moqueur tandis que persistait dans son esprit un ectoplasme jadis aimé : Une fois mort j’aurai des mots à lui dire en effet, et il risque de ne pas les apprécier.  
Ne restait comme seule réponse à leurs tourmentes que la terre noirâtre qui s’étiolait sous leurs pieds et les lointaines pentes du cratère qui faisaient naître à son œil dramaturge le frisson effroyable d’une destinée vouée à la chute.  


utilité zéro, pas de réponses, mais un peu de sarcasme et ça repart