AU SONGE DU TREPAS
31.01.97

Quelques minutes de plus, contre son corps, à absorber sa chaleur, aspirer à un peu de réconfort et apaiser la douleur – un cœur meurtri, là où d'autres (Tsubaki) ont été gravement blessé. Je ne demande rien de plus, mais Ange me rappelle qu'il n'y a pas une seconde à perdre. L'infirmerie. Sans une once d'hésitation – ni la moindre réflexion – je me laisse entraîner. J'en oublie les réprimandes – la drogue, l’attaque déraisonnée – et déjà le vent nous emporte jusqu'à l'intérieur.

Je crois que le trajet jusqu'à l'infirmerie ne m'a jamais paru si rapide – heureusement, j'ai l'esprit occupé la recherche vaine de récit chevaleresque à lui raconter. En chemin : l'apparition dérangeante d'un Yatagarasu morbidement fleuri.

« Wow, mais il s'est passé quoi ? »

Plus on avance et plus le danger m'apparaît – omniprésent, alarmant, terrifiant. J'ai besoin de temps, ce dont on manque cruellement. Ma réflexion s'amenuise, alors qu’on atteint notre but. Quelle potion, quel matériel ? Soigner l'autre garçon maintenant ou l'amener à l'infirmier ?
Je me sens dépassé.

« Euuuh. Assieds-toi. Je – Je connais même pas ton nom. Mais je vais regarder. Ça a l'air… ça a l'air de pousser ? C'est putain de glauque. »

L'idée ne me fait pas plaisir, mais pour se débarrasser d'une mauvaise herbe, il faut s'attaquer à la racine – qui se trouve vraisemblablement dans son ventre. Aaah, bonne ambiance.

« Ange, tu peux chercher des potions ? Je vais tenter de m'occuper de ça. »

J’approche. Et sans savoir par où commencer, j'essaie de tirer la fleur de sa prison de chair.

hrp : yume, toujours en panique, arrive à l'infirmerie avec ange, dis à ashe de s'assoir et tente d'enlever la fleur de son ventre

AU SONGE DU TREPAS
31.01.97

T’as vu Mamoru ? La question tourne dans ma tête ; carrousel grinçant, autant que mes dents. Couteau tourné dans la plaie, je ne sais pas ce qui est le pire entre penser à ce roi insupportable – dégage ; casse-toi, Yume ; vois, les mots restent gravés – ou que le visage de Kiyo y soit accroché. Je me contente d’un sourire amer, plus proche d’une grimace.

La légèreté d’Ange pourrait me réconforter, si elle n’était pas due à la drogue consommée – sale habitude que j’avais espéré le voir oublier. Pourtant, je me demande, un instant, si je ne suis pas affecté par ses effets, moi aussi, quand je vois apparaître cet étrange messager qui nous conte la situation de l’île. Les tremblements ont été plus violents que précédemment et vraiment, j’ai cru halluciner. Et je ne suis pas le seul, à entendre la remarque de Ashe – dont je connais désormais le prénom.

« Non, c’était… réel. Je crois. »

J’arrive enfin à arracher la fleur qui se nourrissait de son sang, faisant cesser les éclosions de lycoris sur le carrelage de l’infirmerie. La plaie est béante et voyant les découvertes de mon amour de toujours, je m’empare du fil et des aiguilles – je ne me suis que rarement essayé à la couture, mais l’improvisation est de mise.

J’ai les mains tremblantes et l’esprit préoccupé, mais je m’applique du mieux que je le peux. Mes points ne sont pas réguliers, mais je les espère suffisamment résistant. Du bruit attire mon attention, alors que je termine mon œuvre et c’est Hotaru qui entre à son tour, l’air plus perdu encore que je ne le suis.

« Hotaru ! Eh… »

Je voudrai le prendre dans mes bras et le rassurer, mais non seulement je serai incapable de trouver des mots réconfortants alors que je ne suis pas sûr moi-même de croire que la situation va s’arranger et j’ai encore un bandage à faire pour protéger la blessure du Yatagarasu.

La température augmente dangereusement dans l’école. Je crains que ce ne soit la preuve de la propagation de l’incendie.

« Apportez les potions à Tsubaki, je termine de m’occuper d’Ashe. »

Et je songe, soudainement paniqué : comment vont s’en sortir les animaux qui se trouvent dans l’école ?

hrp : yume recoud la plaie d'Ashe comme il peut (donc pas super bien), presse ange et hotaru à apporter les potions à tsubaki pendant qu'il termine et songe, un peu désespérément, à ces pauvres animaux de compagnie qui risquent de brûler

AU SONGE DU TREPAS
31.01.97

J’ai trop de choses en tête. Mes pensées se bousculent et l’encéphale, incapable de traiter tant d’informations, peine à se focaliser sur ma seule activité : recoudre. Je manque de m’entailler les doigts avec l’aiguille, j’essaie de ne pas avoir à m’y reprendre à deux fois et, surtout, je tente de rester concentrer.
Mais Ange. Ange – Yume, où est Mamor— L’entrée du yokai se fond avec ma réponse.

« Ange, c’est vraiment pas le moment ! »

J’ai l’impression d’être énervé, mais ce sont des larmes qui perlent aux coins de mes yeux, que je réprime de quelques longues inspirations. Ce sont ces mêmes larmes qui miroitent dans le regard de mon cousin (âme-sœur), lorsqu’il m’agrippe pour exprimer le fond de sa pensée. Je tais mes protestations, les yeux piteusement baissés devant ses accusations, malgré mon indignation face au traitement infligé au blessé.

Reculez et le mur explose sous le sortilège impulsif de l’angelot qui disparaît momentanément sous la poussière et les gravats. La précipitation de l’action me fait oublier les blessures probables – Ange est debout, c’est (disons) le principal – et je soutiens Ashe dans notre avancé, laissant Hotaru au bon soin de notre cousin commun.

La fumée me brûle les yeux – autant que le font les flammes à notre école. Le stress me tord l’estomac. Mes muscles me tirent (courir, soutenir).
Nous sortons enfin, rejoindre Tsubaki – et surtout, le massacre.

hrp : beaucoup de pls, juste pour dire qu’ils sortent tous de l’école et rejoigne tsubaki/natsuo