Seigneur, pourriez-vous m'accorder un instant supplémentaire ? Lentement, la silhouette de la divinité s'était éloignée dans le couloir, mais son allure semblait désespérément rapide face à nous qui, bon an mal an, tentions de le retenir. La confrontation n'était non seulement mal venue, elle était complètement suicidaire – et si un élan héroïque m'invitait à incanter une attaque, mon instinct de survie s'y opposait totalement. Je n'ai pas été tout à fait honnête avec vous, comme avec monsieur Tsukino. Ce programme de stage a beau être remarquable, il m'est insuffisant. En cet aveu, on y lisait l'avidité d'un jeune homme en recherche de pouvoir, comme l'imperfection de ce stage inexistant dont nous étions, quelques instants auparavant, en train de lui vanter les mérites. Le plan était risqué, mais il était la seule carte qu'il me restait à jouer. Votre présence est aussi rare qu'elle est bénéfique, aussi aimerais-je profiter d'une si rare occasion pour vous demander humblement de m'accepter sous votre direction, afin que je perfectionne mes arts en votre compagnie. En signe de gratitude, je m'inclinais longuement devant le Shogun, avant de me redresser, sortant prudemment une flûte de ma poche intérieure. En gage de ma détermination, je suis prêt, si vous m'accordez ce droit, à vous faire une démonstration de mes talents.

Quitte à renverser le pouvoir, le groupe d’imposteurs que vous étiez aurait pu avoir le loisir de mentir et enjoliver l’avenir, dresser une fin possible - celle que tu aurais préférée : raser les impis et décapiter les hérétiques - mais au lieu d’ouvrir un monde possible, il ferme les portent comme un labyrinthe et s’enferme dans le mensonge qui commence à les étouffer. Seimei n’allait pas être retenu pour beaucoup de temps encore et tu étais étonné qu’il n’ait pas déjà pris congé de vous, estropiés - désespérés de servir un peuple ingrat et ignorant.

Alors, quand Tsukiyomi joua sa carte ultime, tu ne pus retenir un léger rire, plus candide que la divinité. La surprise était réelle et la situation devint plus ridicule que l’intention même de retenir le Seigneur.

Aussi, avant de répondre, tu reprends ton sérieux - tentes, car le fou rire qui était rare derrière tes dents, souhaitait s’échapper des barreaux ivoire - tandis que le jeune chiot sortait sa flûte. « Pour être honnête, ce n’est pas vraiment le moment, Tsukiyomi-kun, de déposer votre curriculum vitae auprès de notre Seigneur alors que nous parlons affaire sensible et urgente; vous retardez Seimei-sama à rejoindre ses quartiers pour nous permettre de travailler. » Tu croises les mains derrière ton dos. « De plus, avoir omis cette volonté d’approcher le Bakufu lors de nos entretiens me dérange légèrement, nous aurions pu vous introduire. Enfin, si je puis me permettre, Seimei-sama, si vous nous faites l’honneur de prendre des apprentis sous votre conseil, je me ferai un plaisir de dresser une liste des candidats plus qualifiés et disponibles que Tsukiyomi-kun qui est encore élève et dont les occupations lors de ses temps-libres sont loin du perfectionnement en onmyodo mais je ne le blâme pas, à son âge les batifolages vont bon train. Pour être honnête, j’inscrirai mon nom sur cette liste, et je m’estime supérieur à notre stagiaire. Je laisse Tsukino-san vous éclaircir sur ses recommendations dont l’avis sera peut-être plus clément par son regard d’ancien professeur, et donc de pédagogue. Ensuite, je vous invite à ne pas trop nous attarder, le travail se prépare. »

Tu t’inclines finalement avec respect. Le sérieux était revenu lorsque, pendant ta tirade, tu te rendis compte que tu n’aurais pas le Seigneur en maître, si votre supercherie marchait. Dommage.

HRP : Ryuu explique son point de vue et intime le groupe de se dépécher quand même d’aller signer les papiers hihi.

Le regard de la divinité, revigoré d'un plaisir presque malsain, m'invitaient à cerner le paradoxe de ses sentiments, ou ce qui s'en rapprochait : le confort de sa domination, comme l'éventualité du sang versé pour son seul contentement. Permettez-moi de répondre à la confiance que vous m'accordez, répondis-je, sans détourner mon regard du sien ; car là ne subsistait la témérité d'un jeune homme fougueux, mais la nécessité d'accaparer son attention comme la moindre étincelle de son intérêt. Ainsi, de cette flûte qui gisait entre des fines mains, si habiles qu'elles ne faisaient cas de l'angoisse crescendo, je jouais les premières notes d'une ode destinée à calmer les esprits. Bien naïf aurais-je été de présumer de ses effets sur une divinité, et là n'était pas le but : la tendre magie s'immisçait comme la douce brise d'un climat idéal, confortable, et invitait à la tendresse de chacun. La musique, doucereuse et parfaite, cumulait années d'un acharnement exempte de paresse, et tout le savoir d'un clan lunaire, mais non moins talentueux, et s'étendit à même de longues minutes d'une interprétation maîtrisée, avant de s'éteindre peu à peu, sous une ultime mais timide courbette.

Bon gré mal gré, la mélodie eut l’effet escompté sur toi et les autres personnes présentes. Tes bras croisés s’étaient légèrement détendus lorsque la proposition de Seimei tomba. Dans un effort surhumain tu hausses les épaules, l’air ennuyé légèrement caché par ta tête tournée vers le côté. Tu laisses un temps passer puis propose la chose suivante : « Et si nous regagnions votre bureau, Seimei-sama, pour conclure de toutes ces décisions ? »

Allons bon, tu n’avais donné aucun indice sur ta potentielle traitrise et si les autres lourdeaux se faisaient prendre, tu n’avais rien à craindre.

HRP : Ryuu est ennuyé et propose d’aller au bureau signer tous les papiers.

L'indéfectible impassibilité de son visage se laissa fondre sous le joug d'une soudaine joie, sans doute trop fragile pour n'être qualifiée au-delà d'une simple satisfaction : l'éventualité d'un mois de dure labeur m'était moins douloureuse qu'une apocalypse imminente, aussi dissimulais-je quelques éclats de soulagement au cœur de mes iris ambrés, pour n'en découvrir que l'avidité propre à la jeunesse. Merci pour votre temps. Soyez certains que je ne vous décevrai pas. Et si les premières politesses s'adressaient à Seimei, je m'inclinais également, reconnaissant, devant le chef de la famille Tsukino, avant de détourner les talons.

Tu laisses le temps à la divinité et ses oreilles de partir avant de te tourner vers la figure brune.

« Quoiqu’il advienne, je ne crains rien, Rajan... »

Tu avais peut-être perdu crédit aux yeux des deux compagnons de route, quoiqu’il en soit, tu avais fait en sorte de n'élever aucun soupçon pour la suite des évènements. Que Seimei se rende compte de l’intrusion dans son bureau ou que son existence soit anéantie, tu n’avais pas grillé ta réussite; les deux fins étaient donc sans soucis.

« Soyez prudent pour la suite, je m’en vais donc à ma médiocre mission. » Tu prends congé dans une légère courbe et, avant de disparaître dans le couloir à ton tour, tu te tournes vers ton supérieur.

« C’était amusant. »

HRP : Ryuu prend congé en se disant oklm.