déchainé(s)
20.09.97
Comme tout adolescent qui se respecte particulièrement issu d’une famille de sang pur, il est important de savoir s’améliorer dans de nombreux domaines. Le sabre, la pratique de l’onmyodo pour Hanru et plus précisément le cours de potion dans lequel il n’a aucun talent. Euphémisme que de le résumer ainsi. Les bonnes manières étaient aussi non-négligeable et en règle général, l’Awataguchi excellait dans cet art de bien présenter et savoir se tenir tant il était inscrit dans ses gènes qu’il s’agissait d’un devoir. Son éducation l’avait démontré assez souvent pour que ce qui n’était au départ naturel le devienne à force d’exercice et de sanctions. Mais une fois les portes du dortoir passé et dans le confort de leur chambre, il était si facile de laisser les mauvaises pratiques s’installer au profit d’une franchise sans nom, loin des sourires factices et d’un choix de mots pensés au millimètre.
Hanru, assis en tailleur au milieu de son futon profitait du calme de la pièce et s’imprégnait de l’ambiance traditionnelle qu’au moins deux des occupants avaient choisie, dominant en somme l’espace, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Si ses désaccords avec le Tsukino étaient souvent d’ordre relationnel, il n’en était rien concernant le sang, l’usage de la magie et ce goût prononcé pour la simplicité. Les discordes de leurs familles respectives pouvaient prendre aisément de l’ampleur et empiéter sur l’humeur des deux jeunes hommes, si bien qu’ils avaient décrété dès le premier échange de regard que s’entretuer verbalement pour une majeure partie de leur temps commun était une merveilleuse façon d’apaiser les tensions, voire de les faire disparaître. L’Awataguchi n’avait à proprement parler rien contre son colocataire tant que ça ne le touchait ni lui ni les siens et considérait leur lien comme une amitié, aussi étrange que cela puisse paraître. Il suffisait entre eux de peu pour que la colère gronde, annonçant les éclats vifs d’un tonnerre aux branches aiguisées.
Il n’attendait qu’une chose à présent, que la porte coulisse sur la silhouette élancée et désinvolte du Tsukino afin de lui servir son plus beau sourire carnassier pour un échange sanguinaire qu’il pourrait supporter, préférant le sonore au visuel.
Vous explosiez, pour un tout, pour un rien : parce que pour vous, il était plus facile d'agir ainsi qu'autrement.
Tu avais fini ta ronde, le couvre feu approchant à grand pas. Nul élève de semblait faire le mur et ce, pour ton plus grand plaisir. Tu poussas un soupire t'étirant de tout ton être avant de rejoindre ta chambre prêt à te jeter éperdument dans ton lit. Pourtant, le seuil de la porte passé, t'as une drôle de sensation. Ton regard s'arrête sur Hanru à l'expression pas peu fier et tu grimaces. Qu'est ce que t'as foutu encore ? Il s'avance jusqu'à sa literie sans quitter le jeune corbeau du regard. Je te jure : je suis pas d'humeur. Tu ne l'es jamais. Avoue ton crime avant que je ne te fasse passer par la fenêtre. Finalement, t'as même plus envie de te coucher.
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20.09.97
L’agonie d’une nuit trop silencieuse prit fin dans le râle singulier du Tsukino. L’impatience trahissait une humeur plus accablante que jamais et pourtant Hanru ne pouvait désormais plus reculer dans ses plaisanteries inconvenantes qu’il ne pouvait se permettre qu’avec lui et son jumeau. Aucun regard n’avait été lancé aux draps ni aux autres tissus n’épargnant pas la literie de son colocataire. Mais la déception laissa bien vite place aux interrogations. « Pourquoi tant de colère Tsukino ? Tu es toujours de mauvaise humeur » plus que d’habitude cependant, exploit dont il ne féliciterait pas le responsable, tout au contraire, car c’était ici même qu’il se chargerait de compenser toute sa haine.
D’un coup de menton, il lui indique son lit. Sort si simple qu’on ne venait à penser à l’effacer d’un coup de baguette où d’onmyodo, il avait espéré récolter une dispute de leur cru, loin de se douter du chaos qui règnerait bientôt. Maintenant, il le savait et ça ne l’empêcha aucunement de garder son calme en dévisageant de ses prunelles azurées le regard ambré de son vis-à-vis. « À ton tour de parler, tu risques d’imploser à force » allait-il s’agacer pour du mobilier ? Il était fort possible que ce soit le cas, lui l’aurait fait en prenant soin d’élaborer une vengeance à la hauteur du crime. Il l’avait délibérément cherché sans précaution, peu habilité à déceler les sautes d’humeur et encore moins à prévoir les incidences du monde sur autre que lui et dans son incompréhension il en devenait curieux.
Les mots ne passèrent le seuil de ses lèvres qu’en un claquement de langue contre son palais, ses bras se croisèrent et il attendit une réaction, quelle qu’elle fût, acceptant au moins le châtiment sans broncher, dépendant de son ampleur. Encore fallait-il qu’il y en ait un. Simple jeu devenu peut-être l’exutoire nécessaire à leurs nerfs, à quel point pouvaient-ils en dépasser les limites ?
Colocataire de malheur qui fait par moment son plus grand bonheur. Ils avaient cette tendance à s'en jeter plein la figure pour laisser les émotions accumulées se défouler. Certains jours sous étaient sous l'insigne de la taquinerie, d'autre de l'amitié. Bien qu'elle ne sera jamais prononcée. Etrangement, ces moments là l'agaçaient tout autant qu'ils l'apaisaient. Il laissait ton énergie s'épuiser à travers des futilité, comme il aurait apprécié que sa vie en soit parsemée. Il pouvait alors oublier l'épée de Damoclès constamment suspendu au dessus au dessus de ses jeunes épaules.
Du bout de son nez, le taquin pointe les draps dudit Tsukino. Si sa carnation le permettait, il en serait devenu blanc. Une blague enfantine qui avait la malchance de tomber un de ces jours de mauvaise augure. Oh, je jure. C'est toi que je vais exploser Hanru. Sa voix est rêche. Il se retourne avant de balancer son oreiller aux couleurs printanière au visage du brun. T'as vraiment mal choisi ton jour, petit con. Il s'approche après son attaque surprise pour attraper le plus jeune par le col de son uniforme. Il crache une haine qui ne lui était même pas destinée à l'origine. Toute cette frustration accumulé par le poids familial, par la perte de son équilibre. Tu t'occupes de remettre ça en ordre ou je te balance par la fenêtre et que les kamis en son témoin, j'en fais une promesse. Il n'avait franchement pas grand chose à y perdre et dans la moindre mesure, il se sentirait mieux après avoir cogner. Quel intérêt d'avoir tant combattu.
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20.09.97
Sur sa langue, la saveur âpre des paroles du sang pur brûle sa gorge dans l’incompréhension d’une violence pourtant caractéristique. Tempéraments électriques provoquant les frictions à en faire jaillir les éclairs salvateurs d’une nuit rendue calme par leurs échanges qu’il s’agisse de verbe ou de poings, tout fonctionnait tant qu’ils y trouvaient leur compte. Mais ce soir était différent et dans les yeux mordorés du Tsukino s’était hissé une lueur meurtrière semblable à cette colère grondant sous la peau opaline de son homologue Awataguchi. La foudre n’a pas encore frappé, elle se prépare dans le tumulte sombre de leurs esprits échauffés.
Loin d’être insensible aux subtilités des humeurs de son ami, Hanru avait saisi la gravité de la situation. Il le laissa un instant déferler, cet éclair parcourant ses tissus, propageant ses tensions jusqu’à ce que les jointures de ses doigts palissent sur le col de sa veste. Il l’avait laissé menacer sa vie pour une plaisanterie. De sa respiration calme, on ne percevait aucunement la colère brisant le masque d’indifférence si peu porté dans cette chambre, mais la lueur bleutée traversant ses iris ne pouvait tromper personne sur les intentions du plus jeune. « T’attends quoi pour le faire, grand fou » vif, ses mains empoignèrent leurs bourreaux et il poussa avec force cet ami dont la raison défaillante cherchait à répercuter toute ses frustrations. Était-ce de leur faute à se servir de l’autre comme d’une allumette ? Mais que se passait-il lorsque l’un d’eux était prêt à exploser ? Il n’y avait plus de sourire en dépit de ses propos et le silence lui répondit plus clairement que ne le faisaient à présent les mots. « On parlera ensuite » par l’ordre et sa position reprise, il exprimait son accord à laisser éclater leur rage, à déchainer les mers pour aboutir à mieux que leur étrange relation.
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