florence était plus qu'hyperactive à l'idée de cette sortie : elle n'en pouvait littéralement plus. elle en parlait à chaque repas, spammait les origami avec des références (douteuses) au mont fuji, geignait face à ceux qui avaient refusé la sortie, les suppliant de changer d'avis ; alors autant dire que le jour même, elle était littéralement intenable.
elle n'a cessé de faire des aller-retours dans le train bondé, de ses baskets immaculées et de son grand chapeau de voyage élégamment posé sur sa tignasse rose -elle avait eu la bonne idée de ne pas mettre de robe (c'était déjà ça) et s'affichait donc fièrement dans un short-salopette un peu prématuré. autrement dit, elle se les caillerait si du moins son esprit pouvait trouver cinq secondes de repos. ce qui, aujourd'hui, n'arriverait sûrement pas.
à peine embarquée par le professeur et arrivée sur place, elle s'esclaffa de sa voix aiguë (et insupportable) BENHIME on est enseeeemble c'est trop bien ! en harponnant la main et le bras de sa malheureuse victime. heureusement, florence n'arrivait pas vraiment à ne pas bouger pendant plus de quelques instants -elle lâcha rapidement sa collègue pour regarde tout autour (vraiment partout). MOI j'ai des questions m'sieur ! qu'elle lâcha de manière tout à fait prévisible c'est quoi comme arbres ?? et ohhh il y a de la mousse ? qu'est-ce qu'on fait là ? pourquoi on voit pas la montagne, là ? on peut pas aller au lac ? pourquoi c'est un endroit spécial ici ? on a un exercice à faire ? on doit observer quoi ? on est où, déjà ? et, par rapport à kyoto, on est loin ? si on se perd on doit faire un truc ? parce que vous savez monsieur, je -promis je fais attention et tout, et encore plus là, aujourd'hui, mais euuh souvent je ---enfin je dis pas que ça va arriver hein ! mais hum souvent parfois jeeeeeee-- j'oublie un peu qu'il faut faire attention ? elle lâcha un énorme sourire pour essayer de compenser son aveu OH MAIS ATTENDEZ est-ce qu'on peut croiser des écureuils ??! elle voulait vraiment voir des écureuils.

florence fût quelque peu refroidie par la tirade d'eirin qui, bien que petite, fût terriblement efficace pour figer le sourire de la française en une grimace étrange et des yeux écarquillés.
elle était pas venue ici pour souffrir ok.
décidant tout bonnement d'oublier ce qu'il venait de se passer, elle se tourna vers la yatagaratsu (tout aussi livide, mais moins cadavérique) ooooooh. shin-i-ga-mi. i-tsu-ki. on-ry-o. ça veut dire quoi ? ils ressemblent à quoi ? dis, d'ailleurs benhime, je me suis toujours demandé, vous auriez pas des zoo à yokai ? parce que quand même, c'est plus pratique avec un panneau indicatif à côté quoi. genre, euh, là, ça serait cool un pas trop dangereux sur leur front, ou un dangereux moyen à la limite ? mais bon. avec une sorcière comme toi à côté, ça va. qu'elle dit en s'éloignant un peu, d'un côté, de l'autre, jamais trop loin, mais jamais trop près non plus, avant de finalement rejoindre celle qui faisait bande à part.
hé, t'es vu un truc ? eirin, c'est ça ? ça va ? dit-elle en réalisant la stupidité de sa question dès la microseconde où elle est sortie de sa bouche. enfin je veux dire, voilà, hein. qu'elle s'empressa inutilement de rajouter. si tu veux j'ai un cake au sakura dans mon sac. sinon j'ai du camembert mais je crois que c'est pas le moment. mais bon, moi je suis nulle pour sentir la magie, alors je sais pas trop ce que je peux faire d'autres. t'as une idée ? elle la regarda, inquisitrice. me la fermer, c'est pas une option. je précise. elle sourit de toutes ses dents.

Le truc, c'est que quand florence panique, elle parle encore plus que d'habitude.
Bon, elle crie aussi, normalement, mais là elle était pas encore poursuivie par un mutant mi-serpent mi-humain cadavérique digne d'un méchant des x-men.
S'étant malheureusement faite repoussée par Eirin, elle s'était retournée vers son professeur lors de l'apparition de la créature. D'abord figée sur place, coincée par une peur qu'elle décida rapidement de classer comme irrationnelle (comme tout instinct de survie, aussi), elle se défit de tout manque de courage (ou de stupidité, au choix) en se raclant la gorge, se préparant à parler pour, gentillement, détendre l'atmosphère. Manque de chance, elle était si concentrée à imaginer des mots qu'elle n'avait pas écouté le professeur.
Ah, quel dommage, vraiment.
Oh wow monsieur, vous êtes trop impressionnant. C'est votre serpent de compagnie ? Il est trooooop cool !! Il a un nom ? Elle mis les mains sur ses genoux et fit mine de se pencher, là, juste à côté du professeur. Bon, par contre, je dois vous dire un truc -vous vexez pas hein, c'est pour votre bien, je vous jure, mais voilà : vous puez un peu, quand même. Si vous voulez j'ai un Chanel numéro 5 dans mon sac -c'est plutôt pour les filles mais c'est pas grave, pour cette fois, croyez-moi. Mais sinon, dîtes-moi, vos cheveux sont trop beaux -vous êtes modèle photo c'est ça ? Oh non je saiiiiis, vous chantez dans un groupe de rock sorcier ? Elle aurait pu continuer si la pesante sensation avait quitté son corps -en vérité (qui l'eût cru), elle n'était pas loin du malaise.