Les ruines de la société magique nippone pelaient et cicatrisaient à l’instar des lambeaux de peau qui aujourd’hui encore, s’arrachaient à tes chairs. Le monde vivait des univers de macabres et seuls les squelettes des plus aveugles arrivaient à danser, mais pour combien de temps ?

Si la mission était gardée par deux chiens, il te suffisait malgré tout d’un signe, d’un geste pour alerter le tyran et cette sensation de pouvoir évincer les plus grands dirigeants avaient l’adrénaline d’une mort près d’un gouffre, l’irrésistble envie de décapiter les traitres polymorphes, recréer l’empire sous ta milice, voir le sabre Fujiwara tomber au sol pour le récupérer de tes propres mains; rebatir le monde sous ton ciment; Seimei en grand seigneur et toi, à ses côtés.

Mais les chiens étaient bien féroces et leur gueule bien habituée à lécher les plus vicieux endroits pour adoucir et masquer les peines et les troubles, tu le savais bien et le doute persistait encore de ce qui était bien ou mal pas seulement pour l’avenir du peuple mais pour ton futur égoïste.

La mission commençait dans les dédales des couloirs jusqu’à tomber sur l’objet convoité. D’un geste habituel, tu t’inclines dos droit tête dure. « Seimei-sama, nous vous cherchions. Des évènements arrivent et l’heure est grave, nous avons besoin de votre sagesse mais l’histoire est longue. » Tu laisses planer un silence et puis lances un regard à ton supérieur hiérarchique (et non racial). « Tsukino-san est meilleur orateur que moi, je lui laisse la parole. » Tu te tournes vers lui, grand sourire dissimulé.

HRP : Ryuu doute de ce qu’il doit faire, reste neutre mais laisses un cadeau à Rajan.

Je ne puis que vous assurer des bienfaits de ce stage, Seimei-sama. Les rares et réguliers battements de paupière représentaient l'unique détail à même de troubler l'impassibilité de mon visage : nul sentiment de culpabilité, haine, colère ; nulle expression de mensonge, pas davantage que celle d'un enthousiasme qui, quand bien même, n'aurait pu être davantage hypocrite. Mes yeux s'écoulaient sur le visage de qui avait autrefois été un homme, et occupaient désormais la place sibylline des entités divines, avec un calme mêlé de sagesse. Les plus pures familles de sorcier, en témoigne monsieur Tsukino, jouissent d'une culture et d'une uniformité propre à la discipline. Ce n'est nullement le cas des entités... dissidentes. Et si la fermeté de mes mots semblait en appelait à une forme, si infime qu'elle soit, de colère, sinon d'un simple agacement, je ponctuais cette lente expressivité des formes propres au respect divin : ma voix n'effleurait pas la possibilité d'une autorité quelconque, mais s'immisçait comme le murmure bienfaiteur d'un fidèle conseiller. Ces né-moldus ne nous imposent pas seulement l'impureté de leur sang, mais les échos de leur propre culture, abjecte et belliqueuse. Les problèmes soulignés par monsieur Tsukino relèvent, je le crois, de leur fait, sinon de leur existence.

La situation trop prospère avait le goût de la préparation. Les pirouettes de tes deux compères n’étaient pas encore agaçantes mais s’en rapprochaient doucement, heureusement, ce n’était que le début. Tu attends que les deux menteurs finissent leur vice pour commencer le tien.

C’est dans une légère révérence que tu acquises face à Seimei. « Justement Seimei-sama, je souhaitais vous rencontrer pour parler de la radicalité de cette répression. Ce serait un honneur de pouvoir servir le pouvoir en place et éradiquer les réfractaires… quoiqu’à l’heure actuelle, nous pourrions parler de résistants. » Ton regard se pose quelques secondes sur tes acolytes de fortune. « Jusqu’où voulez-vous aller, Seimei-sama, pour les anéantir ? Je vous suivrai et exécuterai vos ordres. Par ailleurs, seriez-vous disposé à nous enseigner quelques techniques en ce sens ? Je suis, pour ma part, très curieux de pouvoir m’instruire afin de mener à bien mes missions. »

Il était vrai que tout ce qui avait un trait de violence remuait tes entrailles d’un sentiment fabuleux proche de l’image des papillons. « Pour revenir aux cibles à supprimer, Tsukiyomi-san, n’ayez crainte des pauvres sangs impurs. Ils peuvent être nombreux et en colère mais les contenir n’est pas ce qui m’inquiète le plus, la répression massive est assez simple à mettre en place. C’est en effet les sangs purs, qui ont notre apparence et notre statut et qui peuvent infiltrer nos rangs… hm. C'était davantage cette urgence dont je voulais parler, Seimei-sama : cela reste pour l'instant à l'état embryonnaire mais nous préférons anticiper les châtiments afin d'agir vite une fois sûrs. »

HRP : Ryuu est chaud patate pour éradiquer la vermine et soulève la question des potencielles taupes sans l’affirmer ou l’infirmer.

Toute contrôlée que demeurait la conversation, je ne pouvais retenir la sensation d'effroi qui parcourait mon échine, et paralysa mon corps durant une demi-seconde – avant que je ne glisse ma main dans ma tignasse aux reflets émeraudes, dans un geste machinal. Si le dirigeant Tsukino n'avait pas posé sa paume sur mon épaule, j'aurai sans doute cessé face aux oppressantes angoisses de la proximité divine – et de son regard, à nouveau posé sur moi. Seigneur, votre sanctuaire n'est-il point tout désigné ? Un soupçon de malice s'insuffla dans l'impassibilité de ma voix, comme gage d'un plaisir coupable, mais non moins feint que toute ma fidélité à l'égard du Shogun. Mes peurs, quant à elles, demeuraient invisibles. Sur l'immense place à son entrée, sous le regard de tous vos fidèles, cela semble être le lieu idéal pour châtier les traîtres.

La situation prenait un tournant des plus délicieux et tu te savais sur la même fréquence que la divinité. Les doutes quant à ton allégeance étaient encore plus forts, qui trahir et qui suivre ? La déité qui avait l’honnêteté d’envisager l’épuration ou la bande hypocrite qui se composait d’une affiliation résistante qui feintait l’ouverture d’esprit mais qui restait communautariste, d’une araignée blanche aux milles visages qui t’avait éjecté du nom patriarcal, du noir qui un temps brillait par sa position claire mais qui maintenant sombre dans le mensonge et l’opportunisme, enfin tous ceux et celles qui pensent se racheter une conscience en se ralliant à un groupe boiteux… la raison était là mais tu n’avais pas encore la possibilité de te dégager sans encombre des mains de l’immigré et de son pauvre stagiaire dont la comparaison avec te donnait des hauts-le-coeur.

Tu avais là, entre tes mains, le pouvoir de vie ou de mort, non pas seulement d’une personne mais d’un clan entier. Cela n’était pas encore suffisant. « Le clan Sugawara jouit et jouira d’une figure trop positive dans l’inconscient collectif pour les exécuter de la sorte. Nous courrons à un soulèvement. Alors deux choix se profilent : soit nous profitons de ce soulèvement pour épurer toutes les voix dissidentes; soit laissez-moi m’arranger pour que Sugawara-san ne trébuche ou que l’un des siens ne le fasse. Cela étant, la première option me semble plus radicale et facile du fait que les personnes incriminées se manifestent plus visiblement. » dis-tu d’abord.

« Même si les chefs de clans ont assez d’ingéniosité pour ne pas se compromettre pour le seigneur Sugawara mais là encore, j’ai ma petite idée. » Tes yeux se tournent vers Tsukino un instant et ta voix se tait, il semble évident que tu réfléchis, mais était-ce pour trouver des moyens d’épuration ou pour révéler la supercherie dans laquelle vous étiez trois ?

« Parlons plutôt des manières d’exécuter les traitres. Je vois, Seimei-sama, que vous avez quelques idées en tête. Voyez, je me demande si nous exécutions les traitres avec l’onmyodo pour vous faire hommage ou si nous usions d’armes blanches pour répandre leur vilain sang. » Tes yeux recommencent à pétiller, tes mains arrachées par l’eczema du stress des jours précédents, frétillaient tant qu’elles étaient à deux doigts de se poser sur le bras de la divinité, dans un engouement propre au sujet de conversation qui était menée sur un ton enthousiaste. « Le liquide rouge qui drape les marches du temple, voilà une image spectaculaire… Les stagiaires du Bakufu pourraient très bien nettoyer ensuite. » La rancoeur d’être comparé à tel alors que tu étais vice-capitaine n’était pas du tout cachée.

« Seimei-sama, que préférez-vous ? Tsukino-san, seriez-vous enfin capable d’exécuter les dissidents ? Je parle notamment, de votre ennemi ou bien dois-je m’en charger pour être sûr de sa disparition ? »

Tu prenais des ailes dans la mort, tu prenais tes aises quand tu savais que tu pouvais saboter l’opération avec un mot. Tes dents étaient aussi blanches et pointues que celles d’un dragon et l’excitation était au plus haut. Seimei était décidément ton idole.

HRP : Ryuu se positionne sur le sort Sugawara et propose deux options pour l’épuration de masse + à deux doigts de fall for Seimei.