un bon séjour dans la ville. hors de l'école. de beaux souvenirs, de quand tu étais plus jeune. il y a presque quinze ans de ça. quand ton père était en vie. avant qu'il ne parte. comme lui... c'était ce qui t'avait forcé à quitter un peu le monde magique, au profit du monde des moldus. c'était une sorte d'exutoire. et tu appréciais toujours autant le fonctionnement, naturel, de la terre. sans la magie. tu avais pour projet de visiter un peu l'hôpital dans lequel tu avais travaillé, voir un peu si les choses ont changé ou évolué. mais tu t'étais retrouvé, grâce à hidenori, avec d'autres professeurs. et youko. c'était un peu étrange entre vous, car tu sentais qu'il y avait quelque chose qui clochait. tu ne savais pas quoi. mais tu ne voulais pas jouer les troubles-fêtes ou les nostalgiques durant ce séjour. le plaisir de tous avant ta peine.
tu n'étais pas plus enjoué que ça, mais tu ne voulais pas être un fardeau. ou celui qui apporterait la grisaille au sein du groupe.



tu regardais le dialogue, pas glacial mais presque entre les autres et d'un air amusé, tu observais azrael. le pauvre, lui qui voulait bien faire. un onsen était une merveilleuse idée, de quoi se détendre. calmer les esprits. et puis. tu n'étais pas particulièrement pudique, pas physiquement en tout cas. le seul soucis, c'est qu'ils verraient tes tatouages. ton corps, recouvert. espérons que personne n'en demande la signification.



tu sors devant l'auberge, sur le parvis afin de fumer une cigarette. tu ne veux pas déranger. alors tu te fais tout petit. et tu te calmes, tu ne veux pas qu'ils remarquent ton anxiété.

cigarette terminée tu suis le mouvement. ça bouge. vous vous dirigez vers le onsen et les tensions semblent monter. tu estimes que tu n'as pas à t'énerver. tu le ferais bien. mais pourquoi ? quel intérêt ? aucun. ça ne t'apportera rien. tu veux simplement profiter. après ce beau voyage, tu as redécouvert le monde. c'était presque amusant de ne pas utiliser de magie. à l'ancienne. vous marchez, tous les cinq. on pourrait croire à une bande de copains. mais tu n'as pas de copains. et encore moins ceux-là. il n'y a dans ce groupe que de la tension, et de l'exaspération. c'est comme si, tous autant que vous êtes, vous auriez préféré être seuls, dans votre coin. seuls à plusieurs. seuls mais accompagnés. quelle mauvaise idée. merci hidenori. il te paiera ça, toi qui voulait lui ramener un petit souvenir. tu ne le feras pas. tu es en bout de file et ça te convient bien, tu n'entends pas les discussions futiles, tu ne vois pas les sourires, ou l'ennui. tu es, au final, seul. c'est bien mieux ainsi. tu observes l'édifice, et tu as presque envie de dessiner, de te renseigner, de poser des questions sur l'endroit, son histoire. ta curiosité est ravie grâce à ce séjour. toi. non.
tu entres dans ce qui sert de vestiaire, une corbeille, tu y déposes tes habits. ton costume noir, ta chemise blanche. et tu dévoiles ainsi ton dos. cicatrisé d'un peu partout, tout autant tatoué. il révèle ton passé. toutes ces marques. les expériences, les blessures surtout. tes mains commencent à trembler. tu ne peux plus fumer, ni fuir. pourquoi t'as accepté. c'était débile. tu ranges dans le fond ce qui s'apparente à tes biens les plus précieux. ta baguette et tes cigarettes. comme s'il s'agissait des deux seules choses qui importent vraiment. tu aurais aimé un verre de saké pour accompagner ton bain. tant pis. l'eau te fera déjà le plus grand bien. la serviette à la taille, tu patientes. assis sur le banc, en attendant tes collègues. tes mains sont jointes, et portées à ta bouche. on croirait à quelqu'un d'énervé. tu as définitivement besoin de te détendre. c'est surtout pour contrôler tes tremblements. tu signales que tu es prêt par une simple interrogation.

matsushime qui court jusqu'au bain. tu t'écartes de son chemin, laisses passer les autres et les rejoins alors dans le bain. l'eau est chaude et tu sens déjà tes muscles se détendre. tu aimerais qu'il y ait davantage de conversation, mais tu ne seras pas l’initiateur du mouvement. tu observes. comme d'habitude. tout le monde semble prendre du plaisir. si ce n'est le professeur kashiwagi. encore. tu ressens presque de l'injustice. non pas envers toi. mais envers ceux qui se donnent pour rendre ce moment de groupe plaisant. lui qui ne fait rien d'autre que critiquer, que rabaisser, par un simple regard. tu ne sais pas si tu dois intervenir ou non. après tout, il est hiérarchiquement plus élevé que toi. il s'agit d'un professeur, et toi tu n'es que simple membre du personnel. c'est presque amusant comme ta bonne humeur se changeait à mesure du temps passé avec kashiwagi.
tu l'observes de ton coin, le visage à moitié rentré dans l'eau, le regard presque noir.



un petit bruit qui s'échappe. qui fait des bulles. tu repenses alors à toi, enfant, quand tu faisais des bulles dans les bains. ça t'amusait. ah, le bon temps. tu tuerais pour une cigarette. tant pis. il ne gâchera pas ton plaisir. depuis le temps que tu voulais revenir en ville, de jour. tu te rapproches un peu du groupe, de nakagawa. il est celui que tu côtoies le plus parmi les gens ici.