Cupcake au bokken
Avant, tu ne le voyais pas. Quand tu n’avais pas Kendo, et que tu t’entrainais seul comme tu aimes le faire, tu ne le remarquais pas. Tu étais serein, et continuais tes mouvements sans être perturbé. Mais depuis qu’Ange s’est détourné de toi pour courir après cet homme, ne supportant pas de vivre caché… Tu es de plus en plus frustré. Blessé dans ton estime, tu ne supportes plus de les voir ensemble, mais tu le fais parce qu’Ange reste ton ami, malgré tout.
Dommage qu’il n’est pas plus.
Cela te rends fou d’être seul, de n’avoir plus personne et de ne même pas trouver de fille qui pourrait devenir ta petite-amie et plus tard, ta femme. Tu as manqué ta chance avec Suiren… Aussi fou que cela puisse paraître, tu as toujours sérieusement pensé que Suiren pouvait être une femme potentielle. Tu as beau ne pas être de son âge et savoir qu’elle était déjà destinée à Takamori, tu savais que tu pouvais ressentir des sentiments amoureux à son égard, même sans être hétéro. Elle est la personne que tu voudrais devenir : t’assumer tout en faisant partie de la famille Fujiwara, deux choses incompatibles. Maintenant, tu es seul, tu n’as personne et Ange t’as abandonné.
Et maintenant que tu vis avec ce lourd sentiment, voilà que tu as remarqué cet homme qui désormais s’entraîne aux mêmes moments que toi. Tu n’as pas pu t’empêcher de le regarder à plusieurs reprises, finissant par, au fil des mois, espérer le recroiser. Ce sentiment que tu as découvert a fini par te frustrer, t’agaçant et te faisant sortir de tes gongs. Tu as fini par espérer ne plus le croiser en entraînement ou dans les couloirs, car cela été devenu monnaie courante. Mais chaque fois, il se trouvait devant toi, encore et encore, attisant ta colère. Tu avais l’impression qu’il te suivait et qu’il faisait exprès. Tu étais frappé par ce que tu ressentais simplement pour son physique et à cause de ce que tu avais vécu avec Ange, tu refusais de ressentir ça encore. Cela voulait dire que tu acceptais cette maladie qui refusait de te lâcher.
Alors, tu faisais en sorte de l’éviter le plus possible, de ne plus le croiser… Jusqu’à aujourd’hui. Tu te trouves dans la forêt profonde, le seul endroit où tu penses être seul hormis les Yokaïs que tu espères ne pas croiser. Tu te balades, respirant enfin et essayant d’oublier ce que tu ressens. Lorsque soudain, tu tombes nez à nez sur Lui. Cette vision te fait exploser, là, tu es persuadé qu’il fait exprès de te suivre. Il n’y a personne, personne pour te voir alors, tu lâches tout. Tu t’avancer et l’attrape par le col, le plaquant contre un tronc.
-QU’EST-CE QUE TU ME VEUX ?!!
I don't wanna fall again
04.11.96
Le souffle court, une fumée blanche s’évapore à mesure qu’il expire à force de tenir sa position et d’envoyer les coups de son bokken. Seul au milieu d’une forêt, il fend l’air pour déverser toute la colère qu’il possède envers lui-même. Un échec, ni plus ni moins malgré les efforts, incapable de tenir à la vue du sang. Trembler et manquer de voix face à la mort lui fait serrer les poings plus fort sur le bois de son arme d’entrainement. Il ne s’arrête que lorsque ses pensées fuient enfin sous le poids de la fatigue. Sa marche est détendue, mais son esprit regorge encore de ces images notamment celle de lui incapable de bouger. L’Awataguchi se mord la joue, ravalant sa fierté pour paraître digne quoiqu’il arrive aux yeux indiscrets cachés dans les feuillages. Finalement, c’est un homme qu’il croise et dont le regard aussi noir que l’abysse se braque immédiatement. Quelques secondes plus tard, une pression sur le col de son haut, le choc de ses épaules sur l’écorce et le cri d’une bête apeurée.
Sous la frange droite, les yeux s’assombrissent, il enfonce un de ses talons dans la terre, passant l’autre jambe entre celles du brailleur compulsif à la réputation aussi brillante que son ombre et termine son mouvement d’un coup de pied à l’arrière d’un genou, s’octroyant le droit de glisser une main dans les cheveux corbeau en face de sa ceinture pour y tirer assez et croiser de nouveau le regard brûlant de colère. « Rien, le monde ne tourne pas autour de toi. Tu vas demander pardon pour ton geste où je vais te donner une raison de crier sur ma personne qui risquerait d’aggraver ton cas » si ça n’était pas clair, son genou était prêt à réitérer le mouvement pour qu’il se prenne le tronc si ardemment rencontré par le dos d’Hanru en plein visage. Quelque part il trouve une certaine satisfaction à toiser de toute sa hauteur le Fujiwara, loin d’ignorer qui était l’avorton dont la notion du danger se rapprochait du néant. Quelles que soient ses motivations, l’Awataguchi ne l’avait pas délibérément suivi, son rang, son clan n’était pas du genre à courber l’échine, peu importe qui le demandait et certainement pas quelqu’un de plus jeune. Il y avait des exceptions selon certaines conditions qui n’incluaient pas le Fujiwara. L’aîné hésitait à présent entre la retenue et l’envie de céder à un coup de genou pour briser ce joli nez à si bonne hauteur.
I don't want to fall again
Leave me alone
En fait, ça te rend vraiment fou de ressentir ça. Chaque fois, tu luttes contre ces sentiments, et tente de trouver une fille à qui t’enticher, mais tu ne trouves personne qui accepte de te laisser approcher davantage. Et tu es seul, seul avec tes sentiments, seul avec cette maladie qui te dévore. Et tu ne supportes plus de ressentir de l’affection pour d’autres hommes, tu as la sensation d’être impuissant. Alors, lorsque tu te retrouves seul avec lui, tu ne peux pas te retenir, et, tu exploses. Mais bien sûr, il ne se laisse pas faire. Il frappe ton genou, te faisant tomber à terre. Tu te soumets à lui et là chose te fait bouillonner. Demander pardon ? Mais demander pardon pourquoi ? Il n’y a aucune raison pour que ça arrive. C’est à lui de s’excuser, à lui de te demander pardon pour ce qu’il fait naître en toi.
-Tu prends tes rêves pour des réalités.
Tu écrases ton poing dans ses parties sans aucune légèreté. Tu y mets toute ta force afin de lui arracher un fort sentiment de douleur. Et puis ensuite, tu frappes le côté droite de son genou, à l’aide de ton coude, afin de le faire chuter lui aussi. La chose fonctionne, et il se retrouve à la même hauteur que toi. Alors, tu écrases ton bras sur son cou.
-C’es à toi de t’excuser. Tu manques d’honneur pour suivre un Fujiwara de la sorte.
I don't wanna fall again
04.11.96
Le coup porté sournoisement provoqua une douleur vive et sourde à lui en couper le souffle. Un instant, sa vision se brouilla et il sentit ses jambes se dérober sous lui. Lorsqu’il reprit conscience, non sans éveiller sa colère, le coude du Fujiwara s’était mis en travers de sa gorge. Hanru serra les dents. Il était hors de question qu’il s’excuse pour les lubies perverses d’un gamin insolent. Les dents serrées, il lui sourit malgré tout, une lueur brève passant dans son regard bleu nuit. « Tu es très mal placé pour me parler d’honneur ». Il profita de ses mots pour saisir le poignet près de sa tête, forcer l’ouverture de la main et saisir les doigts qu’il se plut à tordre, forçant le bras à suivre le mouvement pour ne pas être à son tour dans une position inconfortable. Une fois l’air respirable, l’Awataguchi décocha un coup de poing de sa main libre, lâchant complètement son adversaire pour le pousser et saisir sa nuque pour appuyer sa joue au sol le temps de récupérer le bras endolori qu’il positionna sur le dos de son propriétaire en le maintenant fermement. Assis sur le creux de ses reins, Hanru sentit son cœur battre par tant d’efforts. « Je te répète que je ne t’ai pas suivi, mais puisque tu tiens absolument à te faire humilier, je ne vais pas me priver » il ne s’approche pas suffisamment pour éviter les coups de tête. « Si tu continues à t’acharner stupidement c’est chaque articulation de ton bras que je vais briser » et il fallait le croire quand il le disait avec une telle force. La vue du sang en abondance avait été la seule raison de son exclusion du cercle des assassins du clan, rien d’autre.
Il est vrai que selon son humeur le yatagarasu pouvait se montrer plus calme et privilégier la discussion quand d’autres fois il appréciait lui-même provoquer ceux dont l’état était propice aux conflits. L’ironie d’être celui attaqué aurait dû le rendre furieux s’il n’y prenait pas tant plaisir. « On va reprendre depuis le début, que tu intègres bien : qu’est-ce que TU me veux ? » à quoi s’était-il attendu ? Qu’il tremble et courbe l’échine ? Certainement pas, rares étaient les personnes à posséder autant d’ascendant sur lui et le Fujiwara n’avait aucune chance d’en faire partie.
Pas une troisième fois, c’est beaucoup trop. La première fois, tu as laissé ton ressentiment de côté. Tu as supposé que l’attirance que tu ressentais envers ton camarade était simplement de l’amitié que tu ne parvenais pas, à cause de ton jeune âge, à comprendre. Et puis, il y a eu Ange, avec qui tu as eu des gestes, des mots et des pensées que tu ne pensais pas avoir. C’est la seule fois où tu as lâché prise, où tu as presque accepté la maladie qui te ronge depuis que tu l’as découverte. Il et alors hors de question que tu tolères ces ressentis qui te traverses dès que tu vois le brun. Tu penses avoir le pouvoir sur lui, après tout, tu bloques sa trachée, il ne pourra décemment pas faire le moindre mouvement.
Cependant, tu oublies que tu n’es pas le plus fort de Mahoukotoro, que d’autres suivent des entraînements bien plus intenses que les tient, et te sont, tout simplement, supérieurs. Cette dure réalité te frappe au même titre que le sol. Tu as de la terre dans la bouche, que tu crachotes difficilement… En un fragment de seconde, ton adversaire te met au sol, bloquant ton bras dans ton dos et tordant tes doigts. Tu ne parviens pas à retenir le gémissement de douleur qui brise la barrière de tes lèvres, un son des plus humiliants. Tu serres les dents, constatant que tu n’as rien vu venir. Tout a été rapide, trop rapide… Ton honneur est bafoué, l’humiliation t’accable.
-Ne me prend pas pour un idiot !
Tu t’exclames en essayant de te débattre. Mais tout ce que tu réussis à faire, c’est t’arracher un autre gémissement de douleur.
-Tu ne vas pas me dire que c’est une coïncidence que tu t’entraines à chaque fois que je m’exerce ? Je sais que tu n’es pas en cours de maniement du sabre. Ce n’est tout de même pas compliqué de trouvé d’autres créneaux que le mien, si ?
Tu demandes, parvenant à remonter ton regard sur lui. Tu as beau être dans une posture des plus humiliantes, ton regard reste toujours glacial, noyé dans la haine. Contre lui, toi, ou ta famille ? Même toi, tu ne le sais pas.
-Et tu ne vas pas me dire que nous nous croisons par hasard dans la forêt ? Idiot.
Tu oses lâcher une insulte. Tu grinces des dents et essaye de glisser ta main droite sous ton flan afin d’exercer une pression et te redresser. Mais, le poids de l’autre élève est trop lourd.
-Je ne veux plus que tu t’entraînes aux mêmes heures que moi. Tu me dégoûtes.
I don't wanna fall again
04.11.96
Les serres de rapace ont su emprisonner le corps agile du renard et le voilà qui jappe en grattant la terre une première fois, essayant d’échapper à son emprise. Se mettra-t-il à sacrifier sa propre patte au profit d’une liberté éphémère ? Ou tentera-t-il de mordre jusqu’à ce que la sentence tombe ? Dans ses yeux la colère gronde, Hanru la dévore avec fascination, attendant toujours une raison à cette attaque déloyale qui a su animer sa routine. C’est une déception de plus qu’il écoute malgré tout jusqu’à la fin, essuyant d’un regard désinvolte l’aversion risible du Fujiwara. Sa langue claque dans l’agacement d’une accusation si puéril qu’elle n’effleure pas même son égo. « Et au lieu de demander tu me sautes dessus ? » si ce n’était pas pour le menacer, au moins pour vérifier cette théorie trop glorifiante de sa personne impliquant que l’Awataguchi nourrissait une quelconque forme d’on ne sait quoi pour son homologue deux ans plus jeune. « L’imbécile c’est toi à avoir trop ou pas assez réfléchi » des guerres avaient été déclarées pour bien moins qu’une simple querelle d’enfants de bonne famille.
Un frisson le parcourt aux mots insensés sans écho, comme s’ils n’avaient jamais été prononcés. Le dégoût, il en éprouvait pour certaines choses notamment un liquide trop épais pour être aussi pur que de l’eau. Précieux tout autant que l’élément qu’il admire au détriment d’un feu lumineux à la chaleur réconfortante, il préfère la beauté froide brisée derrière son manteau de cristal. Sur sa nuque il se penche, prêt à mordre, mais n’en fait rien, trop loin pour un coup, trop près pour ne pas être entendu, assez pour que le souffle mué en fumée blanche frôle la chevelure ébène sur la peau opaline. « Je m’entraîne quand je veux, si tu tiens à me faire changer ça tu me donnes une meilleure raison que celle-ci. Alors à moins que tu me craignes et ça n’a pas l’air d’être le cas vu ta première idée, je veux savoir » et s’il ne lui donnait pas quelque chose à se mettre sous la dent, l’oiseau qui n’en possédait pas se muerait en un loup dont l’ascendant était déjà incontestable face au Fujiwara. « Trouves une solution ou parles, à toi de voir » il ne jugea pas nécessaire de bouger de sa position, tenant le bras en otage sans plus l’abimer, connaissant la ruse de cette maison traitresse. Il leur accordait son affection pour leurs humeurs aussi changeantes que les siennes et l’absence de prédiction.
-Je ne vois pas pourquoi est-ce que je devrais te demander.
Tu réponds avec un ton impérieux, gardant tant bien que mal ton air hautain, même dans cette situation, tu arrives encore à trouver le moyen d’être irrespectueux.
-Je ne vois pas ce que ça peut bien faire de devoir t’entraîner à un autre moment, et insister que je devrais te demander gentiment et suite à ça, prendre un malin plaisir à continuer à me harceler et me suivre, prouve bien ce que tu es : un homme sans honneur.
Tu craches en essayant de te débattre, mais le brun te maintient, il a beaucoup plus de force que tu ne le pensais. Tu l’as peut-être sous-estimé mais, ton arrogance est trop forte pour que tu l’acceptes véritablement.
-Tu te présentes comme un harceleur, il est donc évident que rien de ce que je dirai ne te décidera à arrêter de me suivre. Vas donc suivre quelqu’un d’autre, et lâche-moi !
Tu te crispes soudainement lorsqu’il se penche et que brusquement, son souffle caresse la peau de ta nuque. Immédiatement, ton corps s’immobilise et tu sens une vague de chaleur parcourir ton corps. Tes joues se colorent de rouge et durant plusieurs secondes, tu n’as plus rien à dire. Il te faut encore quelques autres secondes pour reprendre ton calme et tu espères que ton harceleur ne se sera pas rendu compte de la réaction qu’il a causé en toi. Par chance, il n’y a que ton bras droit qui est bloqué, alors tu profites de son attention qui est portée sur ton cou pour glisser ta main gauche dans la poche de ton pantalon et saisir ta baguette, dans l’idée de lui lâcher un sort bien senti histoire de lui faire bien mal.
I don't wanna fall again
04.11.96
Comment un enfant de bonne famille pouvait se montrer aussi impoli et irrespectueux ? Ces agissements relevaient d’une stupidité sans nom qu’il avait cruellement envie de corriger chez ce garçon qui pourtant aurait dû tout avoir par son rang. Son impertinence était telle qu’il aurait bien voulu lui tordre le bras si les conséquences n’étaient pas aussi regrettables. Ses yeux roulent pour contempler le ciel et il soupire. Il le laisse jacasser dans le vide pour exprimer une colère qui n’a pas lieu d’être. Chaque mot qui sortait de sa bouche répandait un venin plus efficace à lui taper sur les nerfs qu’à l’empoisonner vraiment.
Il dut se retenir. Se voyant saisir à nouveau les cheveux corbeau du kitsune pour enfoncer sa tête dans la terre pour le forcer au silence. « Ce n’est pas moi que ça dérange, si tu avais demandé j’aurais pu m’arranger, maintenant c’est trop tard » Il observe du haut de son perchoir le dos remuer et les muscles rouler sous un mouvement qu’il empêcha, récupérant la baguette en la jetant plus loin. « Tu me parles d’honneur, mais tu n’en as aucun à nier complètement ta part de responsabilité »
Inspirant profondément, Hanru le dévisage, leurs yeux lancent des éclairs tant la tension est forte entre eux. « C’est dans ta tête le harcèlement, je n’ai aucun intérêt à te nuire et je suis encore moins curieux » il avait conscience que c’était un mensonge, un tel emportement le détachait des autres et pour une fois l’Awataguchi avait envie de comprendre pourquoi. Peut-être parce que cette buse bornée pourrait provoquer un conflit s’il n’y remédiait pas de lui-même, puisqu’il semblait l’avoir pris en grippe.
« Je te lâcherais quand je m’en irais » pour qui le prenait-il ? Le petit renard ne pourrait tromper sa vigilance, il avait déjà tenté sa chance et avait échoué. « D’abord, on doit trouver un accord. Je répète et je ne le ferais pas une troisième fois : solution ou tu pares » l’un ou l’autre, il n’y avait aucune issue supplémentaire, peu importe dans quel sens la situation tournait dans son esprit. Cette position de force, aussi satisfaisante était-elle par sa victoire, il la voyait comme un aboutissement. Capable de se défendre, de faire honneur. Mais ça ne lui servait à rien dans ce cas et il détestait d’être le bourreau, ne l’ayant jamais été et ne souhaitant pas l’être. « Je sais que tu es un Fujiwara et que tu t’entraînes au sabre tout comme moi, piètre harceleur je ne connais même pas ton nom » il voulait lui asséner un énième coup en laissant entendre qu’il ne l’affronterait pas tant sa considération était moindre. Il ne le fit pas hésitant et curieux de la décision que le plus jeune prendrait.
C’est épuisant, complètement épuisant de constamment penser à ce que l’autre dira, anticiper ses mots et ses mouvements pour être sûr de ne pas faire de faux pas et ne pas encore une fois salir le nom de ta famille. Lui, qu’est-ce qu’il peut en savoir ? Tu l’as observé, de toute manière, tu ne faisais que ça. Et, il t’as eu l’air extrêmement à l’aise dans son environnement, à sourire encore et encore, à rire et parler aux autres comme si tout ça lui était complètement naturel. Il te semble avoir des amis, une tonne d’amis et être naturel avec eux, il ne joue pas de rôle lui, il est comme il est.
A-t-il seulement une pression énorme qui repose constamment sur ses épaules, une épée de Damoclès qui menace à chaque instant de le décapiter ? C’est sûr, il a des parents qui l’aiment, c’est sûr, il est l’espoir de toute sa famille, c’est sûr, il fait leur fierté. A-t-il seulement à travailler avec acharnement pour simplement arracher un regard à son père ou sa mère ? Toi, tu as toujours beaucoup envié les orphelins. C’est peut-être dans ta tête, cette histoire de harcèlement mais tu es sûr qu’il n’arrête pas de te suivre.
Après tout, quelles sont les probabilités que vous vous croisiez dans une forêt aussi grande ? De toute manière, qu’est-ce que cela peut bien lui faire de s’entraîner à un autre moment que toi ? Est-il un homme si occupé que le créneau qu’il prend est le seul moment où il peut manier le sabre ? Tu n’y crois pas une seule seconde ! Tu lui donneras ton nom lorsque que tu le verras pendre au bout d’une corde, et pas avant. Il est hors de question que tu te présentes, et puis quoi encore ?! Si c’est pour que ça lui permette de te suivre encore davantage, il en est hors de question.
Tu te débats dans tous les sens, commençant véritablement à perdre patience, cherchant à te défaire de ton emprise et tant pis s’il sert encore plus ton bras, tant pis s’il le casse. Tu pousses des gémissements de douleur en sentant ses doigts se resserrer autour de ton poignet, menaçant de le briser par sa seule force. Au bout de plusieurs minutes, tu t’arrêtes, épuisé et toujours bloqué sous le poids de son corps. Cette proximité t’agace, elle ne te met pas du tout à l’aise. Jamais tu n’as laissé quelqu’un s’approcher autant de toi, et jamais personne n’a été aussi proche de toi, sauf Ange. Tout est de sa faute, à celui-là, ce lâche ! S’il n’avait pas été aussi faible à, à tout prix, vouloir crier votre « relation » au grand jour, rien de tout cela ne serait arrivé. Tu aurais toujours eu des sentiments pour lui et l’autre abruti ne t’aurais pas attiré comme ça.
Mais non, il a fallu que cet idiot d’Ueda tienne absolument à avoir une relation aux yeux de tous et pouvoir papillonner, tout mielleux qu’il soit, avec l’autre. Tu lâches une insulte entre tes dents serrées, quelque chose comme : enfoiré. Qui pourrait être destiné à l’Awataguchi mais, qui est destiné à Ange. Finalement, ton front frappe la terre dure, signe que ta frustration commence à être trop forte pour être contenu. Tu réitères ton geste à plusieurs reprises, jusqu’à être un peu sonné et que ta peau soit écorchée. Ta vie est une succession d’emmerdes, voilà ce qu’elle est.
-Lâche-moi !!!
Tu finis par hurler, à bout de force et surtout, de patience. Tu ne supportes plus de l’avoir au-dessus de toi, de subir cette proximité dont tu ne voulais pas. Alors, tu te débats de nouveau, comme un diable et essaye de te retourner dans le but de lui donner un coup de boule. La chose échouant, tu poses ta main gauche à plat sur le sol et pousse de toute tes forces pour te surélever et pousser ton assaillant en arrière. Mais, assit de tout son poids sur toi, tu échoues là aussi.
-Merde !
Haletant, tu fixes un point au loin, te mordant la langue pour ne pas fondre en larmes de frustration et devant l’humiliation que tu subies par ta simple faute. Le goût métallique du sang s’impose dans ta bouche, alors que tu serres le point. Quel abruti tu fais, quel piètre Fujiwara tu fais. Dire que tu méprises Takamori par ses actes et son mépris pour toi, alors que tu ne lui arrives même pas à la cheville, pas étonnant que tes parents te haïssent. Même pas capable de naître fille.
-Laisse-moi tranquille…
Voilà maintenant que tu supplie, alors que le sang vient colorer ta lèvre inférieure. Peut-être que s’il te libère, tu resteras dans cette forêt, tant la honte t’accable. Tu ne pourras même plus recroiser l’autre. Il ne manquerait plus que vous ayez un public depuis tout ce temps, et là, la coupe serait pleine. Ta joue s’écrase sur la terre et tu évites toujours le regard du brun. Pas étonnant que tu te sentes attiré par lui, il représente tout ce que tu voudrais être : sûr de toi, apprécié de tous, une fierté pour sa famille, et très bon combattant. Tu as le visage plein de terre, tu es dans un piteux état et tu ne peux rien faire à par subir. C’est frustrant et la seule échappatoire qu’il y a : se soumettre. La colère n’est plus assez forte, c’est l’épuisement et la honte qui ont depuis longtemps pris le dessus.
-C’est bon, je m'entraînerai à un autre créneau.
Tu finis par dire, détournant la tête.
Tu te soumets, parce que c’est la seule chose que tu as toujours su faire mieux que les autres.
couleur : honte.
I don't wanna fall again
04.11.96
Le silence pèse dorénavant, seuls le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles s’élèvent comme la voix du vent qui commence à souffler. En arriver à de telles extrémités pour si peu lui paraissait inconcevable. Même en étant impulsif lui aussi, il avait pour devoir de se maîtriser suffisamment pour ne pas marcher hors des sentiers prévus par sa famille. Des générations avant lui avaient emprunté le même chemin et ceux qui en étaient sortis, il le savait, n’existaient plus depuis longtemps. Leurs noms même ne figuraient nulle part, comme s’ils n’avaient jamais été là. Pour les plus chanceux, c’est un suicide qui a été annoncé et qui leur permet d’avoir leurs noms gravés sur un arbre en fleurs. La prospérité du clan incluait que ses racines soient imbibées de sang. Il déglutit, se laisse porter par l’agitation du plus jeune qui refuse toujours le dialogue et pire se débat pour gagner un semblant de liberté.
Lui aussi devait avoir connu en tant que Fujiwara les mêmes supplices et s’il n’en savait rien, il restait étrangement fier de son nom pour parler d’honneur si fréquemment. Hanru n’était pas clairvoyant sur les sentiments des autres et il ne se posait pas de question les concernant, bien au-delà de s’immiscer dans la vie qu’il considérait privée de ses semblables. Hormis pour ne pas faire de vagues, il se souciait peu de ceux qui l’entouraient à quelques exceptions près. Un cri avant qu’il ne gémisse une fois de plus sous le poignet toujours emprisonné par celui de l’Awataguchi. Ce n’était pas le moins du monde agréable et la dureté de son expression le signifiait clairement. Hanru n’aurait aucun scrupule à laisser le bras se plier un peu plus dans un angle qui ne lui était pas naturel. Il n’en fit rien pourtant, attendant qu’il lui réponde enfin. Aucune échappatoire en vue, le Fujiwara le comprit enfin, cessant tout mouvement.
Il avait essayé de se soulever, de l’assommer et s’était lui-même blessé d’une façon si pitoyable que le plus vieux en resta interdit. S’il avait été à sa place, et il n’était pas sans rappeler qu’il l’avait été un jour avec un père comme Takumi, il avait appris à ravaler sa fierté. Épreuve difficile qu’il avait pourtant comprise : à quoi bon en posséder si elle pouvait s’effriter pour une défaite aussi rapide ? Il n’y avait pas de place pour l’embarras contrairement à ce que pensait surement le jeune homme, Hanru ne le jugeait pas sur son échec, mais sur son incroyable capacité à tenir tête. Il avait été plus borné et obtenu enfin les mots salvateurs de ce bras surement endolori.
Sans briser la quiétude des lieux, il lâche l’avant-bras, se lève et contourne son adversaire pour se pencher et tendre la main. Aucune animosité à son égard, seulement la volonté d’enterrer un conflit comme il l’avait si bien dit qui n’avait aucune logique. Parler, c’est tout ce qu’il aurait fallu faire, il le lui avait dit. La solution présentée, pourquoi s’acharner et tenir rancune ? Lui en tout cas, du Kitsune, il se méfierait à l’avenir.
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