— MAHOUTOKORO
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 – RAM 8Go/SSD 256Go
799 €
Voir le deal

death whisperers ft. ryouei
Benhime Sugawara
soyez maudits
Citation : untouched gods won't curse you
Age : dix-neuf
Rang : A2
Orochi
Orochi
Benhime Sugawara
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1270-topic
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1272-might-never-answer-back-bye
Benhime Sugawara

Des hérédités macabres s’attachaient à son hémoglobine — si elles se présentaient ironiques, en connaissance du dégoût que les propriétaires dudit sang entretenaient envers la mort, cette particularité ne s’avérait que causalité. Il existait mythes et légendes expliquant cet intime lien avec l’inévitable, dont les bouches se refrénaient d’aborder une multitude d’entre eux ; on évoquait Okuninushi, Amenohohi, Susanoo et Tenjin en explication à ces phénomènes. Malgré tout, une vérité était acceptée de tous : les interférences des morts sur les vivants étaient l’expertise des Karahashi. Pacifier les âmes et sauver de l’emprise de mauvais esprits, pour en énumérer quelques-unes, s’inscrivaient dans une longue tradition — avant même que le clan ne se ramifie, avant même que le nom Sugawara voit le jour, avant même qu’un lointain ancêtre ne quitta Izumo — des millénaires d’héritage obscur et mystique. Héritage auquel, quoi qu’il fasse, nul Karahashi n’échappait.

Benhime y compris, et ce bien que vouée à l’incomplétude de cet atavisme ésotérique, il n’empêchait que l’aptitude demeurait — ainsi que les inconvénients de n’en être pleinement maîtresse. Était-ce en qualité d’oncle, était-ce en qualité d’aîné ; tu avais imposé qu’il était temps de l’aiguiser, de la débarrasser de l’omniprésent dégoût polluant ses esprits lorsqu’ils se devaient d’être en place. Il fallait dire qu’elle eut écarté tôt le désir de le conquérir, par pessimisme de savoir que ceci s’avérait impossible, sans néanmoins tout abandonner. Des nœuds se formaient dans son ventre, et le malaise ne tarda à venir — l’atmosphère sinistre l’oppressait. À petite dose, aucun effet ne se produisait, mais dans un pareil lieu avec pareille concentration d’énergie immonde, la nausée l’envahissait. Mon oncle, je me demande comment ont vécu nos aïeux lors des guerres. Sûrement, ils durent s’adapter, s’habituer, mais son esprit, déjà, s’éreintait. Oh, vous n’étiez encore au plus nauséabond des endroits, mais elle se doute bien que tu y remédieras sous peu.


Ryouei Sugawara
Merci de ne pas supprimer l'icône au risque de casser les profils
Citation : ぼくらは花束
Age : 52 ans
Rang : S1
Ryujin
Ryujin
Ryouei Sugawara
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1758-calligrammes-eternels
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1849-de-l-art-d-ecrire-une-lettre
Ryouei Sugawara
L’air était putride. Partout autour d’eux se faisaient sentir le ressentiment, les regrets, parfois même la rage brute. Il y avait maintenant quelques années que le professeur n’avait remis les pieds en cet endroit qu’il ne considérait respectueusement que comme un lieu d’éducation. C’était, se plaisait-il à penser, un passage obligatoire pour chaque Karahashi : lui-même l’avait découvert durant ses jeunes années et avait manqué de s’effondrer dans les bras de son grand-père. Que ce fusse ici ou ailleurs, les cimetières ne manquaient guère au Japon, et une visite pédagogique était de mise entre deux hommages aux défunts : c’était là la plus simple et efficace manière de se confronter à la réalité.

Ma chère nièce, c’est là un questionnement des plus pertinents. Il était de toute évidence ravi que l’adolescente s’intéresse au sujet malgré la mal qui, assurément, la frappait. Je me le suis également longtemps demandé. Les récits que l’on entend sur le sujet, même s’ils entretiennent l’imagination, ne nous permettront certainement jamais de nous rapprocher complètement de leur réalité. Même un pèlerinage sur les lieux de la bataille de Sekigahara ne saurait, de nos jours, assurément retranscrire leurs conditions de vie. Amusé, son sourire s’étendit un instant tandis qu’il regardait la jeune femme. Sache que l’idée de t’y emmener m’a effleuré l’esprit, mais au vu des circonstances, cet endroit m’a semblé plus propice. Le but n’était pas de traumatiser l’enfant, mais bel et bien de forger son caractère. Sekigahara viendrait peut-être plus tard.

Sais-tu où nous nous trouvons ? Ici reposent les esprits de nombreux hommes qui ont péri durant, justement, la dernière guerre moldue. Beaucoup ont été arrachés à leur avenir, qu’il fut prometteur ou non, injustement trop tôt. Sens-tu la frustration et les regrets latents ? La colère qui plane dans l’air, et la douleur qui noue certainement tes entrailles ? C’est là un bon aperçu, bien qu’amoindri, de ce avec quoi nos ancêtres ont parfois dû vivre. Bien que les sorciers eurent eux aussi leur lot de guerres, de violence et de morts, nulle n’égalait à ce jour celles de la Seconde Guerre Mondiale et de ses armes terribles et horrifiques.

De ma jeune enfance, Benhime-chan, me restent de nombreux souvenirs, mais le plus saisissant est celui de l’atmosphère dans laquelle je suis né et ai vécu les premières années de mon existence. Le pays sortait à peine de cette terrible guerre moldue — l’une des plus abondantes en termes de victimes. Il revoyait en parlant l’agitation ponctuelle au domaine, les adultes s’affairant inlassablement, et l’air lourd de cette fraîche tragédie. L’extérieur du quartier magique était un véritable enfer : un pas suffisait à changer de monde, et je ne compte le nombre de malaises, nausées, et maux qui me frappaient à chaque fois que je me trouvais dehors. Mes parents, grands-parents, et aïeux, ont fait de leur quotidien l’affaire de purifier les lieux les plus touchés par le massacre, et tout petit l’on m’emmenait parfois y assister — comme les temps ont changé !, s’exclama-t-il dans un léger rire.

Néanmoins, il ne faut pour autant négliger l’endurcissement de ton âme et de ton corps face à la présence de la mort. C’est pourquoi nous commençons aujourd’hui par ici, et je regrette que ce ne soit pas là ta première expérience de cette immonde atmosphère. Lui-même, bien qu’il la masquât avec l’aisance de l’habitude, souffrait d’une nausée qui s’enracinait au fond de ses viscères et tissait d’immondes lianes jusque dans sa gorge. Il marchait néanmoins tranquillement, empreint d’encore plus de sérénité que de dégoût. C’était là les fruits de l’éducation qui lui avait été donnée, et il espérait qu’un jour sa nièce saurait se trouver moins embarrassée de la présence nauséabonde des mauvais esprits. As-tu d’autres questions, ou des remarques quant à notre sortie d’aujourd’hui ? Je me tiendrai toujours à ta disposition, que ce soit maintenant, à l’école, ou en dehors, si tu désires une épaule sur laquelle t’appuyer. Si ses méthodes étaient parfois rudes, ses intentions étaient sincères.