Ayant mes droits au Ministère par ma fonction, jamais il ne m’avait été permis d’imaginer telle publicité pour ce dernier après l’Affaire qui avait éveillée en moi les mirages du soupçon. Ce dernier avait calfeutré toutes fuites, coffre immense et huilé à la glue, il m’était impossible de relever les indices du mensonge et de la corruption. Etait-ce là un échec ? Ou devais-je profiter de leur propagande pour infiltrer leurs idées et désarmer leur dangerosité ?

Le choix du lieu quelque peu trivial m’avait tout d’abord surpris; que faire dans une forêt si ce n’est isoler pour mieux inquiéter ? Quel avait été le choix des groupes, comment avaient-il été décidés ? Il me semblait avoir une chance inouïe d’avoir deux adultes et une élèves dont l’intellect allait au-delà de la candeur d’un enfant. Qu’en était-il des autres où effectivement, le professeur de sortilèges avait raison, étaient soumis à l’autorité de plus anciens ?

Arrivé sur place avec l’élégance de la ponctualité, je m’incline face à tous pour les présentations, bien que le sarcasme de mon compagnon présent en âge ne face froncer mes sourcils. Si ce jeune homme se trouvait présent, n’était-ce pas sur invitation de Shuusei, supprimant de fait la fugitivité. De mauvais goût, je ne fais aucune remarque, cela étant je garde en tête qu’il serait intéressant de retenir le Tsukino en fin de débat; plusieurs questions en suspens, quelques intérêts à essuyer. « Je suis enchanté de faire votre connaissance à tous. Puisque nous en sommes à nous présenter sous l’augure de nos convictions : Sugawara Shinume, juge, Gyokuji. »

Je me redresse lentement, les mains toujours nichées dans les pans de mes habits, je dépose un léger regard sur la jeune Tsukiyomi; je crains que par le froid elle ne s’engourdisse.

« Je vous remercie, Nagakawa-san pour cette belle introduction aux Shuusei. Cependant, vous comme moi avons nos droits et devoirs au sein du Ministère, et je ne remettrai - comment oserais-je - en cause leur intégrité. Mais, je fais seulement suite aux réactions vives que l’Affaire du mois d’octobre a suscité au sein de la population magique. Il me semble que le taux d’adhésion aux idéaux du Ministère a largement chuté. Je me pose alors deux questions. La première est, comment le Ministère peut-il justifier un tel désintérêt ou plutôt une telle fuite de la population après cet évènement; la seconde s’intéresserait aux solutions apportées par ce dernier. Est-ce que cette réunion a pour unique but d’essuyer les désistements par de nouvelles adhésions avec des huis clos ? Comme vous l’avez si bien dit, comment légitimer l’ascendance des adultes sur de jeunes enfants pris à partie ? Enfin, veuillez excuser le monopole de la parole, je laisse à nos deux autres compagnons le soin de nous éclairer de leur présence. Je suppose que Tsukino-san représente la troisième puissance affiliante. Chère Tsukiyomi-san, je suis navré que vous vous retrouviez dans telle situation, entourée par trois adultes. Je fais appel à votre esprit qui peu importe le résultat, saura faire le meilleur choix pour vous. Ne vous inquiétez pas. »

Je me tais alors après tant de paroles, acceptant le thé volontiers.

HRP : Shinume essaie de pas descendre publiquement le Ministère mais profite de la présence d’un représentant affilié pour soulever quelques questions. Rassure Kao que tout se passera bien (qu’il y veillera); et pense interroger Ishan au passage car c l’occasion (justice toussa).

La nonchalance du jeune Tsukino avait eu le mérite de mettre à l’épreuve toute la tolérance que je pouvais éprouver. Je pouvais à tout moment lancer de quoi l’arrêter - ne le faisant pas moi-même car je suis là pour juger, non attraper des criminels - et pourtant, malgré la gravité de sa situation, il faisait les yeux doux à biche. Quel était ce manque de sérieux lorsque tantôt, son affiliation avait causé morts, blessés et chaos ? Quelle fierté y avait-il à verser le sang au nom de ses convictions quand ce dernier n’était pas le sien ? Il me semblait évident d’un manque de considération pour autrui, et cela n’avait rien de bien glorieux.

« Pour couper court à vos interrogations concernant les Gyokuji, je vais vous expliquer rapidement leurs positions - navré Tsukiyomi-san, je me répèterai. Les protecteurs de Gyokuji se placent au service de Sa Majesté l’Empereur, en vive réaction face au Ministère que nous ne considérons pas être en mesure de gouverner le monde magique; l’Affaire ayant été le coup fatal de leurs limites. Nous souhaitons réhabiliter l’Empereur au rang de gouverneur et lui rendre ses pleins pouvoirs. De descendance divine, la famille impériale a été désignée par Amaterasu-sama pour régner. Les clans Fujiwara et Sugawara ne font que suivre la volonté de l’Empereur, ainsi que le conseiller. Il ne s’agit pas d’un rapport de force entre telle famille et l’institution gouvernementale; mais davantage un retour au Japon impérial. Nous souhaitons protéger la paix et la maintenir sous la volonté divine de Sa Majesté. » Après ce résumé concis, je marque une pause. « Concernant les nouvelles armes en possession de certains, je ne saurai répondre à la place de plus fin connaisseur, Tsukino-san ici présent. Cela étant, nous n’avons pas de preuve formelle de leur présence, si ce n’est des rumeurs et des affirmations verbales. »

« Tsukino-san, veuillez me reprendre si je me trompe, mais si la condamnation d’innocents par le Ministère revient à instaurer la Terreur, quand était-il du choix d’Abe no Seimei lorsque, je résume, pour ne pas mourir, il fallait rejoindre ses rangs ? Devons-nous encore une fois rappeler les morts causées et les mandats d’arrestation à votre encontre, preuves de votre implication dans ces crimes contre l’Humanité nippone ? Enfin, pour conclure, je souhaite rappeler que le Ministère a levé tout pouvoir à l’Empereur, jusqu’à l’exercice de son opinion publique. Les protecteurs de Gyokuji sommes là pour permettre à Sa Majesté de s’imposer à nouveau sur la scène politique. Veuillez ne plus accuser notre Empereur pour des actions qu’il ne peut choisir. Pour conclure, Nagakawa-san, permettez-moi de vous poser une dernière question : que faites-vous alors ici, si vous ne représentez pas l’Alliance ? J’ai du mal, pour tout confesser, à comprendre l’intérêt de votre position, puisque vous semblez défendre leur position mais pas leurs actions ? »


HRP : Shinume explique les protecteurs de Gyokuji. S’adresse à Ishan car ils les Yuutsu sont loin d’être innocents. Souligne son incompréhension face à la position d’Az.

Le débat stérile m’ennuie profondément, malgré les questions soulevées par certains qui auraient pu être source de d’intérêt, aujourd’hui, je me rends compte que malgré les enrobements délicats, la figure de l’Empereur était mise à mal par de vaillants criminels. Je n’en suis pas tant étonné mais force était de constater, que l’unanimité impériale n’était plus.

« Dois-je rappeler encore une fois dans cette conversation du manque de pouvoir de l’Empereur pour agir, contester et exprimer son opinion sur la voie publique ? Ainsi en est de même pour les familles qui le soutiennent. Il serait fâcheux de créer des combats pour le pouvoir, inutiles et meurtriers, mais à l’évidence, les sangs-purs Yuutsu ne partagent pas la même vision d’un pays paisible et ouvert à la discussion; puisqu’a priori c’est par la force que vous voulez gouverner. » Je marque une pause, peut-être que je m’emporte un peu trop. D’une voix encore plus calme je reprends : « Toute affiliation est composée d’une hiérarchie qui place un certain nombre d’individus comme des conseillers pour la partie dirigeante. Il est évident que les conseillers se doivent d’être au courant du monde magique et y avoir une implication si ce n’est constante, du moins importante. Les familles sang-purs, par essence, on toujours investit le monde magique, il est donc tout à fait logique de les voir conseiller. A cela, je rappelle la différence entre conseiller et manipuler. Peut-être que je m’avance un peu trop lorsque j’entends le verbe « manipuler » comme une attaque envers les intérêts que nous portons au peuple magique nippon. D’une part la manipulation ne s’applique qu’à la classe dirigeante du pays puisqu’elle sous-entend asseoir un pouvoir; hors les protecteurs de Gyokuji ni Sa Majesté, disposons de pouvoir. D’autre part, il est insinué de la part des partisans, que nous détournons Sa Majesté pour obtenir quelques faveurs. Je le conteste en deux points : nous suivons Sa Majesté et voulons la protéger et la placer sur le devant de la scène politique et non gouverner à sa place; ensuite je vous demande quelles faveurs serions-nous en désir d’obtenir ? Nous avons une place confortable; et la responsabilité du peuple ne nous revient pas; et ce n’est pas une tâche à laquelle nous voulons nous plier. Enfin, Tsukiyomi-san, il est vrai que Sa Majesté nomme le ou la premièr(e) ministre, ceci étant c’est un choix dont nous n’avons pas la responsabilité en tant que conseiller, d’autant plus que le choix d’une personne ne garantit pas totale loyauté envers son commandant. »

Qu’il était épuisant de toujours rappeler les mêmes choses; les jeunes gens d’aujourd’hui ne semblaient pas ouvrir leurs oreilles et préféraient se mettre des oeillères

« N’est-ce pas, Nagakawa-san ? Vous dites que Shuusei a donné ses ordres et que vous vous retrouvez dans ce débat. Vous dites également que vous êtes représentant de valeurs. J’ai du mal, encore une fois, à comprendre votre position car vous répondez à l’appel de Shuusei comme un fervent partisan, mais défendez vos valeurs ? Ces dites valeurs seraient-elles alors celle de l’Alliance avec tout ce qu’elle a d’honorable et d’horrible, ou êtes-vous simplement corrompu pour utiliser leur image à vos fins ? Après tout, effectivement, nos valeurs sont communes et je regrette de ne pas voir votre ardeur auprès de nous mais plutôt auprès de meurtriers. Enfin, sachez que nous accueillons toute personne souhaitant se sécuriser auprès de Sa Majesté. »

HRP : Shinume met encore les choses au clair concernant les Gyokuji, et surtout sur la notion de manipulation.