Rage cultivée par l'impuissance, mêlée à l'infini tristesse d'un désespoir rendu immuable par l'écrasante supériorité d'un être dédié au mal, sa vue s'obstrua d'une colère qu'ongles enfoncées dans sa peau violacée par la crispation l'aidait à contenir : quelques timides gouttelettes d'une hémoglobine familière avaient giclé à même sa joue, comme la réalité qui s'opposait à ses sens. Un ange forcé à sa chute, dont coupable affirmait qu'elle s'inscrivait dans sa nature : ces mots, bien que tout autant adressés au clan dont Hotaru ne tirait pas tant de fierté, suffirent à le soutirer d'une inactivité léthargique, appuyée par la terreur ambiante.

Sa respiration troublée par une éruption de sentiments dont Hotaru peinait à contenir l'expression, sa baguette—alors serrée entre ses mains—se dressa pour menacer le visage d'un directeur dont moindre vestige de la feinte sympathie avait été effacée, ne laissant que l'inexorable effroi alloué par la démonstration de leurs différences de force, mais dont il se moquait bien.

Everte Statum !

Une exclamation, un éclat d'émotion, une énergie démesurée apposée dans l'ouvrage d'un sortilège pourtant simple, car il n'en fallait pas moins pour espérer ébranler Hidenori Kurosawa : l'instant d'effet (de fourmillement, au mieux) fit disparaître les quelques bribes d'une hésitation qu'il ne se serait jamais pardonné, et Hotaru s'élança vers son cousin pour le tirer en arrière.

Une fois encore.
Une fois de trop.
La glace qui se répandait sur Ange renforça l'indécision de son cousin, car un abrupt retrait de l'arme aurait pu lui coûter davantage : ses mains tremblaient sans qu'il ne puisse adresser meilleur soulagement qu'un Finite au cruel sort de silence, bien que terrifié à l'idée des cris de douleur qui en résulteraient.
Ange, écorché d'une partie de lui-même.
De ce geste, Hotaru en était tout aussi blessé.
Brûlant de colère, vice reproché à l'enfant feu céleste, le kitsune en contint l'expression. Ses yeux trouvèrent l'hideux personnage envers le talent duquel il s'était évertué à effacer son respect ; un talent régi par l'attrait d'un mal dont on ne tirait nul bonheur.

Mettez ce silence à profit, monsieur Kurosawa. Vous avez passé des années ici dans le mensonge, et à présent, plutôt que de bons souvenirs, il ne vous reste que mépris pour les autres. Vous avez trahi tant de gens pour vous complaire dans votre force, à rire de quelques élèves que vous humiliez. Tout seul.

Des années perdues, pour un ouvrage cruel dont il n'était pas même le protagoniste. Une fidélité aveugle, adressée à cet hybride millénaire qui ne pensait que de violence. Pourquoi des êtres pareils ? Pourquoi son ange ? Pourquoi sa famille ? Pourquoi ici, maintenant, sur leurs années de bonheur ? Le silence, l'acceptation lui semblait impensable—la négociation, la soumission lui demeurait humiliante. Nael était plus raisonnable que tout Ueda ne le serait jamais ; et en cela, Hotaru éprouvait tout autant de reconnaissance que de déception, car il se savait idiot. Dans ses bras, le chaleureux contact de son cousin, si gelé qu'il fut ; et cette affection, comme sa famille lui rappelait qu'ils n'avaient rien à envier à ce traître dont toute élucubration le laissait indifférent.

Si votre puissance doit mener à votre solitude, alors vous êtes effectivement le meilleur sorcier du monde. Vous me faites de la peine. Prenez vos... élixirs, qu'importe, et ne revenez jamais.