C’était l’anniversaire du bien-aimé et c’était une chance de pouvoir le passer à ses côtés, lui souhaiter la nouvelle année, espérer le meilleur, y croire dur comme fer, être persuadé de pouvoir l’aider à aller mieux, sourire à ses côtés, boire le thé, effleurer la tasse qui avait accueilli sa bouche, rêver encore de lui et le voir devenir mûr, plus mature, vieillir avec lui, veiller sur lui… Hiiro préparait l’anniversaire de son tendre amant imaginaire depuis un certain temps déjà.

Il y avait mis les formes, les frais, les surprises. Aidé par ses amis, il avait tout préparé. Aussi espérait-il beaucoup que Takumi puisse se libérer au moins une heure pour découvrir ses présents. Hiiro lui avait proposé de venir dans sa chambre. Il avait d’abord pensé au salon de thé mais Poppy lui avait dit que ce n’était pas assez intime, et en effet. Même si la fréquentation qu’ils en avaient, faisaient du lieu un autre foyer, il y avait d’autres personnes et connaissant le caractère de son compagnon, ils n’étaient pas tant attendus qu’espérés. Les domaines respectifs étaient trop loin; et l’école pour les mêmes raisons que le salon de thé, n’était pas non plus des plus utilisable. Les falaises, la mer et toute activité en extérieur risquait de refroidir leurs corps et couper court à toute langueur - bien que ce ne soit pas l’intention, il aurait été dommage de se séparer au bout de 5min à cause d’un nez gelé. Alors, la solution avait vite été trouvée : « rejoins moi dans ma chambre ! ».

Hiiro avait ordonné tant bien que mal la caverne d’ali baba qu’était devenus ses appartements. Entre souvenirs de voyage, goût pour la mode, collection de thé et de vaisselle; l’antre du professeur de vol avait des allures de musée du monde. Elle reflétait parfaitement son être : haut en couleur, plein de vie et curieux.

Le moineau s’était fait beau pour le corbeau. Ses cheveux étaient d’une brillance incroyable, ses joues roses et son sourire plus blanc que les nuages; Hiiro était une belle petite étoile qui attendait sa lune. Quelques fanions derrière lui annonçaient la célébration. Posés sur la table étaient disposés ses plus beaux services à thé; un gâteau au matcha. « Bon anniversaire Takumi !! » dit-il d’entrée avant de se pendre à son cou pour lui embrasser la joue. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu d’acte aussi direct envers le fantasme de sa vie, mais la candeur de son bonheur transparaissait ici. Hiiro était si content de ses surprises, qu’il en avait fi de se retenir. Il laissait là parler sa joie et son attachement envers son ami. « Je me doute que tu dois être pas mal pris aujourd’hui, promis je ne t’accapare pas toute la journée - à moins que tu sois libre - mais je voulais te le souhaiter en bonne et due forme; cela fait si longtemps que l’on n’a pas célébré quelque chose ! »

Pour l’avoir scruté, détaillé, dévoré des yeux, Hiiro voyait bien que l’ennui qui habitait alors toujours le visage de son ami avait dévoilé sa faiblesse en une commissure des lèvres timide et c’était bien assez pour encourager le moineau à redéposer un autre baiser sur sa joue; dans l’enthousiasme du moment. « Le temps d’une tasse de thé, Takumi, ce sera bien assez ! Tu es venu, c’est génial ! » Il lui prend les mains pour l’installer à la table où des mets émanent les odeurs délicates du fait avec amour. Oui, Hiiro s’était donné la peine de tout faire lui-même; la décoration, le gâteau; oh non sans quelques petits tours pour améliorer l’aspect général du dessert mais, tout avait été fait. C’était une manière d’exprimer à quel point il tenait à faire de cette journée, un moment plus doux que la corvée annuelle des remerciements. Hiiro n’attendait pas de Takumi qu’il le remercie, il espérait simplement qu’il apprécie le présent. Un sage disait : « Hier est derrière, demain est un mystère mais aujourd’hui est un cadeau, c’est pourquoi on l’appelle le présent* » Et ce moment à ces côtés était bien un cadeau.

Après avoir servi le thé, Hiiro s’éclipse dans sa salle d’eau, faisant signe à son compagnon de ne pas bouger. « Je sais bien que tu n’aimes pas trop les activités qui font de toi la pièce centrale, tu es bien trop humble pour ça, ou modeste je ne sais pas, mais moi; tu le sais, c’est ma spécialité; quand j’étais au cirque oh tu aurais du me voir ! C’était magique, enfin c’est le cas de le dire… » Après une ou deux minutes, Hiiro ressort, seulement vêtu de rubans et de noeuds, prêt à donner le spectacle imaginé pour son ami. Se donner tout entier comme preuve que tu tiens à lui; tu serais à déballer qu’on lui avait conseillé et ainsi, le voilà prêt à s’offrir entièrement à la personne dont il tenait non peut-être plus le plus mais beaucoup.

L’acrobate avait prévu une danse pour accompagner son être, comme pour célébrer ce jour béni. Alors dans un sourire des plus naïfs, des plus tendres et des plus sincères, le voilà qui se met à tourner, sauter. Hiiro était comme ces enfants contents d’avoir imaginé une chorégraphie pour leurs parents; sauf qu’il était nu et portait des rubans. C’était une idée de Poppy, ils ne s’étaient pas compris sans doute, ou peut-être qu’elle avait un peu trop bien compris. Quoiqu’il en soit, Hiiro faisait des cabrioles qui, en toute objectivité, relevaient d’une vraie performance. L’espace était petit et exigu compte-tenu des bibelots, des bijoux, des vaisselles, des draps, des ornements, tout décor venant agrémenter la pièce, des meubles et de Takumi lui-même. Il avait une parfaite maîtrise de son corps dans cet espace étroit et ses sauts étaient graciles, ses déhanchés entraînants et bien exécutés que l’on se serait cru au cabaret, vrai spectacle donné à huis clos pour une seule personne. La musique s’était lancée en même temps qu’Hiiro était sorti de l’autre pièce, et après une dizaine de minutes - il était essoufflé et très légèrement en sueur; celle juste assez pour faire luire les muscles sans couler ou dégouliner - à danser, offrande corporelle pour son compagnon, Hiiro, s’arrête face à lui. Deux noeuds couvrants des parties bien choisies se présentent à Takumi. « Je sais que tu n’attaches pas trop d’importance aux choses matérielles, alors je me suis dit que je t’offrirai mon premier spectacle depuis plusieurs années ! Je suis ton cadeau ! Ça sonne un peu présomptueux mais cela m’a fait si plaisir de danser pour toi ! La prochaine fois je prévoirai un espace plus grand pour faire des acrobaties sur balais mais nous n’avions pas le temps ! »

Il lui sourit encore une fois, si prêt à être dérubanné; s’offrant comme Poppy lui avait conseillé tantôt. « Bon anniversaire Takumi ! Tu peux me déballer ! Ahh ! D’abord je vais couper du gâteau, je l’ai fait pour toi tout spécialement. » Il se retourne, dos à son ami et voilà qu’un autre noeud se présente en bas du dos. Dans sa candeur, Hiiro avait choisi les endroits stratégiques pour y nouer les rubans. Habillé de la sorte, il était loin des idées de sa copine; il se trouvait juste tel un joli cadeau. Il coupe les parts et offre un plat à Takumi dans un grand sourire, encore. « J’aurais aimé que Saburoo soit là aussi pour s’offrir à toi, mais malheureusement il était occupé, mais qu’à cela ne tienne, on se retrouvera un autre jour tous les trois; ces derniers temps sont propices à la fête maintenant que nous avons du répit n’est-ce pas ? Que penses-tu du thé, du gâteau ? Mon cadeau t’a-t-il plu ? Ah oui, défais les noeuds quand tu veux ! Ouvre moi, car je m’offre comme preuve que je tiens à toi ! » Il lui avait semblé que Poppy avait dit « preuve que tu veux de lui » mais cela semblait déplacé quelque part…



* Kung Fu Panda - Maître Hugwei

Le corps essoufflé de la danse et de la transe, Hiiro respirait vite. L’énergie et la joie qu’il avait de se mettre à l’épreuve de la danse l’avait un peu éreinté mais le visage passif de son ami semblait exprimer autre chose que sa quiétude ordinaire. Alors comme un enfant grondé, il baisse la tête. Était-il devenu soudainement un gamin de 12 dont l’expression théâtrale et les mouvements en robes de femmes, les talons trop grands, trop roses, trop féminins trop genrés faisaient défaut aux yeux d’un père trop conservateur ? Était-il devenu le sujet d’une honte ? Avait-il offensé son ami d’une quelconque ? Avait-il raté sa surprise ? Et lorsqu’il se lève, Hiiro ne peut s’empêcher de rentrer la tête dans ses épaules, pris en flagrant délit d’échec. Petit soleil caché par la lune montante, il ressemblait à une éclipse, et sans savoir pourquoi, le moineau se laissait dominer par la nuit.

Mais.


Mais sa main sur son torse, sa force contre son dos et son visage si près si haut du sien……Hiiro écarte les yeux.

IL
ME DRAGUE
OU
IL
M’ENGUEULE ?
AH.
EST-CE QUE CA A MARCHE OU PAS ? Est-ce que Poppy avait raison ? Est-ce que………………………………………. AH.
AH.
AH.
JE FAIS QUOI.
AH.
NNYAAAAAAAH.
JE
IL
ME
AH
PANIQUE PAS
PAS _ NIQUE_ NIQUE_PAS PAS NIQUE _NIQUE PAS PAS. BORDEL.
BORDEL IL EST REACTIF OU ????? ET. JE FAIS QUOI MTN, JE FAIS QUOI, JE_EST-CE QU’IL M’INVITE OU PAS ET JE SAIS PAS PUTAIN, MAIS DONNE UN SIGNE UN VRAI MAIS EN MEME TEMPS IL ME PLAQUE CONTRE LE MUR PUTAIN DE KABEDON MAIS AHHHH C’EST CA QUE CA FAIT D’ËTRE PALQUE CONTRE UN MUR ? CA FAIT MAL QUAND MÊME JAI ENVIE DE CREVER BORDEL DE M__MMMMMMMMMMMMMH. Je me souviens plus de ce que m’a dit Poppy ah si seulement elle pouvait être là…………;HINIHIN NON QUAND MEME……………. BORDEL JE FA-

« Que tu m’invites à te prendre là, contre ce mur ou la table ? »


IL
DRAGUE
VMT ?
MA PERF A ETE SI BIEN QUE CA ? AH bah heureusement que je le fais pas devant les autres parce que je te dis pas la tête du directeur quand ils viendront me demander en date, fini les rendez-vous le soir pour aider les élèves, ça c’est clair si j’ai réussi à faire lever Takumi-san, c’est clair que les autres, les pauvres, mais……. À quel point cette technique de ruban est-elle dangereuse alors ? Ah clairement pas prévue pour les enfants, heureusement que je n’étais pas au point pour Xue, le MALAISE SUR LE BALAIS. Par contre qu’ai-je fait à Takumi, IL EST DECHAINE. CONTRE LE M- AH. SUR LA TABLEAH. AHHHHHH/ LKEDPOZJEF. C’EST SI RAPIDE, TAKUMI, SI RAPIDE ! J-je sais pas; tu sais je sais pas, c’est. J’avais pas prévu tu vois, c’est juste, que en fait, est-ce, maintenant ? C’est, ton cadeau t’a plu ? C’est bon, tu sais en fait, oui tu le sais, c’est juste, ben, tu vois, j’ai, je sais pas comment, enfin comment on s’y prend ? Et peut-être que, enfin, c’était pas vraiment le but, et-

« Si je te déballe, tu vas rester nu sans rien dire » KYA. « Sais-tu que tu peux te mettre en danger à être si naïf ? » COUIN ? « Q’une personne mal intentionnée pourrait profiter de toi alors que tu te montres ainsi ? Te faire du mal ? Te blesse ? » QUOI ?

Tu…..ça va faire mal ? JE SUIS….;JE SAIS……PAS ?

Sa tête sur son épaule pèse plus lourd que le monde mais sa main vient se mêler à ses cheveux en caresses tendres. Instinctivement, Hiiro apaisait son ami et dans un silence, il glisse les deux bras autour de son cou pour le serrer contre lui; le voir inquiet le rendait mélancolique. Qu’avait donc fait le moineau pour mettre le grand corbeau dans cet état ? « Mais, Takumi… » glisse-t-il à son oreille. Les pieds sur la pointe pour l’atteindre, le serrer davantage, son corps quasi nu appuyé contre le sien. « Tu voudrais me faire du mal ? » Il ressert ses bras, son nez contre le creux de son cou. « Tu es la seule personne pour laquelle j’ai performé ainsi. »

DU COUP HEUREUSEMENT ????

« T’ai-je gêné ? Je suis désolé. Je ne pensais pas que tu réagirais si vite. » Son bec cherche son odeur, nichée dans ses cheveux; ses bras se resserrent un peu plus. Les étreintes avec lui étaient si rares que l’oiseau appréciait les chances qu’il avait, profitant de son corps, son souffle, son odeur, ses mouvements; les joues en feu, le coeur tambourin et la respiration coupée par ses vêtements.

« Tu veux passer au dessert ? J’ai fait le gâteau pour toi aujourd’hui, j’y ai mis ce que tu aimes » Ses doigts s’accrochent à ses étoffes fabuleuses, pas désireux de le laisser s’en aller de lui. Ils formaient comme un jeune couple, et Hiiro se complaisait dans cette illusion.