La crainte résonnait comme une euphorie silencieuse, intensifiant les sens d'un corps qui semblait paré pour le danger. Gracieusement enveloppée de cette ample tenue réservée aux week-end, vêtements traditionnels tenant ta silhouette à l'écart des moindres regards, tu arborais, aux soins d'un Ange tout attentionnée, une crinière désormais rosée. Satisfaite d'un tel changement, ton début de soirée s'était dédié à la quiétude et le repos, au regard de quelques lectures scolaires.

Bien que déchue de ton poste, en toi restait gravé le devoir d'exemplarité—et avec lui, les échos faiblissant d'un comportement idéal. La cacophonie à crescendo, quant à elle, ne l'était pas, pour de telles activités ; ton esprit s'était givré dans une intense concentration, cherchant à éluder la présence de pareilles distractions, pour ne pas céder à leur monopole auditif.

Bien vite, les hurlements furent également de concert, te laissant réaliser la gravité de l'instant—et ta baguette empoignée, tu avais trouvé refuge, face à l'omniprésence de ces créatures agressives, dans la salle de défense contre les forces du mal.

Le parfum de l'hémoglobine peine à dessiner ce faible rictus sur des lèvres censées être tenues à la neutralité, et tu constates la présence de visages familiers. Oh, les jumeaux Fujiwara. Serions-nous liés par le liens sacrés des situations dangereuses ? La légèreté glissée dans cette teinte de cynisme face à l'imminence du danger, ton corps ne semble pas plus crispé qu'à l'accoutumée.

Le danger te plait, quoi qu'en pense ta conscience—ou les membres de ta nouvelle famille que tu salues d'un sobre geste. Sans perdre de temps—comme un réflexe—dans cette urgence presque doucereuse, tu fouilles les alentours à la recherche de quelque chose susceptible de vous aider. Une arme, peut-être—grand bien t'en ferait !—mais tu n'as que peu d'espoirs.

L’odeur cruorique se répand comme la vermine, épaisse et âcre elle coule dans tes poumons et prend forme comme des griffes qui te tirent des draps trop humides déjà de tes sueurs nocturnes; tu avais retenu ses pattes pour enfiler un habit plus ample et splendide; idéal pour les mouvements et parfait pour ton statut… après toutes ces aventures peut-être était-il temps d’entrer dans l’Histoire; alors l’apparat avait son importance.

Tu la suis; alors que son chemin semble tracé; cela t’élève un sourcil alors qu’ils se froncent à la découverte de l’équipe sensationnelle que tu récupères : la sadomasochiste de l’école et les jumeaux basanés; quand le Destin arrêtera-t-il son humour ? Tu sens tes doigts serpenter autour de leurs semblables et tes ongles s’y plantent pour s’ancrer en elle; ton regard est lourd de sous-entendus; qu’elle ne renie pas son sang (ou tu le feras couler).

Pourtant, un sourire mutin vient se glisser au bord de tes lèvres. « Au moins, je ne suis pas une tache noire ici. » A peine raciste soufflé entre tes belles dents à l’intention de ton terrible-frère.

« Que faisons-nous là, Eirin ? Tu connais pourtant notre allégeance aux sabres… »

Tu sors ta baguette de ta main libre alors que l’autre empoigne toujours celle de ta soeur. Tes yeux commencent à scruter la pièce.

Hrp : ryuu fashionista s’habille bien puis répond à Ishvar alors qu’il garde la main de sa soeur bien dans la sienne. Commence à chercher. Btw ignore Akina.

Désespérée par la navrante vacuité des placards d'une salle qui faisait vraisemblablement honte à la matière qu'elle accueillait, tu n'accordes pas de suite ton attention à un Ishvar au sang chaud—et ton visage ne se décarcasse pas de son impassibilité lorsque la baguette te menace. En silence, tu juges d'une situation qui semble périlleuse, de la misérable entente qui menace de faire imploser cette infime communauté : les insultes fusent et la sage retenue d'Eirin passe inaperçue au sein d'une haine presque cordiale—cette hypocrisie si grinçante qu'elle fait naître un soupir de lassitude. Pétris d'un ennui palpable, tes iris s'attardent sur la contemplation d'un visage exempte de sentiments : le concept de famille, pour Ishvar, ne t'extirpera pas de son jugement impartial.

Ne m'insulte pas ainsi, Ishvar. Un mariage n'est pas qu'une stupide cérémonie. Je suis et resterai fidèle à mon mari.

C'est une voix qui se dégage de la moindre sentimentalité, s'affirme avec la force de tes convictions. Ton regard se rapproche de la teneur du sien, en ces nuances glaciales—et sans prendre gare à la menace de sa baguette, tu t'avances de quelques pas.

Je ne suis pas pour autant du côté de nos assaillants—si tant est que cette vérité t'intéresse. Ta décision est dénuée de fondements; ton jugement semble s'être émoussé.

Ton sang-froid comme seul gage de vérité, tu ne t'en sépares pas—et tu observes longuement de son expression, comme dans l'attente du jugement dernier. Tu avais toujours trouvé à Ishvar une certaine forme de charisme et d'autorité, mais de telles qualités ne pouvaient qu'attiser ton désir de les réduire à néant. Sans une once d'attention adressée au restant de votre pitoyable rassemblement, tu fléchis ta voix en de doucereuses nuances avant de poursuivre :

Baisse ta baguette, et j'oublierai ton affront.

Un doux sourire, comme témoin d'un pacifisme sincère ; tu ne rajoutes rien de plus. Dans ton ombre, une fine silhouette semble presque se dessiner—il existe des yôkai tout aussi effrayants que ceux qui dévastaient votre lieu de vie, et tu étais prête à le lui montrer. Belliqueux, tes instincts te hurlaient de quémander sa présence—mais Ushi no Toki ne se contenterait pas de menacer, et tu n'avais pas envie d'attaquer un membre de ta nouvelle famille.

Que de mots tendres à tes oreilles, les bouches sifflent des perfidies et les maux semblent soulever ton coeur; les lippes retroussées tu voudrais bondir arracher leur carotide et cracher du feu; ils n’attendent que ça, que tu réveilles le dragon mais cela était une image bien trop immense pour être simplement offerte à manants qui se pensaient savants.

Alors voilà encore une fois une guerre de famille entre héritiers (presque tous), bataille d’égos alors que dehors rodaient les dangers; mais peut-être étaient-ce ceux du sang qu’il fallait craindre. Et tu n’avais cure de te mettre à dos ton ami sang pur quand son sang n’avait rien de blanc… ils avaient beau se délecter des richesses et des considérations joailleuses, mais ils ne seraient jamais qu’une pépite d’or tandis que tu étais un diamant brut. Tu ne casses pas mais tu coupes.

« Je suis encore un Fujiwara, Tsukino-kun, et en tant que tel, je parle au nom des vrais sang-purs du Japon : vous deux jumeaux ne sont pas aussi purs que vous le prétendez. Mêler votre couleur à si grande pureté, vous devriez être honorés de vous lier à si illustre nom et de toucher si opalescent être… Et je ne regrette pas de quitter le nom de Fujiwara si c’est pour voir ma descendance brunie par votre engeance. »

Tu souris. Tu embrasses la main de ta tendre sœur.

« Et sache, Ishvar, que je ne suivrai pas tes commandements mais j’accepterai tes suggestions si elles me semblent pertinentes. Je ne fais confiance à la descendance de ce feu Rajan… comme quoi, la mélanine en dit long sur l’être. Je perds mon nom, mais au moins, je n’ai pas à vous subir ! Pauvres femmes que vous êtes toutes deux ! »

Tu prends à la légère la perte de ton drapeau, mais au fond de toi, ils ouvraient un peu plus la brèche de la honte.

Hrp : raciste.

Un roulement de yeux, motivé par le désintérêt de telles querelles : si l'initiative d'Ishvar t'avaient poussé au vice, tu n'éprouvais aucune envie de mettre à exécution tes menaces. Bien vite, alors que ses fières paroles tournaient la page sur votre brève altercation, son attention s'était tournée sur un Ryuu tout aussi méprisant—et comme si ça ne suffisait pas, Akshar y rajoutait du sien.

La gratuité de ses mots auraient offensé tes sentiments si tu avais commis l'erreur d'en tenir compte, au cours de ta vie : tu te contentais, faute de mieux, d'un distrait haussement d'épaules—la faute, estimais-tu, étais sur son imprudente moitié.

J'ai ma baguette. Mais un sabre, à dire vrai, me rendrait mille fois plus eff—

Un grondement soudain, imperceptible mouvement comme un danger de l'ombre et les éclats volent, le mobilier renversé comme ton corps qui bascule sous un douleur absurde : les échardes sont plantées alors que ton regard n'a pas su percevoir le moindre mouvement, et pour cause, l'horreur ne vient pas d'entre les murs.

Depuis le couloir, le yôkai avait fait vaciller l'équilibre de toute la pièce.

Avec une grimace, tu prends conscience de la profondeur de tes plaies, bien que la douleur reste superficielle : d'un Accio, tu tires les échardes hors de ta peau et t'attardes brièvement sur le sang coulant de tes plaies. Qu'importe. Tu n'as jamais excellé à la réalisation des sorts de soin, et faute de mieux, te contentes du même processus pour soustraire Akshar à ses échardes. Le pas vacillant, le temps de t'habituer à l'état de tes jambes, tu viens te placer au centre de la pièce, faisant face à l'origine du boucan.

Oublions nos différends. L'ennemi est déjà là.

Les tripes éviscérées par un sabre corrodé aurait été plus appréciable que la salve unanime des Tsukino, marquée par la brutale parole de ta race. Elle venait de porter le coup de grâce à tes espoirs et tes liens, et le cadeau que tu lui avais fait* te narguait tant que tu aurais aimé le lui arraché pour qu’il cesse de briller.

Que tu n’en avais cure de ce que pensais Ishvar et sa lignée de sales Indiens ! Que tu n’en avais à faire de le suivre ! Pourquoi t’avait-elle pris la main pour rejoindre ce groupe infâme ! Entre dégénérés et sang sali, ne pouvais-tu pas toi aussi renier tes liens familiaux comme elle venait de le faire pour rejoindre ce qui serait ton nouveau drapeau ?

Ton visage se tord en une colère tue, et quand la pièce se transforme en champ de mine et que pue l’odeur de sang; tu restes immobile, encore claqué par l’impératif insolent. Seul, monte derrière toi Inugami tandis que tes mains craquent sous ta rage contenue.

« Ramasse ta femme. » lâches-tu finalement à l’intention du Noir alors que tu te penches pour ramasser des livres; laissant ton yokai appréhender la situation. Si ton nouveau pacte t’accordait une fierté, ton lien le plus fort venait de se fissurer. Et tu n’avais pas plus d’énergie à gaspiller dans le recollage à ce moment précis, tu supposes juste que la colère accumulée nourrira ton pacte. Peut-être qu'au fond de toi, tu aimerais que tout explose et qu'aucun nom n'existe plus.


*RP en cours

HRP : Inugami apparaît, Ryuu se contient et ouvre des livres.