Je… n’ai pas le droit de vous raconter mon histoire, alors… Je vais simplement vous l’écrire, peut-être que de cette manière, si ce n’est pas ma voix qui se porte à vos oreilles, vous ne serez pas maudit…

Tu m’as toujours dit que ma naissance était le plus beau des rayons de soleil qui tapait si fort ce jour-là. Même si je n’étais du sexe voulu par notre famille, cela ne t’importunait que peu, car tu avais la vie devant toi pour avoir un second enfant de sexe féminin.
Cependant, je ne connus jamais mon père, tu refusais de m’en parler… Je ne savais même pas que son sang n’était pas aussi pur que le tien.
Tu ne pensais pas que cette aventure te ferait tomber enceinte, tu pensais même que l’homme resterait à tes côtés, alors tu préféras entièrement l’oublier.

Ma naissance fut le début de tes ennuis, car au combien il était mal vu de se faire engrosser par un inconnu avec qui tu n’étais pas mariée. Peut-être que si j’étais né fille…

Malgré cette situation, mon enfance a été des plus heureuses, je ne manquais pas de son amour, maman, tu comblais de toi-même cette absence de père. Peut-être que je n’en ressentais pas le besoin, car je n’ai jamais connu ce que cela faisait d’en avoir un ?
Cela ne fit jamais faner ce sourire qui s’épanouissait sur mon visage.

À l’âge de sept ans, je fis mon entrée comme tout sorcier à Mahoutokoro bien qu’un peu de stress se cachait à l’intérieur de mes entrailles. Je n’avais pas pour habitude d’être autant entouré, ma mère préférant me garder en sécurité vers elle.

Une sensation qui disparut rapidement grâce à ma curiosité et à cette envie d’apprendre à découvrir les autres.
Ce sourire sur mes lippes m’aida à attirer le monde autour de moi et, malgré cette forte timidité, je semblais avoir le sens de la sociabilisation.

Dans l’envers du décor, je ne savais pas que mon entrée sonnait le début du malheur pour ma mère, elle ne m’en parlait pas…

Lors de ma scolarité, je me suis rapidement mis à aimer apprendre, mais je ne semblais pas travailler de la même manière que les autres. Quand un sujet me passionnait, je pouvais y passer des heures sans voir le temps passer ! Comme si chaque information s’assimilait avec aisance et je prenais une grande avance.

À contrario, s'il y avait des matières où je bloquais, je n’arrivais pas à passer au sujet suivant tant que je n'arrivais pas à comprendre son fonctionnement. Il y avait aussi le fait que, parfois, je trouvais des matières si simples que je m'ennuyais.
Parfois, je me retrouvais à être en retard sur les programmes… Mais je pouvais me retrouver plus rapide que les autres si le sujet touchait à ce que j’appréciais.
Mes notes restaient cohérentes et je n’ai jamais été proche du redoublement, alors maman ne s’est jamais inquiétée !

La nature me passionna rapidement ! Maman me comparait à des fleurs, alors… Je me suis mis à apprendre leur langage. Qu’est-ce que j’étais heureux de pouvoir rejoindre un club de jardinage ou encore tellement excité de suivre un cours de botanique ! Je ne tenais plus en place. Le bourgeon en moi ne demandait qu’à pousser, germer !

Malheureusement, mes pétales se firent arracher avant même que je ne puisse fleurir.

Je me rappelle de ce soir-là, il n’y avait aucune étoile. La lune cachée derrière les nuages. Maman était venue me chercher, car nous devions partir en voyage. J’ai trouvé cette précipitation étrange, car nous devions partir au réveil, mais je n’ai rien dit.
J’ai fini de préparer mes affaires et j’ai attendu sagement dans la cuisine arrière, mes jambes se balançant. Elle m’avait dit de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller les voisins nous entourant.
Et le temps s’écoula. Dix minutes, trente minutes et je perdis le fil, je crois même que je me suis endormi quelques instants.

En reprenant mes esprits, maman n’était toujours pas venue me chercher, et même étant patient, je commençais avoir peur qu’elle m’ait oublié ? Je n’étais qu’un enfant de dix ans, s’approchant de ses onze ans. On se fait vite des scénarios à cet âge !
Alors pour une fois, j’ai désobéi et je me suis levé pour venir la chercher.

Je l’ai appelé une fois, puis deux… Puis une troisième fois en criant plus fort ! Et enfin, une silhouette apparue, puis une deuxième... Encore une troisième ? Je ne les compte plus.
Bien que, surpris, je ne pris aucunement peur, car je reconnus des membres de notre famille qui se sont occupés de moi à en prendre ma main pour me diriger.

Encore, j’ai appelé ma mère, ils me le demandaient et j’obéissais innocemment.
Un sursaut s’en suivit d’enfin la voir apparaître et je sentis mon cœur s’apaiser voulant me diriger dans ses bras.

Impossible, l’homme qui me tenait ne voulait pas me lâcher. Je n’avais jamais vu le visage de ma mère aussi terrifié, je ne comprenais pas la situation, encore moins la conversation. Pourquoi est-ce que tu pleures, maman ? J’ai essayé d’articuler, mes larmes grandissantes de te voir ainsi.

Tu as mis au monde un fils en t’unissant d’un sang impur et tu n’es plus dans la capacité de procréer. Pour racheter ta faute, c’est une vie que nous réclamons. Furent les mots prononcés que je ne compris que bien des années plus tard.

Supplications d’épargner ma vie, clémence de ces personnes nous menaçant. Les bruits des coups sur son corps résonnent encore dans mes oreilles, le sang coulant englobe mes narines et quand elle fut mise à genoux, on m’interdit de fermer les yeux comme si je pouvais la sauver ainsi.
Face à l’horreur de la scène, je criais, je l’appelai. Je ne pouvais rien faire.

Avant que finalement, sous mes yeux, une gerbe de sang fasse apparition et qu’une tête rebondisse sur le sol.
Je me souviens avoir hurlé, avoir essayé de me débattre en vain et de finalement recevoir un coup pour me faire taire.

Et encore un autre…
Ça continuait… Jusqu’à que je ne puisse me relever.

À cet instant, on vint m’attraper par les cheveux et doucement susurrer quelque chose à mon oreille.



Je me rappelle une douleur vive au niveau de ma gorge avant que le noir complet ne m’entoure…

Mon réveil fut difficile et éblouissant de ce blanc autour de moi. Une infirmière vint s’occuper de mes blessures, mais ce que je cherchais avant tout, c’était le regard de ma mère. C’était un cauchemar, n’est-ce pas ?

Si seulement…

Une heure plus tard, une vieille femme de ma famille vint me voir accompagner d’un homme qui allait hanter mes prochaines années.

On me raconte -mon- histoire. Que j’étais un miraculé, car ma demeure s'était fait cambrioler et ma mère avait donné sa vie pour me protéger. -Mensonge- mon état était pitoyable et la réalité me sauta encore plus au visage lorsque que je me vis dans le miroir, cette cicatrice à jamais sur ma gorge…

Et maintenant, où est-ce que j’allais loger ?
Chez lui .
Mitsuru Kondo, mon oncle, allait devenir mon nouveau père.
Cet homme qui était lui-même le tueur de ma mère, celui qui m’a maudit.

C’est ainsi que le bourgeon n’arriva jamais à éclore, que ma voix venait de se faner et de ne plus jamais résonner comme auparavant.  (J'en étais traumatisé...)

Je vivais dans la peur, l’inquiétude d’encore prononcer le mot de trop. Alors, je l’ai condamnée… Rare sont les fois où je ne laisse échapper qu’un mot, une lettre… ? De plus, je ne me sentais pas à ma place dans cette nouvelle -famille-. Sora, la fille de Mitsuru, me détestait, ses deux filles encore plus. Je n’étais qu’un parasite, une nuisance pour eux… Mon avis ne comptait pas, j’étais simplement… Là…

Tout était devenu très compliqué autour de moi, surtout la communication avec les autres qui ne me comprenaient pas…
J’ai d’abord tenté par écrit, c’est toujours ce que j’utilise le plus…
Mais je dus apprendre le shuwa. Qu’est-ce que c’était compliqué…. Je mis des mois à ne plus me tromper et heureusement, j’eus un camarade pour me motiver. -je crois que sans lui, je n’y serai jamais arrivé…-

Mes notes chutèrent, mais grâce à l’aide de certains professeurs, je réussis à ne pas redoubler même si la limite était très sensible…

Aujourd’hui, j’ai peur… J’ai terriblement peur. Les attaques fréquentes à l’encontre de l’école me terrifie, l’odeur du sang ne fait que me suivre. La ministre a perdu la tête comme maman et je n’ai pas confiance envers les dieux.  Je ne me sens en sécurité nulle part, j’ai envie de fuir, mais je n’ai aucun endroit où réellement m’accueillir. Je me sens bien qu’auprès de mes amis qui ont cessé de me demander pourquoi je ne parlais plus.

Mais…

Je vis aussi dans la peur qu’un jour, ma malédiction s’abatte aussi sur eux…